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La souffrance et la tristesse de Dieu

 

Nous sommes toujours émerveillés par l'océan de l’Amour de Dieu pour nous, par cet océan qui se déverse en pluies d’Amour pour vivifier chacune des petites gouttes d’Amour que nous sommes, transformer en Dieu chacune de ces gouttes d’Amour et leur permettre de construire le Corps du Christ, et enfin, retourner, la tâche accomplie, dans l’océan d’Amour d’où tout vient.

Seigneur! Que Vous êtes merveilleux! Que votre bonté pour nous est extraordinaire, tellement qu’elle nous laisse sans voix. Vous nous aimez donc à ce point? Nous avons donc tellement d’importance pour Vous? Est-ce pour cela que le manque d’Amour Vous rend si triste? Quel mystère que la tristesse de Dieu à cause de ceux qui ne l’aiment pas et se font du mal à eux-mêmes!  

7-1-Pourquoi Dieu peut-Il souffrir? 

Padre Pio se posait souvent cette question: “Pourquoi l’amour est-il douleur?” Un jour, Jésus lui répondit: “L’Amour ne peut être que douleur!” Padre Pio ne répondit pas car il savait déjà, par expérience, que  “L’amour ne peut-être que douleur!”

La réponse de Jésus a de quoi nous étonner: “L’amour ne peut-être que douleur!” Par ailleurs, l'AED[1] a publié, il y a quelques années, un livre intitulé: "Quand Dieu pleure..." Dieu serait-Il une énigme? Comment Dieu qui est Amour, totalement Amour, substantiellement Amour, peut-Il aussi souffrir... Mystère de l’Amour, mystère du bonheur et de la joie de Dieu: car Dieu-Amour est bonheur, Dieu-Amour est joie, et pourtant on parle de la souffrance de Dieu!

Contemplons Jésus tout au long de sa vie, jusqu’à sa grande Agonie, son Chemin de Croix, et sa mort sur la Croix, et nous détecterons un peu de ce mystère inouï. C’est parce qu’Il est Amour et que l’Amour est relation et partage, que Dieu le Père, génère éternellement le Fils; de cette union ineffable et éternelle du Père et du Fils procède l’Esprit. Ces trois qui ne sont qu’Un sont Amour, mystérieux Amour, bonheur intense, joie sans partage, émerveillement pour l’homme qui ne peut comprendre une telle unité, Amour Un et Trine d’où jaillit l’amour.

Dieu voulut partager son bonheur et sa joie en créant l’univers, et en en tirant sa merveille: l’Homme. Dieu créa l'Homme homme et femme, afin que l'Homme pût aimer, puis, ayant expérimenté l’amour humain, se retourner vers Dieu et L’aimer comme Lui Dieu l’aimait, comme Il voulait que l'Homme L’aimât. Car l’amour exige la réciprocité, et pour qu’il y ait amour, même entre le Créateur et sa créature, il faut nécessairement la réponse d’amour de l’aimé à l’Être qui aime. S’il n’y a pas réciprocité, il n’y a pas d'amour, et celui qui a, le premier offert l’Amour, se trouve en quelque sorte blessé, peiné, ou bafoué, ou lésé, ou scandalisé, ou révolté, ou décidé à tout abandonner. Dieu-Amour créa l’Homme par amour, et logiquement, lui demanda d’aimer et de L’aimer. Et l’Homme aima Dieu...

Tout cela, c’est assez abstrait, mais compréhensible. Il était absolument normal que l’Homme aimât Dieu qui l’aimait, d’un amour de fils envers son Père. Dieu pouvait déverser à flots l’Amour qui est Lui, et Dieu était heureux. Tout aurait pu continuer éternellement ainsi s’il n’y avait pas eu l’Autre. L’Autre qui refusa l’Amour, attitude effrayante et incompréhensible. Par contre, nous en saisissons très bien les conséquences: Lucifer qui refusa l’Amour en fut très malheureux, mais son orgueil de créature stupide l’empêcha de faire marche arrière. Il décida donc de détruire l’Homme, la créature favorite de Dieu. Comme ce n’était pas possible, il s’ingénierait à la rendre au moins aussi malheureuse que lui. Le pauvre Homme, bêta et trop curieux, suivit les conseils mortels de l’Ennemi, et fut chassé du Paradis...

Dieu, l’Infiniment juste, ne pouvait pas accepter que des créatures le bafouent: Il devait donc prendre des sanctions... Mais en contemplant son pauvre Homme malheureux, les entrailles de l’Amour furent remuées jusqu’au plus profond, et le Cœur de Dieu-Trinité, Dieu-Père et Dieu-Amour fut très malheureux. Décision fut prise au sein de la Trinité bienheureuse: l’Homme serait sauvé du désastre et retrouverait l’amour. Le Verbe, la Parole de Dieu visiterait la terre pour que l’Homme réapprenne l’amour et l’Amour de l’Amour.

Ce qui précède n’est qu’un anthropomorphisme, mais qui permet de comprendre pourquoi et comment Dieu, qui est Bonheur et joie suprêmes, peut aussi, parce qu’Il est Amour, souffrir et être malheureux quand les hommes qu’Il aiment ne répondent pas à son Amour et à sa tendresse.

Encore Padre Pio! Jésus lui dit aussi: “L’amour ne se prouve que dans la douleur.” Décidément, c’est comme un leitmotiv!

– Pourquoi l’amour est-il toujours douleur? dit l’homme.

– L’amour ne peut être que douleur, l’amour ne se prouve que dans la douleur, répond Jésus.

Pour bien connaître l'amour il faut l'avoir longtemps cherché, comme l'épouse du Cantique: 

7-2-L'épouse   

Quand l’Amour va jusqu’au bout de sa logique amoureuse, Il souffre. La souffrance de l’Amour ne peut retrouver toute sa joie que lorsque la créature aimée, l’épouse qu’Il aime, reviendra vers Lui et l’aimera... Il y aura alors un étonnant échange d’amour: l’Époux appelle d’abord l’épouse par des chants et des mélodies célestes irrésistibles. Il se livre ensuite à des jeux mystérieux pour éprouver l’amour de l’épouse souvent capricieuse et inconstante. Entre deux visites amoureuses et béatifiantes, l’Époux se cache...

Alors, l’épouse  dans la détresse, se met à la recherche de l’Époux que son cœur aime; elle appelle partout:

– Avez-vous vu celui que mon cœur aime? Celui que mon cœur aime, c’est le plus beau des enfants des hommes, c’est l’amour de ma jeunesse. Je L’avais délaissé et depuis, Il se cache: est-Il parti retrouver ses amis? Si vous voyez celui que mon cœur aime, dites-Lui que je L’attends, que mon cœur meurt d’amour sans Lui. Dites-Lui que je L’aime, quand vous verrez celui que mon cœur aime.

– Avez-vous vu celui que mon cœur aime? gémit l’épouse éplorée, languissante d’amour. Celui que mon cœur aime, c’est le Verbe incarné, c’est Dieu-Amour que j’avais méconnu. Moi, malgré son amour, je m’étais éloignée pour me distraire un peu, pour aller voir ailleurs, pour visiter le monde... Je n’avais pas compris qu’en agissant ainsi je blessais son amour.

– Avez-vous vu Celui que mon aime? se lamente l’épouse. Celui que mon cœur aime ne peut être bien loin, car Il m’aime. Avez-vous vu Celui que mon cœur aime, Celui dont le Cœur saigne? Avez-vous vu l’Amour qui pleure? En Le délaissant j’ai blessé son amour, j’ai blessé le Cœur de l’Amour.

– Avez-vous vu Celui que mon cœur aime? Si vous voyez Celui que mon Cœur aime, dites-Lui que je L’aime. Si vous voyez Celui que mon cœur aime, dites-Lui que je L’attends. Dites-Lui que son Cœur peut être consolé, car je L’aime toujours, et je L’aime d’amour.

– Si vous voyez Celui que mon cœur aime, dites Lui que je L’aime, que je me meurs d’amour, pour Lui et pour Lui seul. Si vous voyez Celui que mon cœur aime dites-Lui qu’Il ne doit plus souffrir, car je L’aime toujours, et je L’aime d’amour. Si vous voyez Celui que mon cœur aime...

L’Époux est revenu. L’amour s’est fait présent. L’Amour ne souffre plus quand on L’aime d’Amour.  

7-3-Une méditation bien humaine 

Souvent nous ne savons pas prier et nos communions nous paraissent bien froides ou pire, bien dissipées. Alors, nous devons nous recueillir et penser longuement à ce que nous venons de faire en recevant Jésus dans son Eucharistie. Jésus est en nous, vivant, et Il nous partage son Esprit. Et l'Esprit de Jésus, l'Esprit qu'Il nous envoya pour que nous ne restions pas seuls et orphelins, peut nous inspirer, à partir de la réalité que nous vivons tous quand nous communions, des paroles d'amour, des pensées qui, malgré leur apparente étrangeté ne font qu'exprimer la réalité, invisible peut-être, mais indéniable. En effet, quand Jésus est en nous, par son Eucharistie, Il est dans notre cœur. Cela c'est notre foi.

Alors, laissons-nous aller, laissons notre cœur s'exprimer.

Voici que Jésus nous met dans son Cœur. Il nous installe en prenant grand soin que nous ne fassions plus qu’un avec Lui. Comme nous sommes dans le Cœur de Jésus, son Sang circule dans nos veines, et sa chair est notre nourriture. Nous devenons Lui, tout en restant nous-mêmes. Peu à peu notre cœur apprend à battre au rythme du sien: ses joies deviennent les nôtres, et nous devons partager ses peines. Partager ses peines? Mais comment?

Pensons à Jésus le jour du premier Jeudi-Saint, après qu'Il eût institué l'Eucharistie et qu'Il s'en fût allé avec ses disciples à Gethsémani. Ce soir-là, Jésus avait pris sur Lui le poids du péché du monde; ce soir-là, Jésus combattait Satan et ses tentations perverses; ce soir-là, Jésus sauvait le monde: Il était le Rédempteur, et la Miséricorde.

Ce soir-là, Jésus faisait la volonté du Père et accomplissait dans sa plénitude les desseins de Dieu-Trinité. Mais l’épreuve était si terrible que Jésus appela le Père pour qu’Il éloignât le Calice.

Le Père ne pouvait pas éloigner le Calice: la souffrance du Fils, c’était une décision trinitaire, et Jésus-Fils était partie prenante de cette décision. Mais le Calice était trop amer pour le Fils incarné et le Père envoya à Jésus le Calice de sa Consolation...

Dans le Calice de la Consolation de Jésus il y avait toutes les âmes que son Sacrifice avait sauvées. Il y avait toutes les âmes du Petit Reste. Mais où étaient celles du Grand Reste, celles qui ne Le connaîtraient jamais, ou qui L'avaient abandonné? Pourtant la Sagesse de Dieu avait aussi soufflé sur elles, lors de leur création! 

7-4-La sagesse flottait sur les âmes 

Ne peut-on pas, parfois, laisser aller un peu son imagination pour comprendre ce que nous ne pourrons jamais comprendre intellectuellement, mais que notre cœur amoureux de Dieu sera capable d'appréhender en laissant son amour accueillir l'Amour.

Car tout est Amour en Dieu qui est Amour. La Sagesse qui régnait sur les eaux pendant la création c'était l'Amour de Dieu en acte, l'Amour qui désirait créer pour rendre heureux les anges et les hommes créés à son image, les anges et les hommes, pierres de construction du Corps mystique…

Contemplons ceux qui aiment le Seigneur, le Petit Reste dont parle la Bible. Plongés comme nous le sommes aujourd'hui dans un monde qui devient de plus en plus athée, nous sommes bien contents quand nous rencontrons des gens qui, comme nous, connaissent Dieu et L'aiment. Quand nous regardons le Grand Reste, celui qui ne connait pas Dieu, nous sommes très malheureux. Et quand nous apprenons que, dans son Cœur Dieu pleure, notre cœur pleure avec le sien... Car c'est vrai, Jésus est inquiet pour le Grand Reste…

Regardons Jésus: il pleure… Il gémit sur le Grand Reste, tous ces hommes, ses enfants, qui ne Le connaissent pas encore, ou qui L'ont oublié. Jésus pleure car c'est pour ceux du Grand Reste qu'Il est venu sur la terre, c'est pour les sauver tous qu'Il a vécu avec nous et qu'Il est mort sur la Croix. C'est pour eux, ceux du Grand Reste, qu'Il a formé ses apôtres et qu'Il leur a dit, avant de les quitter: "Allez, enseignez toutes les nations, baptisez-les au Nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit." Allez! Enseignez toutes les nations!!!

Allez! Vous, du Petit Reste, sortez de votre confort spirituel et allez vers vos frères qui n'écoutent pas Dieu parce que leur ennemi les assourdit sans arrêt avec ses musiques infernales et ses concerts diaboliques… Allez! Allez vers vos frères en détresse spirituelle et qui n'ont plus envie de vivre, car Dieu seul fait aimer la vie, et ils n'ont plus Dieu. Allez, vous du Petit Reste, et enseignez! Enseignez toutes les nations, enseignez tous vos frères que l'on maintient dans leur ignorance, volontairement, car Satan ne veut pas qu'ils retrouvent Dieu, qu'ils soient heureux et qu'ils soient sauvés. Allez, enseignez! Dîtes à tous vos frères que Dieu les aime, que Dieu est un Père plein d'amour et de tendresse. Dîtes à tous vos frères que Dieu veut le bonheur de tous ses enfants, et que c'est seulement en Dieu, leur Père, qu'ils trouveront le vrai bonheur.

Nous regardons Jésus qui pleure toujours. Pour Jésus, Gethsémani durera jusqu'à la fin des temps, car jusqu'à la fin des temps Il devra pleurer sur le Grand Reste de ses enfants qui ne Le connaissent pas. Contemplons Jésus. Il pleure aussi sur le Petit Reste qui ne sait plus qu'Il doit, avec Lui, travailler au salut de ses frères, les enfants de Dieu. Alors nous prions: Jésus, du Petit Reste, fais des missionnaires. Remplis nos âme du feu de ton Esprit. Fais que ton Feu transforme nos larmes en paroles de Feu! Redis-nous, Seigneur, tes paroles de feu: "Allez! Enseignez toutes les nations!" et transformez nos travaux en cris d'amour pour l'enseignement de tous nos frères. 

7-5-Vers la vie spirituelle avec le Saint-Esprit 

Tous les saints et saintes ont dit, ou écrit, les paroles qui exprimaient le mieux leur pensée et leur amour pour Dieu. On peut résumer, sans crainte de se tromper, leurs  confidences à Jésus, émises sous l'inspiration du Saint-Esprit: “Jésus j'ai faim de Toi. Viens Jésus, viens dans mon cœur, emplis mon âme, que je ne vive que pour Toi et avec Toi. Jésus, je T'aime. J'ai soif de Toi, sois ma source d'eau vive, l'eau qui lave et qui purifie, l'eau qui apaise toute soif et qui redonne vie. Apprends-moi Jésus, à ne plus vivre que de Toi, à ne désirer que Toi, à répondre pleinement à ce que Tu veux de moi, à T'aimer toujours plus et à ne faire que ta volonté. Aide-nous, ô Seigneur, à réaliser tes desseins d'amour sur toute l'humanité”

Le désir de tous les saints est toujours le même, leur unique désir c’est Dieu, avec en plus une intense prière pour le salut de tous les hommes. Mais, au juste, qu’est-ce qu'un homme, et qu’est-ce qu'être un homme?

Un homme? Qu’est-ce? De chaque homme, de chaque naissance humaine on peut dire la même chose: un jour du temps, de notre temps terrestre, un embryon fut conçu. Il se “fit”, comme ça, indépendamment de toute volonté humaine, car même si des parents désirent fortement un enfant, la conception véritable demeure indépendante de leur volonté propre: la conception du petit homme ne dépend pas de l’homme, même si des hommes sont l’instrument de sa “conception”.

Donc, un jour, un homme “arriva” dans le sein de sa mère. Il n’y était pour rien, car à cet instant de sa conception il n’avait pas d’intelligence, ni de volonté. Et il ne savait rien, il ne connaissait rien; mais il arrivait... Il arrivait malgré lui et presque sans lui dans le sein de sa maman. Et il se mit à se former, à grandir, sans l’aide d’aucun être humain. Sa maman ne faisait que contempler le miracle qui se développait en elle sans qu’elle y soit pour quelque chose. Merveille! Un jour le petit homme fut enfin prêt. Il n’avait rien fait pour cela: il ne savait même pas qu'il existait; mais il était prêt, et il naquit...

Le petit homme naquit... C'était un beau bébé, mais il n’y était pour rien. Il aurait pu naître difforme ou handicapé, ses parents n’y auraient été pour rien. Le petit homme naquit, petit amas de chair humaine, apparemment sans intelligence visible, et il se développa: il n’y fut pour rien. Tout dans sa croissance se fit “sans lui”. Ses membres grandissaient et il n’y était pour rien. Par contre, bientôt, grâce à l’affection de ses parents, il prit conscience de sa vie, de son existence. Son intelligence “se formait”, mais qui la formait? Tout se faisait “sans” lui, mais pour lui. Il devenait un homme. Et peu à peu il dut participer à son évolution, à son développement intellectuel, caractériel et psychologique. Il devait se former, ou plutôt il devait participer à la formation de son être spirituel, car il ne pouvait rien faire sur son être charnel, ou si peu.

Seigneur Tout-Puissant, Dieu Créateur, qu'est-ce qu'un homme? Un être à qui fut seulement confié le développement de son âme en vue d’une tâche bien précise, mais inconnue. Et puis, quand un homme a réussi à accomplir sa tâche sur la terre, il “sent” comme une autre évolution en lui, comme une destruction de sa partie charnelle et un développement nouveau de sa vie spirituelle, de l’amour qu’un autre a mis en lui. L’homme doit quitter la vie terrestre et se préparer à une nouvelle naissance, tout aussi mystérieuse que la première, mais avec la différence que, cette fois, il en est conscient. Il en est conscient, mais le monde où  il va lui demeure tout aussi inconnu que l’était le monde terrestre quand il vint corporellement au monde, lors de sa première naissance. Car la mort, c’est une nouvelle naissance.

Nous ne comprenons pas grand’chose de la vie, et probablement encore moins de notre vie, à cause du péché de l’humanité qui nous sépara de Dieu. Ce mystère de la vie est effrayant quand on ne le considère que dans sa destinée mortelle, et définitivement mortelle. Alors à quoi bon notre première naissance? À quoi bon notre évolution qui se fit malgré nous et sans nous? À quoi bon les efforts que nous avons faits pour former notre être spirituel?

Seigneur, qu’est-ce que l’homme? Pourquoi est-ce que nous existons sans l’avoir demandé? Et au fond, qu’est-ce qu’être un homme qui n’a travaillé qu’en vue de la mort? Angoisse terrrible! Ô chers premiers parents, chers Adam et Ève, comme votre péché nous a fait de mal!

Seigneur Dieu Créateur, toutes nos réflexions ne serviront jamais à rien, et même si elles servaient à quelque chose, momentanément, en fait elles n’auraient cependant aucune valeur puisque tout tend vers sa fin, tout est destiné à la mort. Si nous en restions à ce stade de nos pensées, nous n’aurions plus qu’à nous suicider, ce que font tant de nos jeunes pour qui le monde et la vie sont devenus absurdes dans notre monde sans Dieu. Seigneur, nous T’implorons, éclaire-nous, envoie-nous ton Esprit-Saint, ton Esprit d'Intelligence et de Sagesse...

Quand nos premiers parents ont été chassés du paradis terrestre, ils ont découvert la mort, mais pas la mort qui aurait été la leur s’ils étaient restés au paradis. Leur mort, alors, n’aurait été qu’une naissance consciente à la vie de Dieu, dans la joie de Dieu, dans l’Amour de Dieu qu’ils auraient découvert dans toute sa grandeur. Et quel bonheur, pour eux que la mort qui n’aurait été que le dernier pas de la vie vers la grande Vie avec Dieu.

Voici que nous tremblons et nous n’arrivons plus à nous exprimer. Et pourtant nous “sentons” que le Seigneur veut nous apprendre quelque chose. Dieu, notre Père, savait que notre vie sur la terre, séparée de Lui, ne serait plus qu’une souffrance sans guérison. Alors, sa Miséricorde nous envoya son Verbe-Créateur pour procéder à une nouvelle création, à une re-création de notre être spirituel. Jésus vint, Incarnation du Verbe. Jésus vécut avec nous et “découvrit” le mystère de nos vies sans but quand elles sont sans Dieu. Jésus vint, Il vécut notre vie terrestre et charnelle. Il vécut aussi notre vie spirituelle, et Il “comprit” que nous ne pouvions pas la vivre seuls: c’était vraiment trop  “mortel”... Alors, Il nous promit son Esprit, l'Esprit du Père et du Fils.

Puis, dans un élan étonnant d’amour eucharistique que nous appelons son Cœur Eucharistique, Jésus nous donna l’Eucharistie. Quelle merveille! Quel bonheur! Pourtant, et là notre intelligence défaille encore, tant de gens outragent le Cœur de Jésus, se moquent de Lui, persécutent ses amis, brisent leurs cœurs et le Cœur de Jésus.

Hélas! si souvent nous méconnaissons le Cœur de Dieu, le Cœur de Jésus. Nous Le délaissons, et même nous L’oublions. Certains L’outragent, car selon eux, Dieu les empêche de vivre leurs caprices mortels. Le Cœur Sacré de Jésus, plein d’amour est outragé... Le Cœur de Dieu est méprisé... Seigneur Jésus, donne-nous ton Esprit et apprends-nous comment réparer.

Seigneur notre Dieu-Trinité, apprenez-nous à vivre avec votre Esprit-Saint, apprenez-nous à vivre la vie spirituelle que Vous nous proposez pour mieux vous aimer et aimer notre prochain. Et votre Cœur, le Cœur de la Trinité sainte se réjouira de nous...  

7-6-Et Dieu se réjouira de nous... 

Un chant récent conseille:

Laisse-toi saisir par le Christ, laisse-toi aimer... Et ton Dieu se réjouira de toi, et ton cœur exultera de joie...

Comment peut-on oser écrire une telle chose? Comment chacun de nous peut-il se dire: Dieu se réjouit de moi? Moi, je peux exulter de joie en Dieu, mon cœur peut se gonfler de joie, de bonheur, à cause de Dieu, de la même façon que mon cœur peut pleurer d’une peine immense, à cause de Dieu. Mais comment cela peut-il se faire que Dieu se réjouisse de moi? Je peux me laisser saisir par le Christ, me laisser aimer par Lui... car je sais qu’Il m’aime. Il m’aime, Il me l’a prouvé sur la Croix, Il me le prouve tous les jours.

Dieu m’aime, et quand je L’aime, quand je me laisse aimer, Dieu exulte de joie! Dieu exulte de joie car l’Amour, pour être heureux, a besoin de la réponse d’amour de l’être aimé. C’est incompréhensible, mais c’est comme ça. Ça nous dépasse infiniment, et pourtant Dieu se réjouit quand ses créatures se tournent vers Lui pour L’aimer, pour répondre à son Amour, pour L’adorer et Le contempler. Dieu se réjouit car son Œuvre se construit, car le Corps du Fils se réalise selon la perfection qu’Il a prévue de toute éternité.

Dieu se réjouit quand son Œuvre se construit, quand le Corps du Fils Unique, dont je suis membre, quand le Corps du Fils Unique va vers sa plénitude à cause de moi... À cause de moi parce que Dieu m’aime, parce que Dieu a besoin de moi, à la place qu’Il me destine dans son Œuvre. Parce que Dieu a besoin de ma voix dans le concert éternel de sa Magnificence, de sa Miséricorde, de sa Gloire.

Dieu a besoin de moi parce que c’est ainsi, c’est dans le désir infini de Dieu. De toute éternité Dieu m’a pensé, Dieu m’a aimé, Dieu m’a voulu. pour son bonheur de Créateur, son bonheur d’artisan divin. Pour mon bonheur aussi, car le bonheur né de l’Amour, le bonheur de Dieu ne peut être bonheur que s’il se donne et que s’il se partage. Et cela, malgré nos misères, malgré nos faiblesses, malgré nos péchés, malgré notre petitesse...


[1] Aide à l'Église en Détresse

   

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