André Bessette
Religieux, Fondateur, Saint
1845-1937

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JANVIER

Alfred Bessette naquit le 9 août 1845 à Saint-Grégoire d’Iberville, au Québec. Il était le 9ème enfant, sur treize dont quatre moururent en bas âge, d'Isaac Bessette et de Clothilde Foisy.  Alfred fut baptisé le lendemain par l’abbé Pierre-Albert Sylvestre, dans la "chapelle presbytère" de la paroisse. En 1849, Isaac Bessette vendit sa propriété de Saint-Grégoire et s'installa à Farnham, près de la rivière Yamaska. Père de famille pauvre, Isaac exerçait plusieurs métiers: menuisier, charpentier, tonnelier et charron. Le 20 février 1855, l'arbre qu'il abattait tomba sur sa poitrine et le tua. Seule avec ses enfants, Clothilde continua à leur donner une éducation chrétienne, mais restée sous le choc de la mort de son mari, elle mourut de tuberculose le 20 novembre 1857. 

Alfred a 12 ans. Il est recueilli par sa tante maternelle Marie-Rosalie et son mari Timothée Nadeau, qui résident à Saint-Césaire. Il suivit les leçons de catéchisme, puis reçut la confirmation de Mgr Jean-Charles Prince, premier évêque de Saint-Hyacinthe, le 7 juin 1858. La grande pauvreté de sa famille et sa santé fragile expliquent la brièveté de ses études; Alfred saura seulement signer son nom et lire les caractères imprimés. Pour gagner sa vie, Alfred dut exercer plusieurs métiers: il transporta des matériaux de construction. Puis, quand son oncle Nadeau, partit en 1860, chercher de l'or en Californie, le maire de Saint-Césaire, Louis Ouimet, accueillit l'adolescent pour travailler dans sa ferme. Alfred exerça ensuite divers métiers à Farnham, à Saint-Jean-sur-Richelieu, à Waterloo et à Chambly. En 1862, de retour à Saint-Césaire, il fut apprenti boulanger et cordonnier. Ces multiples expériences de travail ruinèrent sa santé déjà si fragile. Mais Alfred priait toujours, au grand étonnement de ceux qui le côtoyaient. Ses stations de prière à genoux étaient longues, fréquentes et intenses, et on le trouvait souvent les bras en croix, devant un crucifix, à l'église, dans sa chambre ou dans une grange. 

En octobre 1863, dans l'espoir de trouver un travail adapté à sa constitution, Alfred émigra aux États-Unis et travailla dans des filatures au Connecticut. Malheureusement le jeune homme de 18 ans, ne pouvant supporter le travail en usine, alternait les emplois dans des filatures de coton avec le travail dans des fermes. Jamais il ne se plaignait, mais épuisé après sa journée de travail, il s'enfermait dans sa chambre et priait. Après avoir cherché sans succès pendant quatre ans un emploi qui lui convienne, Alfred Bessette revint au Canada en 1867 et s'installa à Sutton, où vivaient sa sœur Léocadie et son frère Claude. Il retourna bientôt à Farnham. Le prêtre de l'endroit, Édouard Springer, l'engagea pour s'occuper du jardin et de quelques gros travaux, mais quand, en 1868, son curé fut nommé ailleurs, Alfred retourna à Saint-Césaire chez Louis Ouimet. Le curé du lieu l'assura que, malgré son ignorance, il trouverait  dans la Congrégation de Sainte-Croix, le climat de prière dont il avait besoin, tout en se rendant utile. Le 22 novembre 1870, Alfred Bessette se présentait au collège Notre-Dame, à Montréal, où la Congrégation de Sainte-Croix venait d'installer son noviciat. Alfred prit le nom de frère André. Ici une petite remarque s'impose: c'est le 8 décembre 1870 que le pape Pie IX déclara Saint Joseph "Patron de l'Église Universelle". Or, Alfred aimait beaucoup Saint Joseph. 

Le 20 Décembre 1871 Frère André était nommé portier, infirmier et lampiste au collège Notre-Dame. Il sera aussi, selon les occasions, commissionnaire, jardinier, barbier, en un mot, homme à tout faire. Le 22 août 1872, Frère André fit sa première profession religieuse. Le 2 février 1874, ce fut sa profession perpétuelle. Il avait 28 ans.  

Parmi les visiteurs que le frère André accueillait au collège se trouvaient des personnes qui confiaient leur maladie à ses prières. Le religieux priait avec eux et il leur remettait une médaille de saint Joseph à qui il vouait une dévotion particulière; il leur donnait aussi quelques gouttes de l'huile d'olive de la lampe qui brûlait devant la statue du saint, dans la chapelle du collège; il conseillait vivement à ces malades de s'en frictionner avec confiance. Rapidement, des personnes, de plus en plus nombreuses, se mirent à déclarer avoir été guéries ou soulagées de cette manière. Le premier récit connu est celui de Désiré-Michel Giraudeau, dit frère Aldéric, qui raconta, dans les Annales de l'Association de Saint Joseph, publiées à Paris en 1878, sa propre guérison en 1877, ainsi que celle de plusieurs autres personnes.

La réputation de thaumaturge et de sainteté du petit frère André se répandit vite, et la direction du collège finit par s'inquiéter du flot croissant des visiteurs. Des parents, des confrères et même le médecin de l'établissement dénoncèrent aux autorités religieuses et sanitaires de la ville la présence de malades à proximité des élèves. Vers 1900, on demanda au frère André de recevoir les malades dans un abri construit en face du collège. En effet, en 1896, la congrégation de Sainte Croix avait acheté un terrain en face du collège; ce terrain avait été nommé Parc de saint Joseph ou Mont Royal. Frère André amena alors ses visiteurs prier devant une statue de saint Joseph qu'il avait installée dans une niche sur le Mont Royal. Le frère André désirait beaucoup y voir ériger une chapelle à saint Joseph. Avec l'appui de ses amis, il finit par obtenir l'autorisation de la construire. La direction du collège et l'archevêque de Montréal, Mgr Paul Bruchési, exigèrent toutefois que les frais engagés soient à la charge des demandeurs. Grâce aux dons offerts spontanément, en argent ou en nature, le premier sanctuaire du Mont Royal fut inauguré le 16 octobre 1904.

Sous la pression de nombreux laïcs, le comité de l'Oratoire Saint Joseph de la Côte-des-Neiges fut créé le 9 septembre 1908. L'afflux des pèlerins devint tel qu'on dut augmenter les dimensions de la chapelle à quatre reprises de 1908 à 1912. À chaque fois, la générosité populaire permettait de payer l'intégralité des travaux. Bientôt les autorités du collège Notre-Dame assumèrent l'administration de l'oratoire dont le frère André devint  le gardien. Des heures de prière furent régulièrement organisées. À partir de 1910, le frère André eut un secrétaire pour répondre au courrier qui lui était adressé.

L'affluence au sanctuaire ne cessant d'augmenter, en 1913, sous la pression des laïcs un projet de basilique fut décidé. L'argent nécessaire pour financer la construction de la crypte, soit 80 000 dollars, était déjà là grâce aux dons des fidèles. L'inauguration de la crypte eut lieu le 16 décembre 1917. En moins d'un an, le sanctuaire, qui pouvait accueillir plus de mille personnes assises, était déjà trop petit, et le nombre de visiteurs s'accrut encore au cours des années 1920. Les visiteurs ne venaient plus seulement de la province de Québec, mais aussi de l'Ontario, du Nouveau-Brunswick, de l'Ouest canadien, et même des États-Unis. En 1920, le frère André institua, chaque vendredi soir à huit heures, une heure sainte, bientôt suivie du chemin de la croix; ces soirées de prière attirèrent bientôt des centaines de fidèles. L'édification de la basilique, encore dite l'Oratoire Saint-Joseph commença en 1924 sur cette crypte, près de la modeste chapelle du Frère André, chapelle qui sera conservée.

L'argent pour la construction de ce qui deviendra l'une des plus grandes églises du monde, après la Basilique Saint-Pierre de Rome, le centre mondial de dévotion à Saint Joseph, provenait des admirateurs du Frère André, que l'on trouvait déjà un peu partout. Les travaux de cette basilique se terminèrent en 1967.

Le 28 décembre 1936, Frère André fut conduit à l'hôpital Notre-Dame-de-l'Espérance, à Saint-Laurent à Montréal. Le mercredi le 6 janvier 1937 à minuit cinquante-cinq, le frère André rendait son dernier souffle. Durant toute une semaine près d'un million de fidèles défilèrent devant sa dépouille. Ils viendront nombreux lui rendre un dernier hommage à ses funérailles. Rapidement les merveilles qui s'accomplissaient à l'oratoire Saint-Joseph suscitèrent l'intérêt des journaux.

Le 12 juin 1978, le pape Paul VI déclara "vénérable" Alfred Bessette.  Frère André fut béatifié le 23 mai 1982 par le pape Jean-Paul II, sous le nom de Bienheureux Frère André Bessette". Enfin, le 17 octobre 2010, il fut canonisé par Benoît XVI.   

Paulette Leblanc

 

 

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