On
ne connaît pas la date de naissance de Saint Till ou
Tillon, ou Théau en français. On sait seulement qu'il
était le jeune fils d'un des chefs saxons païens,
écrasés par le roi Clotaire II.
À
peine sorti de l'enfance, Théau fut enlevé de la maison
paternelle par des brigands qui l'amenèrent aux
Pays-Bas, où il fut vendu comme esclave.
Mais il eut la chance d'être acheté par Saint Éloi, "le
Bon Saint Éloi…" de la chanson, avec plusieurs de ses
camarades d'infortune. Ayant remarqué son intelligence,
saint Éloi le baptisa et le confia aux moines de son
monastère de Solignac, dans le Limousin, pour qu'ils
l'éduquent et l'instruisent.
Bientôt Théau fit des progrès étonnants dans toutes les
connaissances enseignées, tout en se distinguant par ses
vertus, sa douceur angélique, son affabilité et son
humilité, ce qui lui attira l'affection et l'estime de
tous les religieux.
Mais
plus tard, Saint Eloi, qui était attaché à la cour du
Roi Dagobert en qualité d’orfèvre, fit venir Théau à
Paris, afin de lui faire apprendre le métier qu'il
exerçait. Tout en travaillant, Théau avait toujours
quelque livre de dévotion devant lui, afin d'occuper
aussi son âme qui aspirait ardemment à la piété. En
effet, il s'imposait les pénitences les plus rudes et
passait des nuits entières en prière. Comme son plus
grand désir était de posséder un cœur pur pour le
Seigneur, il fit une confession générale de ses péchés.
C'est alors que saint Éloi
l'appela à la cour du roi Dagobert où lui-même
travaillait comme orfèvre, afin de lui apprendre le
métier.
Nous venons de voir que Théau se montra un excellent
apprenti orfèvre, mais qu'il montrait une vive
préférence pour les "choses" spirituelles et le service
de Dieu. Aussi, quand Éloi fut devenu évêque de Noyon,
ordonna-t –il prêtre son protégé; il l'envoya alors à
Solignac, l'abbaye de saint Éloi, puis il lui demanda
d'évangéliser les Saxons établis aux Pays-Bas et dans la
région de Courtrai, ville belge flamande, située
actuellement en France au Nord-Est de Lille, tout en
s'occupant des moines de Solignac dans le Limousin.
Puis, quand Éloi mourut, Théau se retira dans la
solitude. Mais sa sainteté lui ayant attiré de nombreux
disciples, il construisit un monastère, à Brageac et
porta le nom de Paul. Tout en travaillant, il se livrait
à la contemplation et répétait souvent: "Celui qui ne
veut pas travailler, ne doit pas manger."
Théau, moine, recommandait avant tout à ses moines
d'avoir une foi inébranlable en Dieu et en son Fils
unique, et de se livrer constamment à la prière. Théau
faisait beaucoup de miracles, et, même après sa mort
plusieurs guérisons miraculeuses furent obtenues, grâce
à son intercession. La tradition nous dit que peu de
temps avant sa mort, Théau envoya un jeune garçon chez
l'évêque de Limoges pour lui demander de venir lui
donner les derniers sacrements. L'évêque, qui était
alors très malade, guérit instantanément et se rendit
auprès de Théau. Après avoir reçu le corps et le sang de
notre Seigneur Jésus-Christ, Théau mourut doucement dans
le Seigneur au milieu des larmes de ses religieux
rassemblés autour de son lit. Ceci se passa le 7 janvier
de l'an 700 ou 702. Théau avait environ 94 ans.
Saint Théau avait été un grand ascète, mais quelle était
sa spiritualité? Un jour, les frères réunis lui
demandèrent des instructions. Théau leur dit que pour
connaître tous les commandements de Dieu, les saintes
Ecritures suffisaient. Puis il ajouta: "Le mieux
c'est que les frères, chacun à tour de rôle, se
confortent mutuellement par des paroles
d'encouragement». Un autre jour, saint Théau
enseigna: "Quand tu entames une action, ne te laisse
pas aller au relâchement, persévère, continue ton
travail, et agis comme si tu n'en étais toujours qu'au
début. C'est qu'en effet, courte est la vie humaine,
comparée à l'Eternité."
Les habitants d'Iseghem, près de Courtrai, honoraient
Théau comme leur apôtre. En Flandre, en Auvergne, dans
le Limousin, plusieurs églises lui furent dédiées sous
l'invocation de saint Théau ou saint Tillo. Ses miracles
arrivaient quand on l'invoquait près de son tombeau là
où se trouvait un tonneau d'huile dont le niveau ne
baissait jamais. Aussi, de nombreux pèlerins emportaient
de cette huile pour oindre un malade afin qu'il
guérisse. Aujourd'hui, saint Théau est encore invoqué
contre les fièvres fulgurantes et les fortes toux des
enfants.
Voici maintenant un enseignement de saint Théau
particulièrement adapté à notre vie moderne: "Dans la
vie courante, bien des gens s'investissent dans des
choses éphémères, mais la plupart ne reçoivent rien en
retour par rapport à ce qu'ils se sont dépensés. Et si
nous comparons les éventuels gains avec les promesses de
la vie éternelle, on voit à quel point les petits gains
terrestres sont vraiment ridicules. Donc, mes petits
enfants, ne vous laissez pas aller à faire tout à
contrecœur, et ne vous attachez pas à la vaine gloire…
Nous devons donc toujours rechercher ce qui nous mène au
ciel: la sagesse, le discernement, la droiture, la
vertu, l'amour des veilles, le souci des pauvres, une
foi indéfectible en Christ, l'impassibilité de l'âme et
l'hospitalité. En poursuivant ces buts ici sur terre,
nous nous préparons une demeure dans le ciel, comme nous
le promet l'évangile. C'est pourquoi je vous exhorte
avec force à ce que tous ensemble nous unissions nos
efforts dans cette direction…" Et Théau conclut:
"Car ce n'est pas contre des adversaires de sang et de
chair que nous avons à lutter, mais contre… les
régisseurs de ce monde de ténèbres, contre les esprits
du mal qui habitent les espaces célestes. Leur grand
tapage est en effet emporté en l'air par le vent, où il
est sans effet. Toute l'armée ennemie sera anéantie sous
nos yeux..." Mes amis, avec saint Théau, demandons
au Seigneur le don du discernement des esprits, afin que
nous puissions déjouer leurs ruses les anéantir. Là je
pense surtout aux médias modernes.
Paulette Leblanc |