4 - La miséricorde de Dieu

Introduction

Pourquoi la Création?

Dieu est le Seigneur Tout-Puissant, tout bonheur et toute joie en Lui-même, dans sa famille trinitaire. Il n’a besoin de rien, mais Il est Amour, et son bonheur, Il veut le partager à des êtres qu’Il crée et qui seront ses enfants, les enfants de son Amour.

Dieu a fait les hommes, pour sa joie, pour son bonheur, et pour qu’ils soient heureux, eux aussi, pleinement heureux en Lui, dans sa joie. Il est des choses si grandes que nous ne pouvons pas les exprimer, que nous pouvons à peine les percevoir. L’amour que Dieu a pour nous les hommes est probablement la plus grande chose qui soit. Mais quel mystère! Dieu nous a faits pour Lui, Dieu nous aime, Il ne veut que notre bonheur, et Il veut que nous L’aimions. Or aimer Dieu, c’est le bonheur, le plus grand bonheur qui se puisse imaginer. Nous avons été faits par l’Amour, par amour, et pour l’Amour, c’est-à-dire pour Dieu. Aimer Dieu, Le servir, et faire sa volonté, c’est-à-dire répondre à ses désirs d’amour et de bonheur pour nous, c’est être heureux, immensément heureux...

Inévitablement, nous pensons au problème du mal, à l’arbre de la connaissance, au péché originel que peut-être nous sommes en train de commettre. La Création est la résultante de forces en équilibre fragile. Le Seigneur nous a placés dans ce monde fait pour nous, et Il nous a faits libres pour que nous puissions aimer vraiment. Mais il ne fallait pas toucher à l’équilibre fragile de la création, équilibre qui devait rester merveilleux autant qu’on le conserverait intact, mais qui serait vite déstabilisé si on touchait à l’une des forces essentielles qui le constituaient.

Et l’Homme aujourd’hui, est en train de toucher à ces forces essentielles, et l’Homme, aujourd’hui accomplit les actions interdites, car dangereuses. L’Homme veut à tout prix violer les secrets de la Connaissance, l’Homme touche aux mystères de la vie, et la nature se révolte, et l’Homme devient de plus en plus malheureux, sans toutefois s’en apercevoir encore, aveuglé par l’orgueil qui rejette Dieu, se prenant lui-même pour un dieu. Et l’homme devient malheureux alors qu’il avait été créé pour le bonheur...

Nos cœurs pleurent avec le Cœur de Jésus. Nos cœurs pleurent parce que Jésus pleure aussi car Il n’est pas aimé. Nous pleurons avec Jésus, comme lorsqu’Il pleurait sur Jérusalem qui refusait son Amour. Nous pleurons avec Jésus pleurant sur tous les hommes qui ne veulent plus de son amour. Avec Jésus, nous pleurons de la même peine que Lui, de sa peine infinie, et nous Le supplions de nous éclairer tous et de changer nos cœurs...

Prière

Jésus, nos cœurs brûlent dans le tien et pleurent avec le tien. Jésus, nos cœurs sont douleur; pourtant ils sont heureux avec Toi, car Tu es notre bonheur, notre Amour. Jésus, nos cœurs sont douleur tout en étant bonheur. Qui peut comprendre cela?

Quelqu’un a écrit: “Et si l’aimé ne répond pas à l’amour qu’on lui tend, ou si l’être aimé est malheureux, alors l’amour devient douleur.” Cela, Toi, Jésus, Tu l’as bien connu. Tu l’as connu tout au cours de ta vie, Tu l’as connu quand Tu guérissais les malades, quand Tu soulageais les souffrances, quand Tu guérissais les cœurs des pécheurs, quand Tu pleurais sur Jérusalem, quand Tu voulais ouvrir les cœurs fermés des pharisiens trop riches de leur savoir. Jésus, Tu vécus à son paroxysme la douleur de l’amour à Gethsémani et sur la Croix. Mais en souffrant ta douleur infinie, Toi, Jésus, Tu nous sauvais en répandant sur nous des fleuves d’eau vive, des fleuves de pardon, des océans d’amour et de miséricorde.

Un cœur qui aime, c’est un cœur qui s’ouvre, un cœur qui se déchire, un cœur qui saigne, un cœur qui se laisse transpercer par l’Amour. Est-ce pour cela que, sur la terre, l’amour est presque toujours douleur?”

Préambule

Une parabole

Dieu regardait sa Création... Dieu voyait tous les mondes qu’Il avait créés. Sa création était bonne. Dieu contemplait aussi son Fils, son Unique, le Fils UN avec Lui, le Père. De toute éternité le Père contemplait le Fils et sa création qu’il avait préparée pour Lui. Tout était bon dans la Création...

Dieu admirait les galaxies et les mouvements qu’Il leur avait donnés, et les lois justes qu’il leur avait imposées. Tout tournait bien; Dieu était content et Il aurait aimé partager sa joie... Alors Dieu créa les anges et leur confia la garde de sa création matérielle. Vraiment, les anges s’acquittaient très bien de leur tâche, et Dieu, Père et Fils, unis, étreints fortement dans leur Amour éternel, Dieu contemplait ses anges qui faisaient fonctionner sa création. Tout était vraiment très bon et les anges se retournaient souvent vers Dieu pour Le louer...

Pourtant quelque chose manquait encore. Dieu, pur esprit, pour s’occuper de sa création matérielle, avait créé des êtres intelligents et vivants, et capables d’amour: les anges. Dieu admirait le travail des anges et Il les félicitait amoureusement. Mais l’unité de la création n’était pas faite. D’un côté la matière: parfaite. De l’autre côté, des esprits: parfaits.  Comment achever la création en unissant, dans un seul être, l’esprit et la matière? Comment faire vivre l’amour entre les créatures, les esprits et la matière, l’amour qui est Dieu, l’amour qui ne vit qu’en se donnant, qu’en se partageant?

Soudain Dieu eut une idée. Il fallait qu’Il fabrique des êtres constitués de matière et conduits par des sensibilités capables d’aimer: ce furent les animaux. mais Dieu voulait davantage. Dieu voulait des êtres faits de matière, doués de sensibilité et capables d’aimer. Il les voulait aussi intelligents, capables de comprendre la création, et éventuellement, de la modifier, d’améliorer les petites choses de la vie. Dieu voulait aussi que ces êtres soient libres afin de pouvoir choisir ce qui orienterait leur vie. Et puis, déjà Dieu “rêvait”, Dieu, se voyait déjà réalisant l’unité de la création dans le Corps de son Fils.

Dieu créa l’homme. C’était un être merveilleux, un être en qui se réalisait le rêve de Dieu. En l’Homme, Dieu pourrait réaliser l’unité de toute sa création. Dieu contempla l’Homme: c’était très bon... Oui, c’était vraiment très bon; mais la tâche à accomplir était immense, et l’Homme était encore bien jeune: son intelligence et son cœur, liés à la matière inerte, ne pouvaient pas fonctionner instantanément comme ceux des anges: il fallait effectuer un long apprentissage...

Alors, Dieu mit l’Homme dans le Paradis terrestre. L’Homme avait tout à sa disposition, mais il devait apprendre à s’en servir, et pour cela, obéir à certaines lois, les lois de la nature, celles que Dieu avaient prévues et que les anges mettaient si habilement en œuvre. Tout se passa bien jusqu’au jour où le Père content de son œuvre voulut faire partager sa joie et ses projets à son Archange de lumière, celui qui dirigeait si bien le travail de tous les autres anges.

Ce jour-là, Dieu fit part à Lucifer, le Prince de Lumière, de son Projet le plus grandiose, le projet qui couronnerait toute sa puissance, qui rassemblerait toute la création dans une union parfaite: les esprits, la matière et Lui-même Dieu-Créateur, Dieu d’amour. Dieu montra le Corps du Christ à tous ses anges et leur dit: “Voici le Corps de mon Fils, mon Bien-Aimé, mon unique, voici le Corps de Celui qui est UN avec Moi, voici le Corps qui rassemble en Lui la pensée de Dieu, l’Amour que Je suis, et ma Création. Voici l’Homme, Corps de mon Fils. Voici mon Fils en qui Je mets toutes mes complaisances. Il est UN avec Moi, aimez-Le comme vous M’aimez, adorez-Le.

Dieu montra l’Homme à ses anges, Dieu dévoila à ses anges l’œuvre de son Verbe. Les anges émerveillés s’inclinèrent et adorèrent Jésus. Mais Lucifer hésita: comment lui, pur esprit, chef de toutes les milices célestes, comment pourrait-il adorer l’Homme? Comment pourrait-il servir Celui-ci, et par conséquent, ceux qui Le construisaient, ceux qui composaient l’Homme, Corps du Verbe? Comment lui, Lucifer, servirait-il ceux qui lui paraissaient tellement inférieurs? Lucifer refusa: il ne servirait pas l’Homme...

Le Père prit du “temps” pour expliquer à Lucifer que cet Homme, c’était son Fils, Dieu UN avec Lui, son Fils, son Unique, qui rassemblait en Lui toute la Création, même les anges, même lui, Lucifer, et qu’en servant l’Homme-Dieu, il servait Dieu, il n’adorait que Dieu lui-même. D’ailleurs, lui dit Dieu, je Te nomme Prince du monde; ainsi Tu connaîtras, Tu verras la grandeur de l’Homme. Lucifer devint Prince du monde, Lucifer vit la grandeur de Jésus, Fils de Dieu et Fils de l’Homme. Mais Lucifer refusa d’adorer Jésus. Lucifer décida, dans son cœur, qu’il détruirait les hommes, tous les hommes...

Lucifer commença son œuvre de destruction... Dieu le Père soupira longuement. Dieu vit la faute d’Êve et d’Adam... Dieu vit aussi leur détresse et en fut très affecté. Alors Dieu, sans modifier son projet final, commença à mettre en place ce qui serait nécessaire pour assurer les réparations, car sa création ne devait pas être mutilée et les hommes ne seraient pas détruits: Dieu les aimait trop. Dieu ne renonçait pas à la construction du Corps mystique de son Fils. Cela prendrait du temps, du temps terrestre, bien sûr. Cela demanderait de la souffrance, car il fallait d’abord remettre en place les Lois divines et justes bousculées par Lucifer... Mais cela se ferait. Et déjà Dieu le Père “voyait” la Femme immaculée qui serait la Mère de son Fils, le Fils de Dieu et le Fils de l’Homme.

C’était longtemps avant la venue de Jésus, avant que Jésus ne nous révèlât la Vérité de Dieu qui n’est qu’Amour. Et quand il serait temps que Dieu se manifeste aux hommes, ce serait toujours dans l’amour, même si, pour éduquer son peuple, Dieu devait se montrer ferme, voire intransigeant, et utiliser des moyens qui peuvent nous sembler trop sévères. Mais quand on aime vraiment, on éduque, c’est cela la Miséricorde de Dieu...

Oui, les projets de Dieu, ses projets d’Amour se réaliseraient.

Le Père

Dans son livre intitulé Le Cœur du Père, Jean Galot, jésuite, écrit: “Par Jésus, son Fils Bien-Aimé, le Père fait de nous ses fils bien-aimés.” Ainsi, grâce à Jésus, grâce à ses mérites et à son Amour pour le Père, nous sommes devenus les enfants bien-aimés du Père.

Le Père, on ne peut pas L’imaginer. Il est trop grand, trop puissant, trop hors de notre portée. C’est Dieu, le Seigneur tout Puissant, invisible, que l’on ne peut saisir et que L’on adore sans vraiment Le comprendre. On dit qu’Il est Amour, mais comment le savoir, comment le vérifier, comment l’expérimenter? Dieu est le Tout Autre... Mystère de la grandeur et de l’ineffabilité de Dieu. Dans ces conditions, et bien qu’Il nous ait tous créés, comment pouvons-nous être ses fils chéris, nous qui avons crucifié son Fils Bien-aimé?

Le Cœur du Père

Jésus-Christ connait le Cœur du Père. Il le connait d’autant mieux que le Père et Lui sont UN; donc ils ont un seul et unique Cœur dans l’Esprit-Saint, et ce Cœur, c’est le Cœur de Dieu. En Jésus, le Cœur de Dieu s’est fait son Cœur, et dans son Cœur d’homme, battent, dans l’Amour qu’est l’Esprit, le Cœur du Père, le Cœur du Verbe, en un mot, dans son Cœur d’homme, bat le Cœur de Dieu.

Quelle chose difficile que de tenter de contempler le Cœur de Dieu! 

Dieu, un jour étonnant de son éternité, de son éternel présent, “vit” l’Homme qu’Il voulait créer. Il le voyait homme et femme, et Il le pensait à son image, c’est-à-dire à l’image de l’Amour. Et Dieu pensait au Christ, son Verbe incarné, et Dieu “voyait” le Corps mystique de son Fils Bien-Aimé, ce corps dont les cellules vivantes seraient l’humanité. Dieu aimait déjà le Corps de son Fils, Dieu travaillait déjà à la construction du Corps du Fils incarné, Dieu voulait déjà le bonheur de ce Corps merveilleux...

Dieu “voyait” déjà le Corps du Christ... Alors, le Père, UN avec le Fils et l’Esprit, “se mit au travail”. Il créa les anges, tous les anges qui sauraient Le louer comme il faut, et qui accompagneraient les hommes dans leur difficile course terrestre. Car Dieu “voyait” aussi la terre. Alors Dieu créa les mondes matériels. Il leur donna des lois terribles et exigentes afin de canaliser les forces monstreuses qu’Il leur confiait pour aller dans le sens qu’Il désirait.

Dieu contemplait ces mondes matériels et ces forces gigantesques qui obéissaient à ses ordres, sans broncher. Et Dieu était content! Et Dieu souriait déjà au monde très particulier auquel Il pensait aussi. Dieu voyait la terre.

Dieu voyait la terre sur laquelle Il placerait les hommes pour qu’ils apprennent l’amour. Alors Dieu concentra quelques-unes des forces monstrueuses de la matière naissante. Il fallait qu’elles s’adoucissent, se polissent, apprennent à vivre ensemble, à se supporter, à s’aider, à se compléter, à collaborer, à s’harmoniser, à s’unir, à s’interpénétrer, afin de réussir un chef-dœuvre de l’Amour pour que les hommes apprennent l’amour. Et ce fut merveilleux! Et Dieu s’amusait bien, et Dieu était heureux!

Dieu façonnait la terre, Il traçait le lit des rivières, Il imaginait les volcans, les sources, les cascades, les geysers... Il modelait les montagnes et les vallées, et Il plaçait les plaines qui seraient productives... Oui, il fallait des plantes, toutes sortes de plantes pour la joie des yeux, et pour les repas des animaux qu’Il allait inventer. La joie de Dieu faisait plaisir à voir: le Père laissait son Cœur déborder de bienveillance, le Cœur du Fils se réjouissait en pensant qu’un jour il vivrait dans ce Paradis.

Dieu se plaisait beaucoup au milieu de ses créatures. Il admirait les fleurs, Il sentait les odeurs agréables, Il écoutait les chants du vent, de la tempête. Il était satisfait des jeux de la foudre et des éclairs. Dans ce paradis délicieux, Dieu mit les animaux: les petits et les grands. Mais surtout, en créant tous les êtres vivants, Dieu inventait aussi le cœur des pères et des mères. Et Dieu était en joie quand Il regardait les papas et mamans oiseaux s’activant auprès de leurs petits.

Vraiment le cœur des papas et mamans animaux était une réussite. Déjà un peu de véritable amour naissait dans la création matérielle jusque là inerte... Mais cet amour animal était insuffisant pour le Cœur de Dieu. Il fallait davantage: il fallait des cœurs à l’image de son Cœur. C’est ainsi que Dieu le Père, assisté de Dieu le Fils, inventa le cœur des pères et des mères. Le Cœur de Dieu voulait se refléter dans le cœur des hommes, pères et mères, à l’image de Dieu.

Dieu le Père, par son Verbe, créa l’Homme: homme et femme Il le fit. Dieu créa l’Homme: père et mère Il le fit. Et c’était beau, c’était merveilleux, et Dieu s’extasiait devant la créature qui reflétait son Amour. L’homme et la femme s’aimaient l’un l’autre, et l’Homme deviendrait père et mère; et les pères et les mères aimeraient leurs fils et leurs filles comme en Dieu s’aimaient le Père et le Fils. Dieu fit l’Homme à son image... C’était très bon... et Dieu “voyait” déjà le Corps mystique du Fils rassemblant en lui-même la création tout entière.

Dieu a créé l’Homme, Dieu a aimé l’Homme, Dieu a semé l’Amour dans le cœur des hommes. L’Amour crée le bonheur et l’Homme était heureux...

Le malheur

Hélas! les siècles ont défilé et l’Homme n’est plus heureux, et ce n’est pas la faute de Dieu. Pourquoi l’Homme n’est-il pas heureux? À cause du mal. Mais qu’est-ce que le mal, et pourquoi le mal que Dieu n’a pas voulu, ne pouvait pas vouloir, car l’Amour est hors du mal?

Où est la vérité? L’amour que Dieu a mis dans l’Homme exige la liberté: l’Homme n’est pas un robot programmé à l’avance: on ne peut pas informatiser l’amour. Car l’amour suppose toujours un choix initial et une réciprocité: je t’aime parce que tu es toi; tu m’aimes parce que je suis moi. On ne pourra jamais me forcer à aimer ce que je ne veux pas aimer. Car je peux refuser l’amour. L’Homme peut même refuser l’amour de Dieu: il est libre.

Contemplons la création: elle est belle et bonne. Tournons-nous vers le monde des hommes: il est de plus en plus laid et méchant. Pourquoi le monde a-t-il refusé l’Amour du Père? Pourquoi le mal s’étend-il sur le monde comme une tache d’huile qui ne peut que s’étendre. L’Homme est atrocement malheureux sans son Seigneur, car il ne peut vivre sans Lui, et pourtant il ne veut plus de Lui. L’Homme ne peut vivre sans Dieu, et pourtant, sans cesse il Le refuse. Et le malheur, comme des ténèbres épaisses, recouvre notre terre. Le malheur envahit le monde des hommes... et le Père semble se taire, semble ignorer notre détresse...

Père, qu’as-Tu fait de ta tendresse? Père, où est ta Miséricorde?

Nous aimerions connaître le Père, mais nous ne pouvons pas; nous aimerions Le voir, L’entendre, mais nous ne pouvons pas... Et comment L’aimer, Le connaître, tout cela reste bien vague, bien formel, à la limite, bien terrestre. Or Dieu est le Tout Autre et il nous est impossible de Le sentir, bien que nous soyons en Lui... Et pourtant, nous disons souvent: “Mon Dieu, je Vous aime!...” Heureusement il y a Jésus!

Dieu envoie son Verbe

Jésus est notre Secours, car Il est le Fils Bien-Aimé du Père, le Fils unique qui ne fait qu’UN avec le Père. Et Il s’est fait homme, Fils de l’Homme, Il est venu chez nous, parmi nous, pour vivre avec nous, comme nous: Jésus voulait nous sauver, nous ramener au Père, car Il savait que nous n’étions que des pauvres, infiniment petits et incapables de rencontrer Dieu. Nous étions pécheurs, souvent de grands pécheurs, mais Il savait, Jésus, que les pauvres êtres charnels que nous sommes ne peuvent comprendre que ce qui entre en nous par l’intermédiaire de nos sens. Et le Père est hors de nos sens, Il est le tout Autre... Il fallait qu’Il vienne, Lui Dieu, Verbe de Dieu, Fils unique et Bien-Aimé du Père, UN avec le Père, il fallait qu’Il nous “montre” Dieu.

La prière de Jésus

Il est difficile d’exprimer ces choses hors de notre portée. Jésus est venu, Il a vécu parmi nous, mais tous les jours sa divinité rencontrait Dieu le Père dans une étreinte d’Amour tellement infinie qu’elle était devenue sa nourriture. “J’ai une nourriture que vous ne connaissez pas. Ma nourriture, c’est de faire la volonté du Père.” a-t-Il dit un jour à ses disciples qui s’inquiétaient de Le voir rester sans manger. La prière de Jésus qui Le faisait s’unir à la volonté du Père, retrouver et vivre un instant de sa nature divine, une avec la divinité du Père, sa prière était si forte et si puissante en Lui, qu’elle Le nourrissait. Car Jésus, homme sur la terre, homme parmi les hommes et Fils de l’Homme, était Dieu, Fils unique du Père et UN avec Lui. Jésus, Lui, le savait, mais nous, nous ne le savions pas...

Qui voit Jésus voit le Père

Les disciples de Jésus et tous ceux qui L’accompagnèrent pendant sa vie d’homme sur la terre, ne savaient pas ces choses, eux non plus. Ils L’aimaient bien, ils L’admiraient, ils Le vénéraient, certains même savaient qu’Il était le Messie, mais ils ignoraient sa divinité, sa filiation avec le Père. Alors un jour, quelques heures avant sa mort terrestre, au cours d’un moment particulièrement solennel, Il se révéla enfin: “Philippe, Tu ne Me connais pas? Qui me voit, voit le Père!” C’était très clair, mais il faudra attendre sa résurrection pour que nos petits esprits, lents à croire, s’ouvrent enfin à la vérité, sa vérité.

Aujourd’hui nous connaissons mieux le Christ, mais d’une connaissance si minable... Nous savons qu’Il nous porte dans son Cœur, nous ses fils bien-aimés. Mais comment pouvons-nous être aussi les fils bien-aimés du Père, nous qui avons crucifié son Fils, son Unique, nous qui nous complaisons si souvent dans les boues du péché et les compromissions avec l’Infect?

Le Père et Jésus sont UN: donc leurs deux Cœurs ne sont qu’UN. Jésus nous aime, donc le Père nous aime; nous sommes dans le Cœur de Jésus, donc dans le Cœur du Père. Quand nous aimons Jésus-Christ, nous aimons le Père. Dans le Cœur de Jésus circule le Sang créateur et vivificateur du Cœur de Dieu. Ce Sang nous purifie comme il purifie tous ceux qui aiment Jésus. Son Sang nous purifie, et emporte toutes nos misères, nos péchés, et nos manques d’amour. Et nous, pauvres tout petits que Jésus est venu sauver, qu’Il a mis dans son Cœur, nous ses petits enfants chéris, nous sommes avec Lui, le Fils Bien-Aimé du Père, les fils bien-aimés du Père...

Saint Jean reposa sur le Cœur de Jésus. Il s’abandonna sur la poitrine de Jésus, comme un petit enfant entre les bras de son père ou de sa mère. Oui, ce qui domine dans l’attitude de St Jean, c’est la confiance. Jean s’est complètement abandonné, en toute confiance, entre les bras de Jésus, sur le Cœur de Jésus. Jean n’a plus peur, Jean a confiance: il sait l’Amour, cet Amour qu’il enseignera durant toute sa vie, car, durant toute sa vie, mystiquement, il reposera sur le Cœur de Jésus.

Jésus sur la terre: trente ans, puis pendant tous les siècles

Notre cœur vibre avec le Cœur de Dieu quand nous essayons de comprendre, de capter les paroles d’amour de son infinie Miséricorde. Nous nous sentons de plus en plus faibles, de plus en plus pauvres, et, peut-être, de plus en plus amoureux aussi, mais amoureux de Dieu vivant et présent près de nous par l’Eucharistie du Fils de Dieu, Jésus-Christ. En effet, nous avons contemplé l’amour et la sollicitude avec lesquels Dieu nous a créés. Nous connaissons les conséquences de notre faute et la bonté du Père qui se choisissait un peuple, qui l’éduquait, qui faisait alliance avec lui, et à qui Il confiait sa Loi d’amour. Dieu le Père pouvait alors envoyer son Fils Jésus, son Unique, vivre parmi nous pour nous faire découvrir son infinie Miséricorde.

Après avoir vécu trente ans avec les hommes, avoir été crucifié et être ressuscité, Jésus est remonté vers le Père. Mais, connaissant notre immense faiblesse, Il ne nous a pas laissés orphelins, et Il nous a envoyé son Esprit-Saint. Cependant, Jésus Lui-même, nous ne L’entendons pas, nous ne Le voyons pas, et rien ne nous permet de découvrir son infinie Miséricorde pour les pauvres pécheurs que nous sommes. Quand nous Le touchons dans sa Sainte Eucharistie, rien, en dehors de la foi, ne nous prouve qu’Il est vraiment présent, que c’est Lui que nous touchons, que c’est Lui qui est là, dans notre main, dans notre bouche, dans notre cœur. Rien ne nous permet de Le découvrir sinon le langage de l’Amour, la langue mystérieuse qui est celle du cœur: la langue d’une sorte de septième sens qui ouvre le cœur des hommes pour qu’ils comprennent le Cœur de Dieu.

La mystérieuse Eucharistie que le Seigneur nous a donnée Le cache tout en Le révélant. Sa Miséricorde nous comble, son Amour peut nous enivrer et alors, dans le silence de notre cœur, nous ne savons que L’aimer et nous enfoncer dans la reconnaissance. Et adorer son Cœur de Miséricorde.

Le drame du Verbe

Nous contemplons, Jésus, Verbe incarné. Nous Le contemplons “fait” comme l’un de nous. Il vit avec nous, Il nous redonne la Loi d’Amour. Mais comment pourrions comprendre? Comment les contemporains de Jésus auraient-ils pu comprendre? Mieux valait pour les chefs du peuple Le faire disparaître, Le crucifier! Cela, Jésus le savait; notre souffrance future, Il la connaissait aussi, Il la vivait en Lui. À Gethsémani, Il succombait sous nos désespoirs, sous nos péchés qu’Il avait pris sur Lui: “Père, si cela est possible, que ce calice s’éloigne de Moi!” Mais la volonté du Père était aussi la sienne, et Le voici sur la Croix...

Prière

Père, c’est vrai, Tu nous as envoyé ton Fils: mais nous L’avons crucifié. Jésus-Christ, ton Fils Bien-Aimé, est ressuscité car ton dessein, Père, ne devait pas échouer: son Corps mystique devait absolument se faire pour unifier toute la création. Et Jésus ressuscité a envoyé ses disciples pour sauver le monde entier: “Allez, enseignez toutes les nations; baptisez-les au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit.”

Maintenant des peuples entiers ne connaissent même pas ton Nom, Père, ou ne savent pas que Tu es Père. Père, nous as-Tu abandonnés? As-Tu oublié ta tendresse? Ô Père, souviens-Toi que Tu es Père, et que ton Fils est venu chez nous pour nous faire découvrir ton Amour. Et qu’Il est mort pour nous. Ô Père, souviens-Toi de ton Amour de Père, souviens-Toi que Tu es notre Père! Montre-nous ta miséricorde!

Pourquoi Te caches-Tu, Père, et pourquoi Jésus semble-t-Il absent?  

Père, nous sommes tous des pauvres très pauvres, ces pauvres très pauvres que Jésus a tellement aimés qu’Il est venu chez nous, de ta part, Père, pour nous enrichir de son Amour infini, ton Amour.

Contemplons Jésus sur la Croix, et essayons de comprendre sa Miséricorde infinie qui regarde le monde:

Méditation au pied de la Croix: la Miséricorde de Dieu

Jésus, du haut de la Croix Tu contemples le monde, Tu contemples les hommes pécheurs qui ont rejeté Dieu. Ton Corps en croix grandit, Seigneur. Jésus crucifié Tu grandis, Tu domines le monde, et Tu vois notre misère, notre néant, et Tu T’adresses au Père: “Père, pardonne-leur, ils sont si petits!” Tu grandis, Jésus, mais Tu ne veux pas encore reprendre ta taille divine, Tu ne veux pas encore retrouver ton échelle de Dieu. Tu veux revenir encore quelques jours pour revivre et demeurer avec les hommes, pour qu’ils croient en ta Résurrection, qu’ils voient ton Ascension, et que Tu leur envoies l’Esprit.

Jésus, qui se passe-t-il? La Croix sur laquelle Tu es cloué se met à grandir, à grandir... Tu quittes l’échelle des atomes, l’échelle des hommes de la terre pour rejoindre le Père dans son échelle à Lui. Ta Croix grandit, Seigneur, elle domine le monde. Ta Croix devient Toi, devient ton Corps, devient ton Cœur, et tes grands bras accueillent les hommes. Car les hommes quittent la terre, pénètrent dans l’immense Croix que Tu es, et viennent s’intégrer à ton Corps qu’ils construisent.

Nous sommes sur la terre, et pourtant, en esprit, nous regardons la terre. Nous ne sommes que des atomes de ton Corps, et chacun de nous regarde les autres “atomes” du monde des hommes où nous vivons encore. Ton amour rayonne de ta Croix et illumine les mondes. Quelques rayons atteignent la terre qu’ils enveloppent. La terre est baignée de ton amour. Ton Amour, Jésus nous touche, nous illumine, nous aspire... Nous montons vers Toi, Jésus; nous ne ne savons plus rien que ton amour, que ta miséricorde, la Miséricorde de Dieu. Jésus, nous ne savons plus rien que ton amour, que ton bonheur, que ton bonheur qui est le nôtre et qui sera notre béatitude.

Prière

Jésus, vois ta création, vois l’Homme dont Tu T’émerveillas après l’avoir fait: “Dieu vit que cela était très bon”. Jésus, vois ta création que Tu aimes tant...

Ô mon Dieu, Trinité que j’adore, regardez votre grande main: dedans, il y a toute la création. Il y a les anges, les mondes matériels, les mondes vivants, et l’Homme, l’Homme que Vous aimez et que Vous êtes venu visiter personnellement. Ô mon Seigneur, regardez votre création: votre Amour l’englobe tout entière. Votre Amour, Seigneur, aime toute la création, mais, parce que telle fut votre volonté, Vous aimez particulièrement la Terre. Et avec un Amour infini, prévenant, Vous l’avez amoureusement modélée, ciselée, pour en faire la maison d’accueil de l’Homme, votre préférence.

Jésus, quand la Trinité eut créé la Terre et y eut mis les hommes, Tu l’aimas, et Tu la caressas, et Tu rêvas du jour où Tu viendrais la visiter. Car Tu aimais aussi l’humanité, ton œuvre merveilleuse et capable d’amour, et tes grands bras de Fils du Père, s’étaient largement étendus pour accueillir tous les hommes que Tu aimais tant.

Hélas! trompés par l’Ennemi, les hommes ont péché, et leur péché est grand, mais Tu nous aimes toujours. Alors, Jésus, s’il Te plaît, en ces jours douloureux où nous péchons encore, Jésus, montre-nous ta grande Miséricorde. Jésus, regarde la grande Main qui contient la création. Du Cœur de Dieu, ton Cœur, partent les rayons d’Amour qui baignent tous les mondes. Mais regarde bien, Jésus, parmi tous ces rayons, il en est un qui brille plus que les autres.

Regarde Jésus, ce rayon merveilleux de ta lumière d’Amour. Regarde, Jésus, regarde bien toutes les poussières d’amour qui vivent dans ton Amour. Le monde est noir autour de ton rayon d’Amour, mais dans la lumière de ton rayon d’Amour, beaucoup d’âmes Te prient, Te supplient, et T’aiment Seigneur. Regarde, Jésus, comme elles sont petites toutes ces âmes baignées dans ton Rayon d’Amour, et qui pleurent des larmes d’amour. Regarde, Jésus... Elles Te prient pour les hommes qui ne sont plus dans ce rayon d’Amour. Elles Te prient et Te supplient Jésus. Regarde bien, Jésus.

Regarde, Jésus, cette minuscule fraction de ta création, regarde tous ces hommes que Tu aimes d’amour mais qui ne le savent pas. Regarde, Jésus l’humanité que Tu chéris. Souviens-Toi de ta prière au Père quand Tu mourais sur la Croix: “Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font.”

Regarde Jésus combien est petite l’humanité que Tu créas. Regarde! Elle est si petite, et Toi, Tu es si grand. Ô Père tout puissant, écoute l’Amour du Fils qui Te prie et viens nous pardonner.

Jésus aime que nous priions le Père en son Nom. Il a même dit: “Tout ce que vous demanderez à mon Père, en mon Nom, Il vous l’accordera.”  Alors nous supplions le Père, au nom de Jésus:

Prière au Père

Père, au Nom de Jésus, ton Fils Bien-Aimé, Père, au Nom de Jésus ton Enfant crucifié pour nous, Père, au nom de Jésus je Te supplie: Père, au Nom de Jésus, agrandis le diamètre de ton rayon d’Amour, celui qui baigne l’Humanité. Ainsi tous les hommes retrouveront ton Amour. Père, cela ne devrait pas T’être bien difficile: Tu es si grand, si bon, si miséricordieux, et nous sommes si petits et si faibles... mais créés pour T’aimer...

Dieu nous a faits pour le bonheur: le don de la Loi

Dieu nous a faits pour le bonheur; et pour que nous le conservions, ce bonheur, Il nous a donné quelques règles simples, sa Loi, mode d’emploi du bonheur. Nous en avons déjà parlé: quand un homme achète une machine, quelle qu’elle soit, avant de la mettre en marche, et pour éviter tout désagrément, tout non fonctionnement, ou même toute détérioration, il commence par lire le mode d’emploi. Puis, pour se familiariser avec l’objet, il applique soigneusement les règles. C’est indispensable; c’est peut-être un peu contraignant, mais si l’on est intelligent, on s’aperçoit vite du gain de temps qui naît d’une bonne utilisation.

Seigneur, ta Loi, celle que Tu nous donnas comme mode d’emploi du bonheur auquel Tu nous destinais, ta Loi est la loi de l’amour. Seigneur, Tu nous fais un cadeau inestimable: la vie, et pour que nous utilisions au mieux ce don merveilleux, et le bonheur qui jaillit d’elle, Tu nous donnes de précieux conseils: le mode d’emploi du bonheur, la Loi de ton Amour.

Quel bonheur! Quelle envie folle de chanter, de danser!

Pourtant, il subsiste toujours en nous une souffrance étrange et une question lancinante: nous avons cassé le bonheur; que faire pour le réparer, que faire pour redonner vie à la vie? Comment réparer nos erreurs? Comment recevoir la Miséricorde de Dieu et ne pas la décevoir?  L’exemple que nous donnent les saints est-il une réponse adéquate pour tous les hommes?

Les mystiques que le Seigneur combla de ses dons, de son amour, furent aussi comblés de ses souffrances. À certains Jésus partagea sa Croix. Et la Croix devint leur bonheur. Avec Jésus ils réparaient les cassures qui détruisaient le bonheur. Avec Lui, ils recollaient les brisures: leurs souffrances étaient terribles, mais c’étaient les siennes qu’ils vivaient.  Est-ce pour cela que le bonheur qu’Il partage à ses saints, a un goût de douleur, car l’amour est douleur; l’amour ne peut être que douleur.
 

   

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