Vincent Pallotti naquit à Rome le 21 avril 1795 et fut
baptisé le 22 avril 1795. Il vécut à Rome, sans
interruption, jusqu’à sa mort le 22 janvier 1850. Il fit
sa première communion en 1804; il avait neuf ans. Sa
famille, d'ascendance noble, descendait des Pallotti de
Norcia et des De Rossi, de Rome. Sa famille fut, pour
lui, l’endroit où il expérimenta les richesses de
l’amour; il y reçut aussi une excellente formation
intellectuelle et religieuse. Ses premières études
eurent lieu à l'école de San Pantaleone, puis au
collège, à Rome. Jeune homme calme et réfléchi, Vincent
s’unissait de plus en plus profondément à Dieu dont il
découvrait l’Amour et la Miséricorde infinis. À l'âge de
seize ans, en 1811, il souhaita devenir prêtre, et entra
au séminaire diocésain; il fut ordonné prêtre le 16 mai
1818: il avait 23 ans. Il célébra sa première messe dans
l'église du Gesù, à l'autel de
Notre-Dame-Refuge-des-Pécheurs.
Le
25 juillet 1818, Vincent, déjà docteur en théologie, fut
nommé
professeur de théologie. Cependant, ayant commencé, en
1816, à rédiger un journal spirituel qui sera appelé
plus tard "Illuminations" (Lumi en italien), il
comprit rapidement que sa véritable vocation était
l'apostolat.
Il se mit donc à parcourir la ville de
Rome.
Il prêchait l'Évangile et partageait le peu qu'il avait
avec la population misérable qu'il rencontrait et à
laquelle il apportait son réconfort. C’est vers cette
époque qu’il écrivit ce qui devait caractériser toute sa
vie: “J’implore Dieu qu’Il daigne faire de moi un
ouvrier infatigable.” Il désirait “être
nourriture pour rassasier les affamés, vêtement pour
revêtir ceux qui sont nus, boisson pour rafraîchir les
assoiffés, remède pour fortifier l’estomac de ceux qui
sont faibles, soin pour soulager les souffrances des
malades, des estropiés, des muets et des sourds, lumière
pour éclairer ceux qui sont aveugles physiquement et
spirituellement, vie pour ressusciter les morts par la
grâce de Dieu.” Autant que l’on puisse en juger, il
fut pleinement exaucé, et l’énoncé de ce qu’il a pu
réaliser au cours de ses 32 ans d’activité pastorale, à
une époque très tourmentée, est absolument incroyable.
De plus, il confessait et aidait spirituellement tous
les fidèles qui venaient à lui.
En
1820, Vincent Pallotti commença ses activités de
prédicateur. De 1827 à 1840, il assura la direction
spirituelle du Séminaire Romain. Parallèlement, il
œuvrait, avec l'aide de quelques collaborateurs, à la
coordination d'initiatives apostoliques qui impliquaient
des chrétiens: religieux et laïcs, afin que la mission
de l'Église s'étendît partout, dans le contexte de son
époque. C'est ainsi qu'en 1835 il fondait la Pieuse
Société des Missions qui deviendra rapidement la
Société de l'Apostolat Catholique, destinée à
l'animation de groupes de prêtres et de laïcs œuvrant
dans le cadre de l'action catholique. L'œuvre reçut la
bénédiction du Cardinal Odescalchi. Les prêtres
Pallottins ouvrirent des institutions charitables en
faveur de la population déshéritée. En 1844, l'église
San Salvatore in Onda leur fut attribuée.
L'époque était alors très tourmentée, et les divisions
dans l’Église du Christ brisaient le cœur de Vincent
Pallotti. Aussi commença-t-il à travailler à l'unité de
l'Église dès 1836, par l'observance de l'octave de
l'Épiphanie qui est toujours célébrée; son but était de
préparer un rapprochement avec les Églises orientales.
Ce furent les premières semaines de l’unité, durant
l’octave de la fête de l’Épiphanie.
L’œuvre de Vincent Pallotti fut immense et ses idées,
révolutionnaires à l’époque, sont plus que jamais
actuelles. Comme la plupart des grands saints en firent
l’expérience, l’œuvre de Vincent fut souvent critiquée,
jalousée, et soumise à de sourdes oppositions. Vincent
lui-même eut à subir de nombreuses tracasseries et des
calomnies... On alla jusqu’à amener le pape à dissoudre
son œuvre. Ce qui fut fait en 1838 avec la dissolution
de la Société de l’Apostolat Catholique; notons
toutefois que le pape Grégoire XVI autorisait le
maintien de la fondation. La société de l'Apostolat
Catholique, Sociéte de vie apostolique, reçut même, le
11 juillet 1839, le decretum laudis ou
décret de louange, moyen officiel par lequel le Saint
Siège concède aux instituts de vie consacrée et aux
sociétés de vie apostoliques le caractère ecclésiastique
d'institut de droit pontifical. Ses constitutions furent
définitivement approuvées par le Saint Siège en 1910.
L’Union de l’Apostolat Catholique fut le point de départ
d’un nouvel Ordre religieux: les Pallottins.
Revenons à Vincent Pallotti. C'est certain qu'il
souffrit beaucoup de l’incompréhension d’une partie de
l’Église romaine à son égard. C’est seulement en priant
longuement devant la représentation du Calvaire qu’il
avait établie chez lui, dans sa chambre, qu’il trouvait
un peu de force et de réconfort, car: “Le Chemin le
plus sûr est celui de la souffrance. Notre Sauveur, sa
Mère et tous les saints ont emprunté ce chemin.”
Sur
le plan personnel il s’engageait pleinement sur le
chemin de la sainteté, tout en ayant conscience de son
état de pécheur. Il regrettait que les vies de saints ne
parlent jamais de leurs faiblesses, et à ce propos il
écrivit: “Remarquez que dans les biographies des
saints, on ne trouve aucun chapitre sur leurs fautes. Si
on ajoutait cependant ce chapitre, il serait
certainement le plus long.” Pour nous, cela est bien
consolant. Le problème, c'est que les documents que l'on
peut trouver, ne parlent jamais des fautes des saints.
Nous devons ajouter que Vincent Pallotti fut aumônier
militaire de 1843 à 1849, et il le restera jusqu’au 23
janvier 1849, date où lui et ses compagnons furent
chassés de l’hôpital où ils se trouvaient: le 3 février
1849, la République sera proclamée à Rome.
Étonnant homme d’action et mystique authentique, Vincent
Pallotti fut successivement professeur d’université,
confesseur recherché, aumônier de séminaire et
prédicateur, défenseur des ouvriers et des paysans sans
défense, prédicateur apprécié, auteur de nombreux livres
et d’articles, promoteur de missions et fondateur de
communautés religieuses. On peut dire aussi que Vincent
Pallotti fut un martyr de la confession, puisque c’est
en confessant un pauvre sur les épaules duquel il avait
mis son manteau, qu’il contracta la pleurésie dont il
mourut le 22 janvier 1850, âgé d’à peine 54 ans. En
1950, cent ans après sa mort, Vincent Pallotti fut
béatifié par le pape Pie XII. Le pape Jean XXIII le
canonisa le 20 janvier 1963
Nous
allons maintenant parler des œuvres de Vincent Pallotti.
Le vendredi 9 janvier 1835, après la célébration
eucharistique, Vincent prit conscience, d’une manière
irrévocable, de ce que serait son œuvre. Ainsi, la
société qu'il voulait créer, comprendrait:
– Une œuvre missionnaire universelle.
– Un mouvement de renouveau religieux et moral
pour le peuple chrétien.
– Une œuvre universelle d’amour.
En 1840, cette
illumination se fit décisive. Il fallait ”ranimer
la foi et raviver la charité parmi les catholiques,
en vue de les propager dans toutes les parties du
monde... afin qu’il n’y ait plus qu’un seul
troupeau et un seul pasteur.” La Congrégation
des Prêtres et des Frères aurait pour tâche de
diriger et répandre la Société de l’Apostolat
Catholique. En effet, constatait Vincent Pallotti,
des personnes dispersées perdent facilement leur
persévérance, leur énergie et leur zèle dans les œuvres
de charité. D’où la nécessité de créer une association
de prêtres et de frères réunis dans un état de vie
commune. Les prêtres ne seraient pas des clercs
réguliers: “ils devraient tout simplement s’appeler
prêtres de la Congrégation de l’Apostolat Catholique.”
Marie sera leur modèle, car ”bien que Marie n’ait pas
été prêtre ni apôtre, elle s’est vouée à ces œuvres avec
une telle perfection et une telle plénitude, qu’elle
s’est mérité, dans le ciel, une gloire plus grande que
celle des apôtres.” Dans son testament spirituel de
1840, Vincent écrira aussi: "Que
soit répandu le culte de la très Sainte Vierge Marie,
des Anges et des saints, comme Dieu mérite d’être
glorifié dans sa très Sainte Mère, sa Fille et son
Épouse.”
D'autre part, comme rien
ne se fait dans les œuvres de Dieu sans une profonde
humilité. Vincent Pallotti a donné à ses frères
l’exemple de cette humilité et de la nécessité de faire
confiance en la miséricorde de Dieu. Vincent Pallotti a
écrit, concernant une grâce du 9 janvier 1835:
“Vous voyez, mon Dieu,
mon ingratitude, ma négligence, mes péchés, mes crimes
et mes infamies. Vous voyez comment, à un point tel que
vous seul connaissez, je suis chaque jour davantage
coupable et la cause de toutes les fautes passées,
présentes et à venir jusqu’à la fin du monde... Mais
vous déployez votre miséricorde sans borne en faisant
connaître à toute créature, à jamais et à tout instant,
ma méchanceté et votre miséricorde. Que cela soit pour
moi une humiliation permanente et pour votre infinie
miséricorde une glorification permanente.
Après bien des
vicissitudes, des contradictions, des oppositions,
Vincent Pallotti put enfin réaliser, dans son
intégralité, ce qui sera son œuvre: la Société de
l’Apostolat catholique, dont la base reposera
essentiellement sur la Congrégation des Prêtres et
des frères qui sera “en quelque sorte l’âme et la
partie animatrice de toute la Société, et en même temps
une sorte de trait d’union ou de membre médiateur entre
le clergé séculier et le clergé régulier.” Il
convient de préciser ici que la règle fondamentale de la
Société est l’Esprit de l’Amour. La charité, en effet,
résume tout l’esprit de la Société de l’Apostolat
Catholique. Mais, parmi les opérations intérieures
principales conseillées par le fondateur de la Société
de l’Apostolat Catholique, nous pouvons retenir, outre
l’esprit de sacrifice et l’humilité, la mansuétude du
cœur, l’esprit de l’oraison continuelle et de l’union à
Dieu. À cet effet, Vincent Pallotti écrira:
"La Société considérera
comme tâche fondamentale et assurée d’efficacité,
l’encouragement le plus grand possible à effectuer des
prières humbles, confiantes et constantes, partout, dans
toutes les couches du peuple et dans toutes les parties
du monde et ce, dans le but d’obtenir tout don et tout
moyen nécessaire et requis pour qu’il y ait au plus tôt
un seul troupeau et un seul pasteur.”
Pour
être complet nous devons ajouter aux œuvres de Vincent
Pallotti, la création de la Congrégation féminine de
l’Apostolat Catholique. En effet, les nombreuses
missions de Vincent Pallotti lui avaient montré la
détresse des jeunes filles en péril et l’urgente
nécessité d’y apporter remède. Un premier foyer éducatif
fut ouvert en 1838. Avec lui naissait la Congrégation
des Sœurs de l’Apostolat Catholique. Le but de la
Congrégation féminine, sa spiritualité et sa Règle, sont
comparables à celles de la Congrégation des Prêtres et
des Frères.
Nous avons compris que
Vincent Pallotti était fasciné par Dieu, son Amour, sa
présence parmi nous, particulièrement dans
l’Eucharistie. L’adoration était devenue sa vie. On a
dit de lui qu’“il respirait Dieu, toujours en paix,
et le regard plongé en Dieu qui est présent partout.”
Il n’hésitait pas à écrire à ses correspondants:
“Cherchez Dieu, et vous
Le trouverez. Cherchez-Le dans toutes choses et vous Le
trouverez partout. Cherchez-Le à chaque moment, et vous
Le trouverez toujours.”
Mystique habité par Dieu, Vincent, toujours dans le
monde, prenait de plus en plus ses distances par rapport
au monde. Souvent il répétait: “Vous êtes dans le
monde, mais vous n’êtes pas du monde.” Les
nombreuses prières qu’il rédigea le prouvent. Voici, par
exemple, la prière qu'il composa pour obtenir la
protection de Marie sur sa congrégation: "Très
aimable Vierge Marie, Mère de Miséricorde, Reine de tous
les Anges et de tous les saints, notre espérance, notre
intercesseur, fixez vos yeux miséricordieux sur notre
communauté qui vous a appartenu dès le commencement.
Développez, parachevez et conservez-la dans l’avenir!
Qu’il y règnent toujours la pauvreté, la chasteté et
l’obéissance, l’esprit de prière, de l’amour, du
renoncement et du sacrifice. Ô notre médiatrice, notre
refuge, seul motif de notre espérance, protégez-la de
tout mal et surtout de toute tiédeur. Obtenez-nous tout
cela de votre Fils,
Notre Seigneur Jésus-Christ qui vit et règne avec le
Père et le Saint-Esprit, d’éternité en éternité.
Paulette Leblanc |