Ce ne sont pas les détails précis qui abondent au sujet de ce Saint ermite, et lon a même relevé quelques erreurs probables dans certains récits quon en a faits.
Saint Vital (en latin Vitalis) venait dAngleterre, de cette Angleterre depuis peu ré-évangélisée grâce à la prédication de saint Augustin, bientôt secondé par saint Paulin, moines bénédictins envoyés là par le pape saint Grégoire 1 er (le Grand)1 à la fin du VIe siècle. De là se développa un christianisme fécond en sainteté, en érudition et en production artistique. Canterbury va être fondé, le monastère de Lindisfarne va devenir célèbre ; le roi Edwin va épouser la chrétienne Ethelburge et se convertir lui-même en 627, le roi Oswald suivra bientôt2; le moine immensément érudit saint Bède le Vénérable (675-735) va devenir la gloire du clergé anglais ; au début du VIIIe siècle, lAngleterre est suffisamment ancrée dans le christianisme pour envoyer à son tour des missionnaires en Germanie, en premier lieu saint Boniface3.
Ce nest donc pas un pays païen que notre Vital veut quitter, mais on peut deviner que, au milieu du fourmillement du clergé de son île, il désira plus de silence et de solitude, et quil pensa trouver cela dans des régions plus amples sur la terre de Gaule. Cest ainsi quil aborda un jour au pays de Retz, au sud de lestuaire de la Loire : il se trouva bien sur le Mont Scobrit, et cest là quil gravit peu à peu les échelons de la sainteté.
Le Mont Scobrit nest pas vraiment une hauteur, car nous sommes au bord de la mer, à peine à cinquante mètres daltitude, mais lisolement et lamour de Dieu vont aider lermite à chercher les choses den-haut (Col 3:1) et à converser avec Dieu.
Comment vivait Vital ? Comme tous les ermites, du travail de ses mains, de ce que la nature pouvait lui offrir. Dans ce beau pays de Retz, où lon ne connaissait pas les activités portuaires que nous savons, et où lhomme navait pas envahi le paysage avec les voitures, le béton, le mouvement et le bruit, notre ermite dut trouver cette paix dans la solitude, assez éloigné du monde pour prier et rester avec Dieu, assez proche des hommes tout de même, pour quon reçût de lui de salutaires exemples de détachement et de vertus.
Si Vital préféra vivre en ermite, cétait pour rester caché et discret, pour mener sa vie austère comme il lentendait de façon à plaire à Dieu sans vouloir simposer à dautres, et sans avoir à dépendre des autres.
On ne sétonnera donc pas de ne point posséder de détails sur son genre de vie, sur laspect de sa cabane, sur ses repas frugaux, sur sa vie de prière. Tel un Chartreux 4 , il ressentait en lui le besoin de prier pour tous les hommes, pour lui-même en premier lieu car il se sentait pécheur et saccusait personnellement avant les autres, contemplant la bonté de Dieu, et implorant Sa miséricorde sur toute la société humaine.
Vital meurt en 750, probablement un 16 octobre, puisque cest en ce jour quil est commémoré au Martyrologe.
La cellule de saint Vital
— quon appela localement Viau ou Viaud — est traditionnellement conservée dans le bourg de Saint-Viaud (en breton Sant-Widel-Skovrid), qui sest développé à partir de son ermitage : cette cellule serait la petite grotte quon peut visiter sous léglise paroissiale ; non loin de là se trouve aussi une chapelle Saint-Vital, plusieurs croix de Saint-Vital ; les armes-mêmes de Saint-Viaud portent sur une croix le
cordon de saint Vital.
1 Saint Grégoire le Grand est fêté le 3 septembre, saint Augustin le 27 mai, saint Paulin le 10 octobre.
2 Saint Edwin est fêté localement le 12 octobre et il est représenté sur les murs de la chapelle du Collège Anglais à Rome ; saint Oswald est fêté le 5 août.
3 Saint Boniface, de son nom anglais Winfrid, est fêté le 5 juin.
4 Les Chartreux furent fondés par saint Bruno au XIe siècle. |