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ARCHEVÊQUE D'ÉVORA
La divine
Providence destinait cependant celui que l'on appelait déjà alors l'évêque
missionnaire, à un champ d'apostolat plus vaste et plus désolé. Un illustre
enfant de Portalegre, monseigneur Augusto Eduardo
Le 4 juin 1920, jour anniversaire de sa première communion et de sa première messe, monseigneur Mendes da Conceição Santos fut nommé, par le pape Benoît XV, archevêque titulaire de Philippopolis et coadjuteur de l'archevêque d'Évora. Le 11 juillet suivant, monseigneur Augusto Eduardo Nunes décédait et, le 24, monseigneur Manuel Mendes était nommé archevêque d'Évora. Au prince des orateurs sacrés de son temps succédait un autre orateur remarquable, parmi les premiers de sa génération. Le nouveau prélat fit son entrée solennelle dans la cathédrale d'Évora le 11 février 1921, fête de Notre-Dame de Lourdes envers laquelle il avait une tendre dévotion. Dans son premier message, demeuré célèbre, adressé à l'archidiocèse, il synthétisa de façon lumineuse le programme de toute son activité pastorale en ces termes : Je me consacrerai et je me sacrifierai avec joie pour le salut de nos âmes: voilà mon ambition, le vœu que je forme et mon but. Je ne serai heureux qu'autant que je pourrai travailler pour votre bien. Votre bonheur sera mon bonheur. À la fin de la cérémonie il consacra à la très sainte Vierge son apostolat et le troupeau qui lui était confié. Cette biographie sommaire ne peut donner qu'un bref aperçu sur ce que fut pendant 34 ans son activité à la tête de l'archevêché d'Évora. Mais cette étude a été admirablement réalisée de façon critique dans les ouvrages de monseigneur Francisco Maria da Silva, alors évêque auxiliaire de Braga, publiés aux éditions du centre d'études Don Manuel Mendes da Conceiçc1o Santos :
La première préoccupation du nouvel archevêque métropolitain d'Evora fut la reconstruction du séminaire, tombé en ruines déjà avant l'arrivée du régime républicain, et dont l'état s'était encore aggravé après la révolution du 5 octobre 1910. Cette entreprise fut un succès complet: il eut la consolation d'ordonner 132 prêtres pour son diocèse et d'en faire ordonner quatre qui étudiaient dans des universités catholiques à l'étranger. Pour en avoir autant, il attira des vocations du nord et du centre du pays, organisa des colonies de vacances pour les séminaristes et, grâce à la générosité du roi Emmanuel et de la reine Amélie, il obtint que lui fût cédé l'ancien couvent des Saintes-Plaies à Vila Viçosa pour y ouvrir en 1935 le petit séminaire qu'il agrandit avec le couvent des augustins qu'il loua à l'Etat dans ce but en 1951. Il ne veilla pas seulement à augmenter le nombre des prêtres mais aussi à la bonne moralité du clergé déjà existant. Les lettres qu'il écrivit aux prêtres dévoyés pour les rappeler paternellement à leurs devoirs révèlent la grandeur d'âme et le cœur plein de zèle du bon pasteur. C'est une des raisons pour lesquelles il fit venir au Portugal le père Matthieu Crawley, l'ardent apôtre du Sacré-Cœur, qui par ses nombreuses retraites spirituelles aux prêtres et ses prédications aux fidèles fit tant de bien à notre pays. Quand il fit son entrée à Évora, le diocèse ne comptait pas une seule congrégation religieuse ; quand il quitta la vie mortelle pour l'éternelle, il laissait sur tout le diocèse : 34 communautés religieuses, dont 4 masculines, appartenant à 23 instituts religieux différents. Lors de ses déplacements, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du Portugal, il se rendait dans les maisons généralices et provinciales des congrégations religieuses pour y mendier des religieux et des religieuses afin de repeupler l'archidiocèse qui avait été autrefois un jardin verdoyant d'innombrables couvents. Pendant son épiscopat, deux instituts diocésains furent fondés : les conceptionistes de sainte Béatrice de Silva, au service des pauvres, fondées en 1936 à Elvas par la pieuse Marie Caldeira, et les servantes de la Sainte Eglise pour la sainte Famille, fondées en 1945 à Évora par le serviteur de Dieu dans le but principal de venir en aide aux curés pour les catéchismes, les missions et les autres œuvres d'apostolat. Comme à Guarda et à Portalegre, la presse catholique fut l'objet de ses soins attentifs. Il créa l'imprimerie Gráfica eborense (Typographie d'Évora) et l'hebdomadaire catholique régional A Defesa (La Défense), tous deux placés pour la garantie légale sous le couvert d'une association de laïcs, la Sociedade instrutiva regional eborense (Société éducative de la région d'Évora). Tant le Boletim eborense (Bulletin d'Évora), déjà existant, que A Defesa furent très honorés de la collaboration fréquente et énergique de l'archevêque, journaliste à la plume brillante. L'União gráfica (Union typographique) et le journal Novidades (Nouveautés), de Lisbonne, lui sont particulièrement redevables parce que, selon le témoignage de l'évêque de Guarda, monseigneur José Alves Matoso, l'archevêque apostolique avait été l'âme de ces œuvres. La prédication, moyen par excellence pour transmettre la Bonne Nouvelle, trouva en monseigneur Manuel Mendes le héraut le plus infatigable dans le diocèse d'Évora : les sermons de l'avent et de carême à la cathédrale — pendant les 34 ans de son épiscopat, à l'exception des 4 années où, en raison d'une faiblesse cardiaque et sur l'ordre de son médecin, il ne prêcha pas —, certains dimanches de carême il prêchait successivement en trois endroits : à Évora, à Redondo ou Estremoz et à Elvas — ; les neuvaines, les triduums, les homélies tant à la cathédrale que lors des visites pastorales, parfois en plein air et sur une chaire improvisée en ballots de paille avant que n'existent les micros et les haut-parleurs ; les conférences lors des retraites au clergé, aux séminaristes et aux laïcs — il prêcha de nombreuses retraites pour dames à Elvas, à Estremoz à Coruche et à Fátima, et forma ainsi une élite d'âmes apostoliques dans les principales régions du diocèse — ; les instructions à la fin de la messe les jours de semaine pour que les fidèles qui ne disposent pas de beaucoup de temps puissent au moins participer au saint sacrifice, tout cela révèle le souci et le zèle qu'il avait de rendre accessible à tous le pain de la Parole de Dieu. Il savait admirablement s'adapter à ses auditoires, citadins ou ruraux, d'adultes ou d'enfants. Il prêchait avec la même facilité en latin au concile plénier portugais en 1926 à Lisbonne, ou en espagnol au congrès marial hispano-américain de Séville en 1929, et aux pèlerinages lusitano-espagnols au monastère de Guadalupe en 1940, commémorant le VIe centenaire de la bataille de Salado, ou pour les panégyriques du saint comte Nuno Pereira en 1918 et de saint Antoine lors du VIIe centenaire de son décès en 1931, ou pour les éloges funèbres de l'empereur du Brésil Pierre II, du soldat inconnu, et de ses deux glorieux prédécesseurs sur le siège d'Évora, monseigneur Augusto Eduardo Nunes en 1925 et le frère Fortunat de Saint-Bonaventure en 1944, ou encore, lors de sa solennelle réception comme membre correspondant de l'Académie des sciences de Lisbonne en 1923 et de la communication qu'il fit en 1942 sur La Poésie religieuse au Portugal. Le savant archevêque, conscient de ses responsabilités en tant que successeur des glorieux évêques, surtout le cardinal infant Henri, qui convertirent Évora en un des centres les plus réputés de l'humanisme de la Renaissance, attira, tout au long de son pontificat, vers l'ancienne ville universitaire du sud les figures les plus célèbres de la culture portugaise qui donnèrent d'importantes conférences, surtout lors des congrès pour la propagation de la foi et les congrès marials, au niveau national, et à l'occasion des congrès eucharistiques diocésains. Ces congrès, les pèlerinages au sanctuaire national de Notre-Dame de l'Immaculée Conception à Vila Viçosa, patronne de l'archidiocèse et du Portugal, et les missions de la Vierge pèlerine, commencées en 1947 à travers le diocèse d'abord avec la vénérable image de Notre-Dame de Fatima de Cova da Iria et par la suite avec l'image du Cœur Immaculé de Marie, furent des souffles de vie divine qui ravivèrent la foi du bon peuple de l'Alentejo cachée, comme des braises, sous les cendres de l'ignorance et de l'indifférence religieuse.
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