Raymond, né à
Capoue, de la noble famille Des Vignes, vers l’an du Seigneur 1330 ;
se distingua, dès son enfance, par la candeur de ses mœurs, ses
goûts religieux et sa tendre piété envers la Mère de Dieu. Attiré,
dit-on, dans la Famille des Prêcheurs, par un appel merveilleux de
notre bienheureux Père Dominique, il s’y instruisit si bien des
règles de la vie divine dans les âmes qu’il put bientôt en donner en
divers lieux un
enseignement fort loué. Envoyé comme directeur aux
saintes vierges de Montepulciano, il s’y montra, malgré sa jeunesse,
maître parfait de sainteté. Rappelé à Borne, il fut élu pour
Supérieur par les Sœurs qui habitaient près de
Sainte-Marie-sur-Minerve. Peu de temps après, il se démit de cette
charge, dans l’intention de se consacrer exclusivement à la
direction des hommes.
A ce moment la
bienheureuse Catherine, vierge de Sienne, jouissait déjà d’une
renommée de sainteté extraordinaire. Avertie par la Reine du ciel,
ainsi qu’elle nous l’atteste elle-même dans ses écrits, elle choisit
Raymond comme arbitre de sa conscience et conseiller de ses actions.
C’est avec son secours, qu’elle mena si souvent à bonne fin tant de
négociations des plus ardues, acceptées pour l’avantage de l’Eglise
et de la société. C’est avec ce même appui qu’elle rappela tant de
pécheurs à une vie fructueuse pour le ciel et sut montrer à un grand
nombre d’âmes la voie de la perfection.
Après la mort de
Catherine, et conformément à ses prédictions, Raymond fut élu Maître
de l’Ordre des Prêcheurs. Sans la moindre hésitation il s’appliqua
de suite à ramener à son état premier la discipline religieuse bien
affaiblie par suite des calamités de ce temps (La peste noire,
les guerres continuelles, le grand schisme d’Occident.). Dans la
plupart des provinces confiées à son gouvernement (L’Ordre eut à
ce moment deux Maîtres généraux, et se trouva, comme l’Église,
partagé en deux obédiences.), il établit un ou deux
couvents qui observaient de point en point les institutions des
Prêcheurs. Ces Maisons devaient donner aux autres monastères des
maîtres de vie régulière et faire enfin refleurir dans l’Ordre
entier l’observance primitive. A une si grande œuvre, il mit tous
ses efforts, ne se laissant abattre par aucune fatigue, ne
s’effrayant ni des menaces, ni des calomnies. Il favorisa avec zèle
tous les amis des lois religieuses, les protégea contre les
vexations de leur persécuteurs et, soit par ses lettres, soit par
ses visites, les fortifia dans leur sainte résolution.. Il plaida si
bien la cause des statuts de son Ordre que désormais personne
n’essaiera cette même défense sans en puiser les principaux
arguments dans les commentaires de Raymond. Il a laissé à la
postérité un récit des actes très saints de la bienheureuse Agnès de
Montepulciano, et il a écrit sur l’admirable vie de la bienheureuse
Catherine de Sienne un livre partout célèbre.
Mais Raymond n’a
pas donné comme limites à l’action de sa charité les cloîtres où
vivait sa famille religieuse; il l’a étendue à toute l’Église. C’est
ainsi que le pape Grégoire XI et ses successeurs Urbain VI et
Boniface IX n’ont pas eu d’auxiliaire plus fidèle. Bien cruelles
étaient en ce temps-là les discordes qui s’étaient allumées autour
du siège de Pierre. Pour les apaiser, l’homme de Dieu ne s’épargna
nulle fatigue e t méprisa tout péril. On pouvait le voir souvent
alors exilé loin des charmes de sa cellule, occupé à des légations
fort difficiles pour le service du Pontife légitime. Bien que faible
de santé, il entreprenait de longs et pénibles voyages et s’exposait
à la mort sur terre et sur mer, supportant courageusement toute
peine; refusant très humblement tous les honneurs qui lui étaient
offerts. Atteint enfin d’un mal mortel, à Nuremberg, où il défendait
les droits de l’Église Romaine et travaillait à la restauration de
son Ordre, il s’endormit très paisiblement dans le Seigneur, en l’an
du salut 1399, le 5 octobre. Son corps, enseveli avec grand honneur
dans l’église de son Ordre, fut ensuite transféré à Naples, à
Saint-Dominique-le-Majeur.
Le culte rendu au
bienheureux Raymond après sa mort ne fut, depuis, jamais interrompu,
et ne fit que grandir et s’étendre. Le Souverain Pontife Léon XIII,
après consultation de la Congrégation des Rites sacrés, a ratifié ce
culte, alors que s’achevait le Ve siècle après la mort du saint
religieux, et a accordé en outre, à l’Ordre des Prêcheurs et aux
diocèses de Capoue et de Sienne, la permission de célébrer la messe
et l’office du bienheureux. |