MARIE VICTOIRE THÉRÈSE COUDERC
Religieuse, Fondatrice, Sainte
1805-1885

26

SEPTEMBRE

Marie-Victoire Couderc naquit au Mas, hameau de la commune ardéchoise de Sablières, le 1er février 1805. Elle était la quatrième des douze enfants d'Anne Méry et Claude Couderc qui vivaient dans un milieu rural simple mais cependant assez aisé. La famille Couderc était très croyante et, très tôt, Marie-Victoire manifesta un profond désir de vie religieuse. En 1822, Marie-Victoire, âgée de 17 ans, fut envoyée, pour faire ses études, au Pensionnat des VANS tenu par les sœurs de saint Joseph. Au printemps de 1825, son père vient la chercher pour qu’elle soit présente, avec toute sa famille, à la mission animée par trois missionnaires diocésains, chargés du pèlerinage auprès du tombeau de Saint Jean-François Régis, à Lalouvesc. C'est alors qu'elle fera la connaissance du Père Étienne Terme.

Le Père Terme était curé d’Aps (aujourd’hui Alba). Nommé à Lalouvesc en 1824, il constata que la promiscuité dans les auberges ne favorisait guère le pèlerinage surtout pour les femmes. Il eut l'idée d'ouvrir une maison d’accueil uniquement pour elles. Dès l’hiver 1825-1826, il voulut tester son idée et organisa l'accueil des femmes, dans un lieu provisoire; deux jeunes filles vinrent l'aider. Bientôt, quoique sans argent, il entreprit la construction d'une maison, qui sera la première maison de la congrégation Notre-Dame du Cénacle. Auparavant, il avait réuni quelques jeunes filles qui souhaitaient se consacrer à l’éducation des enfants, et fondé ce qui deviendra la Congrégation de Saint Régis. Lors de la mission à Sablières, Marie-Victoire âgée de vingt ans se confia au père Terme qui lui proposa d’entrer au noviciat d’Aps (Alba la Romaine). En janvier 1926 Marie-Victoire entrait au noviciat d'Aps et prenait le nom de Sœur Thérèse.

En 1827, le Père Terme  appela Thérèse et deux autres sœurs à Lalouvesc pour s'occuper de sa nouvelle fondation: l'accueil des femmes qui venaient en pèlerinage. Thérèse fut nommée maîtresse des novices. Un an plus tard, la supérieure étant appelée dans une autre communauté, Thérèse devint la supérieure de cette communauté: elle n’avait pas 23 ans. Très vite Thérèse comprit que les personnes qu'elle accueillait n'avaient aucune formation spirituelle. En 1828, elle convainquit le Père Terme de n'accepter dans la maison de Lalouvesc que des femmes désireuses de prendre un temps de prière et d’approfondissement de la foi. Et cela pendant trois ou neuf jours; ensuite, rentrées chez elles, elles pourraient mener une vie chrétienne solide.

Le Père Terme fit alors une retraite chez les Jésuites de Vals près du Puy et découvrit les Exercices Spirituels de Saint Ignace de Loyola. Enthousiasmé par cette découverte, il exigea que les sœurs en fassent immédiatement l’expérience et qu’elles se servent de cette méthode pour aider les personnes qui viendraient en pèlerinage. Les sœurs n’osaient pas encore employer le mot de retraite. Les exercices spirituels devinrent ainsi la base de la formation des sœurs, laquelle formation s'enrichira peu à peu des dons propres du Père Étienne Terme et de Thérèse Couderc, l'un et l'autre marqués par la spiritualité de l'École française.

L'œuvre des retraites se développait rapidement malgré le manque de moyens. Aussi dut-elle se détacher de la Congrégation de Saint Régis fondée pour l'éducation des enfants pauvres de la région ardéchoise. C'est ainsi que l'institution du Père Terme se divisa en deux branches, les sœurs des écoles (Sœurs de saint Régis) et les sœurs de la retraite qui seront appelées plus tard Sœurs de Notre-Dame du Cénacle.  

En 1831, le Père Terme consacra au Sacré-Cœur, par les mains de Marie, les biens et les personnes de ses communautés. Vers 1832, Thérèse devint la supérieure générale de toutes les communautés fondées par le Père Terme, avec la maison de Lalouvesc comme Maison-Mère. Tout allait bien; malheureusement, épuisé, le Père Terme mourut le 12 décembre 1834 à l’âge de 43 ans. Àgée de 29 ans, Thérèse restait seule responsable. Elle réussit cependant à maintenir l'œuvre avec l'aide du provincial des Jésuites de France, le Père Renault, jusqu'en 1837, où la question de maintenir dans une même congrégation maisons de retraite et écoles se posa. La séparation entre les Sœurs de Saint Régis qui garderont les écoles et les Sœurs de la Retraite se vécut douloureusement. En 1838, suite à des intrigues, Thérèse fut déposée de sa charge et remplacée à la tête de l'institution. Elle vécut dès lors dans l'ombre et l'humilité, confinée dans d’humbles et pénibles travaux, et tenue à l’écart de la communauté, n'intervenant que pour quelques missions difficiles. Ainsi, en 1844, une communauté s’installa à Fourvière et Thérèse fut nommée assistante. C'est alors que la congrégation prit le nom de Notre Dame du Cénacle.

En 1855, Thérèse fut envoyée à Paris pour dénouer une crise grave pouvant aller jusqu'à une scission, et calmer les esprits. En 1860, elle fut nommée assistante de la supérieure de Montpellier. Nous constatons que la vie de Thérèse Couderc fut ponctuée de beaucoup d'épreuves et de souffrances; mais quelle aide pour sa vie spirituelle!

À partir de 1867, n'ayant plus aucun rôle de direction, Thérèse vécut à Lyon, faisant de la catéchèse à des adultes, organisant des retraites, soignant ses sœurs malades, et se consacrant à la prière dans l'humilité et la discrétion. En 1877, la nouvelle supérieure fera reconnaître officiellement Thérèse comme cofondatrice de l'institution avec le Père Terme. Autre consolation pour Thérèse: pendant ce temps, et certainement grâce à ses prières, le Cénacle se développait et de nombreuses maisons s'ouvraient en France et à l'étranger.

Thérèse Couderc mourut au Cénacle de Lyon le 26 septembre 1885. Elle fut béatifiée le 4 novembre 1951 par le pape Pie XII, et canonisée le 10 mai 1970 par le pape Paul VI. Sa fête est le 26 septembre.

Paulette Leblanc

 

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