Lucio Martínez
Mancebo, naît à Vegas del Condado (León) en
1902. En
1912 il entre au séminaire de León,
en
1919 au noviciat de Solsona, en 1925 il est ordonné
prêtre à Valence. 1930-1936 il est maître des novices et
des étudiants, d’abord à Valence puis à Calanda. C’était
un frère simple, de forte personnalité et de tempérament
vigoureux, qu’il montra en faisant face aux études
ecclésiastiques, qui lui coûtèrent beaucoup. Sa ténacité
et son esprit religieux lui permirent d’atteindre le
grade de lecteur. Il exerça comme professeur.
En tant que
sous-prieur de la maison, à l’arrivée de la persécution
il veilla à ce que les élèves quittent le couvent et le
village pour Saragosse.
Quand
ils partirent avec sa bénédiction, il leur conseilla, au
cas où ils devraient donner leur vie pour la foi, de
l’assumer vaillamment. Le soir du 27 juillet il décida
que les religieux, en vêtements civils, quitteraient le
couvent et se réfugieraient dans des maisons ou
fuiraient. Avec quelques frères, il resta au couvent.
Quand le couvent fut attaqué, ils durent partir aussi et
se réfugier dans des maisons particulières. Quand ceux
qui cachaient des frères furent menacés de mort, les
frères sortirent dans la rue, furent arrêtés, et
fusillés deux jours après. Dans le camion qui les
emmenait au lieu du martyre, le P. Lucio commença d’une
voix forte à prier le rosaire. Arrivés à destination,
ils pardonnèrent à tous et moururent en criant « Vive
le Christ Roi ! »
Il avait 34 ans.
Antonio López
Couceiro, naît le 15 novembre 1869 à El Ferrol
(La Coruña). Passe son enfance à Betanzos,
entre
en 1884 au séminaire d’Orense, où il fait sa
philosophie, puis au séminaire conciliaire de Santiago
où il fait la théologie. Il prend l’habit au couvent de
Padrón en 1889. Il continue ses études à Corias et à
Salamanque, est ordonné prêtre le 23 décembre 1893.
Professeur à Vergara, maître des novices à Padrón. En
1912 il demande à être compté dans les restaurateurs de
la Province d’Aragon. Homme de profond esprit religieux
et d’un haut sens de l’austérité, ses pénitences
physiques et morales étaient proverbiales. Il exerça des
ministères variés. Caractère dur qu’il compensait et
dominait avec sérieuse humilité et reconnaissance de ses
limites. On a dit de lui que pour atteindre le sommet de
la sainteté il ne lui manquait que le martyre : le
Seigneur le lui accorda en juillet 1936. Le soir du 27
juillet, le P. Antonio fuit le couvent, et comme il ne
pouvait courir aussi vite que ses compagnons, il tombe
aux mains de ses poursuivants. Conduit en prison, il
réconforte les religieux et laïcs détenus. Prêt au
martyre, il montre l’exemple aux autres dans les heures
tragiques qui précèdent le sacrifice de sa vie. Il leur
rappela l'importance de la confession sacramentelle en
ces moments, et l’absolue nécessité du pardon
évangélique. Pour avoir voulu aider le religieux le plus
âgé du groupe, qui se déplaçait avec difficulté, tous
deux furent pris et fusillés avec tout le groupe de
dominicains qui était resté au village. Blessé, tombé
par terre, il joignit les mains, regarda le ciel, et on
l’entendit murmurer: « Seigneur,
pardonne-leur, parce qu’il ne savent pas ce qu’ils font!».
Ce furent ses dernières paroles. Il avait 67 ans.
Felicissimo
Díez González, naît le 26 novembre 1907 à Devesa de
Curueño (León). En novembre 1922
il entra comme novice à Solsona, fit ses études à
Valence, et fut ordonné prêtre en 1930. Il enseigna la
philosophie aux aspirants, à Calanda. Il était sévère
avec tous mais surtout avec lui-même. Il était de ceux
qui voyaient objectivement la situation sociale
conflictuelle. Son esprit vif et pénétrant, entretenu
par une étude constante, fit de lui un excellent
professeur. Étant donné sa grande jovialité, parler ou
avoir affaire avec lui était très agréable malgré la
dureté de caractère qu’il réussissait à freiner.
À
l’arrivée de la persécution il fut des premiers à être
emprisonné, avec deux autres membres de la communauté.
Ils
furent emmenés à la ‘comandancia’
d’Alcañiz où les miliciens voulurent les tuer, mais le
commandant militaire exigea qu’ils fussent ramenés et
jugés à Calanda, dont ils dépendaient. Ils furent les
trois premiers frères qui entrèrent en prison. Ils
reçurent la palme du martyre ensemble. Il avait 29 ans.
Saturio
Rey Robles, naît le 21 décembre 1907 à Devesa de
Curueño (León). Il fit ses études à Solsona puis à
Valence, et en 1931 fut ordonné prêtre à Barcelone.
Professeur, infirmier du couvent. De tempérament
nerveux, il dut faire de grands efforts pour
s’acclimater à la vie religieuse, mais il donna des
signes de solide vocation, spécialement dans la charité
au service des malades. Il dut lutter beaucoup pour
freiner son addiction au tabac.
Ami
inséparable du P. Felicissimo, et du même âge, ils le
furent jusqu’au martyre.
La
nuit où se consomma le sacrifice, il eut une crise de
nerfs, que quelques paroles du P. Antonio López Couceiro
calmèrent immédiatement. « Il
nous console dans nos afflictions, afin que nous
puissions consoler ceux qui sont dans l’affliction (2
Co 1,4), partageant
avec eux le même courage que nous recevons de Dieu. »
L’exemple, la force et les paroles opportunes du P.
Antonio furent la consolation définitive dont il avait
besoin. Ainsi il continua à la hauteur des autres. À
partir du 27 juillet à Calanda il eut les mêmes
vicissitudes que le P. Felicísimo. Il avait 29 ans, 11
ans de vie religieuse et 5 de sacerdoce.
Tirso
Manrique Melero, naît le 26 janvier 1877 à Alfaro
(La Rioja). Il entre au séminaire de San Gaudioso de
Tarazona, fait le noviciat et la profession chez les
jésuites à Veruela (Saragosse), puis quitte les jésuites
et revient au diocèse de Tarazona, où il est ordonné
prêtre en 1911. En 1928 il entre dans l’Ordre
dominicain. Aux récréations, ses plaisanteries donnent à
la communauté de nombreuses occasions de gaieté, bien
que par nature il incline plutôt à la tristesse.
Excellent compagnon dans la vie communautaire, doté de
grâces spéciales pour la vie commune. Spirituellement,
une profonde piété et un vigoureux sens ascétique.
Excellent
professeur de latin, il écrit une grammaire claire et
accessible pour les élèves.
Humainement c’était un bon pédagogue, au plan pastoral
ce prédicateur fut un apôtre de la doctrine sociale de
l’Église. Il marque la société ‘calandine’ et la presse
madrilène (1931) par une série d'articles sur la
doctrine sociale de l’Église, et pour cette raison il
est considéré comme un « défenseur
du peuple »
par beaucoup de socialistes de Calanda.
On le voyait parfois un peu
abattu devant l’avenir qu’il voyait conflictuel.
Un fond d’humilité
et la conscience de sa petitesse faisaient que dans les
moments difficiles il se sentait peu de chose. Mourir
lui importait peu, mais il avait peur de ne pas être à
la hauteur des circonstances ; mais dans les moments
durs, il fit front. Repoussé de toutes les maisons, car
la présence d’un frère était dangereuse, il décide, le
29 juillet, d’aller s’asseoir sur un banc sur la place
de Calanda, et d’attendre. Peu après, il fut arrêté et
emmené là où étaient les autres. La même nuit, ils
furent fusillés. Tirso avait 59 ans.
Gumersindo
Soto Barros, naît le 21 octobre 1869 à San Mamed
de Amil près de Pontevedra (La Coruña). À 25 ans il
demanda à entrer dans l’Ordre comme familier tertiaire
sans vœux, au couvent de Padrón. Fin mai 1903 il fit
profession solennelle comme frère coopérateur. En 1908
il arriva à Majorque pour s’occuper de l’organisation
matérielle de la maison de Manacor, récemment restaurée.
Exemple de foi simple et profonde. Grand travailleur,
très habile aux travaux manuels, avec des dons
d’organisateur. Très doué pour les mathématiques, ce qui
lui valut d’être professeur des aspirants à l’entrée
dans l’Ordre. Obéissant jusqu’à la mort.
Quand la persécution
commença, avec ses infirmités il n’était pas en état de
faire de longues marches.
Quand il vit que sa
présence dans des maisons particulières était
compromettante et qu’il ne pouvait marcher, il décida de
se remettre aux mains de la Providence, resta assis sur
un banc de la place du village. Arrêté, il fut emmené à
Alcañiz, puis ramené à Calanda pour être jugé. En prison
il retrouva les autres membres de la communauté et tous
se préparèrent pour l’heure finale. Ensemble ils
reçurent la palme du martyre le 29 juillet 1936. Il
avait 67 ans d’âge, 37 ans de vie religieuse.
Lamberto
de Navascués y de Juan, né le 18 mai 1911 à
Saragosse. D’une famille noble et chrétienne, il fit ses
études chez les jésuites et les maristes, formation
humaine complète. Il commença des études de droit, mais
à la mort de son père, renonçant à tout, il demanda à
être frère coopérateur chez les capucins, qui refusèrent
car ils estimaient qu’il devait être prêtre. Sa famille
fait pression aussi sur lui. Mais Lamberto garda son
idée, il voulait servir les autres. Il arrive à
Barcelone en 1935 chez les dominicains pour commencer le
postulat. Il était novice depuis 2 mois 10 jours quand
la guerre arrive à Calanda. La communauté dut se
disperser, mais frère Lamberto voulut rester avec les
religieux âgés et subir le même sort qu’eux. Il fut
arrêté le 28 juillet et incarcéré. Soumis avec les
autres à un simulacre de jugement, ils furent condamnés
à mort. Après beaucoup de mauvais traitements en paroles
et en actes, ils furent emmenés en camion à 6 km du
village. Priant le rosaire à voix haute et pardonnant de
tout cœur à leurs bourreaux, ils furent fusillés, en
proclamant « Vive
le Christ roi !»
Lamberto avait 25 ans.
Lucio Martínez Mancebo et ses 6 compagnons font
partie d’un groupe de 233 martyrs, tués entre 1936 et
1939, béatifiés à Rome le 11 mars 2001 par saint
Jean-Paul II (Karol Józef Wojtyła, 1978-2005). |