Originaire d'une famille sans pratique religieuse,
Théodelinde était la fille de Jean-Baptiste Bourcin du
Bouché, sieur du Bouchet (1772-1852), un haut
fonctionnaire trésorier-payeur général, et de Marie
Elisabeth Carlotta Marini. Théodelinde naquit le
2 mai 1809, à Montauban. À cette époque, même dans les
familles non
pratiquantes,
la morale naturelle était scrupuleusement observée,
surtout lorsque l'ensemble de la société était baignait
encore dans le jansénisme.
Théodelinde découvrit peu à peu ce qu'était vraiment
l'amour des autres; et son dévouement pour les personnes
malades et souffrantes grandissait à mesure que
s'accroissait en elle l'amour du Sauveur qu'elle
découvrait grâce aux mystères de la vie chrétienne:
l'Incarnation, la Rédemption et l'Eucharistie. Par
ailleurs, de 1846 à 1848, elle bénéficia de trois
visions fondamentales qui orientèrent toute sa vie:
vision eucharistique à Notre-Dame de Paris, vision de
Jésus crucifié et vision du Cœur du Christ qui
rejoignait le sien via un canal d'or.
Théodelinde a maintenant trente-neuf ans. Nous sommes en
1848, et voici les journées tragiques d'une
nouvelle révolution en France. Théodelinde regroupe,
dans la chapelle des Carmélites de la Rue
Denfert-Rochereau à Paris et avec le soutien et l'appui
de la Mère Supérieure, de nombreuses personnes afin
d'organiser, pendant quarante jours, des prières de
réparation. En quelques semaines 2000 membres
s'agrégèrent à l'Association Réparatrice dont l'idée
avait été lancée par Sœur Marie de Saint Pierre, une
Carmélite de Tours; et Théodelinde Dubouché avait obtenu
de Monseigneur Affre, l'Archevêque de Paris, l'érection
Canonique de cette Association Réparatrice. Mais la même
année, dans la nuit du jeudi dans l'octave du Saint
Sacrement, le Seigneur apparut à Théodelinde, et lui fit
comprendre qu'Il voulait bien plus qu'une Association,
mais “une Congrégation religieuse vouée à l'Adoration
Réparatrice.”
Petit rappel historique:
pour bien comprendre ce que sera l'œuvre de Théodelinde
Dubouché il faut faire une petite excursion au Carmel de
Tours où vivait une jeune religieuse, Sœur Marie de
Saint Pierre (ou Perrine Éluère 1816-1848). Depuis le 7
décembre 1843, le Seigneur lui faisait entendre, que des
événements très graves se préparaient et que la France
aurait beaucoup à souffrir à cause de son impiété; il
fallait que des âmes pures s'unissent pour réparer. Le
13 février 1848, Sœur Marie de Saint-Pierre reçut une
communication importante: le Seigneur lui annonçait des
événements particulièrement graves. Elle écrivit le jour
même à sa supérieure:
"L’Église est menacée d’une horrible tempête, priez,
priez…
Jésus m’a donné cette connaissance à diverses fois, mais
il n’est pas possible de rendre le touchant accent avec
lequel ce charitable Sauveur me disait: 'Priez,
priez!... Cet adorable Sauveur m’a fait entendre que sa
justice était fort irritée contre les péchés des hommes,
mais surtout contre les crimes qui outragent
immédiatement la majesté de Dieu...
Le 20 février 1848, elle
confirmait: "Le dimanche 20 février, ayant offert la
sainte communion en réparation des outrages faits à la
Majesté divine, j’ai vu que c’en était fini! La France,
trop coupable, allait être châtiée!... Il y a plus de
quatre ans que le bras du Seigneur était levé sur nos
têtes coupables!..." Mais ce coup ne serait pas
mortel pour la France: en effet, elle ajoutait:
"Notre-Seigneur m’a fait comprendre aussi que le clergé
serait épargné; sans doute il aura des vexations, mais
il ne sera pas persécuté ouvertement…" Et Sœur Marie
de Saint Pierre de s'écrier: "
Oh! Que je
voudrais faire savoir à tous les évêques cette
consolante vérité, que le très saint Nom de Dieu est le
refuge de l’Église de France, en leur demandant à grands
cris l’œuvre réparatrice! Je l’ai toujours dit et je le
répète encore: c’est elle qui doit désarmer la justice
de Dieu et sauver la France. Heureux si l’on sait
profiter de ce moyen de salut!"
Sœur
Marie de Saint-Pierre insista pour que son évêque étende
davantage l'Œuvre de la Réparation. Mgr Morlot refusa et
la jeune sœur se soumit... et elle se tourna vers la
sainte Face de Jésus. Heureusement Théodelinde se
manifesta, avec l'appui de la Mère supérieure du Carmel
parisien de la rue Denfert Rochereau. Forte de la
demande de Jésus de fonder une Congrégation religieuse
eucharistique, vouée à l'Adoration Réparatrice, et
poussée par Dieu, Théodelinde proposa à la sœur prieure
du Carmel, la fondation d'un Tiers-Ordre lié au Carmel.
Avec l'approbation des autorités religieuses, elle
forma, le 6 août 1848, sa première petite communauté, à
Paris, rue d'Ulm. On ne peut pas ici, ne pas remarquer
le lien très fort qui existait, non seulement entre les
deux carmels, mais également entre les deux femmes
souhaitant développer l'Adoration Réparatrice: Sœur
Marie de Saint Pierre et Théodelinde Dubouché.
L'Institut de l'Adoration Réparatrice était né; il fut
approuvé par Mgr Sibour, (1792-1857), archevêque de
Paris, en février de l'année suivante. Le 27 mai 1849,
Théodelinde revêtait un habit religieux. Elle fit sa
profession religieuse le 29 mai, et devint Mère
Marie-Thérèse du Cœur de Jésus. Le 13 juin 1849,
treize sœurs prenaient l'habit à leur tour. En 1850,
Théodelinde fut appelée à Lyon pour y faire une
fondation. Le 8 novembre 1855, alors qu'un incendie
ravageait la chapelle, en voulant sauver des flammes le
Saint-Sacrement, elle fut très gravement brûlée. Les
années qui suivirent furent marquées par de terribles
épreuves, tant physiques que morales, mais le 10 février
1859, avec ses quatre premières religieuses, Théodelinde
faisait sa profession perpétuelle. L'année suivante,
elle créa le couvent de Châlons-sur-Marne.
Théodelinde Dubouché mourut le 30 août 1863. La messe
des obsèques fut célébrée à l'église
Saint-Jacques-du-Haut-Pas. Le 26 février 1864,
Théodelinde était inhumée dans la crypte de la
Congrégation de l'Adoration Réparatrice, au 39 rue
Gay-Lussac, Paris 5e.
L'héroïcité des vertus de Théodelinde Dubouché fut
reconnue par l'Église catholique romaine. Elle fut
déclarée Vénérable par le pape Saint Pie X, le 19 mars
1913.
Notons, pour notre information, que Théodelinde
pratiquait aussi la peinture avec un certain talent.
Voici, pour finir, quelques phrases de Théodelinde
Dubouché:
"L'adoration eucharistique, c'est d'être là comme une
fleur devant son soleil. Si vous saviez quel est Celui
qui vous regarde à travers ces voiles... Ne faites rien,
qu'importe! Une vertu sortira de Lui... Les bons anges
vous enverront le souffle de sa bouche, la chaleur de
son cœur...
Au pied de l'Eucharistie, il n'y a ni lieu, ni temps, ni
distance. En Lui, on se retrouve, on s'aime, on se
soutient.
L'oraison, c'est la vie de Dieu. C'est l'exercice qui,
sous différentes formes, tient l'âme dans l'union
parfaite et continuelle avec Dieu.
Une âme unie à Dieu est un feu qui embrase tout autour
d'elle."
Paulette Leblanc |