Saint Palais (ou
Pallade), d'une
famille illustre, succéda à Didymesur le siège de Saintes, vers l'an
573. Il fit éclater sa piété dans le soin qu'il prit d'orner les
églises, et d'en bâtir de nouvelles. Il avait une grande
dévotion
pour S. Eutrope, premier évêque de Saintes, et il fit la translation
de ses reliques, ainsi que de celles de l'abbé S. Martin. Il assista
aux conciles qui se tinrent à Paris et à Maçon, l'un en 573 et
l'autre en 585. Mais l'éclat de ses vertus fut terni par des actions
dignes de reproche.
Un aventurier
nommé Gonclebaud, qui se disait fils de Clotaire I, mit plusieurs
provinces dans ses intérêts. Il gagna même Mommol, général du roi
Contran. Etant à Bordeaux, il voulut faire sacrer Faustin évêque d'Acqs,
dans la troisième Aquitaine. Pallade fit la cérémonie de ce sacre à
la place de Bertrand de Bordeaux, qui l'en avait prié. Une telle
conduite ne pouvait manquer de lui attirer l'indignation du roi
Contran. Ce prince l'ayant vu officiera Orléans, voulait sortir de
l'église; mais les autres évêques qui étaient dans cette ville le
prièrent de ne pas faire cet affront à l'épiscopat. Contran
s'adoucit, et reçut même Pallade à sa table. Mais il lui fit sentir
le mécontentement qu'il avait eu de sa conduite. L'évêque de Saintes
et celui de Bordeaux, qui jusque- là avaient été amis, s'oublièrent
en présence même du roi, et eurent une dispute fort vive. Les deux
prélats promirent de se représenter devant le concile de Macon, qui
se tint peu de temps après. Dans cette assemblée on déposa Faustin,
qui avait été sacré évêque d'Acqs, et il fut décidé que Bertrand de
Bordeaux, Pallade de Saintes, et Oreste de Bazas, qui avaient
concouru ou consenti à son ordination, le nourriraient tour à tour
et fourniraient à son entretien.
Quelque temps
après, Pallade fut encore accusé de favoriser les desseins de
Frédégonde contre Contran. Mais c'était une calomnie. L'évêque de
Saintes n'avait point reçu les députés de Frédégonde, comme ses
ennemis le publiaient. Il était en retraite dans une île voisine,
pour se préparer à célébrer la fête de Pâques. Antestius, gouverneur
d'Angers, qui s'était rendu à Saintes, profita de cette occasion
pour mortifier l'évêque, qu'il n'aimait pas. Il pilla sa maison, et
ne voulut le laisser rentrer dans sa ville qu'à condition qu'il lui
vendrait une terre qu'il avait en Berry.
Pallade passa le
reste de sa vie dans l'exercice de ses fonctions ; et l'on ne peut
douter qu'il n'ait effacé par la pénitence les fautes qu'il pouvait
avoir commises, puisque l'Eglise l'a mis au nombre des saints. Le
pape S. Grégoire le Grand lui écrivit pour lui recommander S.
Augustin et les autres missionnaires qu'il envoyait en Angleterre.
Il lui écrivit encore en lui envoyant des reliques de S. Pierre et
de S. Paul, qu'il avait demandées pour enrichir l'église qu'il avait
fait bâtir à Saintes en l'honneur de ces saints apôtres, de S.
Laurent et de S. Pancrace. Il mourut à la fin du sixième siècle. Il
est nommé en ce jour dans le Martyrologe de France.
SOURCE :
Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux
Saints… – Traduction : Jean-François Godescard. |