Mommelin de Noyon
Évêque de Noyon et Tournai, Saint
+ 685

16

OCTOBRE

S. Mommelin ou Mummolin était de la ville de Constance, sur le lac de ce nom et de l'une des plus nobles familles du pays. Il méprisa tous les avantages qu'il pouvait tirer de sa naissance et des1 richesses de sa maison, pour suivre Jésus-Christ dans sa bassesse et sa pauvreté. Il se lia avec un jeune homme de son pays, et de son âge nommé Ebertram, qui n'aimait pas moins que lui la vertu et la piété. Après leur» études ils formèrent le dessein de quitter ensemble leur patrie, pour aller servir Dieu dans quelque solitude. Ils communiquèrent leur vue à Bertin, qui était aussi de leur âge, et tous trois, après s'être fortifiés dans leur sainte résolution, allèrent chercher une retraite dans les montagnes des Vosges. Bertin avait un parent, religieux de l'abbaye de Luxeuil en Bourgogne : C'était saint Orner, qui fut depuis évêque de Térouenne. Il proposa à ses deux compagnons d'aller le trouver avec lui, espérant qu'il les ferait recevoir dans ce monastère, ou qu'il leur donnerait quelque avis salutaire pour régler leur conduite.

Saint Bertin et Saint Mommelin et Ebertram, manuscrit de la Bibliothèque de Saint-Omer (Ms 698).

Saint Walbert, successeur de saint Eustase à Luxeuil, s'étant convaincu des saintes dispositions des trois jeunes gens, les reçut d'une manière toute paternelle et leur fit donner ''habit monastique. Ils firent de si grands progrès dans la vertu, que leur supérieur, considérant d'ailleurs qu'ils avaient de l'étude et du talent, leur fit conférer la prêtrise, afin de les employer dans le saint ministère. Depuis ce moment ils prêchèrent la pénitence et le royaume des cieux aux peuples des environs du Rhin. Lorsqu'ils apprirent que saint Omer, qui déjà depuis trois ans avait été appelé à l'évêché de Térouenne, avait besoin d'ouvriers évangéliques, ils partirent pour aller l'assister, après en avoir obtenu la permission de leur abbé. Ils travaillèrent sous la conduite de ce saint prélat avec un succès admirable. Huit ou neuf ans après, saint Omer ayant bâti un monastère à Sithiu, sur un terrain qui lui avait été donné par un riche gentilhomme du pays, nommé Adroald, le donna en 648 à nos trois saints prédicateurs, afin qu'ils pussent là, dans la retraite et dans la prière, se reposer de leurs fatigues (3). Il choisit Mommelin, qui était le plus âgé des trois, pour en être le premier abbé ; il se distingua principalement par sa douceur pour ses religieux et son austérité pour sa propre personne, après de longues abstinences qui avaient épuisé son corps, il ne soulageait sa faim qu'avec de l'eau et du pain d'orge mêlé de cendres, qu'il arrosait de ses larmes. Il n'était pas seulement le père et le nourricier des pauvres, il s'était fait encore l'infirmier et le médecin des malades. Lorsqu'il entreprenait de les panser, il commençait par se mettre en prière pour recommander à Dieu la guérison de leur âme avec celle de leur corps : et il s'appliquait ensuite à soulager leurs maux avec une charité qui rarement était privée de son effet. Il y avait neuf ans que saint Mommelin gouvernait le monastère de Sithiu, lorsqu'il fut appelé par tous les suffrages au siège de Noyon et de Tournai, à la place de S. Eloy, qui mourut l'an 659. Se voyant obligé de quitter ainsi le séjour de sa pénitence, il laissa l'administration de son monastère à S. Bertin, qui se montra digne de cette confiance, comme nous avons vu sous le 5 Septembre.

Notre Saint travailla pendant 26 ans avec un zèle infatigable dans l'un et l'autre diocèse dont il se trouvait chargé, et reçut le 16 Octobre 685 la récompense de ses travaux. — Il fut enterré, comme il l'avait prescrit, dans le cimetière commun, mais dans la chapelle de S. George qui touchait à l'église des Apôtres, laquelle porta depuis le nom de sainte Godeberte. Ses reliques furent divisées dans la suite : on en transporta une partie dans la cathédrale de Noyon, l'autre fut mise dans l'église abbatiale de saint Eloy. Le martyrologe romain ne fait point mention de lui : les autres marquent la plupart sa fête au 16 Octobre; mais dans le calendrier des Bénédictins elle se trouve au 18 Mai, qui est apparemment le jour de sa translation. Dans le diocèse de Tournai, sa fête se célèbre le 16 Octobre, “ritu duplici”, d'après le décret d'un synode diocésain de 1600, sous l'évêque Michel d'Esne.

La vie de S. Eloy, écrite par S. Ouen, nous apprend que S. Mommelin, vers la fin de la première année de son épiscopat, leva de terre avec la plus grande solennité le corps de S. Eloy, et qu'à la sollicitation et par la libéralité de la sainte Reine Bathilde, il fit élever à son vertueux prédécesseur un superbe et magnifique tombeau. Mommelin assista aussi, avec d'autres évêques et abbés, à la dédicace de l'église abbatiale d'Elnon, fondée par S. Amand, dont il signa aussi le testament.

SOURCE : Alban Butler : Vie des Pères, Martyrs et autres principaux Saints… – Traduction : Jean-François Godescard.

 

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