Saint Vaast, qui paraît
être né dans quelque province occidentale de la France, quitta sa
patrie, et se retira dans le diocèse de Toul, où il vécut quelque
temps caché, et uniquement occupé des exercices de la pénitence:
mais la réputation de sa vertu l'ayant fait connaître à l'évêque du
lieu, il l'attacha à son église, et l'éleva à la
dignité du
sacerdoce. On s'aperçut bientôt que Dieu avait sur lui des vues
particulières. Clovis I, revenant de Tolbiac, où il avait remporté
une victoire complète sur les Allemands, passa par Toul,
et demanda un prêtre qui pût l'instruire de la religion chrétienne,
et le préparer au baptême qu'il allait recevoir à Reims,
conformément au vœu qu'il en avait fait. Vaast fut chargé de cette
importante fonction. Tandis qu'il passait la rivière d'Aisne avec le
Roi, un aveugle, qui était sur le pont, le pria à grands cris de lui
rendre la vue. Il était bien éloigné de se croire Thaumaturge ;
mais une inspiration subite qui venait du ciel, le porta à
prier, et à former le signe de la croix sur les yeux de l'aveugle,
qui recouvra la vue à l'instant. Ce miracle contribua beaucoup à
fortifier le Roi dans sa résolution, et disposa plusieurs de ses
courtisans à embrasser la foi. Saint Remi, que l'expérience avait
instruit de tout le mérite de Vaast, le sacra évêque d'Arras, afin
qu'il pût travailler à rétablir la foi dans un pays où elle était
presque totalement éteinte. Ce fut en 499 que notre Saint arriva
dans la ville d'Arras. En y entrant, il guérit un aveugle et un
boiteux, ce qui prépara les esprits et les cœurs à recevoir
favorablement l'évangile. Les peuples de cette contrée avaient été
éclairés des lumières de la foi, lorsqu'ils étaient encore
sous la domination des Romains ; mais les ravages des Alains
et des Vandales avaient ou dispersé, ou exterminé ce qu'il pouvait y
avoir de disciples de Jésus-Christ. Le paganisme s'était peu à peu
rétabli, et le saint évêque ne put découvrir aucune trace du
christianisme, que dans la mémoire de quelques anciens habitants du
pays, qui lui montrèrent hors de la ville les débris d'une église où
les fidèles s'assemblaient. Il gémit en voyant l'ancienne maison du
Seigneur hérissée de buissons, et devenue la retraite des bêtes
farouches; il s'adressa, par une prière fervente, au Père des
miséricordes, et le conjura de rétablir son culte dans un pays où il
avait été autrefois adoré. Il ne fut pas longtemps à s'apercevoir
qu'il avait à instruire un peuple grossier et opiniâtrement attaché
à ses superstitions ; cependant il ne perdit point courage, et il
vint à bout par sa patience, sa douceur et sa charité, de faire
goûter les maximes de Jésus-Christ. Saint Remi, pour donner encore
plus d'étendue aux travaux apostoliques de Vaast, le chargea, en
510, du soin de gouverner le diocèse de Cambrai, lui était alors
fort vaste.
Nous ne savons plus rien de notre Saint, sinon qu'il rendit son
église très florissante, et qu'il remplit dignement tous les devoirs
d'un bon pasteur jusqu'à sa mort, qui arriva le 6 Février 539. Il
fut enterré dans la cathédrale d'Arras, dédiée sous l'invocation de
la Sainte-Vierge. Son corps y resta jusqu'au temps de saint Aubert,
qui fut le septième évêque d'Arras et de Cambrai après lui. Ce saint
prélat le transporta solennellement, en 667, dans une petite
chapelle que saint Vaast avait bâtie en l'honneur de saint Pierre.
Il changea cette chapelle en une église qui prit le nom de notre
Saint, et y jeta les fondements d'un célèbre monastère, qui fut
achevé par Vindicien son successeur. Lorsque saint Aubert fit la
translation des reliques de saint Vaast, il en laissa une partie
dans la cathédrale.
Les Anglais avaient anciennement une grande dévotion à saint Vaast,
et l'honoraient sous le nom de saint Foster. Le célèbre Alcuin nous
a laissé un monument authentique de sa dévotion pour le même Saint,
en écrivant sa vie, et en composant un office particulier et une
messe en son honneur ; il l'appelle son protecteur, dans la lettre
qu'il écrivit en 769 aux moines de saint Vaast d'Arras.
SOURCE :
Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux
Saints… – Traduction : Jean-François Godescard.
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