CHAPITRE DEUXIEME
DIEU A LA RENCONTRE DE L’HOMME
50
Par la raison naturelle, l’homme peut connaître Dieu avec
certitude à partir de ses œuvres. Mais il existe un autre ordre de
connaissance que l’homme ne peut nullement atteindre par ses propres
forces, celui de la Révélation divine (cf. Cc. Vatican I : DS 3015).
Par une décision tout à fait libre, Dieu se révèle et se donne à
l’homme. Il le fait en révélant son mystère, son dessein
bienveillant qu’Il a formé de toute éternité dans le Christ en
faveur de tous les hommes. Il révèle pleinement son dessein en
envoyant son Fils bien-aimé, notre Seigneur Jésus-Christ, et
l’Esprit Saint.
Article 1
La Révélation de Dieu
I. Dieu révèle son " dessein bienveillant "
51
" Il a plu à Dieu dans sa sagesse et sa bonté de se révéler en
personne et de faire connaître le mystère de sa volonté grâce auquel
les hommes, par le Christ, le Verbe fait chair, accèdent dans
l’Esprit Saint auprès du Père et sont rendus participants de la
nature divine " (DV 2).
52
Dieu qui " habite une lumière inaccessible " (1 Tm 6, 16) veut
communiquer sa propre vie divine aux hommes librement créés par Lui,
pour en faire, dans son Fils unique, des fils adoptifs (cf. Ep 1,
4-5). En se révélant Lui-même, Dieu veut rendre les hommes capables
de Lui répondre, de Le connaître et de L’aimer bien au-delà de tout
ce dont ils seraient capables d’eux-mêmes.
53
Le dessein divin de la Révélation se réalise à la fois " par des
actions et par des paroles, intimement liées entre elles et
s’éclairant mutuellement " (DV 2). Il comporte une " pédagogie
divine " particulière : Dieu se communique graduellement à l’homme,
Il le prépare par étapes à accueillir la Révélation surnaturelle
qu’Il fait de lui-même et qui va culminer dans la Personne et la
mission du Verbe incarné, Jésus-Christ.
S. Irénée de Lyon parle
à maintes reprises de cette pédagogie divine sous l’image de
l’accoutumance mutuelle entre Dieu et l’homme : " Le Verbe de Dieu a
habité dans l’homme et s’est fait Fils de l’homme pour accoutumer
l’homme à saisir Dieu et accoutumer Dieu à habiter dans l’homme,
selon le bon plaisir du Père " (Hær. 3, 20, 2 ; cf. par exemple 3,
17, 1 ; 4, 12, 4 ; 4, 21, 3).
II. Les étapes de la Révélation
Dès l’origine, Dieu se fait connaître
54
" Dieu qui a créé et conserve toutes choses par le Verbe, donne
aux hommes dans les choses créées un témoignage incessant sur
Lui-même ; voulant de plus ouvrir la voie d’un salut supérieur, Il
se manifesta aussi Lui-même, dès l’origine, à nos premiers parents "
(DV 3) Il les a invités à une communion intime avec Lui-même en les
revêtant d’une grâce et d’une justice resplendissantes.
55
Cette Révélation n’a pas été interrompue par le péché de nos
premiers parents. Dieu, en effet, " après leur chute leur promit une
rédemption, leur rendit courage en les faisant espérer le salut ;
sans arrêt, Il montra sa sollicitude pour le genre humain, afin de
donner la vie éternelle à tous ceux qui par la constance dans le
bien cherchent le salut " (DV 3).
Comme il avait perdu
ton amitié en se détournant de Toi, tu ne l’as pas abandonné au
pouvoir de la mort. (...) Tu as multiplié les alliances avec eux
(MR, prière eucharistique IV, 118).
L’alliance avec Noé
56
Une fois l’unité du genre humain morcelée par le péché, Dieu
cherche tout d’abord à sauver l’humanité en passant par chacune de
ses parties. L’alliance avec Noé d’après le déluge (cf. Gn 9, 9)
exprime le principe de l’Économie divine envers les " nations ",
c’est-à-dire envers les hommes regroupés " d’après leurs pays,
chacun selon sa langue, et selon leurs clans " (Gn 10, 5 ; cf. 10,
20-31).
57
Cet ordre à la fois cosmique, social et religieux de la
pluralité des nations (cf. Ac 17, 26-27) est destiné à limiter
l’orgueil d’une humanité déchue qui, unanime dans sa perversité (cf.
Sg 10, 5), voudrait faire par elle-même son unité à la manière de
Babel (cf. Gn 11, 4-6). Mais, à cause du péché (cf. Rm 1, 18-25), le
polythéisme ainsi que l’idolâtrie de la nation et de son chef
menacent sans cesse d’une perversion païenne cette économie
provisoire.
58
L’alliance avec Noé est en vigueur tant que dure le temps des
nations (cf. Lc 21, 24), jusqu’à la proclamation universelle de
l’Évangile. La Bible vénère quelques grandes figures des
" nations ", tels qu’ " Abel le juste ", le roi-prêtre Melchisédech
(cf. Gn 14, 18), figure du Christ (cf. He 7, 3) ou les justes " Noé,
Daniel et Job " (Ez 14, 14). Ainsi, l’Écriture exprime quelle
hauteur de sainteté peuvent atteindre ceux qui vivent selon
l’alliance de Noé dans l’attente que le Christ " rassemble dans
l’unité tous les enfants de Dieu dispersés " (Jn 11, 52)
Dieu élit Abraham
59
Pour rassembler l’humanité dispersée, Dieu élit Abram en
l’appelant " hors de son pays, de sa parenté et de sa maison " (Gn
12, 1), pour faire de lui Abraham, c’est-à-dire " le père d’une
multitude de nations " (Gn 17, 5) : " En toi seront bénies toutes
les nations de la terre " (Gn 12, 3 LXX ; cf. Ga 3, 8).
60
Le peuple issu d’Abraham sera le dépositaire de la promesse
faite aux patriarches, le peuple de l’élection (cf. Rm 11, 28),
appelé à préparer le rassemblement, un jour, de tous les enfants de
Dieu dans l’unité de l’Église (cf. Jn 11, 52 ; 10, 16) ; il sera la
racine sur laquelle seront greffés les païens devenus croyants (cf.
Rm 11, 17-18. 24).
61
Les patriarches et les prophètes et d’autres personnages de
l’Ancien Testament ont été et seront toujours vénérés comme saints
dans toutes les traditions liturgiques de l’Église.
Dieu forme son peuple Israël
62
Après les patriarches, Dieu forma Israël comme son peuple en le
sauvant de l’esclavage de l’Égypte. Il conclut avec lui l’Alliance
du Sinaï et lui donna, par Moïse, sa Loi, pour qu’il Le reconnaisse
et Le serve comme le seul Dieu vivant et vrai, Père provident et
juste juge, et qu’il attende le Sauveur promis (cf. DV 3).
63
Israël est le Peuple sacerdotal de Dieu (cf. Ex 19, 6), celui
qui " porte le nom du Seigneur " (Dt 28, 10). C’est le peuple de
ceux " à qui Dieu a parlé en premier " (MR, Vendredi Saint 13 :
oraison universelle VI), le peuple des " frères aînés " dans la foi
d’Abraham (cf. Jean-Paul II, allocution dans la synagogue de Rome
[13 avril 1986], 4).
64
Par les prophètes, Dieu forme son peuple dans l’espérance du
salut, dans l’attente d’une Alliance nouvelle et éternelle destinée
à tous les hommes (cf. Is 2, 2-4), et qui sera inscrite dans les
cœurs (cf. Jr 31, 31-34 ; He 10, 16). Les prophètes annoncent une
rédemption radicale du Peuple de Dieu, la purification de toutes ses
infidélités (cf. Ez 36), un salut qui incluera toutes les nations
(cf. Is 49, 5-6 ; 53, 11). Ce seront surtout les pauvres et les
humbles du Seigneur (cf. So 2, 3) qui porteront cette espérance. Les
femmes saintes comme Sara, Rébecca, Rachel, Miryam, Débora, Anne,
Judith et Esther, ont conservé vivante l’espérance du salut
d’Israël. La figure la plus pure en est Marie (cf. Lc 1, 38).
III Le Christ Jésus " Médiateur et Plénitude de toute la
Révélation " (DV 2)
Dieu a tout dit en son Verbe
65
" Après avoir, à bien des reprises et de bien des manières,
parlé par les prophètes, Dieu en ces jours qui sont les derniers,
nous a parlé par son Fils " (He 1, 1-2). Le Christ, le Fils de Dieu
fait homme, est la Parole unique, parfaite et indépassable du Père.
En Lui Il dit tout, et il n’y aura pas d’autre parole que celle-là.
S. Jean de la Croix, après tant d’autres, l’exprime de façon
lumineuse, en commentant He 1, 1-2 :
Dès lors qu’Il nous a
donné son Fils, qui est sa Parole, Dieu n’a pas d’autre parole à
nous donner. Il nous a tout dit à la fois et d’un seul coup en cette
seule Parole et il n’a rien de plus à dire ; car ce qu’Il disait par
parties aux prophètes, Il l’a dit tout entier dans son Fils, en nous
donnant ce tout qu’est son Fils. Voilà pourquoi celui qui voudrait
maintenant l’interroger, ou désirerait une vision ou une révélation,
non seulement ferait une folie, mais ferait injure à Dieu, en ne
jetant pas les yeux uniquement sur le Christ, sans chercher autre
chose ou quelque nouveauté (Carm. 2, 22, 3-5).
Il n’y aura plus d’autre Révélation
66
" L’Économie chrétienne, étant l’Alliance Nouvelle et
définitive, ne passera donc jamais et aucune nouvelle révélation
publique n’est dès lors à attendre avant la manifestation glorieuse
de notre Seigneur Jésus-Christ " (DV 4). Cependant, même si la
Révélation est achevée, elle n’est pas complètement explicitée ; il
restera à la foi chrétienne d’en saisir graduellement toute la
portée au cours des siècles.
67
Au fil des siècles il y a eu des révélations dites " privées ",
dont certaines ont été reconnues par l’autorité de l’Église. Elles
n’appartiennent cependant pas au dépôt de la foi. Leur rôle n’est
pas d’ " améliorer " ou de " compléter " la Révélation définitive du
Christ, mais d’aider à en vivre plus pleinement à une certaine
époque de l’histoire. Guidé par le Magistère de l’Église, le sens
des fidèles sait discerner et accueillir ce qui dans ces révélations
constitue un appel authentique du Christ ou de ses saints à
l’Église.
La
foi chrétienne ne peut pas accepter des " révélations " qui
prétendent dépasser ou corriger la Révélation dont le Christ est
l’achèvement. C’est le cas de certaines religions non chrétiennes et
aussi de certaines sectes récentes qui se fondent sur de telles
" révélations ".
EN BREF
68
Par amour, Dieu s’est révélé et s’est donné à l’homme. Il apporte
ainsi une réponse définitive et surabondante aux questions que
l’homme se pose sur le sens et le but de sa vie.
69
Dieu s’est révélé à l’homme en lui communiquant graduellement
son propre mystère par des actions et par des paroles.
70
Au delà du témoignage que Dieu donne de Lui-même dans les choses
créées, Il s’est manifesté Lui-même à nos premiers parents. Il leur
a parlé et, après la chute, leur a promis le salut (cf. Gn 3, 15) et
leur a offert son alliance.
71
Dieu conclut avec Noé une alliance éternelle entre Lui et tous les
êtres vivants (cf. Gn 9, 16). Elle durera tant que dure le monde.
72
Dieu a élu Abraham et a conclu une alliance avec lui et sa
descendance. Il en a formé son peuple auquel il a révélé sa loi par
Moïse. Il l’a préparé par les prophètes à accueillir le salut
destiné à toute l’humanité.
73
Dieu s’est révélé pleinement en envoyant son propre Fils en qui Il a
établi son Alliance pour toujours. Celui-ci est la Parole définitive
du Père, de sorte qu’il n’y aura plus d’autre Révélation après Lui.
Article 2
La transmission de la Révélation divine
74
Dieu " veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à
la connaissance de la vérité " (1 Tm 2, 4), c’est-à-dire du Christ
Jésus (cf. Jn 14, 6). Il faut donc que le Christ soit annoncé à tous
les peuples et à tous les hommes et qu’ainsi la Révélation parvienne
jusqu’aux extrémités du monde :
Cette Révélation donnée
pour le salut de toutes les nations, Dieu, avec la même
bienveillance, prit des dispositions pour qu’elle demeurât toujours
en son intégrité et qu’elle fût transmise à toutes les générations
(DV 7)
I. La Tradition apostolique
75
" Le Christ Seigneur en qui s’achève toute la Révélation du Dieu
très haut, ayant accompli Lui-même et proclamé de sa propre bouche
l’Évangile d’abord promis par les prophètes, ordonna à ses apôtres
de le prêcher à tous comme la source de toute vérité salutaire et de
toute règle morale en leur communiquant les dons divins " (DV 7).
La prédication apostolique...
76
La transmission de l’Évangile, selon l’ordre du Seigneur, s’est
faite de deux manières :
Oralement " par les apôtres, qui, dans la prédication orale,
dans les exemples et les institutions transmirent, soit ce qu’ils
avaient appris de la bouche du Christ en vivant avec Lui et en Le
voyant agir, soit ce qu’ils tenaient des suggestions du
Saint-Esprit " ;
Par écrit " par ces apôtres et par des hommes de leur entourage,
qui, sous l’inspiration du même Esprit Saint, consignèrent par écrit
le message de salut " (DV 7).
... continuée dans la succession apostolique
77
" Pour que l’Évangile fût toujours gardé intact et vivant dans
l’Église, les apôtres laissèrent comme successeurs les évêques,
auxquels ils ‘transmirent leur propre charge d’enseignement’ " (DV
7). En effet, " la prédication apostolique, qui se trouve
spécialement exprimée dans les livres inspirés, devait être
conservée par une succession ininterrompue jusqu’à la consommation
des temps " (DV 8).
78
Cette transmission vivante, accomplie dans l’Esprit Saint, est
appelée la Tradition en tant que distincte de la Sainte Écriture,
quoique étroitement liée à elle. Par elle, " l’Église perpétue dans
sa doctrine, sa vie et son culte et elle transmet à chaque
génération tout ce qu’elle est elle-même, tout ce qu’elle croit " (DV
8). " L’enseignement des saints Pères atteste la présence vivifiante
de cette Tradition, dont les richesses passent dans la pratique et
la vie de l’Église qui croit et qui prie " (DV 8).
79
Ainsi, la communication que le Père a faite de Lui-même par son
Verbe dans l’Esprit Saint, demeure présente et agissante dans
l’Église : " Dieu qui parla jadis ne cesse de converser avec
l’Épouse de son Fils bien-aimé, et l’Esprit Saint, par qui la voix
vivante de l’Évangile retentit dans l’Église et par elle dans le
monde, introduit les croyants dans la vérité tout entière et fait
que la parole du Christ habite en eux avec abondance " (DV 8).
II. Le rapport entre la Tradition et l’Écriture Sainte
Une source commune...
80
" Elles sont reliées et communiquent étroitement entre elles.
Car toutes deux jaillissent d’une source divine identique, ne
forment pour ainsi dire qu’un tout et tendent à une même fin " (DV
9). L’une et l’autre rendent présent et fécond dans l’Église le
mystère du Christ qui a promis de demeurer avec les siens " pour
toujours, jusqu’à la fin du monde " (Mt 28, 20).
... deux modes distincts de transmission
81
" La Sainte Écriture est la parole de Dieu en tant que,
sous l’inspiration de l’Esprit divin, elle est consignée par
écrit. "
" Quant à la sainte Tradition, elle porte la parole de Dieu,
confiée par le Christ Seigneur et par l’Esprit Saint aux apôtres, et
la transmet intégralement à leurs successeurs, pour que, illuminés
par l’Esprit de vérité, en la prêchant, ils la gardent, l’exposent
et la répandent avec fidélité " (DV 9).
82
Il en résulte que l’Église à laquelle est confiée la
transmission et l’interprétation de la Révélation, " ne tire pas de
la seule Écriture Sainte sa certitude sur tous les points de la
Révélation. C’est pourquoi l’une et l’autre doivent être reçues et
vénérées avec égal sentiment d’amour et de respect " (Ibid).
Tradition apostolique et traditions ecclésiales
83
La Tradition dont nous parlons ici vient des apôtres et transmet
ce que ceux-ci ont reçu de l’enseignement et de l’exemple de Jésus
et ce qu’ils ont appris par l’Esprit Saint. En effet, la première
génération de chrétiens n’avait pas encore un Nouveau Testament
écrit, et le Nouveau Testament lui-même atteste le processus de la
Tradition vivante.
Il
faut en distinguer les " traditions " théologiques, disciplinaires,
liturgiques ou dévotionnelles nées au cours du temps dans les
Églises locales. Elles constituent des formes particulières sous
lesquelles la grande Tradition reçoit des expressions adaptées aux
divers lieux et aux diverses époques. C’est à sa lumière que
celles-ci peuvent être maintenues, modifiées ou aussi abandonnées
sous la conduite du Magistère de l’Église.
III. L’interprétation de l’héritage de la foi
L’héritage de la foi confié à la totalité de l’Église
84
" L’héritage sacré " (cf. 1 Tm 6, 20 ; 2 Tm 1, 12-14) de la foi
(depositum fidei), contenu dans la Sainte Tradition et dans
l’Écriture Sainte a été confié par les apôtres à l’ensemble de
l’Église. " En s’attachant à lui le peuple saint tout entier uni à
ses pasteurs reste assidûment fidèle à l’enseignement des apôtres et
à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières, si
bien que, dans le maintien, la pratique et la confession de la foi
transmise, s’établit, entre pasteurs et fidèles, une singulière
unité d’esprit " (DV 10).
Le Magistère de l’Église
85
" La charge d’interpréter de façon authentique la Parole de
Dieu, écrite ou transmise, a été confiée au seul Magistère vivant de
l’Église dont l’autorité s’exerce au nom de Jésus-Christ " (DV 10),
c’est-à-dire aux évêques en communion avec le successeur de Pierre,
l’évêque de Rome.
86
" Pourtant, ce Magistère n’est pas au-dessus de la parole de
Dieu, mais il la sert, n’enseignant que ce qui fut transmis, puisque
par mandat de Dieu, avec l’assistance de l’Esprit Saint, il écoute
cette Parole avec amour, la garde saintement et l’expose aussi avec
fidélité, et puise en cet unique dépôt de la foi tout ce qu’il
propose à croire comme étant révélé par Dieu " (DV 10).
87
Les fidèles, se souvenant de la parole du Christ à ses apôtres :
" Qui vous écoute, m’écoute " (Lc 10, 16 ; cf. LG 20), reçoivent
avec docilité les enseignements et directives que leurs pasteurs
leur donnent sous différentes formes.
Les dogmes de la foi
88
Le Magistère de l’Église engage pleinement l’autorité reçue du
Christ quand il définit des dogmes, c’est-à-dire quand il propose,
sous une forme obligeant le peuple chrétien à une adhésion
irrévocable de foi, des vérités contenues dans la Révélation divine
ou bien quand il propose de manière définitive des vérités ayant
avec celles-là un lien nécessaire.
89
Il existe un lien organique entre notre vie spirituelle et les
dogmes. Les dogmes sont des lumières sur le chemin de notre foi, ils
l’éclairent et le rendent sûr. Inversement, si notre vie est droite,
notre intelligence et notre cœur seront ouverts pour accueillir la
lumière des dogmes de la foi (cf. Jn 8, 31-32).
90
Les liens mutuels et la cohérence des dogmes peuvent être
trouvés dans l’ensemble de la Révélation du mystère du Christ (cf.
Cc. Vatican I : DS 3016 : " nexus mysteriorum " ; LG 25). Il faut,
en effet, se rappeler que " la diversité de leurs rapports avec les
fondements de la foi chrétienne marque un ordre ou une ‘hiérarchie’
des vérités de la doctrine catholique " (UR 11).
Le sens surnaturel de la foi
91
Tous les fidèles ont part à la compréhension et à la
transmission de la vérité révélée. Ils ont reçu l’onction de
l’Esprit Saint qui les instruit (cf. 1 Jn 2, 20. 27) et les conduit
vers la vérité toute entière (cf. Jn 16, 13).
92
" L’ensemble des fidèles (...) ne peut se tromper dans la foi et
manifeste cette qualité par le moyen du sens surnaturel de la foi
qui est celui du peuple tout entier, lorsque, ‘des évêques jusqu’au
dernier des fidèles laïcs’, il apporte aux vérités concernant la foi
et les mœurs un consentement universel " (LG 12).
93
" Grâce en effet à ce sens de la foi qui est éveillé et soutenu
par l’Esprit de vérité, et sous la conduite du Magistère sacré,
(...) le Peuple de Dieu s’attache indéfectiblement à la foi
transmise aux saints une fois pour toutes, il y pénètre plus
profondément en l’interprétant comme il faut et dans sa vie la met
plus parfaitement en œuvre " (LG 12).
La croissance dans l’intelligence de la foi
94
Grâce à l’assistance du Saint-Esprit, l’intelligence tant des
réalités que des paroles de l’héritage de la foi peut croître dans
la vie de l’Église :
–
" Par la contemplation et l’étude des croyants qui les méditent en
leur cœur " (DV 8) ; c’est en particulier " la recherche théologique
qui approfondit la connaissance de la vérité révélée " (GS 62, § 7 ;
cf. 44, § 2 ; DV 23 ; 24 ; UR 4).
–
" Par l’intelligence intérieure que les croyants éprouvent des
choses spirituelles " (DV 8) ; " les divines paroles et celui qui
les lit grandissent ensemble " (S. Grégoire le Grand, hom. Ez. 1, 7,
8 : PL 76, 843D).
–
" Par la prédication de ceux qui, avec la succession épiscopale,
reçurent un charisme certain de la vérité " (DV 8).
95
" Il est donc clair que la Sainte Tradition, la Sainte Écriture
et le Magistère de l’Église, par une très sage disposition de Dieu,
sont tellement reliés et solidaires entre eux qu’aucune de ces
réalités ne subsiste sans les autres, et que toutes ensemble,
chacune à sa façon, sous l’action du seul Esprit Saint, contribuent
efficacement au salut des âmes " (DV 10, § 3).
EN BREF
96
Ce que le Christ a confié aux apôtres, ceux-ci l’ont transmis par
leur prédication et par écrit, sous l’inspiration de l’Esprit Saint,
à toutes les générations, jusqu’au retour glorieux du Christ.
97
" La Sainte Tradition et la Sainte Écriture constituent un unique
dépôt sacré de la parole de Dieu " (DV 10) en lequel, comme dans un
miroir, l’Église pérégrinante contemple Dieu, source de toutes ses
richesses.
98
" Dans sa doctrine, sa vie et son culte, l’Église perpétue et
transmet à chaque génération tout ce qu’elle est elle-même, tout ce
qu’elle croit " (DV 8).
99
Grâce à son sens surnaturel de la foi, le Peuple de Dieu tout entier
ne cesse d’accueillir le don de la Révélation divine, de le pénétrer
plus profondément et d’en vivre plus pleinement.
100
La charge d’interpréter authentiquement la Parole de Dieu a été
confiée au seul Magistère de l’Église, au Pape et aux évêques en
communion avec lui.
Article 3
La Sainte ÉCRITURE
I. Le Christ – Parole unique de l’Écriture Sainte
101
Dans la condescendance de sa bonté, Dieu, pour se révéler aux
hommes, leur parle en paroles humaines : " En effet, les paroles de
Dieu, exprimées en langues humaines, ont pris la ressemblance du
langage humain, de même que le Verbe du Père éternel, ayant assumé
l’infirmité de notre chair, est devenu semblable aux hommes " (DV
13).
102
A travers toutes les paroles de l’Écriture Sainte, Dieu ne dit
qu’une seule Parole, son Verbe unique en qui Il se dit tout entier
(cf. He 1, 1-3) :
Rappelez-vous que c’est
une même Parole de Dieu qui s’étend dans toutes les Écritures, que
c’est un même Verbe qui résonne dans la bouche de tous les écrivains
sacrés, lui qui, étant au commencement Dieu auprès de Dieu, n’y a
pas besoin de syllabes parce qu’il n’y est pas soumis au temps (S.
Augustin, Psal. 103, 4, 1 : PL 37, 1378).
103
Pour cette raison, l’Église a toujours vénéré les divines
Écritures comme elle vénère aussi le Corps du Seigneur. Elle ne
cesse de présenter aux fidèles le Pain de vie pris sur la Table de
la Parole de Dieu et du Corps du Christ (cf. DV 21).
104
Dans l’Écriture Sainte, l’Église trouve sans cesse sa nourriture
et sa force (cf. DV 24), car en elle, elle n’accueille pas seulement
une parole humaine, mais ce qu’elle est réellement : la Parole de
Dieu (cf. 1 Th 2, 13). " Dans les Saints livres, en effet, le Père
qui est aux Cieux vient avec tendresse au-devant de ses fils et
entre en conversation avec eux " (DV 21).
II. Inspiration et vérité de la Sainte Écriture
105
Dieu est l’Auteur de l’Écriture Sainte." La vérité divinement
révélée, que contiennent et présentent les livres de la Sainte
Écriture, y a été consignée sous l’inspiration de l’Esprit Saint ".
" Notre Sainte Mère l’Église, de par sa foi apostolique, juge sacrés
et canoniques tous les livres tant de l’Ancien que du Nouveau
Testament, avec toutes leurs parties, puisque, rédigés sous
l’inspiration de l’Esprit Saint ils ont Dieu pour auteur et qu’ils
ont été transmis comme tels à l’Église elle-même " (DV 11).
106
Dieu a inspiré les auteurs humains des livres sacrés. " En vue
de composer ces livres sacrés, Dieu a choisi des hommes auxquels il
eut recours dans le plein usage de leurs facultés et de leurs
moyens, pour que, lui-même agissant en eux et par eux, ils missent
par écrit, en vrais auteurs, tout ce qui était conforme à son désir,
et cela seulement " (DV 11).
107
Les livres inspirés enseignent la vérité. " Dès lors, puisque
toutes les assertions des auteurs inspirés ou hagiographes doivent
être tenues pour assertions de l’Esprit Saint, il faut déclarer que
les livres de l’Écriture enseignent fermement, fidèlement et sans
erreur la vérité que Dieu a voulu voir consignée pour notre salut
dans les Lettres sacrées " (DV 11).
108
Cependant, la foi chrétienne n’est pas une " religion du
Livre ". Le christianisme est la religion de la " Parole " de Dieu,
" non d’un verbe écrit et muet, mais du Verbe incarné et vivant "
(S. Bernard, hom. miss. 4, 11 : Opera, ed. J. Leclercq-H.
Rochais, v. 4 [Romae 1966] p. 57). Pour qu’elles ne restent pas
lettre morte, il faut que le Christ, Parole éternelle du Dieu
vivant, par l’Esprit Saint nous " ouvre l’esprit à l’intelligence
des Écritures " (Lc 24, 45).
III. L’Esprit Saint, interprète de l’Écriture
109
Dans l’Écriture Sainte, Dieu parle à l’homme à la manière des
hommes. Pour bien interpréter l’Écriture, il faut donc être attentif
à ce que les auteurs humains ont vraiment voulu affirmer et à ce que
Dieu a bien voulu nous manifester par leurs paroles (cf. DV 12, §
1).
110
Pour découvrir l’intention des auteurs sacrés, il faut
tenir compte des conditions de leur temps et de leur culture, des
" genres littéraires " en usage à cette époque, des manières de
sentir, de parler et de raconter courantes en ce temps-là. " Car
c’est de façon bien différente que la vérité se propose et s’exprime
en des textes diversement historiques, en des textes, ou
prophétiques, ou poétiques, ou même en d’autres genres
d’expression " (DV 12, § 2).
111
Mais puisque l’Écriture Sainte est inspirée, il y a un autre
principe de l’interprétation juste, non moins important que le
précédent, et sans lequel l’Écriture demeurerait lettre morte : " La
Sainte Écriture doit être lue et interprétée à la lumière du même
Esprit qui la fit rédiger " (DV 12, § 3).
Le
Concile Vatican II indique trois critères pour une
interprétation de l’Écriture conforme à l’Esprit qui l’a inspirée
(cf. DV 12, § 3) :
112
1. Porter une grande attention " au contenu et à l’unité de
toute l’Écriture ". En effet, aussi différents que soient les
livres qui la composent, l’Écriture est uneen raison de l’unité du
dessein de Dieu, dont le Christ Jésus est le centre et le cœur,
ouvert depuis sa Pâque (cf. Lc 24, 25-27. 44-46).
Le cœur (cf. Ps 22, 15)
du Christ désigne la Sainte Écriture qui fait connaître le cœur du
Christ. Ce cœur était fermé avant la passion car l’Écriture était
obscure. Mais l’Écriture a été ouverte après la passion, car ceux
qui désormais en ont l’intelligence considèrent et discernent de
quelle manière les prophéties doivent être interprétées (cf. S.
Thomas d’A., Psal. 21, 11).
113
2. Lire ensuite l’Écriture dans " la Tradition vivante de
toute l’Église ". Selon un adage des Pères, la Sainte Écriture
se lit bien plus dans le cœur de l’Église que dans les moyens
matériels de son expression. En effet, l’Église porte dans sa
Tradition la mémoire vivante de la Parole de Dieu, et c’est l’Esprit
Saint qui lui donne l’interprétation spirituelle de l’Écriture
(" ... selon le sens spirituel dont l’Esprit gratifie l’Église " :
Origène, hom. in Lev. 5, 5).
114
3. Être attentif " à l’analogie de la foi " (cf. Rm 12,
6). Par " analogie de la foi " nous entendons la cohésion des
vérités de la foi entre elles et dans le projet total de la
Révélation.
Les sens de l’Écriture
115
Selon une ancienne tradition, on peut distinguer deux sens
de l’Écriture : le sens littéral et le sens spirituel, ce dernier
étant subdivisé en sens allégorique, moral et anagogique. La
concordance profonde des quatre sens assure toute sa richesse à la
lecture vivante de l’Écriture dans l’Église :
116
Le sens littéral. C’est le sens signifié par les paroles
de l’Écriture et découvert par l’exégèse qui suit les règles de la
juste interprétation " Tous les sens de la Sainte Ecriture trouvent
leur appui dans le sens littéral " (S. Thomas d’A., s. th. 1, 1, 10,
ad 1).
117
Le sens spirituel. Grâce à l’unité du dessein de Dieu,
non seulement le texte de l’Écriture, mais aussi les réalités et les
événements dont il parle peuvent être des signes.
1.
Le sens allégorique. Nous pouvons acquérir une compréhension
plus profonde des événements en reconnaissant leur signification
dans le Christ ; ainsi, la traversée de la Mer Rouge est un signe de
la victoire du Christ, et ainsi du Baptême (cf. 1 Co 10, 2).
2.
Le sens moral. Les événements rapportés dans l’Écriture
peuvent nous conduire à un agir juste. Elles ont été écrites " pour
notre instruction " (1 Co 10, 11 ; cf. He 3 – 4, 11).
3.
Le sens anagogique. Nous pouvons voir des réalités et des
événements dans leur signification éternelle, nous conduisant (en
grec : anagoge) vers notre Patrie. Ainsi, l’Église sur terre
est signe de la Jérusalem céleste (cf. Ap 21, 1 – 22, 5).
118
Un distique médiéval résume la signification des quatre sens :
Le sens littéral enseigne les événements, l’allégorie ce qu’il faut
croire, le sens moral ce qu’il faut faire, l’anagogie vers quoi il
faut tendre (Augustin de Dace, Rotulus pugillaris, I : ed. A.
Walz, Angelicum 6 [1929] 256).
119
" Il appartient aux exégètes de s’efforcer, suivant ces règles,
de pénétrer et d’exposer plus profondément le sens de la Sainte
Écriture, afin que, par leurs études en quelque sorte préparatoires,
mûrisse le jugement de l’Église. Car tout ce qui concerne la manière
d’interpréter l’Écriture est finalement soumis au jugement de
l’Église, qui exerce le ministère et le mandat divinement reçus de
garder la parole de Dieu et de l’interpréter " (DV 12, 3) :
Je ne croirais pas à
l’Evangile, si l’autorité de l’Eglise catholique ne m’y poussait (S.
Augustin, fund. 5, 6 : PL 42, 176).
IV. Le Canon des Écritures
120
C’est la Tradition apostolique qui a fait discerner à l’Église
quels écrits devaient être comptés dans la liste des Livres Saints
(cf. DV 8, 3). Cette liste intégrale est appelée " Canon " des
Écritures. Elle comporte pour l’Ancien Testament 46 (45, si l’on
compte Jr et Lm ensemble) écrits et 27 pour le Nouveau (cf. DS 179 ;
1334-1336 ; 1501-1504) :
Genèse, Exode, Lévitique, Nombres, Deutéronome, Josué, Juges, Ruth,
les deux livres de Samuel, les deux livres des Rois, les deux livres
des Chroniques, Esdras et Néhémie, Tobie, Judith, Esther, les deux
livres des Maccabées, Job, les Psaumes, les Proverbes,
l’Ecclésiaste, le Cantique des Cantiques, la Sagesse,
l’Ecclésiastique, Isaïe, Jérémie, les Lamentations, Baruch,
Ezéchiel, Daniel, Osée, Joël, Amos, Abdias, Jonas, Michée, Nahum,
Habaquq, Sophonie, Agée, Zacharie, Malachie pour l’Ancien
Testament ;
les
Évangiles de Matthieu, de Marc, de Luc et de Jean, les Actes des
Apôtres, les Épîtres de S. Paul aux Romains, la première et la
deuxième aux Corinthiens, aux Galates, aux Ephésiens, aux
Philippiens, aux Colossiens, la première et la deuxième aux
Thessaloniciens, la première et la deuxième à Timothée, à Tite, à
Philémon, l’Épître aux Hébreux, l’Épître de Jacques, la première et
la deuxième de Pierre, les trois Épîtres de Jean, l’Épître de Jude
et l’Apocalypse pour le Nouveau Testament.
L’Ancien Testament
121
L’Ancien Testament est une partie inamissible de l’Écriture
Sainte. Ses livres sont divinement inspirés et conservent une valeur
permanente (cf. DV 14) car l’Ancienne Alliance n’a jamais été
révoquée.
122
En effet, " l’Économie de l’Ancien Testament avait pour
principale raison d’être de préparer l’avènement du Christ Sauveur
du monde ". " Bien qu’ils contiennent de l’imparfait et du
provisoire ", les livres de l’Ancien Testament témoignent de toute
la divine pédagogie de l’amour salvifique de Dieu : " En eux se
trouvent de sublimes enseignements sur Dieu, une bienfaisante
sagesse sur la vie humaine, d’admirables trésors de prière ; en eux
enfin se tient caché le mystère de notre salut " (DV 15).
123
Les chrétiens vénèrent l’Ancien Testament comme vraie Parole de
Dieu. L’Église a toujours vigoureusement repoussé l’idée de rejeter
l’Ancien Testament sous prétexte que le Nouveau l’aurait rendu caduc
(Marcionisme).
Le Nouveau Testament
124
" La Parole de Dieu qui est une force divine pour le salut de
tout croyant, se présente dans les écrits du Nouveau Testament et sa
puissance s’y manifeste de façon singulière " (DV 17). Ces écrits
nous livrent la vérité définitive de la Révélation divine. Leur
objet central est Jésus-Christ, le Fils de Dieu incarné, ses actes,
ses enseignements, sa passion et sa glorification ainsi que les
débuts de son Église sous l’action de l’Esprit Saint (cf. DV 20).
125
Les Évangiles sont le cœur de toutes les Écritures " en
tant qu’ils constituent le témoignage par excellence sur la vie et
sur l’enseignement du Verbe incarné, notre Sauveur " (DV 18).
126
Dans la formation des Évangiles on peut distinguer trois étapes :
1.
La vie et l’enseignement de Jésus. L’Église tient fermement
que les quatre Évangiles, " dont elle affirme sans hésiter
l’historicité, transmettent fidèlement ce que Jésus le Fils de Dieu,
durant sa vie parmi les hommes, a réellement fait et enseigné pour
leur salut éternel, jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel ".
2.
La tradition orale. " Ce que le Seigneur avait dit et fait,
les apôtres après son Ascension le transmirent à leurs auditeurs
avec cette intelligence plus profonde des choses dont eux-mêmes,
instruits par les événements glorieux du Christ et éclairés par
l’Esprit de vérité, jouissaient ".
3.
Les Évangiles écrits. " Les auteurs sacrés composèrent donc
les quatre Évangiles, choisissant certains des nombreux éléments
soit oralement soit déjà par écrit, rédigeant un résumé des autres,
ou les expliquant en fonction de la situation des Églises, gardant
enfin la forme d’une prédication, de manière à nous livrer toujours
sur Jésus des choses vraies et sincères " (DV 19).
127
L’Évangile quadriforme occupe dans l’Église une place unique,
témoins la vénération dont l’entoure la liturgie et l’attrait
incomparable qu’il a exercé de tout temps sur les saints :
Il n’y a aucune
doctrine qui soit meilleure, plus précieuse et plus splendide que le
texte de l’Évangile. Voyez et retenez ce que notre Seigneur et
Maître, le Christ, a enseigné par ses paroles et réalisé par ses
actes (Ste Césarie la Jeune, Rich. : SC 345, 480).
C’est par-dessus tout
l’Évangile qui m’entretient pendant mes oraisons ; en lui je
trouve tout ce qui est nécessaire à ma pauvre âme. J’y découvre
toujours de nouvelles lumières, des sens cachés et mystérieux (Ste.
Thérèse de l’Enfant-Jésus, ms. autob. A 83v).
L’unité de l’Ancien et du Nouveau Testament
128
L’Église, déjà aux temps apostoliques (cf. 1 Co 10, 6. 11 ; He
10, 1 ; 1 P 3, 21), et puis constamment dans sa Tradition, a éclairé
l’unité du plan divin dans les deux Testaments grâce à la
typologie. Celle-ci discerne dans les œuvres de Dieu dans
l’Ancienne Alliance des préfigurations de ce que Dieu a accompli
dans la plénitude des temps, en la personne de son Fils incarné.
129
Les chrétiens lisent donc l’Ancien Testament à la lumière du
Christ mort et ressuscité. Cette lecture typologique manifeste le
contenu inépuisable de l’Ancien Testament. Elle ne doit pas faire
oublier qu’il garde sa valeur propre de Révélation que Notre
Seigneur lui-même a réaffirmée (cf. Mc 12, 29-31). Par ailleurs, le
Nouveau Testament demande d’être lu aussi à la lumière de l’Ancien.
La catéchèse chrétienne primitive y aura constamment recours (cf. 1
Co 5, 6-8 ; 10, 1-11). Selon un vieil adage, le Nouveau Testament
est caché dans l’Ancien, alors que l’Ancien est dévoilé dans le
Nouveau : " Le Nouveau se cache dans l’Ancien et dans le Nouveau
l’Ancien se dévoile " (S. Augustin, Hept. 2, 73 : PL 34, 623 ; cf.
DV 16).
130
La typologie signifie le dynamisme vers l’accomplissement du
plan divin quand " Dieu sera tout en tous " (1 Co 15, 28). Aussi la
vocation des patriarches et l’Exode de l’Égypte, par exemple, ne
perdent pas leur valeur propre dans le plan de Dieu, du fait qu’ils
en sont en même temps des étapes intermédiaires.
V. La Sainte Écriture dans la vie de l’Église
131
" La force et la puissance que recèle la Parole de Dieu sont si
grandes qu’elles constituent, pour l’Église, son point d’appui et sa
vigueur et, pour les enfants de l’Église, la force de leur foi, la
nourriture de leur âme, la source pure et permanente de leur vie
spirituelle " (DV 21). Il faut " que l’accès à la Sainte Écriture
soit largement ouvert aux chrétiens " (DV 22).
132
" Que l’étude de la Sainte Écriture soit donc pour la sacrée
théologie comme son âme. Que le ministère de la Parole, qui comprend
la prédication pastorale, la catéchèse, et toute l’instruction
chrétienne, où l’homélie liturgique doit avoir une place de choix,
trouve, lui aussi, dans cette même Parole de l’Écriture, une saine
nourriture et une saine vigueur " (DV 24).
133
L’Église " exhorte instamment et spécialement tous les chrétiens
(...) à acquérir, par la lecture fréquente des divines Écritures,
‘la science éminente de Jésus-Christ’ (Ph 3, 8). ‘En effet, ignorer
les Écritures, c’est ignorer le Christ’ (S. Jérôme, Is. prol. : PL
24, 17B) " (DV 25).
EN BREF
134
Toute l’Écriture divine n’est qu’un seul livre, et ce seul livre
c’est le Christ, " car toute l’Écriture divine parle du Christ, et
toute l’Écriture divine s’accomplit dans le Christ " (Hugues de
Saint Victor, De arca Noe 2, 8 : PL 176, 642 ; cf.
ibid. 2, 9 : PL 176, 642-643: PL 176, 642C).
135
" Les Saintes Écritures contiennent la Parole de Dieu et,
puisqu’elles sont inspirées, elles sont vraiment cette Parole " (DV
24).
136
Dieu est l’Auteur de l’Écriture Sainte en inspirant ses auteurs
humains ; Il agit en eux et par eux. Il donne ainsi l’assurance que
leurs écrits enseignent sans erreur la vérité salutaire (cf. DV 11).
137
L’interprétation des Écritures inspirées doit être avant tout
attentive à ce que Dieu veut révéler par les auteurs sacrés pour
notre salut. " Ce qui vient de l’Esprit, n’est pleinement entendu
que par l’action de l’Esprit " (Origène, hom. in Ex. 4, 5).
138
L’Église reçoit et vénère comme inspirés les 46 livres de l’Ancien
et les 27 livres du Nouveau Testament.
139
Les quatre Évangiles tiennent une place centrale puisque le Christ
Jésus en est le centre.
140
L’unité des deux Testaments découle de l’unité du dessein de Dieu et
de sa Révélation.. L’Ancien Testament prépare le Nouveau, alors que
celui-ci accomplit l’Ancien ; les deux s’éclairent mutuellement ;
les deux sont vraie Parole de Dieu.
141
" L’Église a toujours vénéré les divines Écritures, comme elle l’a
fait pour le Corps même du Seigneur " (DV 21) : ces deux nourrissent
et régissent toute la vie chrétienne. " Ta Parole est la lumière de
mes pas, la lampe de ma route " (Ps 119, 105 ; cf. Is 50, 4).
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