2
Le culte rendu au cœur de Jésus

Historique

Avertissement important

 

L’auteur de cette étude, comprenant l’importance de mettre en évidence l’historique et le lent développement du culte rendu au Cœur de Jésus, avait commencé sa quête des ouvrages les plus importants concernant la révélation, au cours des siècles, du Cœur de Jésus et de toutes les richesses qu’elle contenait, quand il eut la chance de découvrir deux ouvrages importants, signés Bertrand de Margerie:

            – l’Histoire doctrinale du culte au Cœur de Jésus – Lumières sur l’Amour – édité chez Mame, ouvrage dé-nommé ci-dessous: tome 1, et

            – l’Histoire doctrinale du culte au Cœur de Jésus – L’Amour devenu lumières -  publié par les Éditions Saint-Paul, ouvrage dénommé ci-dessous: tome 2

Le travail historique étant déjà réalisé, et magistralement, il n’était pas nécessaire de le recommencer. Aussi l’auteur de la présente étude renvoie-t-il le lecteur intéressé à ces deux volumes très documentés.

En conséquence, tout ce qui constitue le présent chapitre 1 est un très bref résumé des deux livres ci-dessus référencés. Parfois, pour plus de clarté, ou en raison de l’intérêt des textes cités, quelques extraits ont été intégralement rapportés et indiqués en caractères italiques.

Pour aider le lecteur qui aimerait se reporter aux ouvrages de Bertrand de Margerie, les références des tomes et des chapitres sont indiquée en bas de page.

Le mystère du Cœur de Jésus, c’est la révélation de l’Amour miséricordieux de la Trinité tout entière – Père, Fils et Saint-Esprit – pour l’humanité pécheresse, amour qui s’est manifesté dans l’œuvre rédemptrice du Verbe Incarné. Le signe proposé à notre adoration, c’est donc le Cœur bien vivant de Jésus de Nazareth. En vertu de la logique de l’Incarnation, si le Verbe s’est fait chair, alors l’Amour s’est fait Cœur [1]. Le Concile Vatican II  précise: “Il a aimé avec un cœur d’homme.” (GS 22,2)

Pour bien comprendre ce qu’est le Cœur de Jésus et quelle doit être la nature du culte qui lui est dû, il est bon d’en faire rapidement l’historique. En effet, si la révélation du Cœur de Jésus se retrouve souvent dans l’Écriture, mais comme en filigranes, le culte rendu au Cœur de Jésus, tel que nous le connaissons aujourd’hui, est né de révélations privées. “Ces révélations privées n’ajoutent rien au dépôt de la foi: la Révélation est close depuis la mort du dernier apôtre. Ces révélations privées ont pour but d’attirer l’attention sur un aspect connu mais négligé du dépôt... Elles tendent à faire croître dans la foi,... et à mieux faire pénétrer dans le mystère de Dieu, de la manière qui convient le mieux à la vie de charité, ou encore à mettre en lumière quelque vérité oubliée ou trop peu connue, qu’elles font saisir de manière vivante dans le but de susciter dévotion, ferveur, zèle. “  [2] 

Le cœur de Jésus dans l’Ancien Testament [3]

Remarque préliminaire

Chez les anciens sémites, le cœur est le centre de toute la vie psychologique et morale de la vie intérieure. Aujourd’hui, sous la plume de Jean-Paul II, le cœur, symbole de l’amitié et de l’amour, affectivité profonde, est toujours symbole d’intériorité. C’est la synthèse de ces deux sens que nous considérerons toujours dans la suite de cette étude. Cœur : pôle d’intériorité de la personnalité, mystère intérieur de l’amour, symbole de la charité envers les hommes. Le Cœur de Jésus, le Seul Maître véritable, doux et humble au plus intime de Lui-même, a aimé et souffert avec un cœur d’homme.

C’est essentiellement l’encyclique du pape Pie XII, Haurietis Aquas in Gaudio, publiée en 1956, qui a attiré l’attention vers les passages de l’Ancien Testament décrivant l’amour infini et miséricordieux du Créateur pour le genre humain, notamment les passages considérant la venue future du Messie. On peut citer, entre autres :

            – le psaume 39 (versets 7 à 9) qui décrit l’oblation du Cœur du Messie lors de son entrée en ce monde :

                        “Tu ne désires, ni sacrifice, ni offrande...,
                        “Alors j’ai dit: “Voici, je viens...
                        “Mon plaisir est de faire ta volonté, ô mon Dieu,
                        “et ta loi est au fond de mon cœur.

            – le psaume 22 verset 15 qui nous introduit dans la prière du Messie mourant :

                        ”Mon cœur est comme de la cire, il se fond au milieu de mes entrailles.” Ces mots sont une prophétie des souffrances que Jésus endurera à Gethsémani. Son cœur frémit et se brise dans les angoisses de la mort. Pour Saint Thomas d’Aquin, le cœur fondu du Messie c’est le Cœur qui, surmontant la crainte de la mort, se liquéfie d’amour sacrificiel pour le genre humain à sauver par elle.

            – le psaume 21 verset 27

                        “Que votre cœur revive à jamais, car toutes les extrémités de la terre se souviendront et se tourneront vers Yahvé.” Le cœur brisé, anéanti, donne la vie aux cœurs des hommes. Ce psaume 21 met en évidence l’humilité intime du Messie, sa patience, son refus de la vengeance. Ce Cœur a pitié de l’aveuglement des hommes et prie pour eux

            – le psaume 69 verset 21

                        “L’opprobre m’a brisé le cœur et je languis ;
                        “J’attendais de la compassion, et rien !
                        “Des consolateurs: je n’en ai point trouvé.”

Ces paroles ont enflammé d’amour des générations d’âmes religieuses, désireuses de consoler le Seigneur affligé. Dans ce psaume, le Messie demande compassion et constate l’absence de consolateurs. Bertrand de Margerie note, par ailleurs, l’importance du psaume 69 (versets 21 et 22) comme évocation de la Passion: “Ils m’ont abreuvé de vinaigre.”[4]  Pourtant, de sa mortelle angoisse, ce Cœur fera jaillir un cri de joie dans les autres cœurs : “Vous tous qui cherchez Dieu, que votre cœur revive.” (Psaume 69-verset 33), ou encore, rappelant l’aube de la Résurrection : “Je Te rends grâce Seigneur, de tout mon cœur”  et: “Combien ton salut me comble mon Cœur d’allégresse; tu as accordé le désir de mon Cœur.” (Psaume 21 versets 2 et 3)

Le Cœur du Messie – humain et divin – est soumis au Dieu qui l’envoie. (Ps 39) Il s’offre dans une angoisse mortelle (Ps 22 et 69) et éclate d’une sainte allégresse (Ps 15)

Dans l’Ancien Testament on peut encore citer : [5]

            – le Livre d’Osée. L’épouse infidèle du prophète est le symbole du peuple infidèle à Dieu qui le cherche sans cesse dans le désert de ses péchés. Le prophète, instruit par sa propre expérience, comprend mieux l’amour méprisé de Dieu pour Israël. Le jugement divin est orienté vers le pardon.

            – Jérémie 31, (31 à 33) L’annonce de l’Amour éternel de Dieu pour Israël est intimement lié à la promesse d’une Alliance nouvelle, éternelle et efficace parce qu’intérieure. Cette Alliance nouvelle dans le Cœur du Christ, offerte à toutes les nations, est sans cesse proposée à Juda et à Israël.

            – Le Cantique des cantiques dans sa quasi intégralité. On peut notamment citer ici quelques expressions particulièrement explicites : “Mon Bien-Aimé est à moi, et moi je suis à lui.” (II, 16)  et: "Tu m’as blessé au cœur par un seul de tes regards.” (IV,9) ou encore: “Unique est ma colombe, unique est ma parfaite. (VI, 9) “Pose-moi comme un sceau sur ton cœur ; car l’amour est puissant comme la mort... ses ardeurs sont des flammes de feu, ses feux, le feu du Seigneur. Des torrents ne pourraient l’éteindre, des fleuves ne le pourraient noyer.”  (VIII, 6-7)

            – Et enfin, le véritable Serpent dressé annoncé par le prophète Zacharie (Za XII,10) : “Dressé, le Transpercé”  vers qui ils regarderont.

Cependant on peut dire que, selon le résumé de l’enseignement d’Haurietis Aquas, présenté par Bertrand de Margerie, l’Ancien Testament, même s’il fait parfois allusion au Cœur de Dieu, ne présente pas d’une façon explicite le devoir de rendre un culte spécial au Cœur, symbole de l’amour du Messie pour Israël et tout le genre humain; il nous présente simplement des prophéties avec des images propres à nous émouvoir.

Ces images, ces signes avant-coureurs du symbole suprême de l’amour divin: le Cœur du Christ, peuvent être considérés comme un gage du plus noble témoin de cet amour divin, à savoir, l’adorable Cœur du divin Rédempteur. Car l’Ancien Testament ne nous présente jamais le Dieu aimant, immatériel et transcendant sans lui associer son Christ, son Oint. Ce Cœur transcendant s’incline vers l’homme (Jb 7,17). Le Cœur de Dieu renverse déjà la justice pour la traduire en miséricorde.[6] 

Le cœur de Jésus dans le Nouveau Testament [7]

Le Nouveau Testament ne suggère nulle part, de manière explicite, la nécessité de rendre un culte au Cœur de Jésus, symbole de son Amour. Et pourtant, le cœur humble et aimant de Jésus est présent partout dans les Évangiles, même si c’est seulement dans l’Évangile de Saint Matthieu que l’on peut lire : “Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau et je vous soulagerai. Chargez-vous de mon joug... car je suis doux et humble de cœur et vous trouverez soulagement pour vos âmes.” (Mt 11, 25-30)[8] Jésus est doux et humble... c’est seulement par l’humilité qu’on peut pénétrer dans le Cœur doux et humble de Jésus.

Plus tard Saint Paul écrira :

            “Je vous porte en mon cœur... Je vous aime tendrement dans les entrailles du Christ.” (Ph 1, 7-8) car, pour Saint Paul, les Chrétiens sont les bien-aimés du Père à l’image de son Fils unique, et les grandes épîtres exaltent l’amour gratuit du Christ Jésus pour les hommes pécheurs.[9] 

“Le Christ, alors que nous étions encore pécheurs est mort pour nous.” (Rm 5,8)

“Je vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi.” (Ga 2,20)

“L'amour du Christ pour nous en son Église surpasse toute connaissance.” (Ép 2, 4-5; 3, 18-19; 5, 1-2; 5, 25-29)

“Ce n’est pas par des œuvres... mais selon sa miséricorde que le Christ nous a sauvés.” (Tt 3, 3-6)

L’ensemble de la pensée paulinienne est bien résumé dans les deux phrases qui suivent: “L’Incarnation révèle le vrai Dieu qui est charité.” et “le Christ est une épiphanie de la philanthropie divine.”

Plus tard, Saint Jean explicitera  clairement, par les symboles du côté ouvert de Jésus et de l’Eau vive qui jaillit de son Cœur transpercé, l’immensité de l’Amour de Jésus pour nous. Bertrand de Margerie [10] nous dit notamment :

            “Le chapitre 7 de Saint Jean nous présente la promesse d’Eau vive qui jaillira du Cœur transpercé du Christ : “Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive. Des fleuves d’Eau vive, c’est-à-dire d’amour, couleront de son sein.” Mais c’est du sein de l’Église hiérarchique, c’est-à-dire tout à la fois du côté transpercé du Christ, principe de cette Église, et des cœurs, des volontés aimantes des apôtres auxquels sont confiés les sacrements de Baptême et de l’Eucharistie, que sortent ces fleuves d’Eau vive.”

Mais il faut noter que la promesse de Jésus est conditionnée par la soif, la soif d’une révélation portant sur l’Amour divin, la soif d’aimer cet Amour : “Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à Moi, et qu’il boive.”

            “Au Chapitre 19, Saint Jean dévoile la manifestation suprême du Cœur du Christ dans la Nouvelle Alliance, fondement par excellence du culte qui lui est rendu par l’Église. Jésus meurt comme victime sacrificielle. Sa mort est un volontaire sacrifice d’amour... La transfixion du côté est orientée vers la manifestation d’un amour unificateur... C’est la révélation de tous les mystères de notre foi qui convergent et culminent en Lui. “ils regarderont Celui qu’ils ont transpercé.”

Le signe évangélique suprême c’est le Cœur transpercé du Seigneur. Peu à peu, l’Église découvrira le devoir d’adorer le Père dans et par le Cœur du Fils.[11] 

Le Cœur de Jésus chez les Pères de l’Église [12]

La doctrine trinitaire et christologique, distinguant trois personnes dans l’unique nature divine de Jésus-Christ: trois sujets aimant le monde d’un unique amour et deux natures dans l’unique personne divine du Christ, doctrine élaborée par les Pères de l’Église, a été comme récapitulée dans les Conciles de Nicée, de Chalcédoine, et de Constantinople I et II qui exposent les fondements du culte catholique au Cœur de la personne du Verbe incarné.

Dès le IIe siècle, Saint Justin, Saint Irénée, Tertullien, Saint Hippolyte, Saint Apollinaire insistent sur la plaie du côté de Jésus d’où jaillissent les eaux spirituelles qui purifient toutes choses: l’Eau et le Sang, c’est-à-dire le Logos et le Pneuma (la Parole et l’Esprit) [13]. A partir d’Origène au IIIe siècle, les Pères insisteront sur l’attitude de Jean pendant la Cène : “Le disciple que Jésus aimait était couché dans le sein de Jésus.” Jean est le témoin de l’Amour du Christ crucifié pour son Église. Les commentaires d’Origène sur le disciple bien-aimé sont proches de ce que l’on a appelé par la suite la dévotion envers le Cœur du Seigneur. On peut dire qu’Origène fut l’initiateur d’un culte privé au Cœur de Jésus sous différents vocables.

Saint Augustin et Saint Paulin de Nole reprendront ces données: Jésus veut bien admettre l’âme choisie à la connaissance de ses secrets, et c’est là un insigne  témoignage d’amour. Ensuite, Saint Jean Chrysostome, Saint Ambroise et leurs successeurs auront les yeux fixés sur la transfixion, réalisant la prophétie de Zacharie: “Ils regarderont Celui qu’ils ont transpercé.” Pour Chrysostome, boire au côté du Christ, c’est recevoir son Sang eucharistique. Pour Ambroise de Milan, de la blessure  du Seigneur sont sortis le Sang et l’Eau, et Jésus a exhalé le souffle : l’Eau en vue du Baptême, le Sang pour la boisson, le Souffle pour la résurrection.[14] 

Pour conclure, on peut dire que ce sont les Pères de l’Église, dont la pensée a été recueillie par Saint Thomas d’Aquin, qui ont préparé le culte rendu au Cœur de chair du Christ Jésus, comme symbole de son Amour.

De la fin du premier millénaire aux XIe et XIIe siècles, à travers la méditation du Cantique des cantiques, l’Église passe, de la plaie du côté, au cœur transpercé du Seigneur.

Le Cantique des cantiques, c’est l’expression de l’amour réciproque entre Dieu et son peuple. Mais à partir d’Origène, le Cantique révèle le Cœur de Jésus et le culte qui lui est dû, grâce à des images de l’amour conjugal : “Je suis à mon bien-aimé et mon bien-aimé est à moi... Pose-moi comme un sceau sur ton cœur... car l’amour est fort comme la mort... Ses traits sont des traits de feu, une flamme de Yahvé... Avec un seul de tes regards, sœur fiancée, tu as blessé mon Cœur. [15] 

Saint Bernard évoquera avec tendresse le Cœur mystérieux de Jésus mais ne l’invoquera pas encore. “Ils ont percé de clous ses mains et ses pieds, et son côté d’une lance, et par ce trou... je puis goûter combien le Seigneur est doux... Ces clous... sont devenus pour moi comme des clés qui m’ont ouvert le trésor de ses secrets et fait voir la volonté du Seigneur. Et pourquoi ne la verrais-je pas au travers de ses plaies ?... Ce fer a traversé son âme et touché Son Cœur, afin qu’Il sût compatir à mes infirmités... Comment Seigneur, pouviez-Vous faire éclater davantage l’excès de votre bonté et de votre miséricorde, que par les blessures cruelles que Vous avez souffertes pour moi ?”

Saint Bernard fit école [16].  Son disciple Guillaume de Saint-Thierry (mort en 1149) écrit dans ses “Oraisons méditatives” : “Les richesses inestimables de votre gloire, Seigneur, étaient cachées profondément dans le ciel de votre secret, jusqu’à ce que la lance d’un soldat ouvrît le côté du Fils de Dieu... Par la porte qui nous est ouverte, nous devons pénétrer tout entiers jusqu’à votre Cœur, Jésus, siège certain de votre miséricorde, et jusqu’à votre âme sainte, pleine de toute la plénitude de Dieu... Le Cœur de Jésus, le Saint des saints, l’Arche du Testament, l’Urne d’or...”

Autre disciple cistercien de Saint Bernard, Guerric d’Igny (mort en 1157) écrit: “...Bon et plein de pitié, Il a ouvert son côté pour que le sang de sa blessure te donne la vie, que la chaleur de son corps te réchauffe, que le souffle de son Cœur t’aspire...”

A la fin du XIIe siècle, la symbolisation de l’amour par le cœur étant enfin dégagée, le cœur apparaissant comme l’exclusif centre et sujet de l’amour, la théologie chrétienne sera prête à accueillir le culte au Cœur de Jésus dont la révélation sera en grande partie une des missions des grandes mystiques du XIIIe siècle.

Le culte au cœur de Jésus
chez les mystiques du XIII
e siècle

Lutgarde (1182-1246), oblate bénédictine d’origine flamande puis moniale cistercienne, eut une vision des plaies, du sang et de la supplication du Christ, prêtre et victime pour le salut des pécheurs. Elle avait dû renoncer à un amour humain, légitime, pour s’offrir tout entière au Christ, à son amour expiateur pour les hommes et pour la gloire du Père. Nous sommes ici en présence de l’aspect essentiel du culte au Cœur du Christ. Mais si Lutgarde a reçu la révélation de la mission corédemptrice des baptisés : s’unir à la Passion du Cœur de Jésus pour le salut du monde, elle n’a pas reçu mission de faire connaître au peuple chrétien le mystère du Cœur divin.[17] 

Mechtilde de Magdebourg (1210-1282) entra au monastère cistercien d’Helfta en 1270. Elle exprimera dans ses élévations pieuses des accents réparateurs proches de ceux de Lutgarde, mais en manifestant pour la première fois le Cœur glorieux de Jésus. Lorsque Mechtilde s’étonna de tous les maux que Jésus avait dû souffrir, le sang qu’Il avait répandu ayant certainement été suffisant pour racheter tout le monde, le Seigneur répondit : “Non, mon Père n’était pas satisfait: la pauvreté, les travaux, toutes les souffrances et les mépris, ne furent qu’un coup frappé à la porte du ciel jusqu’à ce que le sang de mon Cœur eût été répandu sur la terre; alors seulement fut ouvert le Royaume des cieux.” On comprend que pour Mechtilde de Magdebourg, le mystère du Cœur et de la plaie du Christ est étroitement lié à la Croix eucharistique et au Mystère pascal.

Deux autres grandes mystiques d’Helfta suivirent : Gertrude la Grande (1252-1303) et Mechtilde de Hackeborn (1241-1299) son amie et confidente. La pensée de Gertrude affine celle de Mechtilde de Magdebourg, la dévotion au Cœur de Jésus étant pour elle la conséquence du Mystère pascal dans ses aspects crucifixion et transfixion de Jésus.

– Le Cœur de Jésus blessé demande amour et réparation. Mechtilde de Hackeborn, auditrice des battements du Cœur de Jésus, contemple les perfections de l’Amour divin du Sauveur et la bonté de son Cœur humain.[18] Elle raconte comment, dans une extase ineffable, Jésus lui donna son Cœur : “... Je te donne mon Cœur, dit Jésus, afin de penser par Lui, et de M’aimer Moi-même et toutes choses par Moi-même. A ce dernier mot, le Seigneur absorba mon âme tout entière et se l’unit de telle sorte qu’il semblait qu’elle vît par les yeux de Dieu, qu’elle entendît par ses oreilles, qu’elle parlât par sa bouche, et qu’elle ne se sentît pas d’autre cœur que celui de Dieu Lui-même.”

De son côté Gertrude peut dire au Christ : “Ouvrez-moi votre Cœur tant aimé comme un asile de salut. Quant au mien, je ne l’ai plus: c’est Vous, ô mon cher Trésor qui me l’avez déjà pris et le gardez en Vous-même. C’est de Vous qu’il vit uniquement: Vous l’avez transformé, tout chétif qu’il était, en votre divine essence.” Jésus lui répondit :

“Mon Cœur divin, connaissant l’inconstance et la fragilité humaines, désire avec une ardeur incroyable et attend continuellement que vous L’invitiez, sinon par vos paroles, du moins par quelque autre signe, à opérer et à accomplir en vous ce que vous n’êtes pas capable d’y opérer et accomplir par vous-même.”

Dans ses Exercices, Gertrude laisse parler son cœur :” O Amour, ta divine ardeur m’a ouvert l’entrée du Cœur très tendre de mon Jésus. O Cœur, source de douleur! O Cœur débordant de bonté aimante ! O Cœur, d’où la suavité distille en rosée ! O Cœur rempli de Miséricorde! De grâce, faites-moi mourir d’amour et de tendresse ! O Cœur objet de ma plus vive tendresse, daignez absorber mon propre cœur en vous-même... o Cœur aimé plus que toutes choses, le cri de mon propre cœur s’élève vers Vous...”

Angèle de Foligno (1248-1309) vit le Cœur du Christ pendant son sommeil, et il lui fut dit : “Dans ce Cœur, il n’y a pas de mensonge : tout y est vérité.”

Remarque importante

Les révélations privées n’ajoutent rien à la Révélation publique donnée par Jésus. Ces révélations privées n’ont qu’un but: inviter d’une manière urgente à y adhérer plus pleinement et avec plus d’amour.


[1]  “Le Cœur de Jésus”, d’Édouard  Glotin s.j Collection Vie Consacrée, 1997, 61 rue de Bruxelles-5000 Namur - Page 11.

[2] René Latourelle et Pierre Adnès, cités par Bertrand de Margerie, Histoire doctrinale du culte au Cœur de Jésus”, Publié chez Mame - Tome 1. pages 15 et 16.

[3]  Bertrand de Margerie, Histoire doctrinale du culte au Cœur de Jésus”, Publié chez Mame - Tome 1 - Résumé des Pages 20 à 33 .

[4]  Bertrand de Margerie, Histoire doctrinale du culte au Cœur de Jésus”, Publié chez Mame - Tome 1 - Résumé des Pages 20 à 33.

[5] Bertrand de Margerie, Histoire doctrinale du culte au Cœur de Jésus”, Publié chez Mame - Tome 1 - Résumé des Pages 20 à 33.

[6]  Bertrand de Margerie, Histoire doctrinale du culte au Cœur de Jésus”, Publié chez Mame - Tome 1 - Résumé des Pages 20 à 33.

[7] Bertrand de Margerie, Histoire doctrinale du culte au Cœur de Jésus”, Publié chez Mame - Tome 1 - Résumé des Pages 39 à 57.

[8] Bertrand de Margerie, Histoire doctrinale du culte au Cœur de Jésus”, Publié chez Mame - Tome 1 - Résumé des Pages 39 à 57.

[9] Bertrand de Margerie, Histoire doctrinale du culte au Cœur de Jésus”, Publié chez Mame - Tome 1 - Résumé des Pages 39 à 57.

[10]Bertrand de Margerie, Histoire doctrinale du culte au Cœur de Jésus”, Publié chez Mame - Tome 1 - Résumé des Pages 39 à 57. 

[11]Bertrand de Margerie, Histoire doctrinale du culte au Cœur de Jésus”, Publié chez Mame - Tome 1 - Résumé des Pages 39 à 57.

[12] Bertrand de Margerie, Histoire doctrinale du culte au Cœur de Jésus”, Publié chez Mame - Tome 1 - Résumé des Pages  63 à 84.

[13] Histoire doctrinale du culte au Cœur de Jésus - Chapitre 3-1.

[14]  Histoire doctrinale du culte au Cœur de Jésus - Chapitre 3-(III).

[15]  Histoire doctrinale du culte au Cœur de Jésus - Chapitre 3-(IV).

[16] Cité par Yvan Gobry dans son livre “Sainte Marguerite-Marie la Messagère du Sacré-Cœur”.

[17]Bertrand de Margerie, Histoire doctrinale du culte au Cœur de Jésus”, Publié chez Mame - Tome 1 - Résumé des pages 85 à 113.

[18] Histoire doctrinale du culte au Cœur de Jésus - Chapitre 4-(II à IV)- Voir aussi plus loin.

[19] Bertrand de Margerie, Histoire doctrinale du culte au Cœur de Jésus”, Publié chez Mame - Tome 1 - Résumé des pages 115 à 150.
 

 

pour toute suggestion ou demande d'informations