Vital
ou Viau
VIII
e siècle

16

OCTOBRE

Ce ne sont pas les détails précis qui abondent au sujet de ce Saint ermite, et l’on a même relevé quelques erreurs probables dans certains récits qu’on en a faits.

Saint Vital (en latin Vitalis) venait d’Angleterre, de cette Angleterre depuis peu ré-évangélisée grâce à la prédication de saint Augustin, bientôt secondé par saint Paulin, moines bénédictins envoyés là par le pape saint Grégoire 1er (le Grand)1 à la fin du VIe siècle. De là se développa un christianisme fécond en sainteté, en érudition et en production artistique. Canterbury va être fondé, le monastère de Lindisfarne va devenir célèbre ; le roi Edwin va épouser la chrétienne Ethelburge et se convertir lui-même en 627, le roi Oswald suivra bientôt2; le moine immensément érudit saint Bède le Vénérable (675-735) va devenir la gloire du clergé anglais ; au début du VIIIe siècle, l’Angleterre est suffisamment ancrée dans le christianisme pour envoyer à son tour des missionnaires en Germanie, en premier lieu saint Boniface3.

Ce n’est donc pas un pays païen que notre Vital veut quitter, mais on peut deviner que, au milieu du fourmillement du clergé de son île, il désira plus de silence et de solitude, et qu’il pensa trouver cela dans des régions plus amples sur la terre de Gaule. C’est ainsi qu’il aborda un jour au pays de Retz, au sud de l’estuaire de la Loire : il se trouva bien sur le Mont Scobrit, et c’est là qu’il gravit peu à peu les échelons de la sainteté.

Le “Mont Scobrit” n’est pas vraiment une “hauteur”, car nous sommes au bord de la mer, à peine à cinquante mètres d’altitude, mais l’isolement et l’amour de Dieu vont aider l’ermite à chercher les choses d’en-haut (Col 3:1) et à converser avec Dieu.

Comment vivait Vital ? Comme tous les ermites, du travail de ses mains, de ce que la nature pouvait lui offrir. Dans ce beau pays de Retz, où l’on ne connaissait pas les activités portuaires que nous savons, et où l’homme n’avait pas envahi le paysage avec les voitures, le béton, le mouvement et le bruit, notre ermite dut trouver cette paix dans la solitude, assez éloigné du monde pour prier et rester avec Dieu, assez proche des hommes tout de même, pour qu’on reçût de lui de salutaires exemples de détachement et de vertus.

Si Vital préféra vivre en ermite, c’était pour rester caché et discret, pour mener sa vie austère comme il l’entendait de façon à plaire à Dieu sans vouloir s’imposer à d’autres, et sans avoir à dépendre des autres.

On ne s’étonnera donc pas de ne point posséder de détails sur son genre de vie, sur l’aspect de sa cabane, sur ses repas frugaux, sur sa vie de prière. Tel un Chartreux4 , il ressentait en lui le besoin de prier pour tous les hommes, pour lui-même en premier lieu car il se sentait pécheur et s’accusait personnellement avant les autres, contemplant la bonté de Dieu, et implorant Sa miséricorde sur toute la société humaine.

Vital meurt en 750, probablement un 16 octobre, puisque c’est en ce jour qu’il est commémoré au Martyrologe.

La cellule de saint Vital — qu’on appela localement Viau ou Viaud — est traditionnellement conservée dans le bourg de Saint-Viaud (en breton Sant-Widel-Skovrid), qui s’est développé à partir de son ermitage : cette cellule serait la petite grotte qu’on peut visiter sous l’église paroissiale ; non loin de là se trouve aussi une chapelle Saint-Vital, plusieurs croix de Saint-Vital ; les armes-mêmes de Saint-Viaud portent sur une croix le cordon de saint Vital.


1 Saint Grégoire le Grand est fêté le 3 septembre, saint Augustin le 27 mai, saint Paulin le 10 octobre.
2 Saint Edwin est fêté localement le 12 octobre et il est représenté sur les murs de la chapelle du Collège Anglais à Rome ; saint Oswald est fêté le 5 août.
3 Saint Boniface, de son nom anglais Winfrid, est fêté le 5 juin.
4 Les Chartreux furent fondés par saint Bruno au XIe siècle.

 

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