6 - Un douloureux Bonheur
(suite)

6-2-La sainte Famille, quelle merveille!

Tiens ! Notre petit Ravi est revenu! Il nous invite même à le suivre. Nous sommes à Nazareth, dans la maison de Joseph. Nous contemplons la Sainte Famille. Jésus est avec Joseph, dans l’atelier où ils disposent de tous les outils nécessaires pour faire un bon travail, un travail que les clients apprécieront. Ils travaillent longuement, avec attention, sans perdre de temps. Tout est en ordre dans l’atelier, pour que rien ne soit abîmé. Jésus et Joseph travaillent dur, mais dans la paix et dans la joie.

Pendant que “ses hommes“ travaillent, Marie s’active à la maison: elle a ce qu’il lui faut pour faire son ouvrage, filer, tisser, préparer les repas, rendre la maison agréable et paisible. Elle est économe, mais elle sait que le travail de Jésus et de Joseph assurera les ressources nécessaires à la vie de sa famille. Il restera même de quoi partager avec des pauvres. Marie a un cœur de pauvre: elle sait ne pas gâcher, elle sait économiser, mais elle sait aussi partager.

Contemplons encore la Sainte Famille: elle est pauvre, mais digne. On se sent bien chez Marie, Joseph et Jésus. On aimerait s’attarder longtemps chez eux... On voudrait leur ressembler... Quelle paix! Quel amour! Quelle merveille qu’une famille où l’on s’aime!

Émerveillement

Mon Dieu! Que vos merveilles sont merveilleuses! Notre monde terrestre, trop souvent monde de ténèbres, laisse cependant entrevoir, parfois, les splendeurs divines, les splendeurs de l’Éternité de Dieu, éternité à laquelle nous sommes appelés, et dans laquelle nous vivrons un jour, un jour d’éternité, un jour éternel d’éternel émerveillement.

Quelle merveille que la sainte famille! Pourtant, à Nazareth, il ne se passe rien d’extraordinaire; il n’y a qu’une humble famille qui observe dans leur perfection les commandements de Dieu. Là, nous constatons que les commandements de Dieu sont le vrai bonheur...

Quelles merveilles que les commandements de Dieu! Quelle libération, quelle liberté! Pourquoi notre société les a-t-elle, volontairement, présentés d’une manière tellement négative et contraignante? Pourquoi a-t-on tellement moqué la morale qu’on n’ose même plus prononcer ce mot? Quelle merveille aimer le Seigneur, Dieu d’Amour! Quelle merveille aimer son prochain! Mais quelle douleur quand on s’écarte du Décalogue! En effet, suivre le Décalogue, c’est mettre en œuvre les moyens d’aimer Dieu, d’aimer on prochain et d’être heureux! Quelle merveille respecter ses parents, ses amis, et tous ceux qui œuvrent pour le bien de tous! Quelle merveille demeurer constamment dans la vérité, dans la lumière et la confiance envers tous les autres! Quelle merveille accepter la propriété d’autrui et voir la sienne tout autant respectée, dans la justice! Quelle merveille que la maîtrise de soi pour un plus grand amour! Quelle merveille que le bonheur du bonheur d’autrui!

Seigneur, quelles merveilles que tes merveilles! Quelle merveille que la vie que Tu nous confies! Quelles merveilles et quel bonheur que tes commandements qui sont les moyens de la vie, de la paix, de l’amitié et de l’amour, les moyens du bonheur! Seigneur Tu es merveille, Tu nous émerveilles, et nous T’aimons.

6-2-1-Saint Joseph

Seigneur, nous venons de nous extasier devant le bonheur de ta Sainte Famille. Une incroyable paix émane d’elle, et on aurait tendance à croire qu’elle a toujours été à l’abri des épreuves douloureuses que tous les hommes connaissent. Mais non, la Sainte Famille a vécu, elle aussi, des épisodes très douloureux que nous connaissons bien. Mais nous connaissons moins bien la souffrance de Joseph quand il découvrit que son épouse, Marie, avec laquelle il ne vivait pas encore, était enceinte.

Saint Joseph est allé chez Zacharie et Élisabeth pour reprendre son épouse. Il a touché du doigt le bonheur qui inondait le cœur et l’âme de ces deux justes, et il a remarqué à plusieurs reprises l’admiration, certes muette mais si transparente, qu’ils portaient à Marie.

Joseph et Marie ont repris la vie qu’ils menaient avant le séjour de Marie chez ses cousins. Marie est rentrée chez elle. Joseph demeure toujours dans sa propre maison, mais, souvent, il passe le soir pour voir Marie: fréquemment ils dînent ensemble. Cependant, depuis quelques jours, Joseph vient moins souvent chez Marie. Il a remarqué chez son épouse quelque chose d’anormal: on dirait qu’elle est enceinte! Marie ne dit rien, mais elle  regarde Joseph avec ses yeux si purs, si lumineux, si tristes aussi, parfois. Discrètement Joseph s’est renseigné: la vie de Marie est irréprochable; on peut seulement dire que sa gentillesse et sa charité ont comme “grandi”. Si on pouvait risquer une remarque: Marie serait anormale de bonté, de pureté et d’amour du Seigneur...

Joseph est pleinement rassuré... mais alors, de qui est-elle enceinte? Et pourquoi ne lui dit-elle rien? Serait-ce que?... Joseph sursaute: comme tous les juifs, il attendait le Messie; le Messie devait naître d’une vierge: “Voici que la Vierge concevra!!!” Mais alors, si c’est Marie l’heureuse élue, que vient-il faire, lui Joseph dans la vie de Marie? Comment, lui, un pécheur, peut-il continuer à approcher la sainte parmi les saintes? Joseph doit s’effacer.

Oui, mais, que deviendra Marie? Si Joseph ne rejoint pas son épouse, elle sera forcément accusée d’adultère, et lapidée: on ne badinait pas avec ces choses-là chez les juifs de son temps. Une seule solution pour Joseph: il doit partir, s’éloigner à tout jamais de Marie, faire comme s’il l’abandonnait: ainsi toute l’opprobre retombera sur lui, Joseph, réfugié pour toute sa vie d’homme, dans un désert profond... Là, il travaillera dur et, quand il le faudra, il fera discrètement parvenir un peu d’argent à sa petite épouse qu’il aime éperdument.

C’est décidé! Joseph partira cette nuit... Joseph, pour ne pas susciter de soupçon sur ses intentions est venu dîner chez Marie. Un dîner d’adieu, mais Marie ne doit pas le savoir... Le cœur de Joseph est triste à en mourir, mais, coûte que coûte, il doit cacher ses larmes. Joseph s’en va, comme à l’ordinaire, en risquant une petite plaisanterie malgré son cœur déchiré... Puis, sans rien dire, il récupère le baluchon qu’il avait dissimulé dans un taillis voisin, et s’en va... en pleurant.

Le chemin qui conduit au désert choisi par Joseph est long et fatigant. Le cœur de Joseph saigne des larmes de sang, mais ses yeux sont secs: la douleur est trop grande. Et puis, l’inquiétude le submerge: de quoi vivront-ils, Marie et l’Enfant, quand il sera né? Et lui, Joseph, il ne pourra jamais venir les voir, ni les aider: désormais, Joseph doit se considérer comme un paria.

Épuisé de douleur Joseph s’est assis.

— Ô Yahvé, le Béni, n’abandonne pas ton Serviteur. Garde Marie de tout danger. Protège son Enfant. Ô Yahvé!

Le cœur de Joseph se brise dans des sanglots irrépressibles et des cris de douleur. Le corps de Joseph se déchire dans la souffrance, Joseph pleure. Joseph pleure, Joseph pleure d’amour pour l’épouse chérie qu’il ne reverra plus. Joseph pleure des larmes d’amour crucifié; mais il pleure aussi des larmes de bonheur car le Messie vient, il va venir chez lui, Joseph...

Joseph pleure des larmes d’amour mêlé d’atroces douleur... Joseph pleure des larmes d’amour, mais des larmes sans eau, car Joseph, sans qu’il le sache, doit anticiper une autre agonie, l’Agonie de Jésus sur la Croix, l’Agonie de Jésus pleurant des larmes d’amour, mais des larmes sans eau.

Une lumière soudaine entoure Joseph: un Ange est là:

— Joseph! ne crains pas de prendre chez toi, ton épouse. Oui, ce qui est né en elle vient de Dieu, mais Dieu t’a choisi pour rester auprès d’elle et auprès de l’Enfant, comme un gardien fidèle. Tu prendras Marie chez Toi. Tu donneras son nom à l’Enfant, et tu L’appelleras Jésus, car Il est le Sauveur du monde.

Joseph revint à Nazareth, jubilant de bonheur, et il prit chez lui son épouse. Il ne le savait pas, mais il devançait une incroyable béatitude que Jésus proposera un jour à ses disciples: heureux les affligés...

6-2-2-Bienheureux les affligés!

Bienheureux les affligés à cause de Toi, Seigneur, bienheureux ceux qui pleurent à cause de Toi et dont les larmes purifient le cœur. Bienheureux ceux dont les larmes lavent la robe souillée par les épreuves du temps pour la purifier de leurs péchés passés et de leurs fautes présentes. Bienheureux ceux qui T’aiment envers et contre tout.

Bienheureux ceux qui T’aiment Jésus et que Tu purifies. Bienheureux ceux que ton Cœur rend humbles, ceux que Ton Cœur emplit de ton amour et de ta charité. Bienheureux les cœurs humbles et affligés à cause de Toi, bienheureux les cœurs humbles qui pleurent pour ton Amour, Seigneur, et ta consolation. Bienheureux ces cœurs-là, ô Jésus, ces cœurs qui Te consolent car ils sont consolés.

Oui, bienheureux les affligés, à cause de Toi, Seigneur! Bienheureux ceux dont le cœur est triste parce que l’on ne T’aime pas, ceux qui sont incompris à cause de Toi, ceux qui n’aiment que Toi. Bienheureux ceux qui, affligés parce que les hommes s’éloignent de Toi, restent cependant près de Toi, pour T’aimer et pour Te consoler dans tous les tabernacles où Tu demeures pour nous, pour rester avec nous et pour nous consoler. Bienheureux les affligés à cause Toi, Jésus, parce que c’est par Toi qu’ils seront réconfortés et consolés.

Tout en Joseph était brouillard et peine, et affliction: il aimait Marie mais il devait la quitter pour sauver le Messie. Tout en Joseph était brouillard et peine, car il ne savait pas quoi faire, il ne savait pas quelle décision prendre. Son cœur était vide et affligé à cause du Messie.  Sans le savoir, son cœur cherchait celui qu’il appellera Jésus, son cœur était affligé et en larmes à cause du Sauveur d’Israël... Le cœur de Joseph était triste et désolé, mais l’Ange vint le rassurer: “Ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse, car ce qui est en elle vient de l’Esprit saint.” Heureux Joseph, heureux les affligés, parce qu’ils seront consolés.

Joseph rentra à Nazareth, et il prit chez lui son épouse. Et il consola Marie, son épouse. Car être consolé, c’est aussi pouvoir consoler les autres. Et pour nous, comme pour Joseph, consoler Jésus c’est Lui donner la joie de pouvoir nous consoler.

6-3-L’origine de la douleur

6-3-1-Le mal

L’origine de la douleur, nous la connaissons, mais, souvent, dans l’excès de la douleur ou des épreuves, il est bon de nous répéter que le mal et la souffrance ne viennent pas de Dieu.

Dieu ne crée pas le mal. Dieu ne veut pas le mal, mais comme Il nous a fait libres, Il laisse aller les causes secondes de nos actes avec leurs conséquences. Et quand nous allons trop loin dans le mal, ce sont les hommes et Satan qu’il faut accuser, et non pas Dieu. Dieu ne veut pas les guerres, Dieu ne veut pas les persécutions et encore moins les atrocités qui nous sont contemporaines. Dieu est Amour et ne veut que notre amour.

Le monde moderne

Jamais, depuis la création de l’homme, on n’avait assisté à un tel cataclysme: l’effrayante propagation l’athéisme. Les païens des temps antiques avaient trop de dieux, souvent scandaleux... mais au moins, ils savaient que les hommes n’étaient que néant et ne pouvaient rien sans la protection des dieux et des esprits bénéfiques. Notre génération a tout effacé, et a rejeté non seulement le Christ Sauveur, mais jusqu’à l’idée même de Dieu. Jamais un tel désert n’avait envahi le monde... À travers les innombrables martyrs, du communisme, du nazisme, de tous les totalitarismes, et maintenant de l’Islam, nous rejetons Jésus et nous le recrucifions.

L’Enfer, ce sont les hommes qui le créent sur la terre... Ce sont des hommes, voués à Satan, qui créent l’Enfer. Et, hélas! la faute originelle, mère du mal, nous continuons à la commettre. Et nous, nous qui ne voulons ni de Satan, ni de l’Enfer, nous sommes pourtant dedans. Et des enfants innocents sont dedans. Et même les hommes de bonne volonté, même les chrétiens sont dedans. Seigneur, entendez les cris de vos enfants. Ô Seigneur, pourquoi semblez-Vous permettre tout cela, pourquoi semblez-Vous Vous taire? Pourquoi?

Dieu nous a créés libres, libres pour L’aimer. Mais trop souvent nous refusons l’amour... Et refusant l’amour que Dieu nous propose, nous faisons “pleurer Dieu”. Nous faisons pleurer Dieu? Mais comment Dieu le Tout-Puissant, le Tout-Autre, peut-Il pleurer? Que signifie ce paradoxe?

6-3-2-L’Amour refusé

L’Amour qui est refusé ou méconnu est toujours malheureux, car c’est la nature de l’Amour de désirer être aimé. Et s’il n’est pas aimé, l’Amour pleure. Tant d’hommes n’aiment plus Dieu, tant d’hommes n’aiment plus l’Amour. Et c’est pourquoi Dieu pleure... C’est pourquoi Jésus pleure, car Il sait, Lui, que ceux qui refusent Dieu et son amour ne peuvent connaître que le malheur. Car le péché est malheur...

Alors Jésus pleure et Il attend qu’au moins quelques pécheurs repentis, les pécheurs que nous sommes, reviennent à Lui pour brûler avec Lui, brûler de son Amour qui est notre bonheur. Et Jésus est consolé... Et du Cœur de Jésus, jaillissent, pour les âmes qui n’ont pas encore achevé leur périple terrestre, les étincelles de son Amour, les merveilleuses hosties de son Eucharistie. Tous les cœurs, ceux de la terre et ceux du Ciel, peuvent boire à la source de la Vie, leur vie. Et la présence éternelle de Dieu dans notre temps, comme dans l’éternité, c’est le Cœur Eucharistique de Jésus, c’est le Verbe fait chair, c’est l’Amour de Jésus et du Père, c’est le Feu divin et créateur qui nous “montre” la Face de Dieu. “Philippe... qui me voit, voit le Père.” Les pleurs de Jésus nous ont rendu le bonheur.

Laissons maintenant le trop plein de nos cœurs s’épancher en musiques d’amour, en paroles d’amour.

Prière

Jésus, sur notre terre, Tu es notre Trésor, et dans ce Trésor se trouve notre cœur. Souvent Tu pleures en nous, dans notre cœur; il nous est difficile d’exprimer la joie souvent douloureuse que Tu mets dans notre cœur. Nous voudrions aimer le Père comme Tu nous le demandes, mais nous ne savons pas L’aimer comme Tu voudrais; nous ne savons pas bien aimer nos frères comme Dieu les aime et comme Il voudrait que nous les aimions. Alors naît dans nos cœurs une douleur d’amour, douleur que Dieu nous donne et qu’il met dans nos cœurs pour les rendre plus purs, les rendre plus aimants et plus tendres.

Jésus, nous ne savons pas T’aimer comme Tu voudrais qu’on T’aime. Pourtant, nous le voudrions aussi, et nous T’implorons, Jésus, de nous rendre purs comme l’Amour est pur, pour que notre pureté soit ta joie et la nôtre, joie et pureté d’amour et de souffrance inconnue car souffrance de l’âme qui aime. Jésus, nous T’implorons de nous rendre humbles, vraiment humbles, de ton humilité, sans aucun parasite, sans orgueil caché, sans vanité stupide. Jésus, donne-nous, pour ta joie et ta Gloire un peu de ton humilité, humilité de Dieu qui n’est qu’Amour et don, humilité de Dieu qui possède tout mais donne largement sans demander de merci. Car l’Amour que Dieu a pour nous est Amour humble et doux car amour Créateur. 

Jésus, nous T’implorons... Nous errons si souvent avant de Te trouver, nous  perdons tant de temps, nous gaspillons tant d’amour... Et nous Te faisons tellement attendre... Mais Tu nous aimes, Seigneur, Tu as même accepté la Croix pour que nous puissions Te trouver et T’aimer. Alors un jour Tu nous feras comprendre l’intensité de ton Amour en nous disant: “Tu as du prix à mes yeux, et Je t’aime!”

Jésus, un jour Tu nous as dit: “Je T’aime!” mais sans bruit de paroles. Un jour Tu nous rediras: “Je T’aime!” et nous Te répondrons, car Tu as tant peiné sur nos chemins terrestres qu’enfin un jour, un jour de notre temps, nous saurons Te répondre, répondre à ton Amour.

Jésus Tu es notre joie mais aussi notre douleur. Notre cœur au creux du tien ne vit plus que de Toi. Par ton Sacrifice Eucharistique, ton sang  devient le nôtre, et nous ne vivons que de Toi, mais de Toi crucifié...  Alors notre cœur est plongé dans ta lumière d’amour, lumière douloureuse car sur terre, dans notre monde l’amour ne peut être que douleur. Jésus, notre cœur s’illumine de ta pureté, mais baigne dans ton sang, le sang que Tu versas sur la Croix, pour nous. Notre cœur vit dans ta lumière d’amour, ta lumière douloureuse, car c’est la lumière de ton Agonie qui appelle le Père.

Quelle merveille que l’Amour de Jésus, l’Amour de notre Dieu! Ce mystère est difficile, mais il nous rassure et nous sommes bien contents qu’il en soit ainsi, car l’Amour de Jésus, même son amour souffrant, c’est notre bonheur.

Merci! Seigneur! Soudain notre cœur se gonfle d’amour et de tendresse pour Jésus. Notre cœur se gonfle d’amour et de reconnaissance, jusqu’à nous  faire mal. Oui c’est curieux, le bonheur avec Jésus est toujours douloureux. Pourquoi? Est-ce parce que nous sommes trop petits et trop faibles pour contenir sa joie, la joie de Dieu? Alors nos cœurs éclatent...

Prière

Seigneur, nous Te disons Merci! Merci, pour tous ceux qui se convertissent et qui reviennent à Toi. Oui! Merci!...

Mais les autres, tous les autres qui sont aussi dans nos cœurs? Vraiment, nous ne serons pleinement heureux que lorsqu’ils seront tous réunis avec nous dans ton Amour, Seigneur. Notre plus grand désir: que tous les hommes, tous, sans aucune exception, retrouvent leur Seigneur et qu’ils L’aiment. Mais en attendant nos cœurs sont tristes et affligés. Nos cœurs affligés, meurtris, brisés sont tellement douloureux à cause de Toi, Jésus, car Tu n’es pas aimé! Cœur humble de Jésus nous nous tournons vers Toi, nous voulons Te consoler en Te laissant nous consoler, en Te laissant nous aimer. 

Méditation-Contemplation

Dieu d’Amour, Tu as créé l’Homme pour le bonheur. Tu as créé toute la création pour lui, pour qu’il en fasse sa maison, le jardin de ses joies, les paysages de ses extases, les univers de ses recherches... Dieu d’Amour, Tu as créé l’homme pour qu’il soit heureux, heureux dans ta Création, heureux de ton Amour, heureux de Toi. Car, Seigneur, Tu n’es que bonheur, Tu n’es que vie, Tu n’es qu’Amour, Tu n’es que tendresse.

Tu as fait l’homme, Dieu d’Amour, pour qu’Il devienne le Corps mystique de ton Fils, le Corps de Jésus qui rassemblera en Lui et pour l’éternité, toute la création, toute ton Œuvre d’amour. Mais pour achever une Œuvre aussi grandiose, quelques lois étaient indispensables, des lois d’amour: ta Loi d’Amour: “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force, et ton prochain comme Toi-même.” Toi, Dieu-Amour, Dieu qui donnais l’amour, Tu voulais à ton tour être aimé. Tu voulais être aimé, car l’amour est la plénitude du seul bonheur possible.

Mais le mal est venu par la plus belle des créatures, la plus intelligente aussi, mais elle se voulait Dieu, l’égale de Dieu, supérieure à Dieu. Quelle sottise! Bien sûr elle savait qu’elle n’était qu’une créature, mais elle ne voulait pas se l’avouer: elle était tellement puissante, elle ne pouvait supporter quelqu’un de plus grand qu’elle. Bien sûr, elle savait qu’elle n’était pas Dieu, mais elle ne cessait de se dire: “Je ne suis pas encore Dieu, mais je le deviendrai. Je ne suis pas Dieu, mais je le deviens: tant d’anges me sont soumis! Je ne suis pas Dieu??? Mais si je le suis! Je sais que je ne suis pas Dieu, mais je ne céderai pas: je suis Dieu. Je ne suis pas Dieu, mais je suis Dieu quand même, je suis Dieu, je suis Dieu. Je sais que j’ai raison, que je suis le plus grand... Jamais je n’adorerai...”  

La monstruosité de Lucifer fit trembler la création. L’homme connut le Mal, l’homme découvrit le malheur... Mais l’homme était un pauvre, et Dieu aimait ce pauvre.

Il existe un curieux paradoxe: on peut être heureux, même dans la souffrance, quand on se reconnaît pauvre! On peut être heureux quand on accueille le Christ dans son âme, quand on accepte de construire, avec Lui, ce qui sera son Corps Mystique, son Corps qui rassemblera dans son amour, tous les hommes sauvés par Lui, et devenus, par l’Esprit, heureux de Lui, dans la Gloire du Père. Notre bonheur peut être grand même quand il est douloureux.

6-3-3-Pourquoi la douleur de Jésus

Il nous arrivé à tous, d’entendre des réflexions du style: “Après ma mort, j’aurai une belle facture à présenter à Dieu!!...” Que répondre? Le vrai chrétien, l’homme vraiment juste n’aura aucune facture à présenter à son Seigneur, car, quand il arrivera près de Lui, il sera bien confus, n’ayant que des dettes envers Dieu... Heureusement, le Père est Miséricorde! Mais il n’est pas facile de dire cela à ceux qui prétendent avoir une facture à présenter à Dieu. Parler “péché” avec la plupart de nos contemporains c’est bien risqué... Parler “Amour”, ils ne sont pas vraiment capables de comprendre. Alors il faut de nouveau utiliser une comparaison.

Imaginons, dans une grande maison, une très belle chambre d’enfant, avec beaucoup de jouets et des bibelots plus jolis les uns que les autres. La maman laisse son petit enfant découvrir toutes les merveilles mises à sa disposition. Puis, au moment de le laisser seul, pour jouer à son aise, elle le prévient:

— Tu peux faire tout ce que Tu veux, mais surtout ne descends pas le petit escalier protégé par une grille. C’est très dangereux. Et tu es beaucoup trop petit: si tu ouvrais la grille pour descendre, immédiatement tu glisserais et tu tomberais: tu te ferais très mal... Et puis, si tu aimes ta maman autant que Maman t’aime, tu ne feras pas ce que je t’interdis de faire, pour ton bien.”

Maman s’en va... L’enfant heureux joue et rit. Il ne pense même pas à l’escalier. Alors pourquoi, sans même qu’il s’en soit aperçu, se trouve-t-il près de la grille? L’enfant veut s’éloigner, mais une voix doucereuse susurre à son oreille: “Mais descends donc... Tu vois bien, ce n’est pas dangereux.” Après de nombreux reculs et beaucoup d’hésitations, le petit enfant ouvre la grille de protection et hasarde un pas: immédiatement, c’est la chute. Le péché, c’est cela, une désobéissance accompagné d’un manque de confiance, donc d’amour.

Le Seigneur savait cela de toute éternité. De toute éternité Il savait que notre curiosité et nos manques d’amour nous entraîneraient vers le mal, vers la chute, vers le désespoir. Et sur la route du non-amour, nous serions bien malheureux. Le Seigneur savait aussi que seule sa présence près de nous pourrait nous réapprendre l’Amour, car nous sommes si faibles: âme et chair, avec une chair qui a pris le dessus sur l’esprit depuis la Grande Chute. Alors, au sein de l’éternelle Trinité une décision est prise: le Père enverra son Fils Bien-Aimé sur la terre... Après la lente préparation d’un peuple choisi, quand le cœur de quelques hommes fut enfin prêt, Jésus-Christ put venir parmi nous, comme l’un de nous.

Jésus est venu chez nous. Il a pris notre chair mortelle et sensible. Il a aussi pris un cœur semblable au nôtre, un cœur bon, capable des plus grands dévouements, mais susceptible de se laisser séduire par des “objets” aux apparences trompeuses. Jésus a pris aussi toute notre sensibilité, notre sensibilité charnelle et notre sensibilité spirituelle qui peuvent s’apitoyer, laisser parler le cœur, mais aussi se tromper. Jésus s’est fait l’un de nous, avec notre nature complète, sensible et intelligente. Et Il a vécu parmi nous, comme nous, au milieu de nous, et Il a aimé... Et Il a découvert la fragilité du cœur humain et ses capacités d’aimance et de souffrance. Et Il a découvert aussi la solitude humaine.

Mais quand l’Heure fut venue, le Cœur du Fils de Dieu-Amour s’émut au plus haut point. Oui, Il devait nous quitter. Pour nous délivrer du péché, Il devait faire la volonté du Père et passer par la Croix. Mais Il ne pouvait pas nous laisser orphelins: notre cœur fait pour l’amour, malgré notre péché, ne l’aurait pas supporté. Alors, Jésus, dans un élan de suprême action de grâce, et d’infinie pitié, sachant que son Heure était venue, que son Agonie et son Chemin commençaient, sachant que dans peu de temps tous seraient scandalisés à son sujet, Jésus inventa l’Eucharistie.

On entend souvent dire que lorsque Jésus parlait de l’avenir avec ses disciples, ses “visions” lui montraient, placés sur le même plan, à la fois ce qui concernait la prise de Jérusalem par les Romains, la destruction du Temple en l’An 70, et la suite des siècles avant la fin des temps. Il va de soi qu’il n’est pas très facile, pour nous, de nous y retrouver... Mais, quand on pense à ce qui s’est passé depuis plusieurs siècles, dans les pays dits de chrétienté, et surtout depuis les cent dernières années, on ne peut que frémir d’horreur quand on pense à Jésus disant: “Mais auparavant, il faut que Je souffre beaucoup et que Je sois rejeté par cette génération.”  Il faut aussi que Jésus traverse Gethsémani...

Prière

Seigneur Jésus, Nous T’aimons. Tu es notre vie et notre bonheur. Mais nous souffrons avec Toi à Gethsémani. Curieusement, ce n’est pas un malheur, c’est plutôt un bonheur, un étrange bonheur enveloppé de souffrance.
 

   

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