Théau de Saxe
Moine, Prêtre, Saint
† 702

Théau (ou Tillo ou encore Thielman) surnommé Paul, était originaire de Saxe et né de parents païens. A peine sorti de l'enfance il fut enlevé de la maison paternelle par des brigands qui l'amenèrent dans les Pays-Bas, où il fut vendu comme esclave. Il passa ainsi dans la Gaule et eut le bonheur d'être racheté par saint Eloi, qui lui conféra le St. Sacrement du Baptême. Ce saint homme ayant observé en lui un esprit ouvert et un cœur docile aux leçons de la piété, le confia aux moines de Solignac qui continuèrent à l'instruire dans les sciences et dans la religion catholique. Bientôt il fit des progrès étonnants dans toutes les connaissances utiles, se distingua par toutes les vertus et se concilia par sa douceur angélique, son affabilité, son humilité et sa soumission volontaire, l'affection et l'estime de tous les religieux. Après cela St. Eloi, qui était attaché à la cour du Roi Dagobert en qualité d’orfèvre, le fit venir à Paris, afin de lui faire apprendre aussi l'état qu'il exerçait. Tout en travaillant, Tillo avait toujours quelque livre de dévotion devant lui, afin d'occuper aussi son âme qui aspirait ardemment à la piété. Comme son plus grand désir était de posséder un cœur pur devant le Seigneur, il fit une confession générale de ses péchés, s'imposa les pénitences les plus rudes et passait des nuits entières dans la prière et dans des larmes.

Lorsque Eloi fut élevé au siège épiscopal de Noyon, Tillo reçut l'ordre de prêtrise et la direction des moines de Solignac, qui déjà à une époque antérieure avaient été édifiés par la sainteté de sa conduite et à qui ce choix ne pouvait être que très-agréable. Tillo reçut aussi la mission honorable de prêcher l'évangile à Tournai et dans d'autres parties des Pays-Bas. Après la mort de son père spirituel (en 659), il se retira dans une solitude dans le but principal de se soustraire aux trop grands honneurs dont on l'accablait dans son couvent. Dès-lors il porta le nom de Paul et redoubla de sévérité dans les pénitences qu'il s'était imposées. Jusqu'à cette époque il ne faisait qu'un repas par jour, après le coucher du soleil, et se nourrissait du suc d'herbes et de pommes : une fois seulement tous les trois ou quatre jours il prenait un peu de sel et de pain. Dans ses occupations il imitait les anachorètes d'Égypte ; il travaillait de ses mains, priait et se livrait à la contemplation. En travaillant il répétait ces paroles de l'Apôtre : « Celui qui ne » veut point travailler ne doit pas manger. »

L'odeur de sa sainteté se répandit tellement dans tous les environs que de toutes parts on accourait à sa cellule pour recevoir de sa bouche des paroles de consolation et pour s'affermir dans la voie de la perfection chrétienne. Ce qu'il recommandait avant tout c'était une foi inébranlable en Dieu et en son Fils unique, c'était d'éviter toute pensée vaine, de dompter l'esprit d'impureté et de se livrer constamment à la prière. Il fit beaucoup de miracles, mais il avait toujours devant l'esprit ces paroles de notre Sauveur : « Ceux qui me disent : Seigneur, Seigneur, n'entreront pas tous dans le royaume des cieux ; mais celui-là » seulement y entrera qui fait la volonté de mon Père qui » est dans les cieux. Plusieurs me diront ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n'avons-nous pas prophétisé en votre nom ? N’avons-nous pas chassé les démons en votre nom ? » Après sa mort encore, Dieu glorifia par plusieurs guérisons miraculeuses la mémoire de son serviteur.

Notre Saint ayant atteint déjà un âge fort avancé, et sentant sa fin prochaine, envoya un jeune garçon à l'évêque de Limoges, et lui dit : « Va-t-en, mon fils, en toute hâte, » à la ville de Limoges, et dis au pasteur de l'église que je le prie de venir demain en ce lieu, de me recommander à Dieu dans ses prières et de rendre mon corps à la terre. » Après cela il reçut le corps et le sang de notre Seigneur Jésus-Christ, et mourut doucement dans le Seigneur au milieu des larmes et des gémissements de ses religieux rassemblés autour de son lit. Cependant le jeune garçon se rendit auprès de l'évêque de Limoges qui se nommait Hermenus, et qui dans ce moment était retenu au lit par une maladie très-grave : mais à peine eut-il appris la volonté de saint Tillo que ses maux l'abandonnèrent et qu'il se transporta au lieu indiqué pour enterrer son corps. Or cela se passa l'an 700 ou 702 selon Bollandus. Le nom de Si Tillo, qui mourut à l'âge de 94 ans, devint très-célèbre dans plusieurs martyrologes tant de la France et des Pays-Bas que dans celui de Cologne. Il ne se trouve pas dans celui de Rome. Les habitants d'Iseghem, près de Courtrai, l'honorent comme leur apôtre. En Flandre, en Auvergne, dans le Limousin, etc., il y a plusieurs églises dédiées sous l'invocation de saint Tillo.

SOURCE : Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction : Jean-François Godes-card.

 

 

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