Saint Louis fut
baptisé à Poissy, et en conserva toujours religieusement le
souvenir, car plus tard il signait ordinairement
Louis de Poissy,
marquant par là qu'il estimait la grâce du baptême comme son plus
glorieux titre
de noblesse. Sa mère, Blanche de Castille, voulut le
nourrir elle-même. Tout le monde connaît la belle parole de cette
grande reine : “Mon fils, je vous aime après Dieu plus que toutes
choses ; cependant, sachez-le bien, j'aimerais mieux vous voir mort
que coupable d'un seul péché mortel”.
Élevé à une telle
école, le jeune Louis montra dès son enfance les grandes vertus
qu'il devait faire éclater sur le trône, l'égalité d'âme, l'amour de
la justice et une tendre piété. Comme on lui reprochait quelques
fois de donner trop de temps aux pieux exercices : “Les hommes
sont étranges, disait-il ; on me fait un crime de mon
assiduité à la prière, et on ne dirait rien si j'employais des
heures plus longues à jouer aux jeux de hasard, à courir les bêtes
fauves, à chasser aux oiseaux”.
Devenu roi, il
voulut établir avant tout le règne de Dieu, bien convaincu que
c'était le meilleur moyen d'affermir sa propre autorité. On connaît
sa loi condamnant les blasphémateurs à subir aux lèvres la marque
d'un fer rougi au feu. Un des plus beaux jours de sa vie fut celui
où, les yeux baignés de larmes, il alla au-devant des religieux qui
apportaient d'Orient la sainte Couronne d'épines, et la porta, pieds
nus, dans sa capitale.
A la suite d'une
maladie mortelle, guéri miraculeusement, il obéit à une inspiration
du Ciel qui l'appelait aux Croisades. On le vit, dans ces luttes
gigantesques, qui avaient pour but la conquête des Lieux Saints,
faire des prodiges de valeur qui le mettaient au rang des plus
illustres guerriers. On se tromperait en croyant que le bon et pieux
roi n'eût pas toute la noble fierté qui convenait à son rang. Les
Sarrasins, qui le retinrent longtemps captif, après une désastreuse
campagne, eurent lieu d'admirer sa grandeur d'âme, sa foi et son
courage.
De retour en
France, il s'appliqua plus que jamais à faire de la France un
royaume puissant et chrétien; sa vertu le faisait regarder comme
l'arbitre des princes d'Europe. On sait avec quelle justice
paternelle il réglait les différends de ses sujets. Saint Louis fut
aussi un modèle du pur amour conjugal; il avait fait graver sur son
anneau cette devise : “Dieu, France et Marguerite”.
Il mourut de la
peste près de Tunis, en se rendant à une nouvelle Croisade, le 25
août 1270, après quarante-quatre ans de règne. Un beau monument
s'élève sur le lieu de sa mort.
Abbé L. Jaud,
Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame,
1950. |