Catherine Scherer
naît en 1825 dans une famille de paysans aisés, à Meggen dans le
canton de Lucerne (Suisse). Elle
rencontre de bonne heure des
épreuves : son père meurt et une famille parente l'accueille, elle
préfère renoncer aux études qu'elle aime, plutôt que de tolérer un
professeur indélicat. En 1845 elle entre chez les
Sœurs enseignantes
de la Sainte Croix de Menzigen et reçoit le nom de Marie-Thérèse.
Cette Congrégation a été fondée l'année précédente par le Père
Théodose Florentini o.f.m.. Ce capucin au grand cœur s'émeut de
l'état lamentable des hôpitaux où sont soignés les pauvres. C'est
ainsi qu'en 1855, il crée à Ingenbohl, une branche soignante de son
Institut, les Sœurs de la charité, dont la supérieure est la Mère
Marie-Thérèse. Mais la Mère Bernarda, supérieure des Sœurs
enseignantes de Menzingen récuse l'autorité du Père, ne voulant pas
que les deux branches fassent partie de la même Congrégation.
L'année suivante c'est donc la scission entre les “Sœurs
enseignantes” et les “Sœurs de la charité pour les écoles et les
soins aux pauvres et aux malades”, ces dernières voulant rester
attachées au Père Florentini.
Le nouvel
Institut est confié à Mère Marie-Thérèse. Mais la Mère Bernarda
exige aussi la séparation des fonctions, les Sœurs d'Ingenbohl ne
devant plus s'occuper d'enseignement, mais seulement des malades et
des pauvres. La Mère Marie-Thérèse doit donc renoncer à l'éducation
des enfants, son œuvre de prédilection des premières années. En 1857
elle est nommée supérieure générale des “Sœurs de Charité de la
Sainte Croix”. Le Père Florentini, toujours dévoré de zèle, est
touché par la promiscuité des jeunes filles à l'usine et le chômage.
En 1860 une
fabrique de draps employant plusieurs centaines d'ouvrières ayant
fermé à Oberlentensdorf en Bohême, il décide de la rouvrir avec
l'aide des Sœurs. Avec bon sens, la Mère Marie-Thérèse juge que ce
travail ne leur convient pas et que l'entreprise n'est pas viable.
Néanmoins elle finit par accepter et c'est une catastrophe
financière. Cinq ans plus tard le Père Florentini meurt et pendant
plusieurs années l'Institut devra éponger les dettes au prix de
grandes privations. Toutefois la Mère ne cesse de vénérer la mémoire
du défunt et elle réussit à faire approuver les Constitutions qu'il
avait établies avec elle. Jusqu'au bout, malgré ses responsabilités,
ses épreuves morales et finalement ses souffrances physiques, elle
parcourt la Suisse et l'étranger pour fonder ou visiter ses Maisons.
Son âme
franciscaine reste gaie, pauvre et simple. Elle met volontiers la
main à la pâte (les pauvres se rappelleront longtemps ses bonnes
soupes).
Elle meurt le 16
juin 1888 à Ingenbohl.
Béatifiée le 29
octobre 1995, à Rome, par Jean Paul II. |