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La crucifiée de Caserte Notes biographiques Chapitre IIISur la croixProgramme de vieN’ayant encore que dix ans, en 1954, Teresa reçut de la Vierge Marie son programme de vie, que voici :
Dieu seul pour but, « Un programme de vie — commente le père Gabrielle Roschini — en cinq points seulement. On ne saurait imaginer un programme de vie plus complet, indiscutablement supérieur à l’intelligence d’une fillette de dix ans. Et ce fut le programme réalisé par Teresa pendant sa brève vie ». Quelques années se sont écoulées. Teresa prit de l’assurance dans sa mission et s’efforça de plus en plus à correspondre aux desseins de Dieu sur elle, guidée toujours par la tendresse et l’amour de Marie. Plusieurs fois elle visita les médecins ou ceux-ci la visitèrent, mais leurs interventions n’avaient aucun effet sur les « maladies » de l’enfant. Ils l’internèrent, lui firent passer des rayons X, l’opérèrent, mais peine perdue, aucun soulagement ne venait couronner leurs interventions. Dépités, fatigués peut-être, ils finirent par avouer à la pauvre mère que sa fille ne serait jamais guérie et que sa vie ne serait pas bien longue : quelques mois tout au plus. Mais, c’était sans compter sur la “surveillance” du « grand médecin des âmes », Celui qui tient en sa Main toute chose. Teresa vivra plus que quelques mois, même s’il est vrai qu’elle est morte jeune, à l’âge de 33 ans. « Jésus, accepte-moi telle que je suis : nullité et misère »
Le 7 mars 1955, Teresa qui aura bientôt douze ans, accompagna
sa mère dans un
Pleine de tristesse, la petite se tourna vers son Jésus et lui dit : « Mon Jésus, toi qui vois mon amour et mon cœur, accepte-moi telle que je suis : nullité et misère. Renforce mon amour pour Toi !... Mon genou gauche gonfle beaucoup et le médecin a dit que j’avais besoin d’un repos absolu… » — conclut-elle humblement. « Plus tard, le 12 avril 1955 — raconte le père Roschini — la petite Teresa devait se soumettre à une nouvelle intervention chirurgicale. “Je me suis sentie désespérée — dit-elle — je criais, je pleurais, je ne voulais en aucun cas me résigner” ». Et le même père de nous rassurer quant à ce « désespoir » et cette « rébellion » de Teresa : « Ce “désespoir” et cette “rébellion”, doivent être compris — il me semble — dans le sens de rébellion instinctive et non point intentionnelle ». Il va de soit, bien entendu, car la petite Teresa avait elle-même demandé ces souffrances et les avait acceptées humblement pour le salut de ses frères, le soulagement des âmes du Purgatoire et tout particulièrement — comme l’avait demandé la Madone — pour les Prêtres. Il faut donc prendre ces réactions comme quelque chose de naturel et commune à chaque être et non pas comme une “rébellion” intentionnelle, une révolte contre le bon Dieu. « Ton cœur sera comme un tabernacle vivant… »Ce même 12 avril 1955, vers dix-sept heures trente, alors que Teresa était étendue sur son lit, elle vit pénétrer dans sa chambre un grand rayon de soleil, une lumière si intense que l’on pouvait à peine la regarder. Puis elle entendit réciter le “Je vous salue, Marie” et vit ensuite « une ombre très haute et de surcroît très belle ». Comme à son habitude, Teresa demanda : « Qui êtes vous ?... Que voulez-vous ?... » Du milieu de l’ombre une voix se fit entendre alors : « J’ai été envoyé par la Maman du ciel pour te dire qu’Elle est à côté de toi. Tu as accepté la croix, et bientôt tu arriveras au Calvaire. Quand tu y seras arrivée, ton corps sera comme un crucifix et ton cœur comme un tabernacle vivant… » Puis, l’Ange l’exhorte à réciter cette prière : « Entoure ma tête de ta couronne ! O Père, perce mes mains et mes pieds avec tes clous ! Blesse mon côté avec ta lance ! Je me penche sur tes genoux pour recevoir ta flagellation et l’amertume de la traîtrise de Judas, accepte mon néant !... » (Journal, pp. 1328-1329). « L’amour a la forme d’une croix »L’année 1956 commença pour Teresa sous de ténébreux nuages, des nuages qui présageaient la tempête. Sa jambe recommença à gonfler démesurément et le médecin, après avoir utilisé tous les moyens dont il était disposait, s’avoua incapable de la guérir et même de la soulager. Il fallut donc que la jeune fille prenne son mal en patience, qu’elle continue de porter sa croix de plus en plus pesante. Teresa, quant a elle, elle ne baissa pas les bras, ne se laissa pas gagner par le découragement, car faire la volonté du Seigneur et souffrir pour Lui gagner des âmes était sa mission et son but. Alors, « souffrir, se taire et offrir » lui sembla la meilleure chose à faire. A ce sujet, elle nota sur son Journal : « Je parlais à mon Crucifix et lui disait : “Oh ! Cher amour de mon cœur ! J’aimerais, Seigneur, avec mes douleurs, essuyer toutes tes larmes, afin de faire revenir à Toi les âmes de ceux qui se sont éloignés de Toi. Je suis incomprise et humiliée par amour pour Toi. Fais que je ne puisse jamais réagir, mais que par ton grand amour, je sache toujours pardonner. Mets ma famille sous ta protection afin qu’ils soient tous sauvés et jouir de ta bienheureuse Patrie » (Journal, pp. 1355-1356). « Fais… que je sache toujours pardonner » a ici un sens particulier, car elle pense à son père et à ses manières toujours aussi rudes et colériques, quand elle adresse cette prière au Seigneur. En effet, Salvatore, excédé et par la maladie de sa fille et par les visites du curé qui lui apportait la sainte Communion, interdit formellement à celui-ci de remettre les pieds chez lui. Bien entendu, cette situation déplaisait grandement à Teresa, car recevoir son Jésus aussi souvent que possible, était pour elle un besoin vital et une consolation spirituelle à nulle autre comparable. Mais elle obéissait toujours !... Voilà aussi pourquoi elle demande à Jésus de mettre sa famille sous sa protection, « afin qu’ils soient tous sauvés et jouisse de ta bienheureuse Patrie » « Je suis là pour te réajuster à la croix… »Vers la fin de cette même année 1956, le 10 septembre exactement, Teresa reçut une nouvelle visite de la Madone, alors qu’elle faisait ses prières du soir. La Vierge s’approcha, lui posa la main sur le front brûlant de fièvre et lui dit : « Ma fille, je suis là pour t’aider et pour te réajuster chaque fois d’avantage à la croix ». Puis la Mère de Dieu lui fit part des paroles de son Fils qui désirait la collaboration « vaillante et amoureuse » de Teresa ; et ajouta encore : « Ton cœur brûle d’amour pour mon Fils bien-aimé. Il veut trouver dans ton cœur un berceau, et dans ton âme un oreiller pour se reposer… » Marie lui dit encore qu’Elle sera toujours à ses côtés et qu’Elle l’aiderait lors des moments de grande solitude et de ténèbres. Puis, Elle bénit Teresa et disparut (Journal, pp. 1385-1386). Exorcisée !...Vers la fin de septembre 1956 se déroula chez Teresa un exorcisme presque surréaliste. En effet, à cette époque on présenta à Teresa une certaine demoiselle. La Madone — expliqua par la suite Teresa — lui fit voir l'âme de la visiteuse, « comme un livre ouvert ». Elle jugea bon alors de lui parler de façon très claire, dans le but de la stimuler au bien. Mais la demoiselle, après avoir été surprise par tout ce que la jeune fille lui disait, se tourna vers au père de Teresa et lui dit : « Votre fille est possédée des démons ! ... Ils lui ont fait la facture ! ». Suite à ce renseignement très particulier, Salvatore se rendit immédiatement chez le Curé et lui rendit compte de tout ce qu’il venait d’entendre. Le Curé, sans sourciller et sans la moindre enquête, lui répondit : « Je viendrai l'exorciser ». Il se rendit en effet chez Salvatore et commença à exorciser Teresa, commandant, avec force et conviction, à Belzébul de la laisser libre. La pauvre fille dut subir toute cette mascarade, mais elle se tût et offrit à Dieu les humiliations que l'on venait de lui infliger (Journal, pp. 1388-1389). « Ma fille, voici la croix… »En cette même année, la veille de Noël, pendant que Teresa sur son lit priait, souffrait et offrait pour les pauvres pécheurs, elle vit une lumière qui inonda sa chambrette. Ensuite elle aperçut la figure d’un homme qui s'approcha, la fixa longuement et lui dit : « Fille de mon cœur, Je te fais trop souffrir, n’est-ce pas ? Mais l'humanité en a tant besoin... ». Et, parmi d'autres choses, il ajouta ceci : « Fille de mon coeur, voilà la croix que j'ai construit pour toi... Tu vas bientôt arriver en haut du Calvaire ». Il lui prédit ensuite certaines choses futures, qui furent confirmées plus tard. Puis, Il la bénit et disparut. Suite à cela, Teresa, se tourna vers le Seigneur et Lui adressa cette prière : « Donne-moi tout ce qui favorisera mon union à Toi... Prends-moi à moi-même, et fait que je sois un pur don pour Toi ! ... Je suis prête à renoncer à tout au monde par amour pour Toi et pour le bien des âmes... Attache-moi à ta croix... Je veux te rester fidèle jusqu'à la mort... » (Journal, pp. 1387-1401). « Mes souffrances — écrivit-elle — semblent dépasser mes forces. Ma faiblesse augmente, mais mon cœur cherche Jésus... ». Le médecin lui-même, venu la visiter, ne réussit pas à retenir les larmes et dit : « Cette fille doit être hospitalisée ! ... Elle courre le risque d'une septicémie à la jambe ». A l’Hôpital de CaserteSuite à ce décourageant verdict, le 17 janvier 1957 l’infirme, accompagnée de sa maman, fut transportée, pour la troisième fois, à l’Hôpital civil de Caserte. Cette nouvelle hospitalisation fut, pour elle, « une rencontre avec son Époux céleste », une rencontre très attendue. Le lendemain elle put recevoir, avec une indicible satisfaction, son « cher Amour sans craindre les remarques désobligeants de son père ». Suite aux analyses médicales, le médical traitant « enferma la jambe — raconte Teresa — dans un étui en fer, qui l’empêchait de bouger... ». « Mais, même en étant ainsi crucifiée — continue l’infirme — je me sentais terriblement (sic) heureuse : je sentais en moi un amour qui me brûlait, et mon corps brûlait comme un brasier allumé ». « La jambe, entre-temps — raconte le père Roschini —, même enfermée et immobilisée, continuait à gonfler, et les douleurs lancinantes ne lui donnaient pas un instant de trêve. La fièvre — qui Teresa avait coutume appeler “sœur” — lui tenait une fidèle compagnie. Sa souffrance était telle qu’elle ne réussissait même pas à dire un mot. Le Chapelain de l'Hôpital, plein de compréhension, cherchait à l’encourager, et un jour lui posa cette question : “A qui offres-tu tes souffrances ?..”. Il s’entendit répondre : “Pour tous les Prêtres, pour les Évêques et pour le Pape, afin qu'ils deviennent de grands Saints” ». Mais la pauvre Teresa n’était pas au bout de ses peines. En effet, le premier février, vers vingt-trois heures trente on la transporta dans la salle d’opérations pour extraire le pus dont son genou malade était plein. L'opération fut très douloureuse du fait qu'on ne put pas lui pratiquer l'anesthésie. Lorsque le chirurgien enfila une grande aiguille dans le genou, la pauvre patiente éprouva des douleurs si atroces qu’elle poussa des cris épouvantables. « Lorsque je me suis rendue compte — nota Teresa dans son Journal — que la douleur dépassait mes forces, j’ai commencé à m’entretenir avec Jésus, Lui disant : « Tendre amour, quelle de douleur ! ... Fait que je puisse éloigner les Prêtres de la mauvaise route... Je te donne tout : mon âme, ma vie, mon corps et toutes mes douleurs, mes angoisses, ainsi que toutes les palpitations de mon cœur. Je veux te suivre jusqu'au Calvaire, comme il te plaît, tendre amour, mon Jésus ». Une fois l’opération terminée, Teresa fut ramenée dans sa chambre. Après avoir versé quelques larmes, la jeune fille tomba dans un profond sommeil. « Le 5 février — raconte le père Roschini —, vers dix heure trente minutes, le Chapelain de l'Hôpital, venait la visiter, mais la trouvant dans cet état, n’eut pas le courage de lui parler et se limita seulement à lui demander : “Teresa, qu’as-tu dit au doux Jésus ?…”. La malade, le sourire aux lèvres, lui répondit : “Je lui ai dit : Jésus, mon époux, transforme, par ta force, ma douleur en un autel, où je m'offrirai comme âme réparatrice, pour l’amour de mess frères…”. Le 28 février — continue le père Roschini —, suite au résultat de la visite médicale, la pauvre infirme fut une nouvelle fois transportée dans la salle d’opérations pour une nouvelle intervention chirurgicale. “Ils m’ont attachée à la table — raconte Teresa — et commencèrent les recherches avec l'aiguille dans mon genou. L'aiguille je le sentais vraiment dans mon cœur, comme si on y avait percé un trou. J’ai crié : Jésus, pardonne-moi, aide-moi, accepte mon offrande”. A la gêne de la jambe, s'ajoutaient, les jours suivants, des “fièvres très élevées, fortes douleurs aux épaules”. “Mais si Jésus me veut victime — disait l’infirme — pourquoi dois-je me lamenter ? Jésus a tout souffert en silence”. Il sentait seulement de se trouver “dans un lit de douleur” ». Nouvelle opérationLes choses ne s’arrêtèrent pas là. Son calvaire continua encore plusieurs jours dans cet Hôpital où elle ne recevait aucun soulagent. Pour en savoir plus, continuons de lire le texte du père Gabrielle Roschini, théologien talentueux, éminent spécialiste de la Cause des Saint et très respecté par ses confrères. « Pendant la nuit du 30 Mars, la pauvre victime fut, une fois encore, transportée dans la salle opératoire. Elle subit une nouvelle intervention chirurgicale sans anesthésie et sans la moindre piqûre qui aurait pu atténué la douleur. Pendant la très douloureuse intervention, la victime priait pour les médecins et disait, pour elle-même : “Jésus, si aujourd'hui je suis victime, fait que demain je puisse être ta Crucifiée”. “Je me sentais — dit-elle encore — vraiment heureuse” : c’était le seul bonheur de la douleur soufferte avec amour” (…). Et, s’adressant à Jésus, elle répétait : “Jésus, comment, comment pourrai-je vivre un instant sans de Toi ? Donne-moi la force d'être toujours prête à ton doux appel”. Après 15 jours d'absence, la mère se décida à aller trouver sa pauvre fille, et elle lui apporta un miroir. La fille se vit dans le miroir et resta terrifiée : ses yeux étaient langoureux et enfoncés, son visage était très pâle et son corps réduit à un squelette… Effrayée, elle se tourna vers la Madone : la douce Maman céleste la serra contre son Cœur et la remplit de paix et de force ». Puis, au milieu de toutes ces souffrances, de tous ces malheurs qui s’accumulaient sur sa route, une petite accalmie, un petit havre de paix, une grande consolation. La Chapelain qui avait appris à mieux connaître la malade, voulut lui faire une surprise, certain de l’effet que cela ferai dans le cœur de Teresa : il décida de célébrer la Messe dans sa chambre. Elle put ainsi serrer dans son cœur le seul Amour de sa vie, le seul Consolateur capable de lui donner courage et force : Jésus ! Toutefois, l’internement dura encore plusieurs semaines : Teresa ne quitta l’Hôpital de Caserte que le 11 mai. A sa sortie, elle était heureuse et disait à Jésus : « Tu m’as fait goûter l’amour de ta Passion et la joie de ta Crucifixion, garde-moi avec Toi sur la croix… » « Je veux m’unir à ta Passion »Le 31 janvier 1957, Teresa reçut une visite qui lui causa « une terrible peur ». En effet ce jour-là, son médecin traitant vint chez elle pour l’opérer. Mais bientôt, faisant appel à toutes ses faibles forces, elle se calma et s’adressant à Jésus, elle Lui dit, pleine de confiance et de foi : « Jésus, Tu le veux, et je le veux aussi ! ... [Je veux] m’unir à ta Passion et résurrection. Pendant toute ma vie et jusqu’à ma mort, je veux toujours sentir ta résurrection et savourer toujours ta Passion. Avec cette pensée — poursuit Teresa — en me serrant à la croix de Jésus, et en offrant cette douleur sans parler, je me sentais vraiment proche du Cœur de Jésus, pendant que le médecin me donnait le coup de bistouri. Le “coup de bistouri” — explique encore Teresa — fut vraiment douloureux ; mais pendant cette horrible douleur je vis Jésus qui me tendait les bras ; et j'offrais toujours et toujours ma vie, mes actions, mes souffrances, tous les sacrifices que je supporte dans ma famille. Je t’offre tout, mon doux amour. Tu m'as donné la vie, et Tu dois la prendre. Moi, Jésus, je te rends mon corps tout criblé, c'est-à-dire, plein de trous ; ce corps que Toi, tendre Amour, tu m’as donné si sain et si beau, moi, incapable de rien, je te le rends avec tant de trous. Jésus, fait que ces blessures, ces opérations, acceptées par amour pour toi, soient pour le bien des âmes et, plus particulièrement pour le salut de la mienne. Mon Amour, je te confie tout, sans plainte aucune, entre tes mains, pour que Tu aides les Prêtres et sauves les âmes » (Journal, pp. 1405-1407). « Quitte cette maison »La vie de Teresa prit un nouveau virage à compter du 2 novembre 1960. En effet, ce jour-là elle reçut une nouvelle visite de l’Ange Gabriel qui commença par lui demander de « s’occuper du salut éternel d’une âme en grave danger ». Il est évident que la réponse de la jeune fille fut, comme d’habitude, un “Oui” sincère et ferme. Puis, comme le souligne Teresa, il lui annonça « avec bonté, mais avec fermeté », le nouveau sacrifice qui l’attendait. « Jésus veut que tu fasses le sacrifice de laisser cette maison… et ceux qui te sont chers » (Journal, pp. 1588-1589). La surprise fut totale, car la jeune fille ne s’y attendait pas. Sont cœur se serra, les yeux se remplirent de larmes et une immense tristesse envahit tout son être. « La douleur était telle — raconte Teresa — que je n’arrivait pas à retrouver la paix. Je cherchais à travailler en brodant, en cousant, mais les aiguilles s'enfilaient dans mes doigts... ». Puis, un doute, peut-être, effleura son esprit, car comme pour confirmer le premier message, un autre Messager du Seigneur se présenta a elle deux jours plus tard, le 5 novembre et lui dit : « Teresa, Jésus veut que tu partes de cette casa, si tu ne veux pas que le Seigneur appelle au ciel tes parents ». Si Teresa avait un doute, après cette précision divine, tout aurait dû devenir claire pour elle. Mais, ce ne semple pas être tout à fait le cas. Elle raconte : « Entendant cela, j’ai fait appel à toutes mes forces et je lui ai répondu : “Mais comment pourrai-je, seule et sans secours, porter (le poids de la) responsabilité de la vie et de la route sur laquelle je dois cheminer ? Je sens mon cœur troublé et mon esprit agité” ». Quel autre messager plus qualifié que la Maman du ciel pour confirmer les désirs de Dieu et en même temps rétablir la paix dans l’âme de la jeune fille ? Marie vint donc au secours de sa fille tant aimée et lui dit : « Ma fille, ne craint pas ! Les voies de Dieu sont impénétrables aux yeux des créatures... Ne craint rien, ma fille ! Le sacrifice que tu vas faire en t’en allant de chez toi est pour la bien de ton âme et pour le bien de beaucoup d'autres. Jésus t'aime. Vis uniquement pour Lui ! ». Mais Teresa aime sa famille. Les laisser lui coûte beaucoup et, elle le dit à Marie : « Mon affection pour eux ne me permet pas de m’en séparer ! » La Vierge n’insista pas, semble-t-il et, après l’avoir bénie, comme habituellement, Elle disparut. L’acte d’abandon completTeresa, restée seule, se mit à réfléchir et à prier, afin de pouvoir prendre une décision ferme et définitive, une décision qui plaise à Jésus, bien entendu, ce qui, il est vrai, limitait les possibilités d’un refus de sa part. Malgré les brimades et la sévérité de son père, Teresa l’aimait, comme elle aimait sa mère et ses frères. Son cœur eut beaucoup de mal à accepter la décision qui pourtant s’imposait à lui comme la plus adéquate : obéir au Seigneur. La jeune fille ne va pas faire durer l’attente ; Le 10 novembre 1960, donc, cinq jours plus tard et « après des jours de terrible souffrance », comme elle l’a écrit elle-même, elle décida de faire un acte d’abandon complet à la volonté divine : elle s’est donnée toute entière, corps et âme à Jésus, pour faire en toute chose sa divine volonté. « Je veux — dit-elle — un abandon complet à la volonté divine. Je veux un abandon complet à Jésus, et Lui seul je veux aimer ! » Elle disait vouloir aimer Jésus à un tel point « que personne ne puisse l’éteindre. Peu importe ce que cela me coûte — continua-t-elle — je laisserai cette maison que j’aime tant, et tout le reste avec elle. J'irai où Jésus le voudra, car je n’aimerai que Lui seul, et à Lui seul je rendrai compte, et à Lui seul je devrai plaire... Jésus lit dans mon âme tout ce que j'ai offert et offrirai toute ma vie... » L’acte d’abandon complet semble avoir plu à Jésus, car peu après, elle entendit « une voix douce et suave qui lui disait : “Ma fille, chère Teresa, tu me consoles…” » (Journal, pp. 1590-1591). Entendre cette « une voix douce et suave » était pour la jeune fille comme un enchantement, cela lui procurait une joie angélique et un amour indicible. Alors elle répétait sans se lasser, les yeux remplis de larmes de joie : « Que ta volonté soit faite ! Fais-moi boire à ton propre calice ; fais-moi porter ta propre croix… Jésus, mon amour, tu le sais : j'ai mis à ta disposition tout mon corps et ma volonté pour que tu en fasses tout ce que tu veux. Maintenant, si tu ne le fais pas, lorsque je me trouverai face à face avec toi, mon tendre amour, tu ne pourras pas me dire : “ ceci tu ne me l'as pas donné”, car alors je te répondrais : “ et toi, pourquoi tu ne l'as pas pris ?...” » (Journal, p. 1582). A partir d’alors elle se donna un mot d’ordre qu’elle respectera toujours jusqu’à la fin : « Ne jamais reculer face à la souffrance !... » (Journal, p. 1593). Le carnavalLa période de carnaval est, sans aucun doute, l’une des périodes de l’année où l’homme offense le plus le Seigneur son Dieu. En effet, les demandes de réparation que le Seigneur adresse à ses âmes de prédilection, pour ces jours où les hommes se défoulent à tout va, sont très nombreuses. Nous pensons, bien entendu, à celles que Jésus et Marie adressèrent à Alexandrina de Balasar — nous avons la chance de bien connaître sa vie et ses écrits —, celles dont fut dépositaire Josefa Menendez, sainte Faustine Kowalska et bien d’autres. La même requête fut adressée à Teresa. Ce fut pendant de carnaval de 1961. Jésus lui apparut et lui dit : « Teresa, ma fille, pendant ces jours où je reçois beaucoup offenses, je veux t'avoir pour Cyrénéen. Oui, tu m'aideras à porter la Croix. Et la Croix de l'Amour, la Croix de mon Amour pour les âmes. Tu me consoleras, et tous les deux nous souffrirons pour eux » (Journal, pp. 1613-1614). Le carnaval, si nous avons compris la préoccupation de Jésus et Marie à faire faire des réparations pour cette fête profane, est donc une fête diabolique, quoi qu’en disent ceux qui la soutiennent. Ceci nous amène également à parler un peu des actions “tentées” auprès de Teresa par le père du mensonge et du désordre, celui-là même qui nous priva tous, en Adam et Ève, de la vision béatifique de Dieu. Il essaya, en effet, par tous les moyens — et les siens sont vraiment importants ! — de mettre la discorde au sein de la famille Musco et, plus particulièrement entre Teresa, ses parents et ses frères. La jeune fille s’en plaignit au Seigneur et obtint cette réponse déjà entendue aussi à Balasar : « Ma fille, tu dois être moulue comme le grain et pressée comme une grappe de raisin » (Journal, p. 1562). La réponse de Teresa ne fut pas différente des autres fois, en pareilles circonstances : « O Jésus, merci, parce que tu m'as associé à ta Passion. Je comprends, ô Jésus, que la Croix est le coffret qui contient le grand trésor. Et seulement, seulement en regardant celle-ci, je suis vraiment heureuse. Et je jouis du Paradis sur la terre » (Journal, p. 1576). Les âmes du PurgatoireLa dévotion envers les âmes du Purgatoire est fort ancienne dans l’Église. Sainte Catherine de Gênes, une grande mystique, a écrit un “Traité du Purgatoire”, qui est un chef-d’œuvre de la littérature mystique. On y trouve des explications sur le sort des âmes, dès qu’elles quittent notre “vallée de larmes” et se trouve en face de Dieu. D’autres mystiques reçurent également des enseignements et renseignements sur ces âmes qui, dans l’attente du rétablissement de leur pureté originelle, se trouvent privées, jusque là, de la vision béatifique. La Vierge Marie, Elle-même, lors de certaines de ses apparitions au cours des siècles, parla souvent des âmes du Purgatoire « spécialement les plus abandonnées » — celles pour qui personne ne prie —, comme Elle le dit en 1917 aux trois pastoureaux portugais de Fatima. Teresa reçut, elle aussi, à plusieurs reprises, des demandes de prières et de sacrifices pour ces âmes “qui veulent voir Dieu”. Ses prières et ses sacrifices semblent avoir eu une grande valeur aux yeux du Seigneur, car le 2 novembre 1962, un très grand nombre de ces âmes saintes sont venues remercier la jeune fille. Ne pouvant pas se déplacer au Cimetière, Teresa s’unit “spirituellement” à ces âmes, car « il est vraiment beau d’offrir, non point des fleurs matérielles mais des prières et des souffrances pour les âmes du Purgatoire », a-t-elle écrit dans son Journal. Dans les premières heures de l'après-midi de ce 2 novembre 1962, pendant qu’elle était absorbée par sa prière, elle vit arriver sa chambre, devant elle une multitude de personnes. Devant un tel spectacle, elle ne put s’empêcher de leur demander, comme à son habitude ce qu’ils voulaient d’elle. La réponse fut courte, mais immédiate et consolante, au milieu de cris de joie : « Tu nous as libérés des peines du Purgatoire… ». Aussitôt après toutes ces personnes disparurent à la vue de Teresa. Cette vision lui permit, non seulement de se rendre compte de la valeur de ses souffrances, de ses lourdes croix, mais aussi à développer encore davantage en elle la dévotion envers ces âmes saintes. Vœu de chastetéEn 1963, Teresa fêta ses vingt ans. Un peu avant, vers les dix-sept ou dix-huit ans, elle se sentit attiré par les garçons, comme toutes les jeunes filles de son âge. Poussé ou non par ceux de sa famille, elle donna suite aux avances de l’un ou de l’autre de ces jeunes gens, mais tout en restant très digne et très pure. Puis, ce penchant s’estompa et son avancée vers le Seigneur continua sans se heurter à d’autres écueils que celui de la maladie et des le souffrance librement acceptée en faveur des pécheurs, ses frères. Nous savons que Jésus est un époux « jaloux » : Il le répéta très souvent à toutes ces âmes qu’Il s’est choisies : sainte Catherine de Sienne, la bienheureuse Angèle de Foligno, sainte Rose de Lima, la bienheureuse Alexandrina Maria da Costa, sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et tant d’autres auxquelles Il avoua son amour « jaloux ». Un jour, plus exactement, le 15 octobre 1963, à treize heures trente, alors que Teresa était seule chez elle, quelqu’un frappa à sa porte. Elle vint ouvrir et se trouva face à face avec un mystérieux religieux qui venait lui apporter la sainte Communion. Après avoir reçu l’Eucharistie, ils prièrent ensemble et, à la fin, le religieux se tourna vers Teresa et lui demanda : « Ma fille, veux-tu offrir ta virginité à la très Sainte Vierge ? ... » La réponse de la jeune fille ayant été affirmative, le religieux lui demanda de prendre en main son cahier et d’écrire et de répéter après lui, ce qu’il allait lui dicter : « O très aimable Jésus, voici le vôtre servante arrivée au comble de son bonheur. Je n'ai maintenant plus d’autre désir que Vous, Roi du ciel et de la terre, vous qui vous abaissé pour m’élire vôtre épouse bien-aimée. Donc, le coeur pénétré d’une sincère gratitude, avec une volonté ferme et décidée, en pleine connaissance, je fais le vœu de consacrer à mon très doux Seigneur Jésus, ma pureté virginale, vous élisant, vous seul, comme l’époux de mon âme, me privant ainsi de la liberté de contracter le mariage avec aucun homme. Vous, donc, mon très aimé Jésus, dès maintenant et à jamais, vous serez le patron de mon âme, de mon corps, de mes affections et de toute moi-même. Dès maintenant et à jamais je ne me considérerai plus mienne, mais toute à vous, toute, entièrement résolue à perdre la vie plutôt que de vous être infidèle. Oh, Dominus meus et Deus meus, donnez-moi la sainte persévérance et ensuite je suis content. Jésus, Jésus, Jésus, je vous aime ; mais parce que je ne vous aime pas assez, je désire vous aimer davantage. O faites, mon seul bien, que je meure au monde et à moi-même pour vivre seulement pour Vous. O Marie, délice des vierges, à Vous je recommande ma pureté virginale : gardez-la et préservez-la de toute tache ! Saint Gemma, Saint Thérèse, Sainte Maria Goretti, mes douces petites sœurs, aidez-moi à être fidèle à mon Dieu et à maintenir mon vœu et donnez-moi un peu de vôtre amour pour Jésus ». Quelle beauté, mon Dieu !... L’écriture terminée, le religieux se leva et, avant de prendre les escaliers pour sortir il lui traça un signe de croix sur le front et lui recommanda de relire la prière : elle en recevrait davantage de force (Journal, pp. 1718-1720).
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