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Lucie-Christine et l’Église

 

10-1-Lucie-Christine et la Vierge Marie

 

En mai 1880, l’âme de Lucie-Christine fut assaillie par des tentations et des obsessions. Elle en était épouvantée. Elle se tourna vers Jésus et la Vierge Marie qui chassèrent ces fantômes. Elle expliquera qu’elle sentait la Vierge bienheureuse comme un lien d’amour entre Dieu et elle, comme un moyen divin. Mais il faut ajouter qu’à l’âge de dix ans, et grâce aux instructions de sa maman,  Lucie-Christine entretenait déjà des relations intimes avec la Sainte Vierge. 

Lucie-Christine explique que l’âme est élevée à l’union à Dieu par l’intermédiaire de la Vierge Marie. En effet, « Marie présente l’âme à son Fils qui l’accueille tendrement par amour pour cette Mère incomparable. Parfois, l’âme peut continuer sa prière à Marie avec un sentiment intime de la présence de Notre-Seigneur. Plus souvent la prière vocale se trouve transformée en cette union plus complète qui suspend les puissances de l’âme … Pour ma part, je ne puis pas prier cette mère bien-aimée sans qu’elle me fasse rendre la présence intime de Notre-Seigneur plus profonde et plus unifiante. »

Le soir du 1er mai 1883, Lucie-Christine écrit : « Mon âme a été unie à Jésus par Marie… Cette Mère bénie est le lien, l’intermédiaire senti ou non, entre Dieu et nous… » Le 20 septembre 1884 elle ira encore plus loin : « Ma douce Mère immaculée est très souvent présente à mes prières. C’est par elle que je demande tout ; et elle m’unit à son Fils bien-aimé. »

Le 25 septembre 1884, à Lourdes, Lucie-Christine bénéficie d’une grâce exceptionnelle. Elle raconte : «Mon âme fut saisie d’un transport soudain et ineffable en voyant intérieurement la Vierge immaculée de Lourdes… Je voyais intellectuellement cette Mère chérie ; je vis et sentis sa céleste douceur, son incomparable pureté qui imprégnait mon âme. Je sentis aussi son amour pour nous, pauvres pécheurs… Elle me montra son vouloir miséricordieux de sauver la France… mais il faut que nous y correspondions par plus de foi et de prière… »

Et Lucie-christine de conclure : « Cette suave et ravissante vue de Marie tenait mon âme comme dans le ciel. On m’engagea à terminer ma prière ; l’air fraîchissait devant la grotte… » Le lendemain, Jésus lui dit : « Ma Mère n’est pas seulement la douceur céleste ; elle est encore la tour d’airain, une force invincible contre la douleur… Tu dois lui demander ses secrets pour soutenir saintement la croix. Elle a souffert dans un cœur de femme et de mère… »

Le soir du 15 août 1887, Lucie-Christine contempla la gloire de Marie en Dieu… La Reine du ciel était vêtue d’un long manteau azuré qui s’étendait au loin jusque vers la terre ; et un coin de ce manteau touchait la France. Qu’il nous préserve !

Le jour de l'Assomption 1907, Jésus donna sa Mère à l'âme souffrante de Lucie-Christine, en regardant avec une bonté inexprimable le vide laissé dans son cœur par sa mère chérie[1]... Marie était entre Jésus et son âme à elle, et pourtant ils n'étaient que lui et son âme. Ô mystère de l'unité, l'unité divine qui ramène tout à elle sans confusion de substances!"

 

10-2-Lucie-Christine et les maux de l'Église

 

Quand les intérêts de Dieu sont devenus ceux d’une âme, alors tout ce qui touche Dieu touche cette âme. Ainsi, Lucie-Christine pouvait affirmer, parlant des maux de l’Église de son temps : «Les maux de l’Église, la persécution, la langueur de la foi parmi les fidèles, l’insuffisance du clergé dans un certain nombre de ses membres, sont comme autant de poids cruels qui s’appesantissent constamment sur cette âme[2], quoiqu’elle sache bien que son offrande est d’une très mince valeur. Mais enfin, si elle avait plus, elle donnerait plus ; elle offre tout ce qu’elle est et tout ce qu’elle possède.

Elle (l’âme) souffre aussi dans les âmes des pécheurs, où elle sent son Dieu comme emprisonné et maltraité… Elle ressent pour ces pauvres âmes une pitié et un amour profonds et s‘offre à Dieu pour elles, en le suppliant de leur rendre la vie… » Lucie-Christine cite alors les principales catégories de ces pécheurs publics: savants impies, écrivains audacieux et pervers, artistes avilis, femmes égarées, et enfin, « les mécréants qui jouent avec l’âme de la France, qui veulent arracher du cœur des petits enfants la foi naissante, qui osent placer entre Dieu et le mourant des barrières qu’ils croient insurmontables. Et d’autres encore ! »

Le 29 juillet 1905, elle déclare: "Deux réponses bien précises furent cependant données à mon âme consternée et meurtrie par la vue de l'outrage de Dieu et du mal des âmes: 'Sais-tu que la souffrance de mes enfants persécutés et bannis et de ceux qui pleurent leur exil, procure infiniment plus de gloire à mon Père que tout le bien qui eût été fait par mes enfants bien-aimés dans les conditions de leur vie ordinaire? Dieu a des desseins complètement inconnus des hommes, d'après lesquels il peut permettre le mal jusqu'à des limites qui étonnent, sans que, toutefois, ces flots montants puissent atteindre les secrets de sa miséricorde.'"

 

10-3-Lucie-Christine et la France

 

Nous sommes en septembre 1882. Lucie Christine priait pour la France quand Jésus lui dit : «Mon enfant, pour se revivifier, il faut d’abord que la France se recueille. Il y en a tant que j’appelle au fond de leur cœur et qui n‘entendent pas cet appel ! »

Le 6 février 1883, tandis qu’elle priait pour la France, le Seigneur « lui montra l’amour par lequel il voulait la sauver, et lui dit que c’était nous qui ne le voulions pas encore. »

En mars 1883, Lucie-Christine redoute, en France, de nouvelles attaques et offenses publiques lancées contre Dieu. Elle prie: «Moi, bien indigne, je m’unis à eux, vos prêtres, religieux et religieuses qui vous prient tandis que le monde dort encore ; Seigneur ! faut-il des âmes au-devant de vos coups pour la France ? Voici la mienne… Régnez sur les âmes de France, ô mon roi !... Traitez-la dans l’excès de votre miséricorde et de votre amour, mon Jésus. »

Le 26 mai 1883, Lucie-Christine, angoissée, priait pour la France. Elle pensait aux péril et aux mauvaises influences des temps troublés que sa génération traversait. Jésus lui dit alors : « Je demanderai moins à celles[3] qui auront vécu dans ces temps, mais sais-tu à quel point je puis faire sortir le bien du mal ? » Cette remarque est bien consolante, pour nous aussi du XXIème siècle… »

1903! En France, les persécutions perfides contre l'Église ne cessent d'augmenter. Le 21 mai 1903, jour de l'Ascension, pendant que les cloches sonnaient joyeusement, "elle retint un sanglot en pensant qu'on allait peut-être bientôt leur arracher la voix et fermer aux fidèles les portes de l'église... Seigneur, sauvez-nous, nous périssons!"


[1] La mère de Lucie-Christine.
[2] celle de Lucie-Christine.
[3] Les âmes.

   

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