Macaire
était
arménien,
de
parents
nobles
et
illustres;
son
père
s'appelait
Michel
et
sa
mère
Marie.
Il
avait
un
parent
nommé
Macaire,
archevêque
d'Antioche.
Ce
saint
archevêque
voulut
être
parrain
de
notre
Saint,
et,
lui
ayant
donné
le
nom
de
Macaire,
il
le
prit
chez
lui
pour
l'élever
dans
la
piété
et
le
former
aux
belles-lettres
et
à
tous
les
exercices
qui
en
pouvaient
faire
un
excellent
ecclésiastique
et
un
ministre
fidèle
de
Jésus-Christ.
Le
jeune
Macaire
fit
de
tels
progrès
dans
son
école,
qu'il
se
rendit
bientôt
capable,
par
sa
science
et
par
sa
vertu,
des
emplois
les
plus
importants
et
des
premières
dignités
de
l'Église.
Aussi,
l'archevêque,
se
voyant
près
de
mourir,
crut
qu'il
ne
pouvait
procurer
un
plus
grand
avantage
à
Antioche,
que
de
l'y
laisser
pour
son
successeur.
Il
en
fit
la
proposition
à
son
clergé
et
à
son
peuple,
qui
y
consentirent
tout
d'une
voix
de
sorte
qu'après
la
mort
de
l'ancien
Macaire,
le
jeune
prit
possession
de
sa
chaire
et
fut
intronisé
comme
archevêque
d'Antioche.
Alors
ses
vertus,
qu'une
vie
privée
avait
tenues
plus
secrètes,
parurent avec un merveilleux
éclat. On vit en lui un détachement parfait de toutes les choses
de la terre, qu'il regardait avec mépris, parce qu'il en
connaissait la vanité une aversion pour tous les plaisirs et les
divertissements do la vie une assiduité continuelle à mortifier
ses sens et ses appétits, et à crucifier sa chair par des
jeûnes, des veilles et d'autres austérités; une tendresse et une
compassion pour tous les malheureux, auxquels il distribuait
libéralement ses biens, n'ayant rien qui ne lui fût commun avec
les pauvres une douceur et une bénignité si constantes, que ni
les injures, ni les mauvais traitements, ni les persécutions ne
la pouvaient altérer une prudence de vieillard dans le
gouvernement de son diocèse enfin, une piété si tendre envers
Dieu, que les larmes lui coulaient sans cesse des yeux. Ces
insignes vertus étaient aussi accompagnées du don des miracles
deux lépreux furent guéris par le seul attouchement de ses
mouchoirs trempés de ses saintes larmes, et l'eau qu'il avait
touchée était un souverain remède contre toutes sortes de
maladies.
Il gouverna quelque
temps l'Église d'Antioche; mais craignant que l'honneur qu'il
recevait à tous moments ne lui fît perdre ce que l'humilité lui
avait acquis, il résolut d'en fuir au plus tôt les occasions. Il
distribua, pour cet effet, tous ses' biens aux églises et aux
pauvres et s'étant, par un mouvement divin, démis de sa charge
entre les mains d'un prêtre de grand mérite, nommé Eleuthère, il
s'associa quatre de ses plus fidèles amis, et quitta secrètement
sa ville pour passer en un autre lieu, où la Providence divine
le conduirait.
Il prit son chemin
par la Palestine, pour y arroser de ses larmes les lieux
sanctifiés par celles de Jésus-Christ et il n'y perdit aucune
occasion de s'entretenir et de discuter avec les Juifs et les
Sarrasins, afin de les convaincre de leurs erreurs et de les
attirer à la connaissance de l'Évangile. Mais ces infidèles, qui
ne pouvaient répondre à ses raisonnements, conçurent une telle
rage contre lui, que, s'étant saisis de sa personne, ils le
traînèrent en prison, l'étendirent en forme de croix, lui
attachèrent les pieds et les mains avec de longs clous fichés en
terre, et lui firent souffrir toutes les ignominies et tous les
tourments imaginables. Ils lui mirent même sur la poitrine une
grosse pierre qu’ils avaient fortement chauffée. Mais la terre
rejeta ses clous, et Dieu réduisit tous les artifices que
l'impiété de ces infidèles avait inventés le Saint sortit libre
de prison, sans aucun dommage ce qui étonna si fort ces
Sarrasins, qu'ils lui demandèrent pardon quelques-uns,
reconnaissant le pouvoir de la Croix, reçurent la foi de Celui
qui avait souffert pour leur salut.
Cependant, les
parents de Macaire, affligés de son éloignement, envoyèrent
après lui pour le détourner de son dessein et le faire revenir à
Antioche mais Dieu frappa leurs courriers de cécité, et ils
furent obligés de se jeter aux pieds du Saint pour lui demander
son assistance dans une si grande misère il en eut compassion,
et par le signe de la croix, leur rendit la vue, à condition
qu'ils s'en retourneraient sans l'inquiéter dans la poursuite de
son voyage.
Il prit donc son
chemin vers l'Occident traversant plusieurs pays, il vint
jusqu'en Bavière et, passant par Mayence, Cologne, Malines,
Maubeuge, Cambrai et Tournai, il se rendit enfin dans la ville
de Gand. Partout ce ne furent que miracles dans le Levant il
avait rendu l'usage de la parole et de l'ouïe à un vieux
Sarrasin, qui était muet et sourd depuis l'âge de neuf ans;
rencontrant un pèlerin qui se faisait conduire à Jérusalem, il
lui avait obtenu la vue par ses prières. En Bavière, il délivra
du mal caduc la femme
du
seigneur
Adalbert,
qui,
par
charité,
l'avait
logé
chez
elle.
A
Cologne,
il
guérit
son
hôte
du
même
mal.
A
Malines,
il
éteignit,
par
ses
prières,
un
grand
incendie
qui
menaçait
de
réduire
toute
la
ville
en
cendres.
A
Tournai,
il
apaisa,
par
sa
prudence,
une
sédition
populaire
si
furieuse,
que
toutes
les
industries
du
prince
Baudoin
le
Vieux
n'avaient
pu
détourner
cet
orage.
A
Cambrai,
l'entrée
de
l'église
de
Notre-Dame
lui
ayant
été
refusée,
les
portes
s'ouvrirent
d'elles-mêmes
pour
lui
faire
passage.
A
Maubeuge,
un
valet
qui
l'avait
méprisé
fut
frappé
d'une
lèpre
dont
il
ne
put
guérir.
Je
n'aurais
jamais
fini
si
je
voulais
écrire
toutes
les
particularités
de
son
voyage;
je
passe
à
son
dernier
séjour,
qui
fut
en
la
ville
de
Gand,
où
il
arriva
l'an
de
Notre-Seigneur
1011.
Il
se
retira
au
monastère
de
Saint-Bavon
étant
tombé
en
une
dangereuse
maladie,
il
en
fut
guéri
dans
une
vision
saint
Bavon,
Saint
Landoald
et
d'autres
bienheureux
lui
apparurent
durant
son
sommeil.
Il
arriva
en
ce
temps-là,
à
Gand,
une
peste
si
cruelle,
qui
se
formait
dans
la
bouche,
qu'il
y
mourait
chaque
jour
plus
de
six cents
personnes.
On
publia
un
jeûne
universel
et
des
processions
publiques
pour
apaiser
la
colère
de
Dieu.
Notre-Seigneur,
qui
voulait
faire
de
saint
Macaire
une
victime
pour
expier
les
péchés
de
son
peuple,
permit
qu'il
fût
frappé
de
ce
fléau.
Il
perdit
d'abord
l'usage
de
la
parole,
prédisant
néanmoins
par
signes,
que
lui
avec
deux
autres
mourraient
encore
de
cette
maladie,
et
qu'ensuite
elle
serait
éteinte.
Il
ne
fit
point
de
testament,
parce
qu'il
était
trop
pauvre
et
ne
laissait
rien.
On
le
porta
dans
l'église
de
Notre-Dame,
où
il
marqua,
avec
son
bâton,
le
lieu
de
sa
sépulture
devant
l'autel
de
saint
Paul
puis,
ayant
donné
sa
bénédiction
au
peuple,
il
se
retira
en
sa
chambre.
Plusieurs
y
étant
demeurés,
ils
furent
extrêmement
effrayés
d'un
certain
tremblement
qui
y
arriva par
la
descente
des
esprits
bienheureux,
pareil
à
celui
que
le
grand
saint
Grégoire
rapporte
en
la
vie
de
saint
Paulin,
évêque
de
Noie.
Enfin,
il
mourut
le
10
avril,
l'an
de
Notre-Seigneur
1012.
Sa
prophétie
fut
accomplie
il
fut
le
dernier
qui
mourut
de
cette
maladie
pestilentielle.
SOURCE : P. Giry : Les
petits Bollandistes : vies des saints. T. I. Source :
http://gallica.bnf.fr/ Bibliothèque nationale de
France.
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