Vaast d’Arras
Évêque, Saint
† 539

Saint Vaast, qui paraît être né dans quelque province occidentale de la France, quitta sa patrie, et se retira dans le diocèse de Toul, où il vécut quelque temps caché, et uniquement occupé des exercices de la pénitence: mais la réputation de sa vertu l'ayant fait connaître à l'évêque du lieu, il l'attacha à son église, et l'éleva à la dignité du sacerdoce. On s'aperçut bientôt que Dieu avait sur lui des vues particulières. Clovis I, revenant de Tolbiac, où il avait remporté une victoire complète sur les Allemands, passa par Toul[1], et demanda un prêtre qui pût l'instruire de la religion chrétienne, et le préparer au baptême qu'il allait recevoir à Reims, conformément au vœu qu'il en avait fait. Vaast fut chargé de cette importante fonction. Tandis qu'il passait la rivière d'Aisne avec le Roi, un aveugle, qui était sur le pont, le pria à grands cris de lui rendre la vue. Il était bien éloigné de se croire Thaumaturge ; mais une inspiration subite qui venait du ciel, le porta à prier, et à former le signe de la croix sur les yeux de l'aveugle, qui recouvra la vue à l'instant. Ce miracle contribua beaucoup à fortifier le Roi dans sa résolution, et disposa plusieurs de ses courtisans à embrasser la foi. Saint Remi, que l'expérience avait instruit de tout le mérite de Vaast, le sacra évêque d'Arras, afin qu'il pût travailler à rétablir la foi dans un pays où elle était presque totalement éteinte. Ce fut en 499 que notre Saint arriva dans la ville d'Arras. En y entrant, il guérit un aveugle et un boiteux, ce qui prépara les esprits et les cœurs à recevoir favorablement l'évangile. Les peuples de cette contrée avaient été éclairés des lumières de la foi, lorsqu'ils étaient encore sous la domination des Romains ; mais les ravages des Alains et des Vandales avaient ou dispersé, ou exterminé ce qu'il pouvait y avoir de disciples de Jésus-Christ. Le paganisme s'était peu à peu rétabli, et le saint évêque ne put découvrir aucune trace du christianisme, que dans la mémoire de quelques anciens habitants du pays, qui lui montrèrent hors de la ville les débris d'une église où les fidèles s'assemblaient. Il gémit en voyant l'ancienne maison du Seigneur hérissée de buissons, et devenue la retraite des bêtes farouches; il s'adressa, par une prière fervente, au Père des miséricordes, et le conjura de rétablir son culte dans un pays où il avait été autrefois adoré. Il ne fut pas longtemps à s'apercevoir qu'il avait à instruire un peuple grossier et opiniâtrement attaché à ses superstitions ; cependant il ne perdit point courage, et il vint à bout par sa patience, sa douceur et sa charité, de faire goûter les maximes de Jésus-Christ. Saint Remi, pour donner encore plus d'étendue aux travaux apostoliques de Vaast, le chargea, en 510, du soin de gouverner le diocèse de Cambrai, lui était alors fort vaste[2]. Nous ne savons plus rien de notre Saint, sinon qu'il rendit son église très florissante, et qu'il remplit dignement tous les devoirs d'un bon pasteur jusqu'à sa mort, qui arriva le 6 Février 539. Il fut enterré dans la cathédrale d'Arras, dédiée sous l'invocation de la Sainte-Vierge. Son corps y resta jusqu'au temps de saint Aubert, qui fut le septième évêque d'Arras et de Cambrai après lui. Ce saint prélat le transporta solennellement, en 667, dans une petite chapelle que saint Vaast avait bâtie en l'honneur de saint Pierre. Il changea cette chapelle en une église qui prit le nom de notre Saint, et y jeta les fondements d'un célèbre monastère, qui fut achevé par Vindicien son successeur. Lorsque saint Aubert fit la translation des reliques de saint Vaast, il en laissa une partie dans la cathédrale[3]. Les Anglais avaient anciennement une grande dévotion à saint Vaast, et l'honoraient sous le nom de saint Foster. Le célèbre Alcuin nous a laissé un monument authentique de sa dévotion pour le même Saint, en écrivant sa vie, et en composant un office particulier et une messe en son honneur ; il l'appelle son protecteur, dans la lettre qu'il écrivit en 769 aux moines de saint Vaast d'Arras.

SOURCE : Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction : Jean-François Godescard.


[1] Il n'en est pas de notre religion comme de la philosophie humaine : la première s'est établie par les moyens mêmes qui paraissaient devoir empêcher son établissement ; la seconde ne pourrait, malgré toute la protection des princes, introduire ses maximes dans une seule ville. On sait que le philosophe Plotin sollicita inutilement l'Empereur Gahen de rebâtir une ville ruinée dans la Campanie, afin qu'il pût, avec ses disciples, y réaliser la république de Platon. Nous avouons qu'un système de philosophie prendra quelquefois parmi les hommes ; mais ce ne sera qu'à proportion qu'il favorisera les préjugés et les passions.
[2] L'union des sièges d'Arras et de Cambrai dura longtemps, même après la mort de S. Vaast.
[3] L'abbaye de S. Vaast fut considérablement enrichie par les libéralités du Roi Thierry, qui y est enterré avec sa femme Doda.

 

 

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