Pétrone de Bologne
Évêque, Saint
† 450

4

OCTOBRE

Ce saint était fils de Pétrone, préfet du Prétoire, qui se rendit aussi célèbre par sa piété que par son éloquence : Il reçut une excellente éducation dans la maison paternelle, et fut formé de bonne heure à tous les exercices de la vie ascétique. Lorsqu'il fut en âge de voyager, il passa en Orient, et visita les solitaires qui habitaient les déserts de la Palestine et de l'Egypte, afin de se perfectionner dans la science des saints par les exemples vivants qu'il aurait sous les yeux. Il resta un temps, considérable dans les lieux où il trouva un plus grand nombre de serviteurs de Dieu ; et parmi ceux dont il voulut être le disciple, on compte surtout S. Jean de Lycopolis, S. Apollon et S. Ammon. Il fit une relation de ce qu'il avait vu de plus édifiant dans son voyage, et nous l'avons encore dans le second livre des Vies des Pères, que Gennade lui attribue.

Son retour en Italie concourut avec la mort de S. Félix, évêque de Bologne. Étant allé à Rome, où il arriva en 43o, le pape Célestin l'élut pour succéder à ce saint prélat. S. Eucher dit à cette occasion, que S. Hilaire d'Arles et S. Pétrone de Bologne avaient passé du faîte des grandeurs humaines au service de l'Eglise.

Pétrone, qui avait traversé nu-pieds les déserts de l'Orient, qui avait joint aux fatigues du voyage les austérités de la pénitence, et qui s'était toujours préservé de la dissipation par un amour constant de la prière et du recueillement, ne voulut rien diminuer de ses exercices ordinaires, quand il se vit revêtu de la dignité épiscopale. Il redoubla même de ferveur, dans la persuasion que sa sanctification et celle de son troupeau étaient inséparables l'une de l'autre.

La ville de Bologne avait éprouvé plusieurs fois en fort peu de temps, les suites des horreurs de la guerre. Elle avait été saccagée par Radagaise, roi des Huns. Ce prince, païen superstitieux, étant venu de Pannonie en Italie, avec Alaric, roi des Goths, dans l'année 399, prit Aquilée, et porta le ravage dans tous les lieux où il passa. Alaric, qui craignait Stilicon, général de l'empire, retourna dans la Pannonie ; mais Radagaise, à la tête d'une armée puissante, marcha de Bologne à Rome. Les Païens de cette ville le regardèrent comme le vengeur de leurs dieux, que les Chrétiens insultaient, et ils ne doutèrent point qu'il ne remportât la victoire. Cette confiance ne dura pas longtemps. Stilicon vint de Pavie avec son armée; puis, étant tombé sur les ennemis, qui ne l'attendaient point, il les tailla en pièces sans aucune perte de son côté. Radagaise s'enfuit inutilement sur les montagnes voisines de Fiésoli ; il fut pris et mis à mort par ordre de Stilicon. Alaric, encouragé par la trahison du vainqueur de Radagaise, repassa en Italie ; et ne trouvant point d'obstacles, il saccagea deux fois Bologne, pilla les campagnes et se rendit maître de Rome. Il mourut peu de temps après dans le voisinage de Reggio, lorsqu'il se préparait à faire la conquête de la Sicile et de l'Afrique.

S. Pétrone, en arrivant à Bologne, trouva cette ville encore plongée dans la misère et la désolation. Il s'occupa donc du soin de réparer ses pertes. Il commença par extirper les semences d'arianisme que les Goths y avaient jetées. A la vérité, Alaric avait épargné les églises, et leur avait même accordé des privilèges ; mais celles de Bologne ne subsistaient plus ; elles avaient été détruites parles Païens, qui composaient la principale partie de l'armée de Radagaise. La cathédrale reconnaissait pour son fondateur S. Zama, élu premier évêque de Bologne par le pape S. Denys, vers l'an 270, et elle était dédiée sous l'invocation de S. Pierre. Elle fut détruite sous les persécutions de Dioclétien et de Julien l'Apostat. Le saint évêque Fuscinien la fit reconstruire dans un autre quartier. S. Pétrone en devint à son tour le fondateur, et la dédia sous l'invocation des SS. Nabor et Félix. Elle appartient aujourd'hui aux pauvres Clarisses. Sigonius et Benoît XIV ont donné l'histoire des églises fondées ou réparées par le saint évêque, et ils comptent celle de Saint-Etienne, bâtie sur le modèle des églises de la Croix et du Sépulcre de Jérusalem ; celle de Sainte-Thècle, de Sainte-Agathe, de Saint-Jean l'Evangéliste, etc.

S. Pétrone enrichit la ville des reliques de plusieurs martyrs, notamment de celles de S. Florien, qui furent apportées de Vicenze et déposées dans l'église de Saint-Etienne. S. Florien, qui est honoré comme le principal patron de Bologne, paraît avoir souffert le martyr sous Dioclétien.

Le saint évêque répara aussi les ruines de Bologne, et l’agrandit en faisant construire autour de nouvelles murailles. Il fit un voyage à Constantinople pour obtenir des secours relatifs à cet objet, de l'empereur Théodose le Jeune. De retour en Italie, il finit saintement sa carrière avant l'an450. Ses reliques ayant été découvertes bien longtemps plus tard et sa sainteté ayant été confirmée par plusieurs miracles, la ville de Bologne fit bâtir une église de son nom en 1211, laquelle appartient présentement aux Servites. En 1890 on en bâtit une autre qui est beaucoup plus belle que la première, et est desservie par un chapitre de chanoines séculiers. S. Pétrone est honoré à Bologne comme un des principaux patrons de cette ville. On lit son nom dans le Martyrologe romain sous le 4 d'octobre.

SOURCE : Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction : Jean-François Godescard.

 

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