CHAPITRE
TROISIEME
LA REPONSE DE L’HOMME A DIEU
142 Par sa
révélation, " provenant de l’immensité de sa charité, Dieu, qui
est invisible s’adresse aux hommes comme à ses amis et converse avec
eux pour les inviter à entrer en communion avec lui et les recevoir
en cette communion " (DV 2). La réponse adéquate à cette invitation
est la foi.
143 Par la foi
l’homme soumet complètement son intelligence et sa volonté à
Dieu. De tout son être l’homme donne son assentiment à Dieu
révélateur (cf. DV 5). L’Écriture Sainte appelle " obéissance de la
foi " cette réponse de l’homme au Dieu qui révèle (cf. Rm 1, 5 ; 16,
26).
Article 1
JE CROIS
I. L’obéissance
de la foi
144 Obéir
(ob-audire) dans la foi, c’est se soumettre librement à la
parole écoutée, parce que sa vérité est garantie par Dieu, la Vérité
même. De cette obéissance, Abraham est le modèle que nous propose
l’Écriture Sainte. La Vierge Marie en est la réalisation la plus
parfaite.
Abraham – " le père de tous les croyants "
145
L’Épître aux Hébreux, dans le grand éloge de la foi des ancêtres,
insiste particulièrement sur la foi d’Abraham : " Par la foi,
Abraham obéit à l’appel de partir vers un pays qu’il devait
recevoir en héritage, et il partit ne sachant où il allait " (He 11,
8 ; cf. Gn 12, 1-4). Par la foi, il a vécu en étranger et en pèlerin
dans la Terre promise (cf. Gn 23, 4). Par la foi, Sara reçut de
concevoir le fils de la promesse. Par la foi enfin, Abraham offrit
son fils unique en sacrifice (cf. He 11, 17).
146
Abraham réalise ainsi la définition de la foi donnée par l’épître
aux Hébreux : " La foi est la garantie des biens que l’on espère, la
preuve des réalités qu’on ne voit pas " (He 11, 1). " Abraham eut
foi en Dieu, et ce lui fut compté comme justice " (Rm 4, 3 ; cf. Gn
15, 6). Grâce à cette " foi puissante " (Rm 4, 20), Abraham est
devenu " le père de tous ceux qui croiraient " (Rm 4, 11. 18 ; cf.
Gn 15, 5).
147 De
cette foi, l’Ancien Testament est riche en témoignages. L’Épître aux
Hébreux proclame l’éloge de la foi exemplaire des anciens " qui leur
a valu un bon témoignage " (He 11, 2. 39). Pourtant, " Dieu
prévoyait pour nous un sort meilleur " : la grâce de croire en son
Fils Jésus, " le chef de notre foi, qui la mène à la perfection "
(He 11, 40 ; 12, 2).
Marie – " Bienheureuse celle qui a cru "
148 La
Vierge Marie réalise de la façon la plus parfaite l’obéissance de la
foi. Dans la foi, Marie accueillit l’annonce et la promesse
apportées par l’ange Gabriel, croyant que " rien n’est impossible à
Dieu " (Lc 1, 37 ; cf. Gn 18, 14), et donnant son assentiment : " Je
suis la servante du Seigneur, qu’il m’advienne selon ta parole " (Lc
1, 38). Élisabeth la salua : " Bienheureuse celle qui a cru en
l’accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur "
(Lc 1, 45). C’est pour cette foi que toutes les générations la
proclameront bienheureuse (cf. Lc 1, 48).
149
Pendant toute sa vie, et jusqu’à sa dernière épreuve (cf. Lc 2, 35),
lorsque Jésus, son fils, mourut sur la croix, sa foi n’a pas
vacillé. Marie n’a pas cessé de croire " en l’accomplissement " de
la parole de Dieu. Aussi bien, l’Église vénère-t-elle en Marie la
réalisation la plus pure de la foi.
II. " Je sais en
qui j’ai mis ma foi "
(2 Tm 1, 12)
Croire en Dieu seul
150 La foi
est d’abord une adhésion personnelle de l’homme à Dieu ;
elle est en même temps, et inséparablement, l’assentiment libre à
toute la vérité que Dieu a révélé. En tant qu’adhésion
personnelle à Dieu et assentiment à la vérité qu’il a révélé, la foi
chrétienne diffère de la foi en une personne humaine. Il est juste
et bon de se confier totalement en Dieu et de croire absolument ce
qu’Il dit. Il serait vain et faux de mettre une telle foi en une
créature (cf. Jr 17, 5-6 ; Ps 40, 5 ; 146, 3-4).
Croire en Jésus-Christ, le Fils de Dieu
151 Pour
le chrétien, croire en Dieu, c’est inséparablement croire en Celui
qu’Il a envoyé, " son Fils bien-aimé " en qui Il a mis toute sa
complaisance (cf. Mc 1, 11) ; Dieu nous a dit de L’écouter (cf. Mc
9, 7). Le Seigneur Lui-même dit à ses disciples : " Croyez en Dieu,
croyez aussi en moi " (Jn 14, 1). Nous pouvons croire en
Jésus-Christ parce qu’Il est Lui-même Dieu, le Verbe fait chair :
" Nul n’a jamais vu Dieu ; le Fils unique, qui est dans le sein du
Père, Lui, L’a fait connaître " (Jn 1, 18). Parce qu’il " a vu le
Père " (Jn 6, 46), Il est seul à Le connaître et à pouvoir Le
révéler (cf. Mt 11, 27).
Croire en l’Esprit Saint
152 On ne
peut pas croire en Jésus-Christ sans avoir part à son Esprit. C’est
l’Esprit Saint qui révèle aux hommes qui est Jésus. Car " nul ne
peut dire : ‘Jésus est Seigneur’, que sous l’action de l’Esprit
Saint " (1 Co 12, 3). " L’Esprit sonde tout, jusqu’aux profondeurs
de Dieu (...) Nul ne connaît ce qui concerne Dieu, sinon l’Esprit de
Dieu " (1 Co 2, 10-11). Dieu seul connaît Dieu tout entier. Nous
croyons en l’Esprit Saint parce qu’il est Dieu.
L’Église ne cesse de confesser sa foi en un seul Dieu, Père, Fils et
Esprit Saint.
III. Les
caractéristiques de la foi
La foi est une grâce
153
Lorsque S. Pierre confesse que Jésus est le Christ, le Fils du Dieu
vivant, Jésus lui déclare que cette révélation ne lui est pas venue
" de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux "
(Mt 16, 17 ; cf. Ga 1, 15 ; Mt 11, 25). La foi est un don de Dieu,
une vertu surnaturelle infuse par Lui. " Pour prêter cette foi,
l’homme a besoin de la grâce prévenante et aidante de Dieu, ainsi
que des secours intérieurs du Saint-Esprit. Celui-ci touche le cœur
et le tourne vers Dieu, ouvre les yeux de l’esprit et donne ‘à tous
la douceur de consentir et de croire à la vérité’ " (DV 5).
La foi est un acte humain
154 Croire
n’est possible que par la grâce et les secours intérieurs du
Saint-Esprit. Il n’en est pas moins vrai que croire est un acte
authentiquement humain. Il n’est contraire ni à la liberté ni à
l’intelligence de l’homme de faire confiance à Dieu et d’adhérer aux
vérités par lui révélées. Déjà dans les relations humaines il n’est
pas contraire à notre propre dignité de croire ce que d’autres
personnes nous disent sur elles-mêmes et sur leurs intentions, et de
faire confiance à leurs promesses (comme, par exemple, lorsqu’un
homme et une femme se marient), pour entrer ainsi en communion
mutuelle. Dès lors, il est encore moins contraire à notre dignité de
" présenter par la foi la soumission plénière de notre intelligence
et de notre volonté au Dieu qui révèle " (Cc. Vatican I : DS 3008)
et d’entrer ainsi en communion intime avec Lui.
155 Dans
la foi, l’intelligence et la volonté humaines coopèrent avec la
grâce divine : " Croire est un acte de l’intelligence adhérant à la
vérité divine sous le commandement de la volonté mue par Dieu au
moyen de la grâce " (S. Thomas d’A., s. th. 2-2, 2, 9 ; cf. Cc.
Vatican I : DS 3010).
La foi et l’intelligence
156 Le
motif de croire n’est pas le fait que les vérités révélées
apparaissent comme vraies et intelligibles à la lumière de notre
raison naturelle. Nous croyons " à cause de l’autorité de Dieu même
qui révèle et qui ne peut ni se tromper ni nous tromper ".
" Néanmoins, pour que l’hommage de notre foi fût conforme à la
raison, Dieu a voulu que les secours intérieurs du Saint-Esprit
soient accompagnés des preuves extérieures de sa Révélation "
(ibid., DS 3009). C’est ainsi que les miracles du Christ et des
saints (cf. Mc 16, 20 ; He 2, 4), les prophéties, la propagation et
la sainteté de l’Église, sa fécondité et sa stabilité " sont des
signes certains de la Révélation, adaptés à l’intelligence de
tous ", des " motifs de crédibilité " qui montrent que l’assentiment
de la foi n’est " nullement un mouvement aveugle de l’esprit " (Cc.
Vatican I : DS 3008-3010).
157 La foi
est certaine, plus certaine que toute connaissance humaine,
parce qu’elle se fonde sur la Parole même de Dieu, qui ne peut pas
mentir. Certes, les vérités révélées peuvent paraître obscures à la
raison et à l’expérience humaines, mais " la certitude que donne la
lumière divine est plus grande que celle que donne la lumière de la
raison naturelle " (S. Thomas d’A., s. th. 2-2, 171, 5, obj. 3).
" Dix mille difficultés ne font pas un seul doute " (Newman, apol.).
158 " La
foi cherche à comprendre "(S. Anselme, prosl. proœm. : PL
153, 225A) : il est inhérent à la foi que le croyant désire mieux
connaître Celui en qui il a mis sa foi, et mieux comprendre ce qu’Il
a révélé ; une connaissance plus pénétrante appellera à son tour une
foi plus grande, de plus en plus embrasée d’amour. La grâce de la
foi ouvre " les yeux du cœur " (Ep 1, 18) pour une intelligence vive
des contenus de la Révélation, c’est-à-dire de l’ensemble du dessein
de Dieu et des mystères de la foi, de leur lien entre eux et avec le
Christ, centre du mystère révélé. Or, pour " rendre toujours plus
profonde l’intelligence de la Révélation, l’Esprit Saint ne cesse,
par ses dons, de rendre la foi plus parfaite " (DV 5). Ainsi, selon
l’adage de S. Augustin (serm. 43, 7, 9 : PL 38, 258), " je crois
pour comprendre et je comprends pour mieux croire ".
159 Foi et
science. " Bien que la foi soit au-dessus de la raison, il ne
peut jamais y avoir de vrai désaccord entre elles. Puisque le même
Dieu qui révèle les mystères et communique la foi a fait descendre
dans l’esprit humain la lumière de la raison, Dieu ne pourrait se
nier lui-même ni le vrai contredire jamais le vrai " (Cc. Vatican
I : DS 3017). " C’est pourquoi la recherche méthodique, dans tous
les domaines du savoir, si elle est menée d’une manière vraiment
scientifique et si elle suit les normes de la morale, ne sera jamais
réellement opposée à la foi : les réalités profanes et celles de la
foi trouvent leur origine dans le même Dieu. Bien plus, celui qui
s’efforce, avec persévérance et humilité, de pénétrer les secrets
des choses, celui-là, même s’il n’en a pas conscience, est comme
conduit par la main de Dieu, qui soutient tous les êtres et les fait
ce qu’ils sont " (GS 36, § 2).
La liberté de la foi
160 Pour
être humaine, " la réponse de la foi donnée par l’homme à Dieu doit
être volontaire ; en conséquence, personne ne doit être contraint à
embrasser la foi malgré soi. Par sa nature même, en effet, l’acte de
foi a un caractère volontaire " (DH 10 ; cf.
⇒ CIC, can. 748, § 2). " Dieu, certes, appelle l’homme à
le servir en esprit et vérité ; si cet appel oblige l’homme en
conscience, il ne le contraint pas. (...) Cela est apparu au plus
haut point dans le Christ Jésus " (DH 11). En effet, le Christ a
invité à la foi et à la conversion, il n’y a nullement contraint.
" Il a rendu témoignage à la vérité, mais il n’a pas voulu l’imposer
par la force à ses contradicteurs. Son royaume (...) s’étend grâce à
l’amour par lequel le Christ, élevé sur la croix, attire à lui tous
les hommes " (DH 11).
La nécessité de la foi
161 Croire
en Jésus-Christ et en Celui qui l’a envoyé pour notre salut est
nécessaire pour obtenir ce salut (cf. Mc 16, 16 ; Jn 3, 36 ; 6, 40
e.a.). " Parce que ‘sans la foi (...) il est impossible de plaire à
Dieu’ (He 11, 6) et d’arriver à partager la condition de ses fils,
personne jamais ne se trouve justifié sans elle et personne à moins
qu’il n’ait ‘persévéré en elle jusqu’à la fin’ (Mt 10, 22 ; 24, 13),
n’obtiendra la vie éternelle " (Cc. Vatican I : DS 3012 ; cf. Cc.
Trente : DS 1532).
La persévérance dans la foi
162 La foi
est un don gratuit que Dieu fait à l’homme. Ce don inestimable, nous
pouvons le perdre ; S. Paul en avertit Timothée : " Combats le bon
combat, possédant foi et bonne conscience ; pour s’en être
affranchis, certains ont fait naufrage dans la foi " (1 Tm 1,
18-19). Pour vivre, croître et persévérer jusqu’à la fin dans la foi
nous devons la nourrir par la Parole de Dieu ; nous devons implorer
le Seigneur de l’augmenter (cf. Mc 9, 24 ; Lc 17, 5 ; 22, 32) ; elle
doit " agir par la charité " (Ga 5, 6 ; cf. Jc 2, 14-26), être
portée par l’espérance (cf. Rm 15, 13) et être enracinée dans la foi
de l’Église.
La foi – commencement de la vie éternelle
163 La foi
nous fait goûter comme à l’avance, la joie et la lumière de la
vision béatifique, but de notre cheminement ici-bas. Nous verrons
alors Dieu " face à face " (1 Co 13, 12), " tel qu’Il est " (1 Jn 3,
2). La foi est donc déjà le commencement de la vie éternelle :
Tandis que dès maintenant nous contemplons les bénédictions
de la foi, comme un reflet dans un miroir, c’est comme si nous
possédions déjà les choses merveilleuses dont notre foi nous assure
qu’un jour nous en jouirons (S. Basile, Spir. 15, 36 : PG 32, 132 ;
cf. S. Thomas d’A., s. th. 2-2, 4, 1).
164
Maintenant, cependant, " nous cheminons dans la foi, non dans la
claire vision " (2 Co 5, 7), et nous connaissons Dieu " comme dans
un miroir, d’une manière confuse, (...), imparfaite " (1 Co 13, 12).
Lumineuse par Celui en qui elle croit, la foi est vécue souvent dans
l’obscurité. La foi peut être mise à l’épreuve. Le monde en lequel
nous vivons semble souvent bien loin de ce que la foi nous assure ;
les expériences du mal et de la souffrance, des injustices et de la
mort paraissent contredire la Bonne Nouvelle, elles peuvent ébranler
la foi et devenir pour elle une tentation.
165 C’est
alors que nous devons nous tourner vers les témoins de la foi :
Abraham, qui crut, " espérant contre toute espérance " (Rm 4, 18) ;
la Vierge Marie qui, dans " le pèlerinage de la foi " (LG 58), est
allée jusque dans la " nuit de la foi " (Jean-Paul II, RM 18) en
communiant à la souffrance de son Fils et à la nuit de son tombeau ;
et tant d’autres témoins de la foi : " Enveloppés d’une si grande
nuée de témoins, nous devons rejeter tout fardeau et le péché qui
nous assiège et courir avec constance l’épreuve qui nous est
proposée, fixant nos yeux sur le chef de notre foi, qui la mène à la
perfection, Jésus "(He 12, 1-2).
Article 2
NOUS CROYONS
166 La foi
est un acte personnel : la réponse libre de l’homme à l’initiative
de Dieu qui se révèle. Mais la foi n’est pas un acte isolé. Nul ne
peut croire seul, comme nul ne peut vivre seul. Nul ne s’est donné
la foi à lui-même comme nul ne s’est donné la vie à lui-même. Le
croyant a reçu la foi d’autrui, il doit la transmettre à autrui.
Notre amour pour Jésus et pour les hommes nous pousse à parler à
autrui de notre foi. Chaque croyant est ainsi comme un maillon dans
la grande chaîne des croyants. Je ne peux croire sans être porté par
la foi des autres, et par ma foi, je contribue à porter la foi des
autres.
167 " Je
crois " (Symbole des Apôtres) : c’est la foi de l’Église professée
personnellement par chaque croyant, principalement lors du baptême.
" Nous croyons " (Symbole de Nicée-Constantinople, dans l’original
grec) : c’est la foi de l’Église confessée par les évêques assemblés
en Concile ou, plus généralement, par l’assemblée liturgique des
croyants. " Je crois " : c’est aussi l’Église, notre Mère, qui
répond à Dieu par sa foi et qui nous apprend à dire : " Je crois ",
" Nous croyons ".
I. " Regarde,
Seigneur, la foi de ton Église "
168 C’est
d’abord l’Église qui croit, et qui ainsi porte, nourrit et soutient
ma foi. C’est d’abord l’Église qui, partout, confesse le Seigneur
(" C’est toi que par tout l’univers la Sainte Église proclame son
Seigneur ", chantons-nous dans le " Te Deum "), et avec elle et en
elle, nous sommes entraînés et amenés à confesser, nous aussi : " Je
crois ", " Nous croyons ". C’est par l’Église que nous recevons la
foi et la vie nouvelle dans le Christ par le baptême. Dans le " Rituale
Romanum ", le ministre du baptême demande au catéchumène : " Que
demandes-tu à l’Église de Dieu ? " Et la réponse : " La foi ". " Que
te donne la foi ? " " La vie éternelle " (OICA 75 et 247).
169 Le
salut vient de Dieu seul ; mais parce que nous recevons la vie de la
foi à travers l’Église, celle-ci est notre mère : " Nous croyons
l’Église comme la mère de notre nouvelle naissance, et non pas en
l’Église comme si elle était l’auteur de notre salut " (Faustus de
Riez, Spir. 1, 2 : CSEL 21, 104). Parce qu’elle est notre mère, elle
est aussi l’éducatrice de notrefoi.
II. Le langage de
la foi
170 Nous
ne croyons pas en des formules, mais dans les réalités qu’elles
expriment et que la foi nous permet de " toucher ". " L’acte (de
foi) du croyant ne s’arrête pas à l’énoncé, mais à la réalité
(énoncée) " (S. Thomas d’A., s. th. 2-2, 1, 2, ad 2). Cependant, ces
réalités, nous les approchons à l’aide des formulations de la foi.
Celles-ci permettent d’exprimer et de transmettre la foi, de la
célébrer en communauté, de l’assimiler et d’en vivre de plus en
plus.
171
L’Église qui est " la colonne et le soutien de la vérité " (1 Tm 3,
15), garde fidèlement " la foi transmise aux saints une fois pour
toutes " (Jude 3). C’est elle qui garde la mémoire des Paroles du
Christ, c’est elle qui transmet de génération en génération la
confession de foi des apôtres. Comme une mère qui apprend à ses
enfants à parler, et par là même à comprendre et à communiquer,
l’Église, notre Mère, nous apprend le langage de la foi pour nous
introduire dans l’intelligence et la vie de la foi.
III. Une seule
foi
172 Depuis
des siècles, à travers tant de langues, cultures, peuples et
nations, l’Église ne cesse de confesser sa foi unique, reçue d’un
seul Seigneur, transmise par un seul baptême, enracinée dans la
conviction que tous les hommes n’ont qu’un seul Dieu et Père (cf. Ep
4, 4-6). S. Irénée de Lyon, témoin de cette foi, déclare :
173 " En
effet, l’Église, bien que dispersée dans le monde entier jusqu’aux
extrémités de la terre, ayant reçu des apôtres et de leurs disciples
la foi (...) garde [cette prédication et cette foi] avec soin, comme
n’habitant qu’une seule maison, elle y croit d’une manière
identique, comme n’ayant qu’une seule âme et qu’un seul cœur, et
elle les prêche, les enseigne et les transmet d’une voix unanime,
comme ne possédant qu’une seule bouche " (hær. 1, 10, 1-2).
174 " Car,
si les langues diffèrent à travers le monde, le contenu de la
Tradition est un et identique. Et ni les Églises établies en
Germanie n’ont d’autre foi ou d’autre Tradition, ni celles qui sont
chez les Ibères, ni celles qui sont chez les Celtes, ni celles de
l’Orient, de l’Égypte, de la Libye, ni celles qui sont établies au
centre du monde... " (ibid. 1, 10, 1-2) " Le message de l’Église est
donc véridique et solide, puisque c’est chez elle qu’un seul chemin
de salut apparaît à travers le monde entier " (ibid., 5, 20, 1).
175
" Cette foi que nous avons reçue de l’Église, nous la gardons avec
soin, car sans cesse, sous l’action de l’Esprit de Dieu, telle un
dépôt de grand prix renfermé dans un vase excellent, elle rajeunit
et fait rajeunir le vase même qui la contient " (ibid., 3, 24, 1).
EN BREF
176 La foi est
une adhésion personnelle de l’homme tout entier à Dieu qui se
révèle. Elle comporte une adhésion de l’intelligence et de la
volonté à la Révélation que Dieu a faite de lui-même par ses actions
et ses paroles.
177 " Croire "
a donc une double référence : à la personne et à la vérité ; à la
vérité par confiance en la personne qui l’atteste.
178 Nous ne
devons croire en nul autre que Dieu, le Père, le Fils et le
Saint-Esprit.
179 La foi est
un don surnaturel de Dieu. Pour croire, l’homme a besoin des secours
intérieurs du Saint-Esprit.
180 " Croire "
est un acte humain, conscient et libre, qui correspond à la dignité
de la personne humaine.
181 " Croire "
est un acte ecclésial. La foi de l’Église précède, engendre, porte
et nourrit notre foi. L’Église est la mère de tous les croyants.
" Nul ne peut avoir Dieu pour Père qui n’a pas l’Église pour mère "
(S. Cyprien, unit. eccl. : PL 4, 503A).
182 " Nous
croyons tout ce qui est contenu dans la parole de Dieu, écrite ou
transmise, et que l’Église propose à croire comme divinement
révélé " (SPF 20).
183 La foi est
nécessaire au salut. Le Seigneur lui-même l’affirme : " Celui qui
croira et sera baptisé, sera sauvé ; celui qui ne croira pas, sera
condamné " (Mc 16, 16).
184 " La foi
est un avant-goût de la connaissance qui nous rendra bienheureux
dans la vie future " (S. Thomas d’A., comp. 1, 2).
Le Credo
Symbole des
Apôtres (DS 30) |
Credo de
Nicée-Constantinople (DS 150) |
Je crois en
Dieu, |
Je crois en un
seul Dieu, |
le Père
Tout-Puissant, |
le Père
Tout-Puissant, |
Créateur du
ciel et de la terre. |
Créateur du
ciel et de la terre |
|
de l’univers
visible et invisible. |
Et en
Jésus-Christ, son Fils unique |
Je crois en un
seul Seigneur, Jésus-Christ |
notre
Seigneur, |
le Fils unique
de Dieu, |
|
né du Père
avant tous les siècles |
|
Il est Dieu,
né de Dieu, |
|
Lumière, né de
la Lumière, |
|
vrai Dieu, né
du vrai Dieu, |
|
engendré, non
pas créé, |
|
de même nature
que le Père, |
|
et par Lui
tout a été fait. |
|
Pour nous les
hommes, et pour notre salut, |
|
Il descendit
du ciel ; |
qui a été
conçu du Saint-Esprit, |
par l’Esprit
Saint, |
est né de la
Vierge Marie, |
Il a pris
chair de la Vierge Marie, |
|
et S’est fait
homme. |
a souffert
sous Ponce Pilate, |
Crucifié pour
nous sous Ponce Pilate, |
a été
crucifié, est mort |
Il souffrit sa
passion et fut mis au tombeau. |
et a été
enseveli, |
|
est descendu
aux enfers. |
|
Le troisième
jour est ressuscité des morts, |
II ressuscita
le troisième jour, |
|
conformément
aux Ecritures, |
est monté aux
cieux, |
et Il monta au
ciel; |
est assis à la
droite de Dieu le Père |
Il est assis à
la droite du Père. |
Tout-Puissant, |
|
d’où Il
viendra juger les vivants et les morts. |
Il reviendra
dans la gloire, |
|
pour juger les
vivants et les morts; |
|
et son règne
n’aura pas de fin. |
Je crois en
l’Esprit Saint, |
Je crois en
l’Esprit Saint, |
|
qui est
Seigneur et qui donne la vie; |
|
Il procède du
Père et du Fils; |
|
avec le Père
et le Fils, |
|
Il reçoit même
adoration et même gloire; |
|
II a parlé par
les prophètes. |
à la sainte
Eglise catholique, |
Je crois en
l’Eglise, |
à la communion
des saints, |
une, sainte,
catholique et apostolique. |
|
Je reconnais
un seul baptême |
à la rémission
des péchés, |
pour le pardon
des péchés. |
à la
résurrection de la chair, |
J’attends la
résurrection des morts, |
à la vie
éternelle, |
et la vie du
monde à venir. |
Amen. |
Amen. |
|