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Présentation de l'icône dite
“Marie porte du ciel”
Nous avons noté plus haut que la
véritable Portaïtissa datait d'environ mille ans. Elle existe
toujours et est conservée dans un monastère du Mont Athos en
Grèce. Les silhouettes de la Mère et de l'Enfant, ainsi que les
inscriptions, ont été recouvertes par des plaques d'argent,
incrustées de pierres précieuses. De la peinture, on ne voit
plus que les deux visages de Marie et de Jésus, noircis par la
fumée des cierges. Cependant, on distingue toujours la trace
d'une cicatrice sur la joue droite de Marie, trace du coup de
sabre qui l'avait atteinte et qui avait provoqué, à l'endroit de
la "blessure", un jaillissement de sang...
Marie a l'air
austère des vierges peintes par les moines grecs du Mont Athos,
il y a près de mille ans. L'Enfant Jésus est, d'une manière
étonnante, représenté avec une tête d'adulte très sérieux.

Photo de la véritable Icône au monastère du Mont-Athos.
4-1-Explications
Les moines d'Iviron donnent quelques
explications. Marie Porte du Ciel est une icône qui nous montre
l'unique chemin. Cependant, il ne s'agit pas ici d’une
représentation statique où La Mère de Dieu nous montrerait son
Fils. Non, il semble plutôt qu'elle veuille nous attirer sur un
chemin austère relevant du grand désir de Dieu de nous "aspirer"
à Lui, ce que saint Jean nous a laissé entendre: "Quand
j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi."
(Jn. 12,32).
La Mère de DIEU est celle qui garde
la Porte du Ciel, non pour en limiter l’accès, mais, au
contraire, pour accueillir tout le monde, facilitant même le
passage, quels que soient les obstacles qui empêcheraient les
hommes de se tourner vers Dieu. Elle est celle qui fait franchir
la porte, en permettant au Verbe divin de s’incarner parmi les
hommes.
L’icône comporte des inscriptions.
Dans les angles du haut, MR, à gauche, et TH à droite,
abréviations grecques pour indiquer la Mère de Dieu. Au-dessus
de la tête de Jésus, IC XC: Jésus-Christ. Le visage de chaque
personne est auréolé d’un nimbe, mais seul celui du Christ est
crucifère et comporte trois lettres signifiant "Je suis Celui
qui suis", le nom que Dieu révéla à Moïse devant le Buisson
Ardent. Enfin, nous pouvons remarquer en bas à gauche, une série
de caractères blancs bien plus récents. C’est la seule icône
portant une telle inscription.
4-2-Description des personnages
(d'après les moines d'Iviron)
4-2-1-L'Enfant
Jésus
La main droite de la
Mère de Dieu a été volontairement agrandie par l’iconographe,
afin d’insister sur le fait que Marie est celle qui nous montre
le chemin vers Dieu, en nous présentant l’enfant Jésus, enfant
royal somptueusement drapé d’or, affirmant ainsi sa divinité. Le
blanc de sa tunique symbolise la blancheur éclatante de la
Transfiguration. L’insigne du pouvoir est sur son épaule (Isaïe
9,5), c’est l’écharpe des rois et des prêtres.
On remarque tout de
suite que le visage de l’enfant Jésus n'est pas celui d'un
enfant, mais d'un adulte, et d'un adulte d'un âge indéterminé.
Dans sa main gauche Jésus tient un rouleau blanc: celui des
Écritures.
Mais on remarque surtout sa main droite située au centre de
l’icône. "Elle bénit, comme en réponse à l’accueil que nous
fait la Mère de Dieu dans une traditionnelle position des doigts
qui exprime les initiales grecques du nom de Jésus-Christ."
4-2-2-La Vierge
Marie
“La main droite de Jésus, est située
juste en avant du cœur de Marie. C’est par le cœur de la Mère de
Dieu, ou encore en réponse au désir de ce cœur maternel, que le
Fils de Dieu bénit ceux et celles que Marie Porte du Ciel Lui
présente. Cette bénédiction, Il la répand non de face, mais en
regardant sa Mère en qui Il a toute confiance, et à qui Il ne
peut rien refuser. Son visage, disions-nous plus haut, n’est
plus celui d’un enfant, mais d’un adulte mûr présenté aux hommes
comme le Seigneur du monde”.
La Mère de Dieu semble particulièrement grave et triste; son
regard quitte l’icône, comme si elle pressentait prophétiquement
la Passion de son Fils...
“La Portaïtissa est enveloppée du
mophorion, ce grand manteau rouge violet recouvrant même la
tête. Sa couleur représente la pourpre royale de Byzance et sa
lisière, ainsi que les franges, sont dorées. Elle est vraiment
Reine. Toutefois, le bleu discret de sa tunique nous rappelle
qu’elle est humaine, toute humaine.
Trois étoiles ornent son manteau:
l’une sur le front, les deux autres sur chaque épaule,
"symbolisant la présence plénière de Dieu en Elle comblée de
grâces, mais aussi sa triple virginité avant, pendant et après
la naissance du Christ. Enfin ces étoiles suggèrent que la Mère
de Dieu est signée du Père: celle du front, du Fils: celle de
l’épaule droite, selon la manière orientale de se signer, et de
l’Esprit: à gauche, près de Jésus.”
Nous avons vu ci-dessus comment
l'icône prit le nom de "Portaïtissa". La Mère de Dieu semblait,
en effet, vouloir demeurer à l’entrée de l’Église. L'icône,
originale, la "Portaïtissa", la Porte du Ciel, resta là, dans le
monastère d’Iviron, pendant plus de 1000 ans...
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