Théodore le Studite
Higoumène du monastère du Stoudion, Saint
(759-826)

11

NOVEMBRE

Théodore le Studite signifie le moine du Stoudion, monastère de Constantinople. Théodore est considéré comme l'un des grands Pères de l'Église. L'un de ses plus importants ouvrages est son traité concernant la défense des icônes, écrit lors de la deuxième période de l'iconoclasme, de 814 à 842. Il est commémoré dans l'Église orthodoxe le 11 novembre.  Passons maintenant à la vie de saint Théodore le Studite.

Théodore naquit à Constantinople, en 759, dans une famille de hauts fonctionnaires. Son père, Photin, était gardien du trésor impérial; on dirait aujourd'hui ministre des finances. Sa mère s'appelait Théoctiste. Tous les deux, très soucieux de l'éducation de leurs enfants, surent leur transmettre la foi chrétienne. De plus, Théodore reçut une éducation très soignée dans les sciences profanes enseignées à son époque: grammaire, rhétorique, prosodie et logique d'Aristote. Sa mère avait beaucoup d'estime pour l'ascèse et la prière, ainsi qu'un profond amour pour la vie monastique. Son oncle maternel, qui avait été lui aussi un haut responsable de l'administration fiscale, Platon de Sakkoudion, né en 735 et décédé le 24 avril 814, avait abandonné son office pour entrer en 759, au Monastère des Symboles en Bithynie; moine byzantin, Platon devint le père spirituel de Théodore.

L'enfance et la jeunesse de Théodore se passèrent sous l'empereur Constantin V qui régna de 741 à 775. À cette époque, les temps étaient très troublés. En effet, l'empereur Constantin V, iconoclaste, persécutait les défenseurs du culte des Saintes Images ou icônes. Heureusement, après la mort de Constantin V, et le court règne de Léon IV (775-780), l'impératrice Irène assura la régence et restaura le culte des Icônes, en rappelant d'exil les confesseurs de l'Orthodoxie. C'est ainsi qu'en 780, l'oncle maternel de Théodore, Platon put revenir à Constantinople, après être resté dix ans higoumène, ou supérieur, du monastère des Symboles en Bithynie. Il retrouva sa famille et décida Théodore, ses parents, ses frères et sœurs, et quelques-uns de leurs amis, à embrasser la vie angélique. Photin, le père de Théodore, vendit tous ses biens et en distribua le revenu aux pauvres, à l'exception d'une propriété située sur le mont Olympe en Bithynie, le Sakkoudion, qui sera transformé en monastère dans lequel Théodore, encore jeune, vécut un certain temps. Quand il eut 22 ans, Théodore se fit moine.

En 787, Théodore fut ordonné prêtre. Son oncle Platon revint à Constantinople en 793 et résida au monastère de Stoudion. Mais en 795, lors du schisme mœchien, relatif à un adultère de l'empereur Constantin VI, schisme qui dura de 795 à 797, Platon, Théodore et ses moines furent exilés à Thessalonique, où ils souffrirent de nombreuses tribulations. En 797, Platon, Théodore et leurs compagnons furent libérés et purent rentrer au Sakkoudion. Mais les fréquentes incursions des Arabes les obligèrent à quitter le Mont Olympe pour trouver refuge à Constantinople, où on leur offrit le monastère du Stoudion, du nom du consul romain Studius qui le fonda en 463. Platon, lui aussi exilé au Stoudion, se retira de toute activité pour se vouer au silence; il décéda le 4 avril 814. Il est utile de savoir que l'oraison funèbre que Théodore composa en l'honneur de son oncle Platon, oraison également appelée Vie de Saint Platon, est la principale source d'informations concernant l'histoire de la famille de saint Théodore.

Le transfert de la communauté au monastère du Stoudion qui allait bientôt compter près de mille moines, fut l'occasion pour Théodore, devenu higoumène du monastère de Stoudion, d'adapter le mode de vie commune prescrit par saint Basile le Grand. Et la règle du Stoudion servira de règle à un grand nombre de monastères orientaux. Notons que les écrits de saint Théodore le Studite permirent de venir à bout du 2ème iconoclasme en 843.

Les dernières années de saint Théodore se passèrent sur la péninsule de Saint Tryphon, près de Chalcédoine, puis sur l'île de Prinkipo où il mourut le 11 novembre 826.

Saint Théodore le Studite fut un grand défenseur des icônes; il fut aussi un grand réformateur de la vie monastique. Le 27 mai 2009, le pape Benoît XVI rappela les principales orientations qui furent celles données par Saint Théodore Le Studite: "Il insistait sur la valeur du monachisme et la nécessaire obéissance des moines... pour que le monastère soit une communauté fonctionnelle, une véritable famille, un corps du Christ. Le moine doit prononcer ses vœux particuliers... comme un second baptême. Il montrait l'importance de la pauvreté, de la chasteté et de l'obéissance, vertus qui distinguent les moines des laïcs. Les moines vivent radicalement la renonciation à la propriété et aux biens matériels, la sobriété et la simplicité dans un esprit d'égalité. Sans dépendre des choses matérielles, il faut apprendre à renoncer et à être sobre pour qu'une société solidaire puisse surmonter enfin la grave question de la misère du monde... Ces renonciations, Théodore Le Studite les appelait un martyre de la soumission." Benoît XVI précisa encore l'importance du travail, ou philergia, pour Théodore: "Sous prétexte de la prière et de la contemplation, le moine ne doit pas se dispenser de travailler, le travail manuel étant un moyen de rencontrer Dieu..."

Benoît XVI a conclu son exposé en disant qu'il existe de nos jours de nombreux "courants qui menacent l'unité de la foi et poussent à un dangereux individualisme spirituel. Il faut donc s'engager dans la défense et dans la croissance de l'unité parfaite de l’Église, dans laquelle paix et ordre peuvent s'articuler harmonieusement avec les rapports personnels dans l'Esprit. L'enseignement du Studite est éclairant en la matière".

Paulette Leblanc

 

 

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