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ÉVÊQUE DE PORTALEGREL'activité apostolique et intrépide du chanoine Mendes fut si remarquable que le pape Benoît XV le nomma, le 9 décembre 1915, évêque de Portalegre, diocèse désorganisé faute d'un évêque qui pût le sortit de son marasme.
Monseigneur Mendes
fit une retraite à Ciudad Rodrigo, en Espagne, pour se préparer à l'épiscopat.
Certaines des
1. Me donner entièrement au diocèse. 2. Faire une heure d'oraison chaque jour. 3. Garder les actuelles pratiques de piété. 4. Vivre modestement. 5. Ne pas me ménager quand il s'agira du bien des diocésains, surtout du bien des âmes. 6. Travailler sans faire de bruit et, quand la gloire de Dieu ne l'exige pas, faire en sorte que reste caché ce que je fais pour Dieu dans le diocèse. 7. Être sincèrement l'ami des prêtres, leur montrer que je les estime et chercher à gagner leur confiance, en gardant les yeux fixés sur Dieu et sur Dieu seul. 8. Ne pas transiger avec les abus. mais en ne recourant aux moyens énergiques qu'après avoir épuisé toutes les ressources de la persuasion et de la mansuétude chrétienne. 9. Écarter avec délicatesse. mais aussi avec une inébranlable fermeté. toute ingérence séculière dans l'attribution des postes aux prêtres ainsi que dans le gouvernement et l'administration spirituels des églises. 10. M'efforcer de ne pas exiger de mes collaborateurs des sacrifices que je ne fais pas moi-même. 11. Éviter les visites de pure courtoisie et de divertissement, sans manquer pour autant à la bienséance ni aux convenances. 12. Veiller scrupuleusement à ce que l'on ne puisse pas dire que l'évêque a peur et que c'est pour cela qu'il n'accomplit pas tel ou tel devoir. 13. Ne prendre aucune décision importante sans avoir tout d'abord prié et pris conseil d'une personne prudente et vertueuse, si j’en ai le temps. 14. Placer au-dessus de toute considération et de toute convenance les droits de Dieu et des âmes. Me poser à moi-même la question : "Dieu veut-il cela ? Eh bien ! Allons de l'avant quoiqu'il puisse en coûter." 15. Respecter un horaire précis. surtout dans tout ce qui est public. 16. Tout faire pour que l'évêché édifie par la piété qui y règne. 17. Prendre l'habitude d'édifier mon prochain dans les entretiens personnels. M'imprégner pour cela de l'esprit de Jésus-Christ et vivre uniquement pour le divin Maître. 18. Me confesser chaque semaine et avoir une direction suivie de ma conscience. 19. Sans imprudence ni provocation, et sans prétention, affronter résolument les persécutions et même la prison s'il le faut pour la gloire de Dieu. 20. Les yeux fixés sur Dieu. m'efforcer d'être affable. doux et humble avec tout le monde. petits et grands. comme le veut Jésus. 21. Être égal pour tous ; me garder soigneusement de toute partialité ou préférence qui ne repose pas sur le réel mérite des personnes. Monseigneur Mendes a suivi, pendant les 39 années de son épiscopat, ces nonnes sages et saintes qui l'ont rendu fort dans la foi et puissant en œuvres. La consécration épiscopale eut lieu le 3 mai 1916 dans l’église de Notre-Dame du Carmel, la plus grande de Torres Novas. L'évêque consécrateur fut son éminence António Mendes Belo, cardinal patriarche de Lisbonne ; les évêques assistants furent monseigneur Manuel Vieira de Matos, déjà à l’époque archevêque primat de Braga, et monseigneur José Alves Matoso, évêque de Guarda. Il rédigea dans son journal quelques notes à propos de ce jour mémorable : Consécration de mon épiscopat au Cœur Sacré de Jésus et à la très sainte Vierge Marie. Puissè-je être un évêque selon le Cœur de Dieu ! Je n'ai pas d'autre ambition. Vivre et mourir pour Jésus ! Malgré l’ambiance antireligieuse peu favorable de l’époque, rentrée de monseigneur Manuel Mendes da Conceição Santos dans la cathédrale de Portalegre, le 7 mai 1916, dimanche du Bon Pasteur, se fit avec solennité et dans l’enthousiasme. La réception fut un triomphe pour l'Eglise, écrivit-il dans son journal. Le nouvel évêque va trouver le diocèse de Portalegre complètement désorganisé, sans palais épiscopal et sans séminaire, dont son prédécesseur, monseigneur António Moutinho. a été spolié avant de subir l'exil. Mais il se dévoua bien sûr avec toute l'ardeur de son premier amour épiscopal envers son épouse bien-aimée, l'Eglise de Portalegre, qu'il a voulu remettre vierge et chaste à Jésus-Christ, comme on peut le lire dans les notes qu'il rédigea au cours de la retraite précédant son sacre. Bien qu'il ne soit même pas resté cinq ans dans ce nouveau champ d'apostolat, le nouvel évêque accomplit un travail proprement gigantesque pour réorganiser le diocèse en un laps de temps aussi court. Il sema la parole de Dieu à pleines mains, non seulement au cours de la visite pastorale qu'il fit de presque tout le diocèse, mais lors des fêtes, des triduums, des neuvaines et, dans la ville de Portalegre, les dimanches de l'avent et du carême, ainsi que tous les jours des mois de Marie et du Sacré-Cœur. Il acquit les journaux A Juventude (La Jeunesse) et O Distrito de Portalegre a Nun'Alvares (Le District de Portalegre à Nun'Alvares) qui est encore aujourd'hui l'organe officieux du diocèse sous le titre O Distrito de Portalegre (Le District de Portalegre) et fonda le Boletim de Portalegre (Bulletin de Portalegre). Sa préoccupation majeure a été la formation du clergé. Ne parvenant pas à fonder un séminaire diocésain, il envoya ses séminaristes dans les séminaires des autres diocèses et réunit les candidats au sacerdoce dans la maison de l'archiprêtre de Mação, noyau du futur séminaire dont la fondation sera réalisée, au moment où il sera nommé archevêque d'Evora, dans la maison que l'illustre famille Paquito Robelo mit généreusement à sa disposition à cette intention à Gavião. Au cours des visites pastorales il veillait à fonder, dans chaque paroisse, l'apostolat de la prière et les associations des filles de Marie. Mais ce sont les œuvres de charité qui rayonnèrent surtout de son cœur compatissant de bon pasteur : il fonda les conférences de saint Vincent de Paul — dont il présidait les réunions à Portalegre dans la modeste maison de la rue Mouraria qui lui tenait lieu de palais épiscopal — et les dames de charité. La charité qu'il déploya lors de la terrible épidémie de pneumonie en 1918 est restée gravée dans toutes les mémoires. Il organisa des comités de dames pour assister les orphelins et les veuves. Il présida la commission exécutive créée par le gouverneur civil de Portalegre et destinée à porter secours à tous les malades et les nécessiteux. Il fit lui-même du porte-à-porte en faveur des victimes de la terrible épidémie, il distribua aux pauvres tout ce qu'il avait, visita et réconforta les malades.
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