Vincent-Marie Strambi naquit le 1er
janvier 1745, à Civita-Vecchia, ville italienne de la
région du Latium, et très proche de Rome. C'est un port
maritime qui dessert, entre autres, la Sardaigne, la
Sicile et la Corse. Le père de Vincent-Marie était
pharmacien. Fils unique, Vincent-Marie bénéficia de ses
parents très pieux, d'une éducation très soignée à
laquelle il répondit parfaitement, tant sur le plan
humain qu'au niveau spirituel. Lorsqu'il eut terminé ses
humanités, Vincent-Marie exprima le désir de devenir
prêtre. Malgré la déception de son père qui aurait
préféré le voir se marier, Vincent-Marie put aller à
Rome pour y suivre ses études de théologie. Et il devint
sous-diacre puis diacre.
Vincent-Marie
avait 22 ans. Il allait pouvoir être ordonné. Mais avant
son ordination
il
suivit une retraite spirituelle sous la direction du
fondateur des Passionistes, saint Paul de la Croix. Et
Vincent-Marie fut bouleversé par la sainteté qui se
dégageait du prédicateur, à travers sa piété mystique et
son austérité étonnante et pourtant si joyeuse. Aussi,
poussé par un grand désir de perfection et dès qu'il fut
ordonné prêtre, Vincent-Marie demanda-t-il humblement
son admission dans la Congrégation de la Passion de
Notre-Seigneur, les Passionistes. C'est ainsi qu'il eut
le grand bonheur de connaître en profondeur Paul de la
Croix, dont il deviendra d'abord un collaborateur
précieux, avant d'en être le biographe.
Bientôt, impressionné par les compétences et les
qualités de Vincent-Marie, l'évêque de Montefiascone le
nomma recteur du séminaire de Bagnorea. Puis, un an plus
tard, Vincent-Marie fut désigné pour prêcher le carême
dans l'une des paroisses de la ville. N'oublions pas
que, suivant sa vocation de Passioniste, Vincent-Marie
Strambi devait prêcher un très grand nombre de missions,
toujours très suivies par les fidèles.
Mais
toutes les tâches pastorales que Vincent-Marie devait
accomplir, ne suffisaient pas;
en
1801, alors qu'il était chargé du rectorat du couvent
des saints Jean et Paul, sa haute réputation de science
et de vertu détermina le pape Pie VII à le nommer évêque
de Macerata et de Tolentino.
Mais
à côté de ces lourdes tâches, le saint prédicateur
poursuivait toujours son apostolat d'orateur sacré.
Cependant, n'oublions pas
que cette époque était particulièrement critique sur le
plan historique. La Révolution française se calmait,
mais Bonaparte, bientôt Napoléon 1er,
commençait la conquête de l'Europe. Par ailleurs, en
Italie les apostasies se multipliaient. Grâce à la
puissance de sa parole et au rayonnement de sa sainteté,
saint Vincent-Marie sut arracher de nombreuses âmes à
l'influence néfaste de l'esprit révolutionnaire et
antireligieux qui régnait au sein de la société
italienne. Ainsi, avant chaque sermon, Vincent-Marie
priait le Christ en croix "car, disait-il,
un prédicateur qui est
pénétré de la science de la croix est en mesure de faire
frémir l'enfer tout entier."
En
1808, Napoléon 1er,
qui avait envahi les États pontificaux, imposa au clergé
italien un serment de fidélité que le pape Pie VII
réprouva. Fidèle à la volonté du Saint Père,
Vincent-Marie Strambi refusa de prêter serment. Il fut
alors déporté dans la Haute-Italie, pendant cinq ans.
Son exil s'acheva en 1814, après la libération du pape
Pie VII qui avait été retenu captif à Fontainebleau.
En
1823, Vincent-Marie Strambi, qui allait sur ses 80 ans,
fut déchargé de ses fonctions épiscopales; toutefois, à
la demande du pape Léon XII qui désirait l'avoir auprès
de lui comme conseiller et confesseur, il vint habiter
un appartement dans le Palais du Quirinal, tandis que
Léon XII vivait au Vatican. Puis Vincent-Marie fut
affecté à l'église des Saints Jean-et-Paul, église
située sur le Mont Celius, à Rome. Ces saints martyrs du
IVe
siècle, l'un intendant et l'autre maître d'hôtel de
Constance, la fille de l'empereur Constantin furent
décapités sur ordre de l'empereur Julien l'Apostat.
Le
souverain pontife, Léon XII qui lui demandait conseil
tous les jours, tomba gravement malade à la fin de
l'année 1823, pendant la période de Noël. Léon XII fit
aussitôt appeler "son Père Vincent" afin de
recevoir les derniers sacrements. Saint Vincent-Marie
Strambi révéla alors au pape, en secret, qu'il ne
mourrait pas de cette maladie mais qu'il vivrait encore
cinq ans et quatre mois. Et voilà que, pourtant déjà en
agonie, le Saint-Père recouvra subitement la santé: la
prédiction de Saint Vincent-Marie était juste. Mais,
conformément aussi à sa prédiction, quelques jours plus
tard, le 1er
janvier 1824, Saint Vincent-Marie Strambi expirait
frappé d'apoplexie.
Je
vous rappelle qu'une apoplexie est un arrêt subit et
plus ou moins complet de toutes les fonctions cérébrales
provoquant la perte de la connaissance, la paralysie
totale ou partielle, et souvent la mort.
Saint Vincent-Marie Strambi fut enterré dans l'église
des Passionistes de Rome.
Il fut béatifié par le pape Pie XI le 26 avril 1925. Pie
XII le canonisa le 11 juin 1950.
Maintenant il nous faut ajouter que, même durant ses
lourdes missions épiscopales, au milieu des difficultés
religieuses de l'époque, Vincent-Marie Strambi observa
toujours la règle de sa Congrégation, sans jamais rien
omettre de la grande austérité, demandée par
Paul de la
Croix, le fondateur des Passionistes.
Paulette Leblanc |