3 - La création et la Loi
(suite)

3-3-1-La parabole de R. A.

Pour bien comprendre ce qu’est la faute de l’homme et la Miséricorde de Dieu, revenons à l’instant de la création, et imaginons un Savant, aussi savant qu’il était bon. Il venait de “créer” un androïde absolument parfait. Ce petit humanoïde, totalement mobile, savait tout faire, savait tout comprendre. Il pouvait se déplacer seul, faire toutes les opérations qu’il souhaitait. Il pouvait penser, et il avait même des sentiments. Son “créateur” avait su, à partir des éléments matériels dont il disposait, fabriquer un être exceptionnel auquel il avait insufflé de l’intelligence et de l’amour. Le savant était vraiment content de son oeuvre.

Alors le Savant avait placé son Robot-Androïde (R. A. pour les intimes) dans un environnement adéquat, parfaitement adapté à ses besoins et à sa vie. Il pouvait faire ce qu’il voulait, aller où il voulait: il était libre. Le Savant n’avait pas ménagé ses dons: il voulait que son petit robot soit heureux. Une seule contrainte avait dû être imposée: R.A. ne devait jamais pénétrer dans le laboratoire du Savant, car c’était beaucoup trop dangereux. Partout il y avait des rayonnements nocifs, des rayons alpha, bêta, gamma, des ondes de toutes sortes, des courants électriques, magnétiques, cosmiques etc... des particules de toutes catégories, des trous noirs, des accélérateurs, et même des anti-matières. Il n’y avait que le savant qui pouvait manipuler ces forces redoutables que lui seul pouvait maîtriser.

R. A. ne se souciait nullement du laboratoire; il était pleinement heureux et sa joie faisait plaisir à voir. Mais un jour une curieuse voix étrangère lui demanda pourquoi il n’allait jamais dans le laboratoire. R. A. haussa les épaules: il ne savait donc pas, celui-là, que c’était trop dangereux? Pourtant la voix continuait, insidieuse. Le Savant ne veut pas que tu entres dans son laboratoire car tu deviendrais aussi savant que lui... R. A. haussa encore les épaules. Pourtant quelque chose était comme fêlé en lui, et R. A. était moins joyeux. Un jour, sans même savoir ce qu’il faisait, il ouvrit la porte du laboratoire et se prit les pieds dans un fil qui traînait là. Il reçut aussitôt une énorme décharge électro-magnéto-cosmique, et il sentit sa carcasse, comme si elle se désagrégeait. R. A. perdit connaissance.

Le Savant qui travaillait dans le laboratoire comprit tout de suite de quoi il s’agissait. Il se pencha sur ce qui restait de R. A. et soupira: les dégâts étaient énormes. À ce moment R. A. reprit connaissance; il voulut bouger, mais il ne le put: il avait trop mal. Il ressentait partout dans son corps quelque chose qu’il n’avait jusqu’ici jamais expérimenté: la douleur. Le Savant lui dit: “Mon pauvre petit, tu es vraiment mal en point. C’est E.N. qui a fait cela. Tu ne peux plus rester ici, maintenant, dans l’état où tu es; mais ne t’inquiète pas trop, je t’enverrai quelqu’un...”

R. A. pleura beaucoup. Peu à peu il retrouvait quelques forces, mais les blessures ne se fermaient pas. Et le monde alentour était devenu hostile. Et le Savant n’était plus là...

Dans son laboratoire, le Savant s’activait. Il fit venir son Fils tout aussi bon et savant que lui. Que pouvait-on faire pour R.A. Fallait-il le détruire? Non, cela n’était pas possible car, dès que quelque chose apparaissait dans la pensée du Savant, ce quelque chose existait, et existait pour l’éternité. Détruire une création du Savant, une création qui était dans sa pensée, aurait signifié détruire une partie de sa mémoire, et cela ne se pouvait pas. Tout être dans la pensée du Savant était, par nature, immortel. Le Savant et son Fils le savaient bien, eux qui avaient déjà vécu la révolte de E. N.

E. N. l’Être Noir. Le Savant ne pouvait s’empêcher d’y penser, et chaque fois il soupirait. Il était tellement parfait cet être fait de lumière, comme tous ces autres êtres de lumière qui étaient toujours avec lui. Pourquoi avait-il fallu qu’il prenne ombrage de R. A., ce pauvre petit, si parfait puisqu’il rassemblait en lui toute la création, mais justement si faible à cause de cela?

Le Savant conféra longuement avec son Fils. Ils envoyèrent d’abord quelques remèdes provisoires pour que R. A. puisse quand même continuer à vivre. Puis, il fut décidé que le Fils irait lui-même réparer R.A.

Quand le Fils arriva près de R.A. il fut effrayé: presque tout était à refaire. Alors il commença par retirer les carters tordus et toutes les pièces de protection endommagées. Il nettoya les rouages les plus envahis par les cambouis: en effet, les pièces de protection ne pouvant plus réaliser leurs fonctions, les poussières de toutes sortes s’étaient accumulées et dissoutes dans la graisse, ainsi privée d’une partie de ses qualités lubrifiantes. Dans ces conditions, les rouages délicats rouillaient, se grippaient et leur fonctionnement, quand il pouvait se faire, entraînait des douleurs détestables dans tout le corps.

Le Fils nettoya, redressa les pièces tordues, retira la rouille, remit de l’huile, mais ce n’était pas suffisant: la plupart des pièces étaient à réparer, à ré-usiner, à rôder, ou pire, à changer. Et chaque opération se révélait toujours très pénible...

Alors, il fallut tout démonter, retirer les fils conducteurs grillés et devenus inutilisables, tailler ici, tailler là. Parfois le Fils semblait découragé, d’autant plus que l’E.N. s’arrangeait toujours pour être là au moment où il fallait remettre en place un élément délicat. 

3-3-2-Explication de la parabole de R. A.

Il peut sembler étrange de comparer la vie humaine à la mécanique, mais c’est pour mieux la comprendre. Car un homme, c’est comme une machine: dès qu’une pièce est endommagée, c’est tout le corps de la machine qui en subit les conséquences et qui souffre. Et chaque réparation est aussi une cause de souffrance pour l’ensemble du corps. Même les pièces apparemment les plus inutiles, comme les pièces de protection, les carters par exemple, ont une fonction irremplaçable: éviter les salissures qui sont toujours des causes de grippages ou de pannes.

Le Fils travailla longtemps pour réparer R. A. Souvent il allait trouver le Savant, son père, pour conférer avec lui des meilleures décisions à prendre pour panser les blessures, aider leur cicatrisation, en un mot, redonner à R. A. sa beauté et ses forces initiales. Car plus le Fils travaillait sur l’oeuvre de son père, plus il l’aimait.

Le Fils conférait aussi avec le Savant sur la meilleure façon de venir à bout de l’E. N. c’est-à-dire du mal. Car il n’était pas possible de supprimer l’E.N. qui avait été une créature merveilleuse et qui pourrait le redevenir à condition que, librement, elle reconnaisse ses torts et sa sottise. Mais en attendant, l’E. N. était nocif et il fallait circonscrire ses actions.

Alors le Fils eut une idée extraordinaire. Il en parla très longuement avec le Savant, car R. A. était une merveille, la merveille de toutes les œuvres du Savant puisqu’elle était comme la synthèse et le résumé de toute sa création. Le Fils prendrait possession de R. A. qui deviendrait comme son Corps. Ainsi, R. A. serait rempli de tout l’amour de la famille du Savant. Et quand l’E. N. voudrait s’attaquer à R. A., c’est lui, le Fils qui prendrait les coups. Certes, les éléments du Corps, ses membres, sentiraient une part des douleurs du Corps, mais les dommages seraient amoindris et quoiqu’il arrive, R. A. serait sauvé.

Dieu s’attarda à regarder la terre, et l’Homme...

Dieu avait créé l’Homme libre, car il n’y a pas d’amour sans liberté. Mais Dieu n’était pas inquiet: malgré sa petitesse, malgré sa faiblesse (mais cette faiblesse de l’Homme, matière et esprit, c’est aussi sa grandeur), malgré sa fragilité, l’Homme saurait trouver Dieu et L’aimer librement, et être heureux dans son amour et sa liberté. L’Homme saurait trouver Dieu “qui éclate tellement dans sa création.”[1] 

Dieu est immense, infini, Dieu est la Puissance totale, sans limite, mais Puissance paternelle et amoureuse. Et Dieu ne cesse de contempler l’Homme et la terre: sa maison et son jardin. La terre est perdue dans l’univers, mais elle est dans la main paternelle et amoureuse de Dieu. Dieu est heureux et déverse ses grâces sur l’Homme et sur ses travaux avec une munificence débordante de paix et d’Amour.

Pourtant, aujourd’hui Dieu semblait inquiet. L’Être Noir, l’Être de mensonge rôdait beaucoup trop près de la terre, et ce n’était pas bon. Et Dieu voyait bientôt l’Homme écouter avec attention les sornettes de l’Être Noir. Dieu multipliait ses grâces et ses avertissemnts, mais l’Homme, comme subjugué par l’Être Noir qui s’était revêtu de clinquants et de fausses lumières, enfreignit la Loi qui était son bonheur. Hélas! l’Homme n’est pas Dieu, les hommes ne seront jamais comme des dieux. Au lieu des promesses mirifiques de l’Être Noir, c’est le désordre qui s’installa.

Dieu ne fut pas content, et Dieu, dans sa colère, détourna son regard de la terre et des hommes: “Après tout, pensait Dieu, puisqu’ils ne veulent pas de Moi, qu’ils se débrouillent tout seuls. Je laisse agir les causes secondes, ils verront bien ce qui arrivera... Moi, Je ne m’occupe plus d’eux.”

Les hommes ont vu ce que c’était que l’absence de Dieu. L’absence de Dieu, c’est le malheur, c’est l’esclavage, c’est la guerre, ce sont les calamités causées par des actions irréfléchies. L’absence de Dieu, c’est l’Enfer. “Tant pis pour eux, pensait Dieu, ils ont ce qu’ils ont cherché. Je les avais pourtant bien avertis... Dieu était toujours très fâché, et continuait à détourner son regard de la terre des hommes...

Dieu détournait son regard de la terre... Pourtant, comme malgré Lui, Dieu entendit des cris de détresse, des appels qui brisaient le Cœur. Et il y avait aussi, déchirantes, les plaintes et les prières des justes, des justes qui aimaient Dieu et essayaient d’aimer leurs frères. Alors Dieu n’y tient plus. Maintenant qu’Il avait entendu les cris de ses enfants, de ses enfants si malheureux, Dieu allait d’abord se manifester pour rendre l’espérance avant d’envoyer son Fils réparer les dégâts et ramener à Lui ses enfants dispersés...

Et Jésus, le Fils de Dieu, Jésus le Fils du Père, est venu parmi nous. Jésus est venu chez nous et a marché sur les routes du monde en faisant le bien. Jésus répand son Amour sur les chemins du monde et dans les cœurs des hommes. Jésus nous aime. Mais pour répondre à l’Amour de Jésus, il faut ouvrir son cœur, il faut accueillir sa parole, la Parole de Dieu. Jésus sème l’Amour et le bonheur dans le cœur de ses pauvres, dans le cœur des purs, dans le cœur des pacifiques et des justes. Mais Jésus qui est Dieu, Jésus qui est Amour, ne peut pas violer les libertés de ceux qui Le refusent.

Jésus, doux et humble de cœur, ne peut aller contre des libertés qui se refusent. Jésus ne peut vaincre Satan qu’en allant à l’encontre de ses méthodes perfides et destructrices. Jésus vaincra Satan par la vérité, par la douceur, l’obéissance au Père et l’humilité. Jésus ne pourra faire triompher son Amour qu’en prenant sur Lui tous les péchés des hommes et en vivant, dans sa chair, la dernière de ses Béatitudes: “Bienheureux serez-vous quand on vous persécutera et qu’on dira toutes sortes de mal à cause de Moi. Réjouissez-vous alors, et tressaillez d’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux.”

Jésus a été persécuté. Jésus a été torturé, Jésus a été moqué, bafoué, méprisé, mis au rang des malfaiteurs. Jésus a été mis à mort par ceux qu’Il était venu sauver. Mais la mort de Jésus, c’est sa glorification. La mort de Jésus, c’est son triomphe, car par sa mort Il a vaincu la mort, Il a vaincu Satan. En mourant sur la Croix, Jésus a vaincu le mal, Il a tué le péché. Jésus est mort, mais nous savons, nous, qu’Il est ressuscité. Et nous savons que nous sommes sauvés.

3-4-La Loi

3-4-1-Le mystère du mal

Le mal est un mystère profond, un drame épouvantable. Le mal, introduit par Lucifer dans toute l’humanité, a multiplié des ravages inouis et fait naître des malheurs multiples. Pourtant, le mal, en dehors des anges déchus, ne concerne que les êtres humains et la terre où ils vivent et tout ce qu’ils peuvent toucher dans l’espace[2].  Mais l’espace est matière et s’il est meurtri par les conséquences du mal, le mal lui-même n’atteint pas la création matérielle: le mal ne touche que les volontés intelligentes et libres; le mal ne touche que les esprits.

Le mal blesse le Cœur de Dieu, mais il n’est malheur que pour l’homme qui le commet. Le mal a détruit l’âme humaine, déstabilisé la nature et blessé le Cœur de Dieu. Le mal a apporté le malheur sur la terre, et le mal est si grave que Dieu a envoyé son Fils chez les hommes pour sauver tous les hommes. Le mal est si grave qu’Il a même été jusqu’à crucifier Celui qui était venu délivrer la création de toutes ses malédictions.

Qu’est-ce donc que ce mal si terrible pour l’homme? Pourtant, à première vue, le mal ne concerne que des créatures, et si l’on regarde d’un peu près, on peut être très surpris et se dire: après tout, le mal est bien petit comparé à la Création tout entière.

3-4-2-Le mal est-il petit ?...

Nous allons nous prêter à une bien étrange méditation: dans l’ensemble de la Création, le mal est-il vraiment si petit?

Lucifer, le maître du mensonge, n’aime pas la vérité.  Alors, pour mieux saisir ce qu’est ce mal si funeste pour les hommes, il faut jongler avec les échelles de grandeur, ce qui n’est jamais très confortable mais toujours vertigineux.

Quand on replace l’homme dans l’ensemble de la Création, on a vite fait de constater son extrême petitesse, et même son néant face à Dieu. Quelqu’un a dit un jour: “N’ayez pas peur du mal, il est si petit, lui aussi...” C’est vrai: par rapport à l’immensité de l’Amour et de la Miséricorde de Dieu, le mal est bien petit... Mais alors, si le mal que généralement on imagine être tellement grand, tellement envahissant dans notre monde des hommes, si le mal est tout petit, son “inventeur”, lui aussi, est tout petit.

Dieu n’a pas créé le mal; le mal n’existe que parce qu’une créature individualisée, donc minuscule comme nous, a refusé l’amour et la volonté de Dieu, son Créateur. Ce qui signifie, en clair, que Lucifer, ou Satan, n’est qu’une minuscule créature, devenue méchante à cause d’un orgueil et d’une haine démesurés et inexplicables. Le “Prince de ce Monde”, qui est véritablement redoutable et que les hommes doivent redouter, n’est, en fait, qu’une misérable créature insensée... Curieuse intuition qui nous sidère!...

Pour arriver à bien concrétiser cette curieuse intuition, il faut jongler avec les échelles de temps et de dimensions de toutes sortes. Commençons par Dieu, le Créateur; c’est logique. Contemplons Dieu créant les mondes, tous les mondes. Tout ce qui sort de la “Main de Dieu” est bon, car Dieu est tout Amour, toute Bonté, toute Perfection. Mais tout ce qui sort et qui reste dans la Main de Dieu, est forcément petit comparé au Créateur, car tout est créature, même les plus énormes galaxies... Et les intelligences créées, y compris les plus parfaites, ne sont que des atomes d’intelligence, participations étranges, partages étonnants mais voulus par Dieu, d’une parcelle de l’Intelligence divine...

C’est comme si Dieu-Créateur lançait des poignées de particules de son Intelligence Infinie, pour éclairer l’esprit de certaines de ses créatures qu’Il veut intelligentes, afin qu’elles puissent découvrir son Amour, et ses perfections divines, afin qu’elles puissent aussi s’émerveiller des qualités, multipliées à l’infini, des créatures douées de liberté, car destinées à aimer, pour pouvoir aimer Dieu. Cependant, toutes les créatures que Dieu a voulues intelligentes, resteront toujours des créatures, entièrement dépendantes de la volonté divine. Ainsi, à l’échelle de Dieu, toutes les créatures tiennent dans sa Main, et toutes, sans exception, sont et seront toujours toutes petites.

3-4-3-Le Corps mystique du Christ et la chute de l’Homme

Il est toujours difficile de se maintenir à ces hauteurs qui sont celles de Dieu!... Aussi allons-nous revenir à des échelles plus confortables, et continuer notre contemplation... Dieu a créé tous les cosmos, mais Il a spécialement préparé une toute petite planète pour accueillir l’humanité dont tous les membres seront destinés à devenir les pierres vivantes d’une construction sacrée, but de toute l’Œuvre de Dieu: le Corps Mystique du Fils Bien-Aimé et unique, le Corps Sacré qui réalisera l’unité de Dieu avec toutes ses créatures...

Ainsi, Dieu crée... Dieu voit son Œuvre. Tout y est bon. Le Corps du Fils est la Merveille des merveilles. Mais les hommes doivent apprendre à aimer, car, créatures charnelles et sensibles, bornées de ce fait dans leur intelligence et soumises à des forces naturelles complexes, la connaissance de leur Créateur et Père ne leur est pas immédiate.

Alors Dieu choisit un Ange pour en faire le Prince de l’humanité, le Prince du monde des hommes. Cet ange gouvernera le monde: il a assez d’intelligence pour cela. Il sera également chargé d’enseigner l’amour divin à des créatures faites pour aimer.

Comme Dieu est Amour et que l’Amour partagé ne peut exister que dans la liberté, Dieu “montre” au Prince de ce monde le Corps qui sera l’accomplissement de son Œuvre: le Corps du Fils constitué de milliards de petits hommes. Parmi tous ces petits hommes, il en est un qui sera son Oint, Jésus, l’Incarnation du Verbe, sa Parole et son Fils, Jésus venu dans le monde pour partager la nature et la vie des hommes de la terre, et préparer son Corps mystique, la Grande Œuvre divine.

Dieu présente au Prince de ce monde son Fils Incarné pour que, déjà, il L’adore, et qu’il L’aime pour Le faire aimer à tous les hommes dont il est le Prince. Jésus est plus grand que le Prince du monde car Il est Dieu Lui-même, toujours Verbe de Dieu quoique incarné pour être plus proche de ses créatures favorites, celles qui font ses délices...

3-4-4-La vraie dimension du mal

On connaît la suite...

Lucifer refusa d’adorer le Verbe incarné, et transforma en haine l’amour qu’il aurait dû enseigner. Le mal était né. Le mal était né, oui, avec tout son cortège de malheurs, de détresses, de misères. Le mal était né, oui, mais pas à l’échelle de Dieu ni des cosmos, seulement à l’échelle de la terre. Et vue par les “yeux” de Dieu, la terre n’est qu’un minuscule atome, et les hommes sont encore moins; le mal est donc vraiment tout petit! Certes, pour les hommes de la terre, ce mal sera terrible, douloureux, mais le Père noiera la terre dans sa Miséricorde, et sauvera les hommes de la haine de Satan.

Seigneur notre Père, nous sommes comme des apprentis qui arrivent dans un atelier, lequel deviendra le lieu de tout leur travail, de leur tâche quotidienne, mais qui ne savent encore rien, et qui se font tout petits devant, non seulement le chef, mais également devant les simples ouvriers expérimentés...

“Pour Dieu, le mal, c’est tout petit.” C’est vrai, et quand Dieu voit le mal dans lequel ses pauvres petits se sont stupidement plongés, ses entrailles de Père s’émeuvent, et sa Miséricorde se fait plus proche, plus sensible. Le mal est petit à l’échelle de Dieu dont la Miséricorde est infinie. C’est vrai, mais hélas! nous ne sommes pas à l’échelle de Dieu, et pour nous, le mal, ça fait mal! Ça fait même tellement mal que Jésus en est mort, après avoir subi des tortures inouïes, parce qu’Il voulait tout connaître, dans sa nature humaine, de nos misères d’hommes pécheurs.

Le mal, à notre échelle est grand, et quand Jésus veut bien nous faire découvrir toute son horreur, ça fait très très mal. Et quand Jésus veut nous partager un simple atome de la douleur de son chemin de Croix, ça fait encore plus mal... Alors, qu’est donc le mal?

Le mal, c’est petit quand on considère qu’il est né de l’orgueil d’une créature, certes intelligente, mais petite elle aussi. Le mal, c’est petit quand on a compris qu’il est l’œuvre de celui qui refusa l’amour et l’adoration dus à Dieu. Lucifer refusa la volonté de Dieu car il se croyait grand, aveuglé qu’il était par son orgueil démesuré. Comme il haïssait l’Homme, il fit tout pour l’amener à la désobéissance... (Voir Annexe 2)

Remarque: ce qui précède est facile à dire et à écrire, mais difficile à comprendre, car, comment peut-on imaginer qu’un être intelligent ait à ce point manqué de clairvoyance, et se soit montré si sot?

Le mal, si petit, mais si grand et si redoutable!

Dans l’infini de Dieu, le mal, c’est petit, mais, pour nous, à notre échelle, le mal est redoutable car il coupe de l’Amour. Essayons de comprendre comment le mal peut être à la fois si petit et si redoutable. Pour cela nous prendrons quelques exemples concrets faciles à comprendre. Imaginons la nature accueillante. L’homme se promène et est heureux. Sans même s’en apercevoir il arrive dans un secteur dangereux, un secteur qu’il aurait dû éviter, mais la nature est si belle par ici, si riche, si luxuriante. Il fait si bon vivre dans ces herbages de plaisir... Tout est si vert partout, si agréable, si attirant. Quel est donc ce danger dont il faudrait tellement se méfier?

En fait, nous sommes comme dans une forêt vierge abondamment pourvue de végétations multiples; mais cette forêt recèle un piège redoutable: entièrement caché par des herbages très drus, s’ouvre un gouffre gigantesque. Pour ceux qui marchent dans ces bois, ce gouffre est indétectable et des milliers de créatures vivantes s’en approchent, inconscientes du danger. Dieu voit ces foules immenses qui glissent insensiblement vers l’ouverture béante façonnée par celui qui n’aime pas et qui veut la ruine de l’humanité. Dieu voit et multiplie ses avertissements... Mais la foule semble ne pas entendre: elle ne connaît plus le langage de l’amour. La foule continue d’avancer vers le piège infernal...

Remarque:

On vient de faire des découvertes étonnantes sur le génôme humain. Les richesses de vie, cachées dans les gênes humains ou animaux, sont stupéfiantes. Il paraît que nous ne sommes qu’au début de nos découvertes. On aborde là le domaine de la Vie. Approcherions-nous de l’Arbre de la vie et de la mort, le seul arbre du Jardin d’Éden dont Dieu se réserva le fruit. Toucherions nous le secret du péché originel. Ne sommes-nous pas en train de toucher l’interdit fondamental? Cependant, et curieusement, quand on découvre la constitution des gênes on constate encore une fois, qu’avançant dans l’infiniment petit on rejoint l’unicité de la matière, avec cependant quelque chose en plus: l’intelligence, et peut-être l’Amour.

Quelle sagesse possédaient nos anciens! Quelle rage a donc saisi notre monde pour que nous étouffions cette sagesse et prétendions tout connaître et mieux faire qu’eux? Et pour arriver à quoi? Au suicide des jeunes, à la drogue, aux sectes... à l’avortement, à notre civilisation de mort...

La Miséricorde divine se répand partout où vivent les hommes; la Miséricorde sait que le mal, si petit pour Lui, est redoutable  pour les hommes qu’Il veut protéger. Le mal est redoutable car il est l’émergence trompeuse de la haine de celui qui n’aime pas. La Miséricorde aspire et redresse ceux qui se sont engagés un peu trop près du bord du gouffre: il faut les empêcher de glisser, et la lutte entre Dieu et Satan est engagée. La terre est si petite, le mal est si petit que l’issue finale est connue, mais à notre échelle humaine, le combat est terrible.

Oh! Seigneur! quel spectacle que ce gouffre béant, ce gouffre bordé d’arbres et de végétations luxuriantes qui dissimulent le danger, ce gouffre béant dont les bords sont si glissants qu’il est presque impossible de remonter quand on s’est approché trop près du bord. Et il y a tous ceux qui tombent... et ceux qui vont tomber dans le gouffre du désespoir sans fond, le gouffre du menteur, le gouffre inventé par le singe de Dieu, le magicien destructeur.

Seigneur, oui, à votre échelle, le mal est très petit. Ce n’est qu’un très petit trou, un piège ridicule inventé par l’Ennemi. Oui Seigneur, mais à notre échelle à nous, le petit trou, le petit puits sans margelle est un gouffre redoutable, un gouffre béant dont les bords sont désespérément glissants. Et ces bords trop glissants, nous ne les voyons pas toujours. 

Le mal! quel mystère! Seigneur! venez au secours de tous ceux qui en sont les victimes, sans même s’apercevoir qu’ils courent vers un gouffre sans fond inventé par la haine. Aujourd’hui le mal fait toujours aussi mal. Il peut conduire les hommes en enfer; il a conduit Jésus, à Gethsémani, et sur la Croix... Seul l’amour que Jésus nous donne nous sauvera. Pour chacun de nous l’amour est juste une petite source qui peu à peu grossit: le filet d’amour devient un petit ruisseau, puis un torrent, puis un fleuve d’amour. L’Amour de Dieu est une source d’eau vive, qui rafraîchit et délivre du mal...

Mais l’Amour que Dieu nous donne est aussi un feu. C’est un feu qui embrase et brûle tout alentour, mais sans rien consumer. C’est un feu qui consume mais sans jamais détruire. C’est un feu jaillissant qui s’étend et qui donne la vie à tous ceux qui osent s’approcher. Et ceux qui s’approchent sont pris dans le tourbillon de ses flammes d’amour et ils brûlent... Pourtant, les flammes jaillissantes de la source qu’est l’Amour sont des flammes qui apaisent et qui rafraîchissent les cœurs que le mal désespère. C’est la source du bonheur.

3-5-Les commandements

3-5-1-La Loi de Dieu, c’est l’amour et le bonheur

L’épître aux Romains (ch 13, 8 à 10) nous dit: “N’ayez de dettes envers personne, sinon celles de l’amour mutuel, car celui qui aime le prochain accomplit toute la Loi. En effet, les commandements: tu ne commetras pas d’adultère, tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne convoiteras pas, ainsi que tous les autres, se résument dans cette parole: tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait pas de mal au prochain; l’amour est l’accomplissemnt de la Loi.”

Voici qui est pleinement rassurant: la Loi, c’est l’amour et non pas une contrainte, une barrière à nos libertés. En effet, à Moïse, sur le Mont Sinaï, Dieu dit: “Je suis le seul Dieu, l’Unique. Il n’y a pas d’autre dieu que Moi, et Tu ne rendras de culte qu’à Moi, et tu M’aimeras de tout ton cœur, de toutes tes forces et de tout ton esprit. La preuve de l’amour que tu auras pour Moi, c’est que tu aimeras ton prochain comme toi-même.”

Comment aimer son prochain comme soi-même? Comment faire? Dieu, notre Créateur, savait que nous avions besoin d’explications et d’un “mode d’emploi”. Comment aimer son prochain, preuve que nous aimons Dieu? Dieu Lui-même nous répondit: “Tu ne veux pas que l’on te fasse du mal, que l’on vole les biens auxquels tu tiens. Tu ne veux pas que l’on prenne la femme que tu aimes. Tu sais aussi, dit Dieu, qu’il est impossible de vivre quand la vérité est falsifiée, quand on se méfie sans cesse de son voisin...” Puis Dieu résuma son discours et dit:

 Pour M’aimer, tu dois aimer ton prochain que J’aime autant que toi. Donc, dit Dieu, tu ne feras pas de mal à ton prochain, et pour cela tu ne le voleras pas, tu ne lui mentiras pas, tu ne convoiteras pas son bien mais au contraire tu feras tout ce qu’il faut pour l’aider et le rendre heureux. Voici ma Loi, dit Dieu à Moïse, c’est une Loi d’amour, de bonheur et de liberté. Ces commandements que Je te donne aujourd’hui, ces commandements de mon amour, garde-les dans ton cœur, enseigne-les à tes enfants, et tu seras heureux.

Les dix commandements de Dieu sont une Loi d’amour, une Loi de bonheur...

Quelle découverte et quelle merveille!  Dieu Lui-même en son Fils Jésus est venu nous prouver cette vérité, et même la parfaire en nous donnant ses béatitudes, véritable mise en application des dix commandements:

“Bienheureux ceux qui ont un cœur de pauvre... Bienheureux les cœurs purs, bienheureux ceux qui font la paix autour d’eux. Bienheureux aussi ceux qui savent pardonner, bienheureux les miséricordieux...” (Voir annexe 3)

3-5-2-Les commandements et l’Amour

Le commandement de Dieu, c’est vraiment le moyen qu’Il met à notre disposition pour compenser notre pauvreté et pour que nous puissions Lui dire, librement: “Je T’aime.” Quel Amour que l’Amour de notre Dieu et sa Miséricorde!  

La Miséricorde de Dieu, la Miséricorde infinie dépasse tellement l’entendement humain que nous implorons Jésus pour qu’Il nous fasse entrer dans l’intelligence et dans le cœur de la Miséricorde divine. Et malgré notre faiblesse, notre misère, notre ignorance, nous nous émerveillons des bontés de Dieu, de son Amour, de sa tendresse et de son pardon, ce pardon que Dieu donne à tous les hommes pécheurs qui reconnaissent leurs fautes, qui se repentent et retournent vers Lui, en passant par sa Loi d’amour.

Oui, quel Amour que l’Amour dont Dieu nous aime! Et quelle merveille! Et nous ne savons que nous émerveiller, nous émerveiller d’Amour, nous émerveiller de Dieu. Dieu nous donne tout et nous dit: “Qu’as-tu que tu n’aies reçu?...” Car l’homme est la pauvreté même puisque de lui-même il n’a rien, il ne possède rien. Or Dieu a fait l’homme à son image, l’homme ressent le besoin, non seulement de dire merci pour les dons reçus, mais surtout de désirer donner quelque chose en échange, quelque chose qui ferait plaisir à Dieu. Mais quoi? Il n’a rien.

L’homme uni à Dieu, en amitié avec Dieu comme l’était Adam avant la faute, l’homme uni à Dieu désire de toute son âme fait plaisir à Dieu, mais avec quoi? Il n’a rien. L’homme est un peu malheureux car il ne peut pas montrer l’amour qu’il a pour Dieu. Il y a comme un manque en lui. Alors, Dieu lui donne un commandement: “Tu aimeras. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toutes tes forces, de toute ton âme, de tout ton esprit. Et tu aimeras ton prochain comme toi-même.” Car Dieu qui aime tous ses enfants, tous, sans exception, veut que les hommes s’aiment entre eux, comme Lui Dieu nous aime.

Mais comment aimer le prochain? Comment prouver à Dieu qu’on L’aime en aimant son prochain? L’homme se trouvait de nouveau très démuni. Alors Dieu explicita son commandement d’Amour. “Pour aimer ton prochain, tu le respecteras, tu ne tueras pas, tu ne lui nuiras pas, jamais, et d’aucune façon. Fais ainsi, et tu seras heureux, car l’amour qui se prouve est source inépuisable de bonheur.”

Ô Dieu! Quelle merveille! Pourquoi ne présente-t-on jamais les commandements de Dieu de cette façon, plutôt que d’en faire une caricature abominable et d’y voir, au lieu d’une immensité d’Amour, un arbitraire insupportable?

Seigneur, encore une fois laisse-nous Te contempler, laisse-nous Te chanter. Donne-nous les mots qu’il faut pour nous “taire” de bonheur devant tes Béatitudes. Donne-nous les mots que nous ne savons trouver pour nous “taire” tout en chantant, tout en chantant ta grâce, tout en chantant tes bontés, tout en nous perdant dans l’infini de tes splendeurs. Donne-nous, Seigneur, tous les mots qu’il nous faut pour nous “taire” devant Toi en chantant le silence, le silence de Dieu, intelligence infinie de la Sagesse d’Amour.

Ô Dieu! Tu es trop grand pour nous qui ne sommes que poussières, mais poussières nées de l’Amour. Mon Dieu Tu es si grand que nous ne pouvons Te voir, et pourtant nous le voudrions tant. Mon Dieu, Tu es si grand et nous sommes si petits. Tu es grand Seigneur et nous voudrions T’entendre, Te comprendre pour mieux répondre à tes désirs, pour mieux faire ta volonté. Tu nous parles, Seigneur, mais nous ne T’entendons pas, nous ne Te comprenons pas et nous ne savons que faire. Ô Seigneur, aide-nous!

Nos pauvres mots humains ne sont que pauvreté devant l’infinie richesse de tes Béatitudes. Nos pauvres mots humains ne sont que pauvreté extrême dans l’infinie richesse de ton infinitude, ne sont qu’un néant misérable dans l’infinie présence de ton Être-Amour.

Et ton Être-Amour nous aime, ô Seigneur! Il nous aime en nous créant. Il nous aime en nous sauvant... Ô Dieu-Amour, infinie Béatitude, Don infini et Éternel, Don qui n’est qu’Amour car il est Toi! Ô Jésus Bien-aimé, Jésus Fils du Très-Haut, nous Te regardons. Jésus, nous voudrions tant T’entendre, nous voudrions tant Te voir, nous voudrions tant saisir juste un pan de ton vêtement... nous voudrions tant! Seigneur nous Te regardons, mais avec nos pauvres yeux humains, nous Te parlons, mais avec nos mots humains. Nos mains se tendent vers Toi. Aide-nous Seigneur!

3-5-3-Une grossière comparaison

Seigneur, laisse-nous encore une fois Te parler avec nos mots humains, nos comparaisons humaines. Lorsque Tu nous créas, Seigneur tout puissant,  notre vie sur cette terre était un peu comparable à celle d’un germe de pomme de terre. C’est de Dieu que nous venons. C’est Dieu notre “mère” et notre Père. Nous ne pouvons vivre que si nous restons fermement accrochés à Dieu, sinon nous mourons; car c’est de Lui que nous tirons notre subsistance. C’est la substance de Dieu qui devient la nôtre.

Imaginons, l’imagination peut le faire, imaginons une pomme de terre portant des millions de germes qui sont tous nés de sa substance, nous comprenons plus facilement que Dieu puisse être en même temps en chacun de nous, tout en nous contenant, et qu’Il puisse entendre chacun de nous, et parler à chacun de nous, et nous aimer tous comme si chacun de nous était seul. L’image est grossière, mais elle permet au moins de comprendre la grandeur de Dieu et son Amour. De mieux comprendre aussi que chaque âme est sa préférée: nous sommes tous les préférés de Dieu quand nous sommes à notre place, en Lui. Et nous comprenons aussi que, si un germe se sépare de sa substance vitale, il meurt.

Attardons-nous encore un peu dans la contemplation des œuvres de notre Seigneur. Voici une belle plante grasse qui pousse dans un parc. Ses tiges et ses feuilles épaisses viennent de Lui, le Seigneur. La terre dans laquelle la plante est solidement enracinée, c’est encore Lui. Et de la vie de Dieu cachée dans les tiges et dans les feuilles, naissent des bébés-plantes, pleins de vigueur. Ils demeureront en vie à condition qu’ils restent attachés à la feuille-mère et que la feuille-mère reste en contact avec la Terre. Quelle leçon pour nous! Notre vie, nous la tenons entièrement de Dieu; notre substance vitale, c’est Dieu, et nous ne pouvons rester en vie, en vie spirituelle, bien sûr, que si nous restons solidement accrochés à Dieu et à sa Loi d’amour.

3-5-4-Les deux équilibres

Au XIXème siècle et au début du XXème, les hommes étaient convaincus que la science expliquerait tout: plus besoin de Dieu, quel qu’il soit!... Mais nous nous apercevons maintenant que la science n’explique rien de l’essentiel, qu’elle soulève davantage de questions qu’elle ne donne de réponses. C’est comme un gouffre sans fond suscitant de nouveaux vertiges: la vie a-t-elle un sens?

Notre société actuelle, celle du début du XXIème siècle, va d’espoirs en désespoirs. Elle évolue entre joie et tristesse implacable, elle va d’espérance en angoisse absolue. Les hommes d’aujourd’hui, ceux qui savent encore contempler Jésus, se retrouvent souvent à Gethsémani. Ils vivent de sa souffrance, de sa détresse, de sa frayeur soudaine; ils souffrent de ses peines profondes. Comme le Cœur de Jésus, leur cœur se brise: que vont devenir tous les pécheurs, ceux qui pèchent délibérément et qui refusent obscurément jusqu’à l’idée même de Dieu? Et surtout, que vont devenir tous les pauvres petits que l’on détourne de Lui, ou qui ne peuvent pas Le connaître? 

Ces sentiments sont difficiles à exprimer. C’est à la fois un vertige implacable, une peur insensée, une douleur intolérable, tout en étant un bonheur étrange et douloureux, et surtout un amour débordant, un amour total qui ne désire que “consoler le Christ à Gethsémani”!

Regardons Jésus, à Gethsémani: le ciel était fermé pour Lui, le Père se taisait. Cependant Jésus laissait déborder tout l’Amour qu’Il était, -qu’Il est toujours- quand, par moments, l’Autre, l’Ennemi, venait Le torturer en Lui montrant complaisamment le spectacle désolant des siècles futurs, et l’inutilité de sa Passion. découvrons ce que ressentait Jésus alors: la souffrance infinie de son amour méprisé, mais aussi sa tendresse et la joie de son Amour qui sauve le monde. Comment concilier ces deux inconciliables? 

Un équilibre fragile

Soudain la question nouvelle se forme de nouveau dans nos esprits: le péché originel, sommes-nous, nous aussi, en train de le commettre?... Dieu nous avait recommandé: “Tu ne mangeras pas le fruit de l’arbre de la connaissance!” et nous sommes en train de le manger... et “croyant devenir “comme des dieux”, nous nous perdons dans un vertige démesuré. “Tu ne mangeras pas le fruit de l’arbre de vie!” et nous le mangeons, et peut-être allons-nous en mourir... Ô  Dieu! Ayez pitié de nous, venez nous sauver...

Seigneur! Tu as créé les hommes, Tu les as placés comme à la charnière des deux infiniment grands de ta Création, l’infiniment grand de l’infiniment grand, et l’infiniment grand de l’infiniment petit[3]. L’Homme est comme en équilibre entre ces deux infinis. Pour qu’il puisse rester en équilibre, Tu lui as donné des règles à respecter, des règles obligatoires, car Tu aimes l’Homme, et Tu ne veux pas qu’il se perde. Et la plus grande Règle que Tu lui as donnée et que Tu continues à lui donner, qui est aussi son bonheur, c’est: “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu... Tu aimeras ton prochain comme toi-même... Heureux les amoureux de Dieu... Heureux les miséricordieux... ” Jésus ajoutera: “Aimez-vous les uns les autres, comme Je vous ai aimés.” La Règle de Dieu, c’est la Loi de l’Amour...

Seigneur notre Dieu, quand Tu nous as façonnés, Tu nous as placés en équilibre entre deux univers: l’un, infiniment grand et l’autre, infiniment petit. Tu nous aimais particulièrement parce que nous réunissions en nous les deux mondes que Tu créas: les mondes des esprits, et les mondes matériels. Ainsi l’Homme devait faire en lui l’unité de la Création.

Tous les équilibres, quels qu’ils soient, peuvent devenir très instables, et même se rompre, si les lois qui les maintiennent en place ne sont pas respectées.

Alors, Père Bien-Aimé, Tu nous as donné des Règles à respecter, et ces règles, ce sont les commandements de ton amour.

Pour que l’humanité puisse conserver son équilibre, elle doit obligatoirement observer ces règles. Ces règles, ces Lois, ne sont pas contraignantes quand on reste dans l’Amour. Les observer, c’est d’ailleurs du simple bon sens...

Prenons un exemple: quand un constructeur d’engins de travaux publics livre des machines lourdes et complexes, fragiles malgré leur apparence robuste, afin de les protéger et pour éviter des accidents graves au moment de leur mise en marche, il conseille toujours la formation préalable des futurs utilisateurs et insiste pour que les règles de conduite soient rigoureusement observées. C’est normal, car la sécurité du conducteur et la bonne marche de la machine sont en jeu. Personne ne pense à critiquer l’attitude du constructeur, personne n’oserait dire que ces commandements sont des contraintes inadmissibles, des violations de la liberté de l’ouvrier.

Alors pourquoi, lorsque Dieu crée la plus magnifique de ses créatures: l’homme, qui est aussi la plus fragile, celle qui doit, pour vivre comme il faut, obligatoirement respecter quelques règles, pourquoi, lorsque Dieu donne à l’Homme ses commandements, qui sont pour lui comme le mode d’emploi et la notice d’entretien de la vie, pourquoi s’insurger et crier à la dictature? Il n’y a pas de contrainte dans les exigences de Dieu, mais seulement de l’amour.

Dieu créa l’homme, et Il lui donna un mode d’emploi pour qu’il vive. Dieu donna à l’Homme ses commandements, sa notice d’entretien, pour qu’il soit heureux et qu’il ne meure pas. Les commandements de Dieu, c’est sa Loi d’amour, sa Loi de vie, la condition de sa liberté. Rien de scandaleux là-dedans. Mais l’homme, comme un enfant capricieux a cru qu’il pourrait se passer du mode d’emploi. Et maintenant, il est bien malheureux... 

Dieu nous aime! Et Dieu nous a créés pour que nous L’aimions, pour qu’un extraordinaire courant d’amour passe entre Lui et nous. Et Dieu se penche sur ses enfants, Il écoute chacun de nous, Il connaît nos désirs, nos envies, nos besoins. Il connaît nos faiblesses aussi, et nos détresses, car nous avons péché, et nous ne voyons plus Dieu, nous ne L’entendons plus,... nous ne le pouvons plus... C’est cela qui rend les hommes tellement malheureux. (Voir Annexe 3 - Les commandements, sauvegarde du bonheur)


[1] Charles Péguy - Le porche du mystère de la deuxième vertu.
[2] En effet, si l’on se replace dans l’ensemble de la Création on a vite fait de constater que les hommes qui ont déjà souillé la terre, commencent maintenant à souiller l’espace qui l’entoure.
[3] Cette expression peut surprendre. Mais plus les scientifiques descendent dans l’infiniment petit, plus ils découvrent un infini qui recule sans cesse, des puissances exponentielles négatives de plus en plus “grandes”. On peut donc vraiment parler d’infiniment grand de l’infiniment petit.
 

   

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