4 - La miséricorde de Dieu
(suite)

“Entre dans la joie de ton Seigneur”

On a chanté la joie du Seigneur, la joie de L’aimer et de vivre avec Lui, et de vivre pour Lui.  Le Seigneur est notre bonheur, un bonheur étonnant qui nous comble entièrement, un bonheur surprenant qui cependant reste souvent douloureux...

Jésus nous fait entrer dans son bonheur, mais ce n’est pas encore le bonheur du Ciel. Nous sommes dans le Cœur de Jésus, et nous vivons au rythme de son Cœur. Et le bienheureux Cœur de Jésus, qui ne fait qu’UN avec celui du Père, est aussi un Cœur douloureux, un Cœur qui souffre parce que ses enfants L’oublient, ses enfants ne L’aiment plus. Pire, ses enfants ne Le connaissent plus, car nos sociétés laïques, mais laïques seulement pour Jésus-Christ, ont mis Dieu à la porte, ont chassé leur sauveur...

Jésus nous fait parfois entrer dans la joie de son Cœur, et notre cœur qui rayonne de bonheur, est, en même temps, triste avec le sien. Un jour, Jésus, nous fera entrer dans sa joie sans partage, mais aujourd’hui, sur la terre, toute joie est comme ternie par les manques d’amour, et surtout par les haines. Quand nous sommes avec notre Seigneur et notre Dieu, notre bonheur est immense, mais c’est un bonheur douloureux et qui restera douloureux tant que le Cœur de Jésus ne sera pas consolé...

Dieu  nous as créés pour le bonheur. Ce sont les hommes qui, stupidement, ont choisi le malheur... Jésus ne veut que notre bonheur, et sa Bonne Nouvelle n’est qu’un hymne au bonheur.

L’Évangile est un hymne au bonheur. Bienheux est l’un des termes que Jésus emploie le plus souvent: “Heureux es-Tu, Simon-Pierre, parce que c’est le Père qui t’a révélé ces choses...”

C’est vrai, si l’on y fait bien attention, tout, dans l’Évangile chante le bonheur. D’abord les anges, à Noël: “Gloire à Dieu! Paix aux hommes! Joie du Ciel sur la terre...” Et puis, ce sont les Béatitudes: Bienheureux... Bienheureux!...”... Sans en avoir l’air, Jésus transforme en vrai bonheur ce qui nous paraît d’abord un malheur:

“Bienheureux les pauvres de cœur”, ceux qui aiment Dieu, qui savent être heureux avec ce qu’ils ont, qui n’envient pas les autres, qui rendent grâce au Père si plein d’amour, de sollicitude et de miséricorde...

“Bienheux les doux...” ceux qui savent être patients avec tous leurs frères, et même avec Dieu. Ceux dont le cœur est toujours bienveillant, et plein d’amour, à l’image de Dieu. Car ils sont déjà aimés de Dieu et le seront de leurs frères. Souvent, d’ailleurs, ils sont déjà aimés de leurs frères, sans qu’ils le sachent toujours.

“Heureux ceux qui pleurent...” Dans un premier temps, c’est plus difficile à comprendre. Mais celui qui a connu la douceur d’être consolé, peut découvrir aussi la douceur des larmes qui soulagent les plus profondes douleurs. Il y a aussi les larmes de joie... Et le don des larmes est une grande faveur que Dieu accorde parfois à ses saints.

“Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice...” On devrait plutôt dire, “Heureux ceux qui ont faim et soif de sainteté”, car les justes, les vrais justes selon le Cœur de Dieu, ce sont les saints “qui savent rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.”

“Heureux les cœurs purs, ils verront Dieu!” Nous, les pauvres hommes, nous ne pouvons pas voir Dieu, car nos sens, nos seules fenêtre ouvrant sur le monde, ne nous le permettent pas. Pourtant, nous  aspirons tellement à voir Dieu, à voir Jésus, et à L’entendre aussi... Le cœur pur, c’est le cœur simple, celui qui ne voit pas le mal, celui qui croit tout car il ignore le mensonge. Le cœur pur est limpide comme une source d’eau vive, il est un transparent de Dieu. Bienheureux les cœurs purs, les transparents de Dieu, ceux qui nous permettent de “voir” Dieu bien que cela soit impossible. Oh! Oui! Bienheureux les cœurs purs, lumineux de Dieu, lumineux d’amour, lumineux de vérité, lumineux de la sainteté de Dieu. Le Seigneur est saint; les cœurs purs, transparents de Dieu sont des transparents de sa sainteté trois fois sainte.

“Tu es saint, Seigneur Dieu, Tu es trois fois saint!”

Le Seigneur est le bonheur, Il est la joie, Il est la paix, Il est l’Amour, Il est la Miséricorde. Son amour emplit nos cœurs. Nous sommes dans son Cœur où Il nous a placés; nous vivons avec Lui, dans son Cœur. Au loin, nous apercevons le jardin de son Cœur, le jardin dans lequel Il nous fera entrer, un jour, lorsqu’Il nous dira: “Entre dans la joie de ton Seigneur...” Mais en attendant, il nous faut demeurer sur la terre, et vivre heureux avec Lui, malgré la douleur qui est la sienne tant que les hommes refuseront son Amour.

 “Heureux ceux qui font la paix autour d’eux!” On pourrait dire aussi: “Heureux ceux qui rayonnent la paix, qui savent apaiser les esprits autour d’eux.” Ces pacifiques sont aussi des doux: ils sont donc deux fois heureux. Et si leur cœur est pur, alors, malgré les épreuves de la vie terrestre, ils ne sont pas loin de la Béatitude du ciel car ils sont déjà dans la joie de leur Seigneur.

 Entre dans la joie de ton Seigneur, semble redire Jésus à ceux qui n’ont d’autre désir que Lui. Entre dans la joie de ton Seigneur, et tu regarderas tout avec amour; le mal et les méchants ne te feront plus peur car, avec ton Seigneur, tu sauras les aimer aussi, et prier pour eux. Ce sont des enfants de Dieu qui ne le savent pas encore et que le démon retient loin de leur Père. Dans la joie de ton Seigneur tu reconnaîtras Jésus dans tes frères, même si leurs traits sont défigurés par le mal, même s’ils te persécutent à cause de Jésus. Dans la joie de ton Seigneur, tu laisseras Jésus proclamer en toi: “Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice, c’est-à-dire la sainteté, le Royaume des cieux est à eux!”

Ceux que l’on persécute sont-ils aussi des pauvres... Les pauvres de cœur, les pauvres au cœur pur dérangeraient-ils tellement l’Ennemi? Les cœurs qui déjà “voient” Dieu, seraient-ils donc dangereux pour l’Ange rebelle, celui qui a refusé Dieu? Voici que nous découvrons quelque chose de nouveau que nous avons  déjà lu dans l’Évangile, sans peut-être le comprendre: “Le Serviteur n’est pas plus grand que son Maître; comme ils M’ont persécuté, ils vous persécuteront!”

Contemplation

Jésus, nous Te regardons. Les ambitieux de cœur ne pouvaient pas, déjà de ton temps, supporter ta justice, ta sainteté, ta bonté, ta miséricorde. Tu aimais trop les petits, les pauvres de cœur dégagés de tout égoïsme, et qui, devenus image de ta vérité, la volonté divine, étaient devenus pour eux comme des reproches vivants, des plaies dans leur conscience. Jésus, les ambitieux de cœur ne peuvent pas supporter les cœurs pauvres et purs, véritables images de Dieu. Et Toi, Jésus, Tu étais trop Dieu vivant pour eux, et eux, les ambitieux de cœur, ils ne pouvaient pas le supporter: ils avaient peur. Ils devaient donc Te supprimer, après T’avoir longtemps persécuté, pour que d’autres n’aient pas l’envie de T’imiter...

Les malheureux ambitieux de cœur ne pouvaient pas supporter la pureté de ton regard; ils ne pouvaient pas soutenir ton regard qui les transperçait et leur disait: convertissez-vous. Non, ils ne pouvaient pas; il y avait trop d’ambitions humaines dans leurs cœurs. Ils savaient, sans oser l’avouer, que le Royaume des cieux n’étaient pas pour eux, car le Royaume des cieux ne s’achète pas avec l’argent de Mammon. Le Royaume de Dieu n’est pas pour ceux qui cachent la vérité, ceux dont le cœur est plein de convoitises et de mensonges, et d’envie, et de haines, parfois. Ils sont malheureux, ces pauvres au cœur jaloux, et, dans leur dépit, ils veulent ôter le Royaume à ceux qui le possèdent déjà.

Ô Jésus! Pauvres et malheureux cœurs jaloux qui, ne trouvant pas le bonheur, n’ont de cesse de détruire le bonheur des autres! Pauvres cœurs ambitieux, jamais contents, jamais satisfaits, insatiables de ce qui ne rend pas heureux... Pauvres cœurs défigurés qui croient que la disparition de ceux qui sont heureux leur donnera la paix et le bonheur qui leur échappent! Comme dans leurs vains efforts ils ne trouvent que du vide, ils se mettent, inconsciemment peut-être, à persécuter ceux dont le cœur est pur, pauvre, lumineux et heureux...

Oh! oui, ils sont heureux ceux qui sont persécutés parce que leur cœur est pur, parce que leur cœur est pauvre, parce qu’ils ont trouvé le Royaume de Dieu sur la terre des hommes.

Saint Paul n’hésitera pas à écrire aux Romains: “Ne brisez pas l’élan de votre générosité, mais laissez jaillir l’Esprit; soyez les serviteurs du Seigneur. Aux jours d’espérance, soyez dans la joie; aux jours d’épreuve, tenez bon! Priez avec persévérance. Partagez avec les fidèles qui sont dans le besoin, et que votre maison soit toujours accueillante.” 

Dieu n’a jamais rejeté aucun homme. Après la faute originelle, Il a promis un salut à tous les hommes: la Femme qui écraserait la tête du Serpent. Ensuite, devant le gâchis incroyable que Satan avait fait dans l’humanité et dans les cœurs humains, devant la multiplication des idoles de toutes sortes, Dieu voulut réparer les dégâts et faire comprendre aux hommes qu’il ne pouvait y avoir qu’un seul et unique Dieu, Créateur et Maître du monde, mais un Dieu plein d’Amour et de Miséricorde. Alors Dieu suscita Abraham et en fit un peuple nouveau, le Peuple élu, chargé de découvrir, puis de révéler aux nations ce Dieu unique, puissant, mais infiniment bon. Dieu prit tout son temps pour façonner son Peuple, un parmi les autres nations, pas plus, dont la seule grandeur était sa connaissance de Dieu unique et de sa Loi.

Dieu envoya son Peuple fragile au milieu des nations pour qu’il comprenne que Dieu est un Dieu jaloux, qui ne peut pas admettre les autres dieux, lesquels ne sont pas des dieux, mais des créatures le plus souvent inertes, sourdes, aveugles et muettes. Dieu respecte et aime trop les hommes pour les abandonner aux mensonges du Mauvais... Dieu aime tous les hommes, tous sans exception, et quand le Peuple chargé de mettre en œuvre sa Loi, pour Le révéler aux nations, manque à sa mission, Dieu se fâche et permet aux autres nations d’être momentanément, plus fortes que ce Peuple choisi. Puis Dieu promit un Messie qui, né du peuple élu, serait le Rédempteur de toutes les nations.

Quand l’Heure fut venue, Dieu envoya son Fils, son unique qui naquit à Bethléem, et les anges se réjouirent et chantèrent: “Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté, aux hommes que Dieu aime!” Jésus, accueillit tous les hommes et guérit même des païens et des Romains, honnis des juifs de son temps, car Jésus, Verbe de Dieu, aimait tous les hommes et ne rejetait personne de ceux qui venaient à Lui. Au pied de la Croix, il y avait un centurion romain, celui qui s’écria: “Celui-ci est vraiment le Fils de Dieu!”

Et voici l’essentiel: “Mais nous, nous aimons parce que lui, le premier, nous a aimés. Si quelqu’un dit: ‘J’aime Dieu’ et qu’il haïsse son frère, il est un menteur. Car celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu qu’il ne voit pas. Et nous avons ce commandement: que celui qui aime Dieu aime aussi son frère.” (1-Jean 4, 19 à 21)  On peut remarquer cependant que l’on ne doit pas exclure Dieu. D’ailleurs la suite, que curieusement on ne cite jamais, est très explicite: “À ceci nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu: quand nous aimons Dieu et que nous pratiquons ses commandements.”

Avec le Seigneur tout est clair: “Dieu premier servi!” même pour l’amour.
 

   

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