Pablo vit le jour le 26 juin
1897 à Torralba del Río (Navarre, Espagne).
Il
entra à treize ans à l’école des Hospitaliers de
Saint-Jean-de-Dieu, à Ciempozuelos, puis y fut novice.
Il fit la profession avec le nom de
Braulio
María,
et fut
ordonné prêtre en 1922.
Il était conseiller
provincial de son Ordre. En outre, il était maître des
novices à Calafell (Tarragona) depuis 1931 : cette
communauté tenait un sanatorium pour les enfants de
familles pauvres. La grande popularité du père Braulio
suscitait la générosité de la population, qui lui
procurait les dons nécessaires à nourrir jusqu’à
deux-cent-cinquante enfants malades.
La communauté comprenait
trois prêtres, des Frères convers et les novices.
Lors de la révolution
espagnole, il pensa à envoyer tous ses novices à
Marseille, mais les événements ne lui en donnèrent pas
le temps.
Au soir du 22 juillet, les
enfants demandèrent aux Religieux ce qu’était ce gros
nuage de fumée qui se répandait sur Calafell : c’était
l’église qui était incendiée. Les Religieux
s’efforcèrent de ne pas inquiéter les enfants.
Le père Braulio réunit la
communauté et demanda à tous de prier le Sacré-Cœur de
Jésus pour le maintien de la foi en Espagne. Beaucoup
d’entre eux passèrent la nuit en prière devant le
Saint-Sacrement.
Au petit matin, ils
retirèrent le Saint-Sacrement et tous les objets sacrés
pour les mettre en sécurité dans la petite chapelle du
noviciat, tandis que de grandes colonnes de feu
continuaient à s’élever, à la suite de l’incendie des
églises du pays.
Le 22 juillet en fin
d’après-midi, la communauté s’apprêtait à célébrer les
Vêpres, lorsque les miliciens en armes envahirent le
sanatorium, s’emparèrent des Frères, fouillèrent
l’établissement à la recherche des «armes» (qui
n’existaient pas) ; le père Braulio eut la bonté de leur
servir à manger.
Ils
partirent en prévenant qu’ils reviendraient le lendemain
avec d’autres effectifs, pour prendre en charge
l’établissement, non sans les avertir aussi : Enlevez
donc ces habits ; personne ne les porte plus ; nous
sommes tous égaux.
Le père
Braulio dit aux Religieux : Nous
sommes entre les mains de gens qui nous haïssent à cause
de notre appartenance au Christ. Heureux sommes-nous si
Dieu demande notre vie pour expier les nombreux péchés
qui se commettent en Espagne !
On ne dormit pas beaucoup
cette nuit-là ; tous se confessèrent. Dès quatre heures
du matin, les trois prêtres célébrèrent la Messe et
distribuèrent la Communion aux enfants plus grands, leur
donnant parfois plusieurs Hosties, pour les consommer et
ainsi éviter toute profanation de l’Eucharistie.
Puis le père
Braulio dit aux autres : Notre
devoir est de rester auprès de ces enfants innocents,
dont le sort sera le nôtre. Dieu nous donnera la force
de mourir martyrs, si telle est sa volonté.
Dans l’après-midi, arrivèrent
les miliciens qui exigèrent les clefs, et consentirent
seulement aux Frères de rester là en attendant l’arrivée
du personnel laïque qui devait prendre en charge les
enfants.
Le dimanche
26, il fut impossible de célébrer la Messe. Quand les
Religieux voulurent commencer la prière du matin avec
les enfants, comme chaque jour, on le leur interdit, en
se moquant de la Religion. Les miliciens promirent aux
enfants qu’on leur donnerait des jouets, qu’on leur
ferait du cinéma dans la chapelle et que désormais,
quand on leur dirait
Dieu
n’existe pas !,
ils devraient répondre : Vive
le communisme ! Un
des Frères survivants racontera qu’à ce moment il fit un
acte de réparation au Sacré-Cœur.
Le mardi 28, les miliciens
éliminèrent tout signe religieux du sanatorium. Les
Religieux firent leur bagage ; on leur promit un
sauf-conduit pour rejoindre la France par Barcelone,
mais il fallait seulement attendre la relève du
personnel laïque. Ainsi passa aussi le mercredi 29.
Le jeudi 30
à six heures du matin, le père Braulio put célébrer la
Messe pour la communauté. On consomma les dernières
Hosties. Le prieur ajouta : Ce
sera peut-être la dernière fois que nous recevrons Jésus
Hostie, et nous le reverrons bientôt face à face.
Courage, soyons contents de pouvoir verser notre sang
pour le Christ.
À neuf heures, arriva le chef
des miliciens, qui leur proposa cette alternative : ou
ils restaient sur place avec les «civils», ou ils
partaient, mais on ne pouvait leur donner ni
sauf-conduit ni pièce d’identité, et l’on ne répondait
pas de leur vie dès qu’ils quitteraient la maison.
Pour les Religieux, partir
était donc un risque ; mais rester dans cette ambiance,
comportait aussi un grand risque pour leur âme, car il
fallait renoncer à toute expression de foi. Aussi
choisirent-ils de partir.
Le chef en fut le premier
surpris. Il ordonna à huit Religieux de rester sur
place. Les autres partirent en deux groupes : d’un côté,
le père Braulio avec six Frères et huit novices, vers la
gare de San Vicente, de l’autre le père Maître vers
celle de Calafell.
Peu avant d’arriver à la gare
de Calafell, le groupe fut arrêté par une patrouille. On
demanda le Frère Constanci (Sadurní Roca Huguet), qui
reçut une rafale de mitraillette et fut laissé pour mort
; quelques heures après, des enfants du sanatorium qui
passaient par là, l’entendirent gémir et appelèrent au
secours, mais ceux qui vinrent, l’achevèrent.
Les
Religieux qui se dirigeaient vers la gare de San
Vicente, furent arrêtés et conduits vers la gare de
Calafell. Cette fois, le père Braulio leur dit : Je
vous donne l’absolution. Maintenant, ils nous conduisent
à la mort ; pardonnez-leur.
On les conduisit vers la
place El Vendrell, où une populace en fureur était en
train de profaner l’église. Voyant les Religieux, elle
voulut s’en emparer, mais les conducteurs ne voulaient
pas perdre leurs proies. Ils se firent ouvrir le passage
et prirent la route de Barcelone, avec les vingt-deux
Religieux.
Ils arrivèrent devant la gare
de Calafell et furent arrêtés par une vingtaine d’autres
miliciens, qui firent descendre tous les Religieux et
les alignèrent. Quatre d’entre eux qui étaient très
jeunes, ainsi qu’un Argentin qui avait son passeport,
reprirent place sur le camion. On fit avancer tout le
reste du groupe un peu plus loin ; alors, du camion, les
cinq rescapés entendirent des coups de feu, puis des
coups de pistolet.
On entendit sonner les cinq
heures de l’après-midi de ce jeudi 30 juillet 1936.
Revenant au camion, les
miliciens constatèrent qu’un des cinq avait pris la
fuite ; ils le rattrappèrent et l’assassinèrent.
Un des
quatre qui restaient demanda à être assassiné le
dernier, encourageant les autres avec le crucifix dans
une main et le chapelet dans l’autre ; il criait : Vive
le Christ Roi !
On n’arrive pas à trouver le
nombre exact des Religieux de la communauté de Calafell,
ni celui des Martyrs et des survivants. La béatification
de 1992 comprend quinze martyrs : le père Braulio, six
Frères convers (dont Constanci), huit novices.
Leur dies natalis
commun est au 30 juillet.
SOURCE : http://www.samuelephrem.eu/2014/07/pablo-corres-diaz-de-cerio.html |