Sainte Marguerite était
nièce de saint Étienne de Hongrie. Elle vint au monde en 1046, et
montra bientôt de merveilleuses dispositions pour la vertu
qui
lui mérita dans la suite le nom de mère des orphelins et de
trésorière des pauvres de Jésus-Christ.
Forcée de chercher un
asile en Écosse, elle donna l'exemple d'une sainteté courageuse dans
les épreuves, si bien que le roi Malcolm III, plein d'estime pour
elle et épris des charmes de sa beauté, lui offrit sa main et son
trône. Marguerite y consentit, moins par inclination que dans
l'espoir de servir à propager le règne de Jésus-Christ. Elle avait
alors environ vingt-trois ans (1070).
Son premier apostolat
s'exerça envers son mari, dont elle adoucit les moeurs par ses
attentions délicates, par sa patience et sa douceur. Convertir un
roi, c'est convertir un royaume: aussi l'Écosse entière se ressentit
de la conversion de son roi: la cour, le clergé, le peuple furent
bientôt transformés.
Marguerite, apôtre de
son mari, fut aussi l'apôtre de sa famille. Dieu lui donna huit
enfants, qui firent tous honneur à la vertu de leur pieuse mère et à
la valeur de leur père. Dès le berceau elle leur inspirait l'amour
de Dieu, le mépris des vanités terrestres et l'horreur du péché.
L'amour des pauvres,
qui avait brillé dans Marguerite enfant, ne fit que s'accroître dans
le coeur de la reine: ce fut peut-être, de toutes les vertus de
notre sainte, la plus remarquable. Pour les soulager, elle
n'employait pas seulement ses richesses, elle se dépensait tout
entière: "La main des pauvres, aimait-elle à dire, est la garantie
des trésors royaux: c'est un coffre-fort que les voleurs les plus
habiles ne sauraient forcer." Aussi se fit-elle plus pauvre que les
pauvres eux-mêmes qui lui tendaient la main; car elle ne se privait
pas seulement du superflu, mais du nécessaire, pour leur éviter des
privations.
Quand elle sortait de
son palais, elle était toujours environnée de pauvres, de veuves et
d'orphelins, qui se pressaient sur ses pas. Avant de se mettre à
table, elle servait toujours de ses mains neuf petites orphelines et
vingt-quatre vieillards; l'on vit même parfois entrer ensemble dans
le palais jusqu'à trois cents pauvres. Malcolm se faisait un plaisir
de s'associer à sa sainte épouse pour servir les pauvres à genoux,
par respect pour Notre-Seigneur, dont ils sont les membres
souffrants. La mort de Marguerite jeta le deuil dans tout le
royaume.
Abbé L. Jaud
Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame,
1950. |