Vous observerez fidèlement les commandements
de Yahvé votre Dieu, les ordonnances et les règles
qu’Il vous a commandées...
Ainsi le bonheur viendra sur toi.
(Deut 6, 17 et 18)

3 - La création et la Loi

Seigneur! Nous ne comprenions pas combien Vous nous aimiez, et nous avons péché, comme des gosses stupides, pour voir... Sans penser aux conséquences, sans réfléchir, par orgueil, pour être comme des dieux, sans d’ailleurs savoir ce que cela voulait dire, juste pour suivre le tentateur.

Et Vous, Seigneur, comme un Père, Vous avez d’abord grondé vos enfants et les avez laissés à eux-mêmes, pour qu’ils jugent, par eux-mêmes, ce que cela signifie: être séparé de Vous. Bien sûr, Vous ne les aviez pas abandonnés et quand Vous avez vu qu’ils étaient vraiment trop malheureux, Vous avez envoyé le Fils, pour qu’Il prenne sur Lui notre péché, le péché du monde. Et qu’Il l’expie à notre place!...

Mais nous étions tous blessés, et votre Fils a inventé l’Eucharistie pour rester parmi nous, près de nous, près de chacun de nous, pour panser nos blessures, pour nous accompagner, pour essuyer nos pleurs, pour nous aimer. Pour nous redonner la vie éternelle que nous avions reçue au moment de notre création, pour nous rendre le bonheur que nous avions perdu.

La Création et ses lois

Un jour, Dieu créa le Big Bang... La goutte d’énergie explosa et emplit l’Univers qui se faisait. Le Temps était créé en même temps, l’Univers des temps, des temps tous relatifs aux repères retenus. Dieu créa-t-Il un Univers et un Temps en expansion continue comme le pensent de nombreux astronomes; ou bien a-t-Il établi un univers qui se contractera un jour quand il aura atteint son maximum, selon d’autres astronomes: l’univers serait alors comme une monstrueuse respiration. De telles perspectives sont vraiment terrifiantes, mais au fond elles nous concernent assez peu...

L’univers, quel qu’il soit, est géré par les lois, dites naturelles, celles que Dieu lui a imposées au moment de sa création. Les hommes peuvent, en fonction de ce qu’ils sont, et pensent, imaginer deux catégories, contradictoires, pour qualifier ces lois, et le qualificatif retenu est très important, car il oriente toute la compréhension de la vie des hommes et de leur avenir.

Premier choix: les lois naturelles sont considérées comme aveugles, irrémédiablement. L’homme survient, comme ça, sans raison, par le fait du hasard. C’est ce que croient les athées, ou ce que feignent de croire tant de gens qui refusent Dieu, ou qui font peut-être semblant de ne croire à rien car cela les arrange bien. Selon eux, l’homme né du hasard mourra par le même hasard. Il disparaîtra de l’univers n’ayant été qu’un accident bizarre, voire regrettable. Il disparaîtra de toute mémoire, de celle de l’univers, et de celle de Dieu, ce démiurge aveugle qui d’ailleurs n’existe pas. Mais si Dieu perd la mémoire, Il n’est pas Dieu, donc Il n’est pas, donc il n’y a pas de Créateur... et pas de Big Bang. On est dans une effroyable impasse. 

Deuxième choix: les lois dites naturelles sont, en fait, les lois de l’Amour, Dieu étant Amour de par sa nature. Alors Dieu admire ce qu’Il a fait et aime ce qu’Il a créé. Il se complaît dans ses oeuvres qu’Il admire, qu’Il contemple: “cela était très bon!” L’homme est son chef-d’oeuvre, son image dans laquelle, un jour Il contemplera son Fils incarné, son Unique. Des relations se créent entre Dieu et les hommes, des relations amoureuses surtout, car Dieu Amour a versé l’amour dans le coeur des hommes... Cela signifie que nous existons bien et que nous sommes aimés.

Certes, nous n’existons pas par nous-mêmes; par nous-mêmes nous ne pouvons rien faire, c’est sûr. Mais puisque Dieu nous a voulus et qu’Il nous aime, et qu’Il veut nous faire participer de sa vie divine, alors, nous “sommes” aussi un peu. Nous “sommes” puisque nous sommes dans la pensée de Dieu et dans son Amour. Et, étant dans sa mémoire immuable, nous sommes immortels.

Pourtant un curieux paradoxe peut subsister dans la pensée de l’homme. Si Celui qui EST nous a pensés et voulus, nous “sommes”, et si donc nous “sommes”, pourquoi Jésus a-t-Il dit un jour, à Catherine de Sienne: “Moi, Je suis. Toi, tu es celle qui n’est pas.”?

Toutes ces questions, ces apparentes contradictions qui sont notre vie, nous ne les éliminerons jamais totalement. Mais l’homme intelligent et de bonne volonté, peut essayer d’y voir plus clair en réfléchissant à la Création, à la Loi de Dieu, au péché qui déséquilibra tout, et à la miséricorde de Dieu. À la fin, il aura trouvé, ou retrouvé, le vrai bonheur.

3-1-La création, le temps et l’homme

Essayons d’imaginer le cadeau que Dieu fit aux hommes en leur donnant la vie. Au commencement -quel commencement?- Dieu fit le ciel et la terre. Que fit Dieu en réalité? Nous n’en savons rien, et pourtant, de tous temps, les hommes ont tenté d’imaginer l’inimaginable...

Quand Dieu était seul dans sa Trinité sainte, quand les trois Personnes divines s’abîmaient dans l’Amour qui était leur Essence commune de Dieu Un et trine, il n’y avait rien d’autre que Lui. Cela, nous ne pouvons pas l’imaginer, mais cela est. Que faisait Dieu? Il était heureux, très heureux même, car étant Amour, Dieu avait déjà et depuis toujours, dans sa Pensée éternelle, éternellement présente, Dieu avait, dans sa Pensée et son Cœur, l’Œuvre merveilleuse qui serait, qui était déjà, sa Création. Car la Création était, depuis toute éternité, en Dieu, dans sa pensée et dans son Cœur. La conjugaison à l’imparfait, utilisée ici, n’exprime pas la réalité de Dieu, mais seulement l’effort de l’homme, qui est du temps et dans le temps, pour exprimer Dieu, éternel et dans l’éternité.

Dieu est hors du temps, et sa Création est aussi hors du temps puisqu’elle est dans sa Pensée éternelle. Pourtant, Dieu fit en sorte que les êtres qu’Il “pensait” soient, durant quelques instants... -quelques instants? mais lesquels?- Dieu fit en sorte que les êtres auxquels Il pensait en Lui-même, soient des êtres capables de L’aimer, donc libres, tout en étant contingents, dépendant totalement de la Pensée créatrice. 

Hors du temps, Dieu créa l’Univers et les temps. Il fit le ciel et la terre, et ce faisant, Il créait le temps terrestre, un temps qui est et restera dans l’éternité de Dieu, tout en en étant momentanément séparé pour pouvoir accueillir la vie. Car Dieu voulait créer la vie. Donc, un jour du temps, avec une molécule de la matière terrestre, Dieu créa une cellule de vie. Comment était-elle? Nous ne le saurons jamais. Peut-être était-elle comparable à une de ces cellules élémentaires que nous commençons à connaître, ou à une molécule primaire à qui Dieu fit, un jour, le cadeau de la vie. Cette cellule était seule, mais, grâce au cadeau de la vie que Dieu avait mis en elle, elle commença à se scinder en deux, en quatre, et à constituer une multitude d’autres cellules. Grâce au cadeau de la Vie que Dieu lui avait fait, ces cellules commencèrent à s’associer, à s’organiser, à évoluer lentement, conformément au désir éternel de la Pensée divine, à créer de nouveaux êtres vivants, indépendants des cellules mères qui les constituaient. Dieu, dans son bonheur éternel, contemplait son œuvre, Il la voyait se construire, se développer, et Dieu l’aimait.

Dieu aimait déjà son œuvre encore embryonnaire, mais Dieu n’était pas satisfait. Dans sa Pensée éternelle Dieu “voyait” des êtres sensibles, car pour qu’une créature puisse aimer, elle doit d’abord être sensible. Voici que Dieu contemplait l’Œuvre éternelle que sa Pensée éternelle mettait au sein d’une autre de ses créatures: le temps.

Dans le temps, les êtres vivants, heureux du cadeau de la Vie qui leur avait été confié, se développaient merveilleusement: elle est belle et extraordinaire la nature que la Pensée éternelle ne cesse de concevoir dans son éternel Présent divin. Elle est belle et bonne, mais Dieu devait ajouter quelque chose pour que, dans le temps qu’Il avait créé pour elles, les créatures animées puissent aimer. C’est alors que Dieu éternel et éternellement Présent “inventa” la sensibilité. Les animaux désormais pouvaient aimer et s’aimer...

Et voici le Miracle... Un “jour” éternel de son éternité, mais un jour de notre temps, pour que sa création puisse L’aimer, Dieu choisit l’une de ses créatures, un être plus perfectionné que les autres, plus capable d’amour aussi, et, pour en faire un vivant à son image, Il instilla en elle une âme intelligente et apte à Lui rendre amour pour Amour: l’Homme était né.

Dieu, aujourd’hui, dans l’aujourd’hui de son éternel présent, aujourd’hui Dieu crée chacun de nous; aujourd’hui, Il fait à chaque homme le cadeau de la Vie; aujourd’hui Il instille dans chaque homme l’âme que son Cœur lui réservait de toute éternité, mais qu’Il fait entrer, aujourd’hui, dans le temps, l’aujourd’hui du temps, pour qu’il puisse L’aimer. Alors l’homme peut aimer Dieu... Nous pénétrons dans un mystère stupéfiant, un Mystère qui nous dépasse infiniment, car ce Mystère, c’est Dieu. Nous sommes dans le temps, et pourtant, il nous semble que nous venons de l’éternité. Nous sommes depuis toujours dans le Cœur de Dieu, mais voici qu’Il nous place dans le temps pour que nous puissions Lui dire: “Je T’aime!”

Nous sommes dans le temps, créatures placées dans le temsp, et pourtant nous venons de Dieu, de l’éternité de Dieu qui, depuis “éternellement”, nous pense et nous donne le cadeau de sa Vie. Quel vertige! 

Notre vie se déroule dans le temps, et c’est dans le temps que les hommes doivent se construire. C’est dans le temps que chaque homme doit apprendre à aimer, à aimer comme Dieu veut qu’on aime. C’est dans le temps que l’Homme participe à l’Œuvre de Dieu, c’est dans le temps que l’Homme prépare l’éternité dans laquelle il pourra entrer pour rejoindre la Pensée de Dieu qui l’a pensé de toute éternité. Ô Dieu! Ô Jésus, Verbe de Dieu, Parole éternelle du Père avec qui Tu es UN! Ô Esprit de l’Amour du Père et du Fils! Ô Trinité Sainte, nous Vous adorons et nous Vous aimons. 

Nous ne savons pas ce “qu’est” Dieu, mais Il est, et cela, nous ne pouvons pas le nier. C’est une évidence telle que lorsque nous refusons de la voir, nous tombons dans un néant pire que l’Enfer, car nous nous retrouvons seuls, dans le vide absolu, un vide atroce, impossible à imaginer, le vide-néant, pire que celui de nos physiciens, vide qui est aussi une créature.

Donc Dieu EST: c’est une certitude. Mais quel est ce Dieu créateur? Peut-on dire: “QUI est ce Dieu?” Est-ce un Dieu intelligent mais “aveugle”, sans amour pour les êtres qui naissent de Lui, ou est-Il Dieu-Amour qui s’est révélé à nous? Nos cœurs nous disent: “Dieu est Amour.” Mais est-ce sûr? De nouveau nos intelligences défaillent...

3-2-Prédestination. Le jardin de Dieu

Au moment précis où Il nous pensa, au moment où Il nous créa, Dieu nous  prédestina. Dieu nous a modelés avec Amour, en pensant à la place que nous occuperions quand, purifiés et sanctifiés, nous serions appelés à prendre notre place dans son jardin, le jardin de Dieu. Oh! pas n’importe quelle place. La nôtre, celle qui nous attend de toute éternité. Celle, l’unique, pour laquelle chacun de nous doit se préparer, celle à laquelle chacun d’entre nous est prédestiné.

Dans le jardin de Dieu il y a des milliards de plantes: de très grandes, magnifiques, superbes, qui attirent tous les regards et produisent beaucoup de fruits: ce sont les arbres de toutes sortes qui peuplent le monde des élus. Il y a aussi des plantes qui produisent des fleurs en abondance et dégagent des arômes puissants, ou des senteurs délicates. Elles sont belles et on ne se lasse pas de les admirer.

Dans le jardin de Dieu, il y a encore bien d’autres plantes, extérieurement moins belles, mais si utiles, et si nécessaires. Et si bonnes, si complaisantes, si dévouées. Ce sont les gros légumes, les choux, les carottes, ou bien les asperges et les artichauts, et tous les autres bons légumes aux saveurs merveilleuses... Comme ils sont beaux! dit-on en les contemplant, comme ils sont étonnants et appétissants! Et chacun est à sa place, chacun s’épanouit à l’aise et heureux dans le jardin de Dieu. Chacun a réalisé, sur la terre, la vocation qui se transformerait en bonheur infini dans la Gloire et pour le plaisir de Dieu.

Dans le jardin de Dieu il y a aussi toutes sortes d’autres plantes qui semblent ne servir à rien. Elles sont là, simplement. Elles sont, et elles sont heureuses. Elles tapissent les parterres, elles fournissent les gazons, elles créent des diversions. On peut s’asseoir dessus, elles se laissent faire. Dieu les a mises là pour le confort des autres. Dans le jardin de Dieu, il y a tant de plantes, tant de belles plantes que jamais on n’arrivera à les connaître toutes; car il y a aussi de toutes petites plantes, des plantes inutiles, des plantes minuscules, qui semblent se cacher: elles sont si petites, si insignifiantes, si fragiles. Le Seigneur se serait-il trompé en les créant, ces pauvres petites choses qui ne servent à rien dans le jardin de Dieu?

Dans le jardin de Dieu, il y a tant de si petites plantes qui ne servent à rien... des plantes oubliées, car elles sont trop petites et personne ne les voit. Personne ne les voit, sauf Dieu.

Regardez le Seigneur, contemplez-le! Admirez la façon dont Il se penche avec amour sur ces petites plantes, ces minuscules plantes. Regardez, Il en cueille une de ses doigts délicats. Il la regarde avec Amour, un Amour extraordinaire. Il la contemple longuement, Il la caresse même. Il respire son parfum, un parfum très subtil, aussi délicat qu’elle, un parfum qui réjouit le Coeur de Dieu.

Dieu s’attarde sur la minuscule créature qui réjouit son Coeur, son Coeur de Dieu. Dieu se repose en contemplant cette petite plante si parfaite, si pure, si aimante, cette petite plante qui n’a qu’une mission, qu’une vocation dans le jardin de Dieu: l’Amour. Voyez, elle n’est pas à plaindre, la petite plante qui a reçu la meilleure part, car... Dieu est si content d’elle, qu’après l’avoir cueillie et longtemps regardée, Il la met sur son Cœur. Elle, heureuse, se laisse faire...

Dieu aime chacune des plantes de son jardin, c’est-à-dire chacun des hommes que nous sommes. Dieu aime chacun de nous d’un Amour de prédilection. Chaque plante est sa préférence, chaque fleur est sa préférée. Il sourit en regardant ses bons légumes, Il admire ses arbres qui portent tant de fruits, Il se réjouit devant ses belles fleurs. Et Il fond d’Amour quand Il cueille une petite plante. Chaque plante est irremplaçable car chacune apporte à Dieu la joie qu’Il avait prévue, la joie qu’Il se réservait.

Et le bonheur de chaque plante du jardin, c’est de répondre à sa vocation, à sa place, à sa mesure, dans le jardin de Dieu. Chaque âme est une plante du jardin et chaque âme a sa mission, sa vocation, sa place. Dans le jardin de Dieu un bonheur attend chaque plante: son Bonheur.

Le Seigneur nous a mis sur la terre pour accomplir une tâche, celle qui est nôtre aujourd’hui: la tâche qui nous prépare à notre vocation éternelle dans le jardin de Dieu. Et sur la terre, il faut se laisser façonner pour devenir la petite plante qui ornera son jardin, qui Lui fera plaisir, et qu’Il aimera, qu’Il aime déjà. Dieu façonne et modèle chaque petite plante pour qu’elle devienne sa fleur préférée... La prédestination, c’est cela.

La prédestination! Ce mot a fait couler tant d’encre et alimenté tant de polémiques et tant d’hérésies! Pourtant, la prédestination, c’est de l’amour, c’est du bonheur.

Relisons Saint Paul dans l’Épître aux Romains (Rom 8, 28 à 30): “Nous savons aussi qu’avec ceux qui L’aiment, Dieu collabore en toutes choses pour leur bien, eux qui sont ses élus selon son libre dessein. Car ceux qu’Il a connus d’avance, Il les a aussi prédestinés à reproduire l’image de son Fils, afin qu’Il soit le premier-né d’une multitude de frères. Or ceux qu’il a prédestinés, Il les a aussi appelés; ceux qu’Il a appelés, Il les a aussi justifiés; ceux qu’Il a justifiés, Il les a aussi glorifiés.”  

La prédestination n’a rien à voir avec le salut éternel. Le Créateur n’a pas créé l’humanité pour la damner. Jésus, le Verbe de Dieu, est venu délivrer du péché tous les hommes, et les sauver tous, tous, sans exception! Pour tous Il a donné sa vie et versé son sang. Il nous a tous connus individuellement lors de son agonie à Gethsémani, le long de son chemin de Croix, et au moment de sa mort. Tous!

Mais les hommes sauvés par Jésus, le Verbe de Dieu, le Fils unique, ont à construire le Corps mystique dont le Christ est la tête, ce Corps du Christ, Pont Mystique entre Dieu et les hommes. Pour construire ce Corps mystique dans lequel chaque homme aura sa place, fixée d’avance par le Dieu créateur, pour construire ce Pont, chaque homme, conçu de toute éternité dans la pensée de Dieu, a reçu une mission spéciale, une vocation propre, un bonheur particulier. C’est aussi cela la prédestination. Et c’est bien facile à comprendre.

Imaginons un artisan, peu importe lequel, qui fabrique, à l’unité ou en série, des objets destinés à un usage particulier: un potier, un verrier, un fabricant de chaussures, un cuisinier, un tailleur, etc...

Pour fixer les idées prenons par exemple le fabricant de chaussures. Il a dessiné plusieurs modèles qu’il doit produire en série. Ensuite, à chaque paire de chaussures, il apporte une petite modification pour répondre aux goûts des clients ou à la forme de leurs pieds. Il travaille d’abord en série, mais il individualise chaque unité. Rien n’est laissé au hasard: il adapte chaque soulier à sa future fonction, et cela il le fait avec amour.

Ensuite il y a les modèles qu’il doit faire en nombre limité pour répondre à quelques besoins particuliers. Et puis il y aura les modèles uniques, sur lesquels il travaillera plus longtemps et avec un amour de prédilection: ce seront ses oeuvres d’art à lui, la manifestation de son talent, sa fierté! (Voir Annexe 1 - Retour sur la prédestination)

Tous les modèles sont aimés, tous les modèles ont demandé l’amour de l’artisan et la mise en oeuvre de tout son savoir-faire. Mais tous ces modèles ne sont pas destinés à remplir la même tâche: à l’avance ils ont été pensés, ils ont été prédestinés. Et cela, dans l’amour.

C’est cela la prédestination: avec un Amour incommensurable, Dieu, de toute éternité a pensé chacun de nous, a façonné chacun de ses enfants avec une tendresse pleine de sollicitude et de bienveillance. Tous, nous sommes dans l’Amour de Dieu, l’objet d’un Amour de préférence, mais nous ne sommes pas prédestinés à remplir tous la même fonction: nous n’avons pas la même vocation. Nous sommes faits pour une tâche bien particulière, celle que Dieu nous a réservée de toute éternité, et pour laquelle, de toute éternité, Il nous a préparés, c’est-à-dire prédestinés. C’est là seulement que nous serons heureux. C’est là, et c’est là seulement, que, déjà dans notre vocation terrestre, nous deviendrons un jour, ivres de bonheur, des fontaines de joie, des fontaines d’amour.

Prière

Seigneur, donnez-nous votre Amour, donnez-nous votre joie. Faîtes que nous devenions des fontaines de joie, des fontaines d’Amour, mais selon votre Coeur... Et toujours pour donner votre Amour. Ô Dieu plein d’amour, gardez-nous près de Vous, en Vous, dans votre Coeur.

3-3-La faute et la liberté

Revenons à la Création, à la Création de l’homme et aux commandements de Dieu. Tout était bon dans la Création sortie des mains de Dieu. Et l’homme était très bon et Dieu l’aima. Alors pourquoi l’Amour dont Dieu aima l’homme fut-il assorti d’une loi qui peut nous apparaître comme un carcan, une contrainte exagérée. Dieu dit à l’homme: “Vois-tu, tu es dans mon merveilleux jardin où tout est bon pour toi. Tout est à ta disposition et tu peux manger de tout ce qui y pousse. Tu peux manger de tous les fruits savoureux que Je te donne, absolument de tous. Mais tu ne mangeras pas les fruits de l’Arbre de la connaissance du bien et du mal: ils sont trop dangereux. Tu ne dois pas en manger, sinon tu mourrais.”

Dieu aimait l’homme et Il faisait ses délices de sa compagnie. Dieu aimait l’homme, et l’homme aimait Dieu. Il y avait entre Dieu et l’homme une intimité extraordinaire, un amour étonnant et comme une sorte de complicité. Le soir, Dieu venait visiter l’homme pour se promener avec lui dans le Jardin. Ensemble ils admiraient les plantes aux multiples couleurs, aux multiples fonctions, aux parfums et aux goûts si variés. Ensemble ils caressaient les animaux qui peuplaient la forêt et toutes les bêtes des champs. Les cactus ne piquaient pas et les moustiques enchantaient la nature avec leurs musiques mélodieuses. Dieu était heureux, et son bonheur rejaillissait sur l’homme. L’homme aussi était heureux avec Dieu, et jamais il ne pensait à l’Arbre au fruit défendu.

L’homme ne pensait jamais à l’Arbre au fruit défendu. D’ailleurs, pourquoi y aurait-il pensé? Il avait tout à profusion, tout était si beau et si bon, et Dieu était là qui le comblait de son Amour. Dieu avait créé l’homme, libre; et Dieu aimait l’homme... Tout est contenu dans ces deux phrases. Car l’Amour est don, et l’Amour est réciprocité. L’Amour est don libre et crée la réciprocité. Sans le vouloir, nous rejoignons la Sainte Trinité. Le Père génère le Fils; le Père aime le Fils d’un Amour infini, et le Fils aime le Père d’un même Amour infini. Le Père aime le Fils et le Fils rend au Père cet Amour infini: car si le Fils ne rendait pas au Père l’Amour qu’Il en reçoit, il n’y aurait pas d’Amour. Et l’Esprit qui est l’Amour mutuel du Père et du Fils, l’Esprit qui procède du Père et du Fils n’existerait pas. Et la Sainte Trinité ne serait qu’un vain mot. Et la Trinité ne serait pas famille. Et l’Amour ne serait pas... car L’Amour est don. L’Amour pour exister doit donner et recevoir.

Dans son Amour infini Dieu créa l’homme. Dieu a tout donné à l’homme. L’homme a tout reçu de Dieu. L’homme n’existe que par Dieu. L’homme reçoit tout et n’a rien à donner en échange à Dieu. Or Dieu aime l’homme et l’Amour nécessite la réciprocité. Alors comment l’amour pourrait-il exister entre Dieu et l’homme, si l’homme n’avait rien à donner en échange de tout ce qu’il reçoit? Dieu qui aime l’homme à qui Il a tout donné va donc donner à l’homme le moyen de lui prouver aussi son amour, le moyen de L’aimer, et de L’aimer librement.

 Tu vois, dit Dieu à l’homme, Je t’aime. Je t’ai fait libre pour que tu puisses M’aimer. Je sais que tu n’as rien à Me donner puisque tu reçois tout de Moi. Alors voici que Je te donne quelque chose qui viendra de toi, et qui te permettra de M’aimer, de Me dire: je T’aime. Vois cet Arbre du jardin: il est bon comme tous les autres. Je te demande de ne pas y toucher, ainsi, tu auras quelque chose à m’offrir librement. Tu as tout à profusion dans le jardin, tu n’as donc pas besoin des fruits de cet Arbre dont le goût est comparable à celui des autres arbres qui sont à ta disposition. Tu ne toucheras pas à cet Arbre, et cela seulement par amour pour Moi. Pour Me prouver librement que tu M’aimes. N’y touche pas, sinon tu perdrais l’Amour, et perdre l’Amour, c’est pire que la mort.”

L’homme ne pensait jamais à l’Arbre au fruit défendu, jusqu’au jour où le serpent... Et voici que naquirent dans le cœur et l’esprit de l’homme des questions insolites. Adam et Êve étaient troublés, ne sachant comment répondre à ces doutes qui s’étaient infiltrés en eux: pourquoi Dieu avait-Il placé, là, dans le jardin, cet Arbre splendide au parfum délicieux? Pourquoi avait-il imposé à l’homme de ne pas y toucher? Pourquoi cette défense bizarre et arbitraire? Pourquoi cette interdiction, pourquoi un tel ordre? Pourquoi?

 Mais à cause de l’Amour! Et parce que l’homme est libre! murmurait en eux la voix douce et familière de Dieu.

 À cause de l’Amour? Comment des commandements peuvent-ils naître de l’Amour? C’est absurde! L’Amourne peut pas imposer de contrainte. “Aime et fais ce que tu voudras!” dira un jour Saint Augustin. Pourtant, Dieu qui a créé l’homme libre, lui impose des commandements! N’y a-t-il pas dans tout cela une multitude de contradictions?

Les hommes ont touché l’Arbre; ils ont mangé son fruit, et ils ont perdu l’Amour. Pire, le mal allait ravager la terre des hommes. Mais Dieu est Miséricorde, et, Père, Il a d’abord donné sa Loi pour préserver les hommes des attaques du mauvais, et pour qu’ils apprennent à revenir à Lui, le Père plein d’amour et de miséricorde. Puis, quand le Peuple qu’Il avait choisi pour mettre sa Loi en pratique fut prêt, du sein de la très sainte Trinité, Dieu unique, Dieu-le-Père envoya Dieu-le-Fils pour que l’humanité tout entière soit sauvée, et qu’elle redécouvre l’Amour dont elle est aimée par son Créateur.

   

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