Petite remarque préliminaire:
Il y a, dans l'enregistrement qui suit, de nombreux noms
et sites anglais qui ne sont pas toujours bien
prononcés. Nous invitons ceux qui veulent bénéficier de
tous les détails, de se reporter au texte écrit, joint à
cet enregistrement.
Tout
d'abord, notons qu'un fait extraordinaire signale la
naissance de saint Wilfrid: la maison de ses parents
sembla, soudain, comme enveloppée dans un incendie. Les
voisins, effrayés, accoururent pour éteindre le feu,
mais ils s'aperçurent qu'en réalité, ce feu s'élançait
vers le ciel sans rien consumer. Qu'est-ce que cela
pouvait signifier? Nous le découvrirons bientôt: soyez
patients…
La
vie de saint Wilfrid fut particulièrement mouvementée.
Il naquit à Ripon en
Northumbrie,
royaume médiéval situé au nord de l'Angleterre actuelle.
Son père appartenait à la petite noblesse. Quand il eut
atteint l'âge de 13 ans, Wilfrid fut placé à la maison
du roi
Oswiu,
et devint le favori de la reine
Eanflede
qui l'envoya à
Lindisfarne
pour son éducation, dont se chargea Cudda, un ancien
noble devenu
moine.
Pour comprendre l'histoire de saint Wilfrid, nous devons
nous arrêter pendant un moment, pour donner quelques
précisions sur l'histoire de l'Angleterre et sur les
personnages cités. En 616, le roi de Northumbrie,
Æthelfrith
de Bernicie
décédait. Son rival et beau-frère
Edwin de
Deira
lui succéda. Ce roi païen, appartenant au peuple des
Angles (pensons aux anglo-saxons) se convertit au
christianisme en
627
grâce à sa femme, une fille du roi chrétien
Æthelbert de
Kent,
et sous l’influence du missionnaire romain
Paulinus
qui accompagnait la future épouse.
Malheureusement, en
633,
Edwin fut tué à
Hatfield
Chase
par le roi breton
Cadwallon.
De plus, l'arrivée au pouvoir du roi de
Mercie
Penda,
farouche défenseur du paganisme, interrompit
momentanément les progrès du christianisme. Mais, en
634,
Oswald de
Bernicie,
fils d'Æthelbert, réunifiait la Northumbrie après avoir
vaincu Cadwallon. Afin d'évangéliser son peuple, Oswald
de Bernicie fit venir un missionnaire écossais
Aidan,
qui fonda une abbaye à
Lindisfarne.
Le pays fut rapidement converti par les moines écossais.
Le soutien d'Oswald au christianisme et son martyre par
le roi Penda en
641,
lui valurent d'être sanctifié. L'opposition entre les
régions de la Mercie et la Northumbrie culmina lors de
la
bataille de
Winwaed,
en
654,
durant laquelle Penda fut vaincu et tué par
Oswiu,
le successeur d'Oswald.
Nous pouvons revenir à Wilfrid. Vers
653,
la reine Eanflede autorisa Wilfrid à se rendre à
Rome
en compagnie du jeune moine
Benoît Biscop.
En
effet, alors qu'il était encore très jeune, Wilfrid
avait résolu de se donner au Seigneur. Après un court
séjour dans un couvent, il s'était aperçu que certains
usages étaient contraires à ceux de l'Église catholique.
Aussi voulut-il aller à Rome afin de bien discerner la
vérité. C'est alors qu'il fut confié au moine, Benoît
Biscop.
Lors de son passage à
Lyon,
l'archevêque
Ennemond,
remarquant ses qualités, voulut le marier à sa nièce,
mais, déclinant ces propositions, le jeune homme alla à
Rome, reçut la bénédiction
papale,
puis, respectant une promesse, revient à Lyon, où il
resta trois ans, jusqu'au meurtre de son protecteur. À
son retour en Northumbrie, en
658,
Alchfrith,
fils d'Oswiu, lui donna un
monastère
à
Ripon
et, peu de temps après,
Agilbert,
évêque des
Gewissae
(Saxons
du
Wessex),
l'ordonna prêtre.
Un schisme ravageait alors le pays où Wilfrid
travaillait à la défense de l'Église catholique. En
664,
il fut nommé évêque d'York,
mais refusa d'être consacré en Northumbrie par les
évêques du nord de l'Angleterre qui étaient considérés
comme des schismatiques. Comme Agilbert était devenu l'évêque
de Paris,
Wilfrid se fit consacrer à
Compiègne.
Wilfrid n'avait que trente ans. Wilfrid avait déjà vécu
une vie bien tourmentée, mais ce n'était rien compte
tenu de ce qui l'attendait.
Pendant trois ans, son évêché n'étant pas disponible, de
665 à 668, Wilfrid dirigea son monastère de Ripon en
paix, tout en se chargeant des épiscopats de Mercie et
du Kent. En 669, à l'arrivée de Théodore, récemment
nommé archevêque de Cantorbéry, Wilfrid fut rétabli dans
son évêché d'York auquel il consacra neuf années, et
dans lequel il fit construire de nombreuses églises.
Les
tribulations continuent. En 678, sur les instances d'Egfrid,
le roi qui avait succédé à Oswiu, l'archevêque Théodore
divisa l'évêché d'York en quatre diocèses malgré les
protestations de Wilfrid, qui fut déposé. Wilfrid se
rendit alors à Rome pour faire appel de cette décision.
Le pape
Agathon
réunit en octobre 679, un synode qui décida que le
diocèse d'York
serait effectivement
partagé, mais que c'est Wilfrid lui-même, archevêque
d'York, qui nommerait les évêques.
Après
être passé en Austrasie, (Royaume Franc situé dans le
nord-est de la Gaule et appelé successivement Royaume de
Reims ou Royaume de Metz) Wilfrid revint en Angleterre,
en 680. Mais le roi
Egfrith
refusa d'accéder à la demande de réintégration de
Wilfrid et l'emprisonna pendant 9 mois. Enfin libéré,
Wilfrid se réfugia dans le
Sussex
(sud-est de l'Angleterre) et évangélisa les Saxons,
païens du Sud, convertissant la quasi totalité de la
population.
Après la mort du roi Egfrith en
685,
Wilfrid rencontra Théodore, qui lui demande son pardon
pour l'avoir déposé, et avoir ordonné les quatre évêques
des nouveaux diocèses dans la cathédrale d'York. En
686,
à la demande de Théodore, le roi
Aldfrid
rappela Wilfrid et le rétablit à Ripon. Mais cinq ans
plus tard, en 691, il
l'exila… Wilfrid se rendit en Mercie, où il administra
l'évêché vacant de Litchfield. Après de nouvelles
mésaventures, Wilfrid fut nommé évêque d'Hexham en 705.
Wilfrid mourut en 709 au monastère saint André d'Oundle,
dans le
Northamptonshire,
au cours d'une visite des monastères qu'il avait fondés
en Mercie.
Wilfrid avait beaucoup souffert, mais il avait largement
participé au rétablissement de l'unité de l'Église
d'Angleterre.
Sous
sa houlette, les conversions se multiplièrent, de
nombreux monastères furent fondés, et de magnifiques
églises et cathédrales s’élevèrent sur le sol
anglo-saxon. Doué, d'un courage exceptionnel, et malgré
tous les obstacles et les menaces qu'il rencontra,
Wilfrid s'attacha avec force à la réforme des mœurs et à
faire régner la doctrine de l'Évangile: paix, justice et
charité.
Pour
conclure, nous ajouterons le fait divers suivant: un
jour que Wilfrid donnait le sacrement de confirmation,
une pauvre femme le supplia de ressusciter son enfant
mort. Wilfrid, ému de ses larmes, bénit l'enfant et lui
rendit la vie.
Paulette Leblanc |