Gaucher,
évêque de Cambrai, s'était rendu coupable de simonie et fut
déposé par le pape Urbain II. La
sentence qui le privait de son
siège n'était cependant pas mise à exécution, parce que Gaucher
avait su gagner les bonnes grâces de l'empereur qui le soutenait.
Alors le pape s'adressa à Manassès, archevêque de Reims, avec
injonction d'élire un évêque pour Cambrai. Manassès assembla un
concile de ses suffragants en 11o5, et on élut d'une voix unanime le
vertueux Odon, abbé de Saint-Martin de Tournai. Dès qu'il eut reçu
la consécration épiscopale, Odon se rendit à Cambrai et prit
possession de son siège ; mais Gaucher resta à Cambrai et ne voulut
sortir de cette ville du vivant de l'empereur Henri IV.
Odon se contenta
d'exercer les fonctions épiscopales dans le reste du diocèse, et de
réparer les maux que l'indigne Gaucher avait faits et continuait à
faire à l'église. Ses talents et ses vertus consolèrent la religion
et arrêtèrent les progrès d'un schisme déplorable.
Dès lors il se consacra
tout entier à l'instruction des peuples confiés à ses soins et
édifia son diocèse par son zèle et sa conduite irréprochable. Se
voyant enfin paisible possesseur de son siège, il n'omit rien pour
effacer jusqu'aux dernières traces de l'administration de Gaucher.
Il y réussit non sans peine, et ramena à l'unité les cœurs les plus
rebelles.
Après avoir ainsi
consolidé le bien, il se retira sur la fin de sa vie au monastère d'Anchin,
où il avait pris autrefois l’habit religieux. C'est dans cette
retraite qu'il attendit en paix l'heure du Seigneur, et qu'il mourut
saintement le 19 mai Ses vertus luiront mérité le titre de
bienheureux.
SOURCE : Alban
Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction :
Jean-François Godescard. |