Théau (ou Tillo
ou encore Thielman)
surnommé Paul, était originaire de Saxe et né de
parents païens. A peine sorti de l'enfance il fut enlevé de la
maison paternelle par des brigands qui l'amenèrent dans les
Pays-Bas, où il fut
vendu comme esclave. Il passa ainsi dans la
Gaule et eut le bonheur d'être racheté par saint Eloi, qui lui
conféra le St. Sacrement du Baptême. Ce saint homme ayant observé en
lui un esprit ouvert et un cœur docile aux leçons de la piété, le
confia aux moines de Solignac qui continuèrent à l'instruire dans
les sciences et dans la religion catholique. Bientôt il fit des
progrès étonnants dans toutes les connaissances utiles, se distingua
par toutes les vertus et se concilia par sa douceur angélique, son
affabilité, son humilité et sa soumission volontaire, l'affection et
l'estime de tous les religieux. Après cela St. Eloi, qui était
attaché à la cour du Roi Dagobert en qualité d’orfèvre, le fit venir
à Paris, afin de lui faire apprendre aussi l'état qu'il exerçait.
Tout en travaillant, Tillo avait toujours quelque livre de dévotion
devant lui, afin d'occuper aussi son âme qui aspirait ardemment à la
piété. Comme son plus grand désir était de posséder un cœur pur
devant le Seigneur, il fit une confession générale de ses péchés,
s'imposa les pénitences les plus rudes et passait des nuits entières
dans la prière et dans des larmes.
Lorsque Eloi fut
élevé au siège épiscopal de Noyon, Tillo reçut l'ordre de prêtrise
et la direction des moines de Solignac, qui déjà à une époque
antérieure avaient été édifiés par la sainteté de sa conduite et à
qui ce choix ne pouvait être que très-agréable. Tillo reçut aussi la
mission honorable de prêcher l'évangile à Tournai et dans d'autres
parties des Pays-Bas. Après la mort de son père spirituel (en 659),
il se retira dans une solitude dans le but principal de se
soustraire aux trop grands honneurs dont on l'accablait dans son
couvent. Dès-lors il porta le nom de Paul et redoubla de sévérité
dans les pénitences qu'il s'était imposées. Jusqu'à cette époque il
ne faisait qu'un repas par jour, après le coucher du soleil, et se
nourrissait du suc d'herbes et de pommes : une fois seulement tous
les trois ou quatre jours il prenait un peu de sel et de pain. Dans
ses occupations il imitait les anachorètes d'Égypte ; il travaillait
de ses mains, priait et se livrait à la contemplation. En
travaillant il répétait ces paroles de l'Apôtre : « Celui qui ne »
veut point travailler ne doit pas manger. »
L'odeur de sa
sainteté se répandit tellement dans tous les environs que de toutes
parts on accourait à sa cellule pour recevoir de sa bouche des
paroles de consolation et pour s'affermir dans la voie de la
perfection chrétienne. Ce qu'il recommandait avant tout c'était une
foi inébranlable en Dieu et en son Fils unique, c'était d'éviter
toute pensée vaine, de dompter l'esprit d'impureté et de se livrer
constamment à la prière. Il fit beaucoup de miracles, mais il avait
toujours devant l'esprit ces paroles de notre Sauveur : « Ceux qui
me disent : Seigneur, Seigneur, n'entreront pas tous dans le royaume
des cieux ; mais celui-là » seulement y entrera qui fait la volonté
de mon Père qui » est dans les cieux. Plusieurs me diront ce jour-là
: Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé en votre nom ?
N’avons-nous pas chassé les démons en votre nom ? » Après sa mort
encore, Dieu glorifia par plusieurs guérisons miraculeuses la
mémoire de son serviteur.
Notre Saint ayant
atteint déjà un âge fort avancé, et sentant sa fin prochaine, envoya
un jeune garçon à l'évêque de Limoges, et lui dit : « Va-t-en, mon
fils, en toute hâte, » à la ville de Limoges, et dis au pasteur de
l'église que je le prie de venir demain en ce lieu, de me
recommander à Dieu dans ses prières et de rendre mon corps à la
terre. » Après cela il reçut le corps et le sang de notre Seigneur
Jésus-Christ, et mourut doucement dans le Seigneur au milieu des
larmes et des gémissements de ses religieux rassemblés autour de son
lit. Cependant le jeune garçon se rendit auprès de l'évêque de
Limoges qui se nommait Hermenus, et qui dans ce moment était retenu
au lit par une maladie très-grave : mais à peine eut-il appris la
volonté de saint Tillo que ses maux l'abandonnèrent et qu'il se
transporta au lieu indiqué pour enterrer son corps. Or cela se passa
l'an 700 ou 702 selon Bollandus. Le nom de Si
Tillo, qui mourut à l'âge de 94 ans, devint très-célèbre dans
plusieurs martyrologes tant de la France et des Pays-Bas que dans
celui de Cologne. Il ne se trouve pas dans celui de Rome. Les
habitants d'Iseghem, près de Courtrai, l'honorent comme leur apôtre.
En Flandre, en Auvergne, dans le Limousin, etc., il y a plusieurs
églises dédiées sous l'invocation de saint Tillo.
SOURCE :
Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux
Saints… – Traduction : Jean-François Godes-card. |