S. Mommelin
ou Mummolin était
de la ville de Constance, sur le lac de ce nom et de l'une des
plus nobles familles du pays. Il méprisa tous les avantages
qu'il pouvait tirer de sa naissance et des1
richesses de sa
maison,
pour suivre Jésus-Christ dans sa bassesse et sa pauvreté. Il se
lia avec un jeune homme de son pays, et de son âge nommé
Ebertram, qui n'aimait pas moins que lui la vertu et la piété.
Après leur» études ils formèrent le dessein de quitter ensemble
leur patrie, pour aller servir Dieu dans quelque solitude. Ils
communiquèrent leur vue à Bertin, qui était aussi de leur
âge, et tous trois, après s'être fortifiés dans leur sainte
résolution, allèrent chercher une retraite dans les montagnes
des Vosges. Bertin avait un parent, religieux de l'abbaye de
Luxeuil en Bourgogne : C'était saint Orner, qui fut depuis
évêque de Térouenne. Il proposa à ses deux compagnons d'aller le
trouver avec lui, espérant qu'il les ferait recevoir dans ce
monastère, ou qu'il leur donnerait quelque avis salutaire pour
régler leur conduite.
Saint Bertin et Saint Mommelin et Ebertram,
manuscrit de la Bibliothèque de Saint-Omer
(Ms 698). |
Saint Walbert,
successeur de saint Eustase à Luxeuil, s'étant convaincu des
saintes dispositions des trois jeunes gens, les reçut d'une
manière toute paternelle et leur fit donner ''habit monastique.
Ils firent de si grands progrès dans la vertu, que leur
supérieur, considérant d'ailleurs qu'ils avaient de l'étude et
du talent, leur fit conférer la prêtrise, afin de les employer
dans le saint ministère. Depuis ce moment ils prêchèrent la
pénitence et le royaume des cieux aux peuples des environs du
Rhin. Lorsqu'ils apprirent que saint Omer, qui déjà depuis trois
ans avait été appelé à l'évêché de Térouenne, avait besoin
d'ouvriers évangéliques, ils partirent pour aller l'assister,
après en avoir obtenu la permission de leur abbé. Ils
travaillèrent sous la conduite de ce saint prélat avec un succès
admirable. Huit ou neuf ans après, saint Omer ayant bâti un
monastère à Sithiu, sur un terrain qui lui avait été donné par
un riche gentilhomme du pays, nommé Adroald, le donna en 648 à
nos trois saints prédicateurs, afin qu'ils pussent là, dans la
retraite et dans la prière, se reposer de leurs fatigues (3). Il
choisit Mommelin, qui était le plus âgé des trois, pour en être
le premier abbé ; il se distingua principalement par sa douceur
pour ses religieux et son austérité pour sa propre personne,
après de longues abstinences qui avaient épuisé son corps, il ne
soulageait sa faim qu'avec de l'eau et du pain d'orge mêlé de
cendres, qu'il arrosait de ses larmes. Il n'était pas seulement
le père et le nourricier des pauvres, il s'était fait encore
l'infirmier et le médecin des malades. Lorsqu'il entreprenait de
les panser, il commençait par se mettre en prière pour
recommander à Dieu la guérison de leur âme avec celle de leur
corps : et il s'appliquait ensuite à soulager leurs maux avec
une charité qui rarement était privée de son effet. Il y avait
neuf ans que saint Mommelin gouvernait le monastère de Sithiu,
lorsqu'il fut appelé par tous les suffrages au siège de Noyon et
de Tournai, à la place de S. Eloy, qui mourut l'an 659. Se
voyant obligé de quitter ainsi le séjour de sa pénitence, il
laissa l'administration de son monastère à S. Bertin, qui se
montra digne de cette confiance, comme nous avons vu sous le 5
Septembre.
Notre Saint
travailla pendant 26 ans avec un zèle infatigable dans l'un et
l'autre diocèse dont il se trouvait chargé, et reçut le 16
Octobre 685 la récompense de ses travaux. — Il fut enterré,
comme il l'avait prescrit, dans le cimetière commun, mais dans
la chapelle de S. George qui touchait à l'église des Apôtres,
laquelle porta depuis le nom de sainte Godeberte. Ses reliques
furent divisées dans la suite : on en transporta une partie dans
la cathédrale de Noyon, l'autre fut mise dans l'église abbatiale
de saint Eloy. Le martyrologe romain ne fait point mention de
lui : les autres marquent la plupart sa fête au 16 Octobre; mais
dans le calendrier des Bénédictins elle se trouve au 18 Mai, qui
est apparemment le jour de sa translation. Dans le diocèse de
Tournai, sa fête se célèbre le 16 Octobre, “ritu duplici”,
d'après le décret d'un synode diocésain de 1600, sous
l'évêque Michel d'Esne.
La vie de S. Eloy,
écrite par S. Ouen, nous apprend que S. Mommelin, vers la fin de
la première année de son épiscopat, leva de terre avec la plus
grande solennité le corps de S. Eloy, et qu'à la sollicitation
et par la libéralité de la sainte Reine Bathilde, il fit élever
à son vertueux prédécesseur un superbe et magnifique tombeau.
Mommelin assista aussi, avec d'autres évêques et abbés, à la
dédicace de l'église abbatiale d'Elnon, fondée par S. Amand,
dont il signa aussi le testament.
SOURCE :
Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux
Saints… – Traduction : Jean-François Godescard. |