Paulette Leblanc

LUCIE-CHRISTINE
1844-1908

SA VIE ET SA SPIRITUALITÉ

CONCLUSION

Lucie-Christine ne mourra qu'en 1908. Pourtant, en mai 1901, elle écrit comme un résumé de ce que fut sa vie spirituelle: "Mon âme a goûté la mœlle de la croix. Elle a trouvé Dieu au fond des choses très amères où le souvenir même de Dieu nous semble interdit; elle s'est vue cernée par toutes sortes d'impuissances naturelles et surnaturelles; et le ciel était muré. Mais l'âme peut toujours dire: 'Seigneur! Que votre volonté soit faite!' et au sortir de ces chemins si âpres, si rudes, où elle avait cru cent fois s'égarer, l'âme doit reconnaître avec amour que Celui qu'elle ne voyait pas la portait encore; que l'ami caché travaillait pour elle et en elle avec cette arme pénétrante et irrésistible qui s'appelle la douleur; qu'il a combattu pour elle, et que lui seul a pu repousser par elle et déjouer les attaques et les ruses de l'ennemi. Bien plus, elle voit clair maintenant, et considérant le chemin qu'elle a parcouru durant lequel elle croyait se perdre ou ne rien faire, elle voit avec surprise combien Dieu l'a fait avancer... "

Au sujet de la douleur, on peut également rapporter ici ce que Lucie-Christine constatait le 7 janvier 1902: "Ce n'est qu'au sortir de ces périodes douloureuses ou dans les rares clartés qui les illuminent, que Dieu fait comprendre à l'âme de quel grand prix est la souffrance, et quels trésors lui apporte la croix dans l'anéantissement de la nature. Au sortir de ces longues et cruelles traverses, combien l'âme se sent plus souple sous la main de Dieu et plus détachée de tout ce qui n'est pas lui!"

Le 25 mai 1902, après une longue période de solitude spirituelle durant laquelle Dieu se cachait, Jésus lui dit: "Ne me reconnais-tu pas? Ne suis-je pas toujours le même, quelle que soit la fréquence de mes visites... et l'état intérieur  et extérieur dans lequel tu me reçois?"

 

Et à propos des anges

 

Lucie-Christine rappelle que le Seigneur lui a demandé à plusieurs reprises de réclamer l’aide des anges dans les embarras, les fatigues ou les difficultés. En particulier, Jésus ajouta que « de même que l’homme résume en son corps tous les éléments de la création matérielle, de même il résume ainsi dans son âme, d’une certaine manière, la création immatérielle, la création angélique. Et ceci n’est pas pour l’honneur de l’homme, inférieur à l’ange, mais parce que le Verbe incarné, Roi de la création, venant prendre personnellement possession de la nature humaine, devait y trouver tous les êtres créés représentés et réunis pour lui rendre l’hommage dû à sa souveraine grandeur. »

 

Quelques prières de Lucie-Christine

 

– Puisse mon faible cœur vous aimer autant qu’il est possible d’aimer à une créature humaine.

– Mon Dieu, faites encore que je vous fasse aimer ! Que nul ne m’aime que pour l’amour de vous !

 

Prière à la très Sainte Trinité (1er janvier 1898)

 

Ô très sainte trinité ! soyez-moi présente, autant que possible, à chaque heure, chaque minute de cette année qui commence aujourd’hui. Soyez-moi tout, au-dessus de tous et de toutes choses. Soyez l’âme de mon âme, la vie de ma vie, la flamme de mon cœur, l’œil de mon esprit, le souffle de ma parole, la force de ma patience et le nerf de mon action.

Faites de moi réellement tout ce que vous voulez que je sois, et par moi tout ce que vous voulez que je fasse. Unissez ma faiblesse, ma souffrance et mon amour à votre Verbe incarné, immolé sur l’autel. Grâce, mon Dieu, pour l’Église, pour la France, pour les pauvres pécheurs personnifiés dans votre servante qui vous implore. Grâce et miséricorde pour tous ces cœurs que vous m’avez donnés ; faites-leur le bien que je ne puis assez dire et faire. »

Lucie-Christine voudrait que ceux qui la voient, ne la voient pas, elle, mais voient Dieu : « Qu’on ne me voie plus, qu’on m’oublie, mais qu’on soit forcé de vous voir en moi, de vous reconnaître, ô mon maître, de vous adorer et de vous obéir. »

 

Actions de grâces

 

Le 18 avril 1897, Lucie-Christine laisse éclater sa reconnaissance :

« Que son amour soit béni !

Son amour m’a donné l’être, la vie de la foi et de la grâce, qu’il soit béni !

Il a fait miséricorde à toutes mes fautes, faiblesses et misères, qu’il soit béni ! Il m’a donné la vie d’union, d’amour et de lumière, qu’il soit béni !

Il s’est retiré par moments, m’a voilé sa face et retranché beaucoup de moyens de grâces ; il a étendu comme un crêpe de deuil sur ma volonté et mes facultés, par l’épreuve d’infirmité et d’impuissance, qu’il soit béni !

Qu’il veuille ou non me guérir, qu’il soit béni ! Que son amour dont vit mon âme toujours et quand même, quand même elle se croit dans la mort, soit toujours béni !

Que son amour dont nous vivons tous, dont vit son Église, soit à jamais et toujours béni !

Le 1er octobre 1902, Lucie-Christine prie le Père: "Ô Père, ô Dieu, ô Ami, Maître et Époux, alors que je ne vous vois plus, je vous cherche toujours; alors que vous vous cachez, vous êtes incapable de me manquer jamais! Mon âme vous dit fiat, et ce fiat, ce fil imperceptible qui la tient unie à vous, c'est sa nourriture, c'est sa vie..."

 

Bibliographie

 

Journal spirituel de Lucie-Christine,  publié par Auguste POULAIN.
Edité par Pierre Téqui en 1910.

   

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