Saint
Paterne, dit autrement saint Pair, naquit à Poitiers,
ville de Guyenne, vers l'an 480, de parents fort
illustres par leur noblesse et par les charges qu'ils
possédaient. Son père y remplissait des fonctions
importantes. Après la mort de celui-ci, Julite, sa
veuve, éleva son fils dans les principes qu'une mère
vertueuse peut inspirer à ses enfants, et le jeune
Paterne fit de grands progrès dans l'exercice de la loi
chrétienne.
Il
avait ainsi atteint sa vingtième année, lorsque cédant à
une inspiration du ciel, il prit l'habit religieux au
monastère d'Ansion, appelé depuis Saint-Jouin-de-Marnes.
Son esprit d'ordre, sa discrétion, son amour de la
régularité persuadèrent à son abbé qu'il remplirait bien
la charge de cellérier, et en effet il s'en acquitta de
manière à prouver qu'un jour il pourrait diriger des
affaires autrement importantes.
Bientôt, il voulut chercher une solitude plus retirée,
afin d'y vivre selon une pratique plus parfaite de
l'humilité, de la mortification et de la pénitence. Il
s'en ouvrit à son confrère nommé Scubilion et ils
s'enfuirent en secret dans une région lointaine pour se
fixer dans la Normandie, non loin de la ville de
Coutances, ville déjà pourvue d'un évêché. Ils n'y
vécurent pas longtemps sans que le peuple, attiré vers
eux par des vertus qui l'édifiait, ne leur rendît
bientôt importunes des visites journalières qui leur
ôtaient la liberté de la prière et des saints
exercices. Ils y vécurent quelques temps comme des
ermites, en un lieu fort solitaire ; enfin, un homme de
bien de ce pays les pria d'aller à un village nommé
Scicy, pour en convertir les habitants qui vivaient
encore dans les ténèbres du paganisme. Ils y allèrent et
y semèrent le bon grain de l'Évangile ; mais cette
terre, n'étant pas disposée à le recevoir, ne produisit
pas le fruit qu'on pouvait en attendre. Au contraire,
les habitants, féroces comme des bêtes sauvages, les
accablèrent d'outrages.
Cependant, les deux saints personnages se retirèrent
dans une caverne où il vécurent pendant trois. Au bout
de ce temps, l'abbé d'Ansion, Générosus, qui, admirant
l'excès de leur pénitence, essaya néanmoins de la
modérer : il reconduisit saint Scubilion au monastère
poitevin, et recommanda saint Paterne à l'évêque de
Coutances, Léontien. Ce prélat, connaissant les talents
que Dieu vait donné pour la prédication de l'Evangile à
notre Saint, l'ordonna diacre d'abord, puis prêtre en
512.
Saint
Paterne fit bien profiter le talent du Seigneur et,
rejoint par saint Scubilion sur ordre de l'abbé d'Ansion,
il entreprit de convertir la contrée de Scicy,
d'arracher les restes de l'idolâtrie, et, de faire ainsi
pour toutes les contrées qu'il parcourut avec son saint
confrère : le Cotentin, le Bessin, le pays du Mans,
d'Avranches, de Rennes en Bretagne (à ce sujet, on ne
confondra pas saint Patern, dit l'Ancien, premier évêque
de Vannes au Ve siècle, que l'on fête au 15 avril, et
dont une magnifique église de cette ville porte le nom
et conserve une infime et précieuse partie de ses
reliques). Il établit dans toutes ces provinces des
monastères qu'il peupla de saints religieux dont il fut
le supérieur et l'abbé.
Dieu
l'honora de si grands et de si fréquents miracles, que
le bruit de sa sainteté se répandit bientôt à la cour de
Childebert, roi de France ; et ce prince l'envoya prier
de venir à Paris. Ce ne fut sur son parcours que
miracles : par ses prières et le signe de la croix, il
rendait la vue aux aveugles, délivrait les possédés,
etc.
Après
avoir satisfait à ce que le roi désirait de lui, il s'en
retourna en sa première solitude du Cotentin, près de
Scicy, jusqu'à ce que Notre Seigneur Jésus-Christ lui
fit voir en songe trois saints évêques décédés depuis
peu, saint Melaine, saint Léontien et saint Vigor le
consacré lui-même évêques. Pensant être trompé par une
illusion, saint Paterne n'en parla à personne, mais
bientôt l'évêque d'Avranches décéda et il fut porté sur
le siège épiscopal par la volonté unanime du clergé et
du peuple.
Saint
Paterne gouverna cette église l'espace de treize ans
avec tout le zèle et toute la sollicitude d'un vigilant
prélat. Il assista au troisième concile de Paris, en
557, et, de retour à Avranches, il tomba malade le
lendemain de Pâques, alors qu'il se disposait à rendre
visite au monastère de Scicy qu'il avait fondé et qui
était si cher à son cœur puisque c'est saint Scubilion
qui en était l'abbé.
Se sentant en danger, il envoya prier saint Scubilion de
le venir assister en ce dernier passage. Mais son
messager en rencontra un autre en chemin, qui venait de
la part de ce saint abbé, aussi tombé malade, lui faire
la même prière. Ainsi, l'évêque et l'abbé moururent le
même jour, le 16 avril 565, pour se rencontrer ensemble
à une même heure devant le tribunal de Dieu et dans la
possession de l'éternité bienheureuse.
Nos deux Saints choisirent leur sépulture dans l'église
du monastère de Scicy. Il arriva de plus, que les
convois, dont l'un était conduit par saint Lô (ou Laud),
évêque de Coutances, et l'autre par Lascivius, évêque
d'un autre lieu, arrivèrent ensemble et au même moment
devant la porte de l'église du monastère.
Les
reliques de saint Paterne et de saint Scubilion se
trouvent toujours dans l'église de Scicy - devenue
aujourd'hui Saint-Pair-sur-Mer -, qui est depuis
longtemps l'église paroissiale.
Des parties de ces reliques ont été détachées et ont été
transportées à Issoudun et à Orléans, où l'on bâtit des
églises du nom de saint Paterne. Il faut mentionner que
celle d'Issoudun n'existe plus : elle fut ravagée
pendant la tempête révolutionnaire. Les saintes reliques
ont été sauvé par un brave homme et existent toujours et
sont conservées dans l'église Saint-Cyr de la même
ville. Cette ville avait aussi reçu des reliques de
saint Paterne l'Ancien, premier évêque de Vannes ; les
bêtes sauvages révolutionnaires s'en emparèrent et les
détruisirent.
Sources diverses. |