Le
Bienheureux Manuel Gonzalez Garcia est une figure
remarquable de l'Église espagnole dans la première
moitié du XXe
siècle. Il naît à Séville en 1877 au sein d'une famille
humble et profondément religieuse; il est le
quatrième
de cinq enfants; son père est charpentier. Dans son
enfance, l'une de ses grandes aspirations est de faire
partie des “seises” de la cathédrale de Séville; c'est
un groupe d'enfants de chœur qui chantent et dansent
lors des solennités de la Fête-Dieu et de
l'Immaculée-Conception. On trouve là en germe ce qui
constituera les deux traits saillants de sa
spiritualité : la dévotion au Saint-Sacrement et à la
Vierge Marie.
Il est
ordonné prêtre en1901. L'année suivante il est envoyé en
mission au petit village de Palmares del Rio, près de
Séville. La vision d'un tabernacle abandonné le marque
profondément et à partir de ce moment-là, il se consacre
à la diffusion de la dévotion eucharistique en
proclamant partout cette phrase qu'il répétera jusqu'à
sa mort : « Jésus est là ! Il est là ! Ne
l'abandonnez pas ! » En 1905 il est envoyé comme
curé à Huelva, ville portuaire et chef-lieu de province.
Il y trouve une situation de grande indifférence
religieuse. Il catéchise, prêche jusque dans la rue,
fonde des écoles pour les enfants pauvres et publie un
premier livre : « Ce que peut un prêtre aujourd'hui »
qui devient un point de référence pour le clergé.
En 1910, il
s'adresse à un groupe de femmes ferventes et leur dit :
« Permettez-moi, à moi qui invoque si souvent la
sollicitude de votre charité en faveur des enfants
pauvres et de tous les pauvres abandonnés, de demander
aujourd'hui votre attention et votre aide pour le plus
abandonné de tous les pauvres: le Saint-Sacrement ! Je
vous demande une aumône de tendresse pour Jésus
Sacrement… Par amour pour Marie Immaculée et par amour
pour le Sacré-Cœur si mal récompensé, je vous demande de
devenir les Maries de ces Tabernacles abandonnés ».
Il fait allusion aux trois “Marie” qui se trouvaient au
pied de la Croix. C'est ainsi que naît l’« Œuvre pour
les Tabernacles-Calvaires » dans un esprit d'amour
et de réparation à l'exemple de la Vierge Marie, de
l'Apôtre Saint Jean et des Saintes Femmes, restées
fidèles à Jésus sur le Calvaire.
La rapide
propagation de l'œuvre dans d'autres diocèses d'Espagne
et d'Amérique latine par l'intermédiaire de la revue “Le
grain de sable”, le pousse à solliciter l'approbation du
Pape. En 1912, il se rend à Rome et Pie X bénit l'œuvre
de cet “apôtre de l'Eucharistie”. Plus tard, son
dévouement généreux et son expérience authentique du
sacerdoce sont, sans aucun doute, la raison de la
confiance que le Pape Benoît XV place en lui, le nommant
Évêque auxiliaire de Malaga (Andalousie). Il reçoit
l'ordination épiscopale en 1915. En 1920, il est nommé
Évêque titulaire de ce Siège, événement qu'il décide de
fêter en donnant un banquet … aux enfants pauvres; les
autorités, les prêtres et les séminaristes servant le
repas à trois mille enfants.
Mgr
Gonzalez développe le même genre d'apostolat que celui
qu'il a pratiqué comme curé à Huelva. Il prend contact
avec le troupeau qui lui est confié. En outre il publie
de nombreux ouvrages. Il parle avec tous ceux qu'il
rencontre dans la rue pour connaître leurs besoins. Il
découvre ainsi que le problème le plus urgent est le
manque de prêtres. Ce problème doit être affronté à sa
racine, c'est-à-dire le séminaire, lequel se trouve pour
lors dans une situation déplorable. Il entreprend la
construction d'un nouveau bâtiment avec une confiance
illimitée dans la grâce du Cœur de Jésus. Il rêve d'un
séminaire « substantiellement eucharistique, dans
lequel l'Eucharistie soit, du point de vue pédagogique
l'encouragement le plus efficace, du point de vue
scientifique le premier maître et la première matière,
du point de vue disciplinaire le gardien le plus
vigilant, du point de vue ascétique le modèle le plus
vivant, du point de vue économique une grande
Providence, et du point de vue architectural la Pierre
angulaire ».
Il a
conscience que tous les fidèles trouveront dans le culte
eucharistique le centre qui renforce toute la vie
chrétienne. Ceux qui entendent l'appel du Seigneur :
“demeurez ici et veillez avec moi”, et qui y répondent,
trouvent dans le Christ force et réconfort. Ils y
puiseront ferme espérance et ardente charité grâce à la
présence du Seigneur, présence mystérieuse et cachée,
mais réelle. Celui que l'on a appelé l’“Évêque de
l'Eucharistie” ou l’“Évêque des Tabernacles abandonnés”
fonde la “Réparation enfantine eucharistique” puis, pour
les prêtres, les “Missionnaires eucharistiques”, en
1918. En 1921, en collaboration avec sa sœur Maria
Antonia, il fonde la Congrégation religieuse des
“Missionnaires eucharistiques de Nazareth”.
Son
apostolat est entravé par l'instauration de la
République anti-cléricale. En 1931, son évêché est
incendié. Il est contraint de partir à Gibraltar, puis à
Madrid d'où il continue à diriger son diocèse. En 1932,
il fonde l'institution des “Missionnaires auxiliaires
nazaréennes”. En 1935, Pie XI le nomme évêque de
Palencia (chef-lieu de Province dans la Région de
Castille et Léon). Au cours de ses dernières années, sa
santé se détériore de manière importante. Il vit cette
épreuve de manière héroïque sans perdre le sourire. En
1939, il fonde encore la “Jeunesse eucharistique
réparatrice”. Ses dernières volontés sont : « Je prie
afin d'être enterré à côté d'un Tabernacle, pour que mes
os, après ma mort, de même que ma langue et ma plume au
cours de ma vie, disent toujours à ceux qui passent :
“Voici Jésus ! Ne l'abandonnez pas !” Ses vœux sont
réalisés : Mort en 1940, il est enterré à la cathédrale
de Palencia dans la chapelle du Saint Sacrement avec
l'épitaphe : “Jésus est là ! Il est là ! Ne l'abandonnez
pas ! »
Jean Paul
II résume : « Le Bienheureux Manuel Gonzales est un
modèle de foi eucharistique, dont l'exemple continue à
parler à l'Église d'aujourd'hui ». |