Stanislas Kostka
Jésuite, Saint
(1550-1568)

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AOÛT

Stanislas Kostka naquit le 28 octobre 1550, au château de Rostkou, dans la Basse-Pologne. Il appartenait à une très noble famille de Mazovie, dont la capitale deviendra Varsovie, en Pologne. C'était une famille catholique, dont les membres occupaient des postes importants dans le gouvernement de la Pologne. Stanislas était le dernier des enfants de Jean Kostka, sénateur de ce royaume, et de Marguerite Kriska, sœur du comte Palatin de Mazovie, grand officier chargé de la surintendance des revenus et de la juridiction du monarque. Stanislas était encore très jeune quand ses parents le confièrent à un jeune gentilhomme nommé Jean Bilinski, pour lui enseigner, entre autres, les principes de la langue latine.

En 1564, âgé de 14 ans, Stanislas fut envoyé, avec son frère Pawel, Paul en français, et son précepteur Bilinski, au célèbre collège des Jésuites de Vienne en Autriche. Ces jeunes et leur précepteur restèrent internes dans ce collège de juillet 1564 à mars 1565. Mais une grande épreuve survint. L'empereur Ferdinand étant mort, son successeur Maximilien, voulut reprendre la maison que son père avait confiée aux Jésuites. Et les jeunes pensionnaires durent partir et loger ailleurs… Stanislas, son frère Pawel et leur précepteur Bilinski, allèrent dans la maison d'un sénateur luthérien Kimberker, pour achever leurs études. En effet, Pawel, son frère aîné et son précepteur avaient préféré le logis du sénateur à ceux des Catholiques, parce qu’il était dans un beau quartier de la ville. La vie que Paul, Stanislas et Bilinski le précepteur menèrent en cette maison, était bien différente de celle qu’ils avaient menée au séminaire. Stanislas vit son frère changer de vie avec une extrême douleur. Il fit tout ce qu'il put pour ramener Pawel à une vie plus réglée, mais en vain. De plus, nous ne devons pas oublier qu'à Vienne, à cette époque, les affrontements étaient nombreux entre catholiques et luthériens. Notre Stanislas admirait l'action des Jésuites pour éviter ces luttes d'influence, et c'est ainsi qu'il voulut entrer chez les Jésuites. Mais, âgé de moins de 15 ans, il était trop jeune, et son entrée au noviciat fut refusée.

Nous avons compris que le jeune Stanislas, qui s'était montré très pieux dès sa plus tendre enfance, avait été très heureux dès son entrée au collège des Jésuites. Là, il pouvait recevoir fréquemment la sainte communion, fait rare à l’époque. Il se confessait régulièrement. Par ailleurs, c'était un excellent élève: Stanislas apprit l’allemand, se perfectionna en latin et connut les éléments de base du grec. En décembre 1566, il tomba gravement malade, et attribua sa guérison rapide à sainte Barbe qu'il avait beaucoup priée.

En effet, Stanislas aimait beaucoup la Vierge Marie; aussi avait-il pensé à entrer dans la congrégation mariale de Sainte Barbe. En décembre 1566 il tomba gravement malade, et il reçut la visite de Sainte Barbe qu'il avait invoquée. Accompagnée de deux anges, la sainte lui apporta la communion qu'il ne pouvait recevoir en raison de l'hostilité de son logeur qui refusait la présence, chez lui, de tout prêtre. Après avoir communié des mains de Sainte Barbe, Stanislas se rétablit très vite, à la surprise de tout le monde.

Immédiatement il décida d'entrer chez les Jésuites, malgré l'opposition de tous ses proches. Une vraie persécution contre lui se mit en place; aussi Stanislas résolut-il de s'enfuir, afin de remplir la promesse qu'il avait faite à Dieu. Heureusement, Francisco Antonio, un Jésuite portugais, confesseur à la cour, le soutint; il lui donna une lettre de recommandation destinée à Pierre Canisius, provincial des Jésuites d’Allemagne, lettre dans laquelle il demandait que Stanislas fût reçu novice, mais dans une  province jésuite éloignée de Vienne. Et le 10 août 1567, Stanislas se déguisa en mendiant et partit pour Augsbourg, en Bavière. Sa famille découvrit sa disparition le lendemain, et son frère se mit à sa recherche, mais en vain.

Après quinze jours de marche, Stanislas arriva à Augsbourg; mais il devait encore poursuivre sa route jusqu'à Dilligen, en Bavière,  où Pierre Canisius l'attendait. Comprenant les problèmes de Stanislas et l'authenticité de sa vocation, Canisius l'envoya faire son noviciat à Rome et écrivit une lettre au supérieur général, le futur saint François Borgia. Porteur de cette lettre et accompagné de deux autres candidats-novices, Stanislas Kostka et ses compagnons se mirent en route le 25 septembre 1567; ils arrivèrent à Rome le 25 octobre 1567, après une marche de 1500 kilomètres. Le noviciat de Stanislas commença, d'abord dans la maison du Gesu, puis au nouveau noviciat Saint-André-du-Quirinal au début de 1658.

Le bonheur de Stanislas, novice chez les Jésuites, fut grand. Dieu était si bien servi dans la maison où il était! Stanislas priait avec tant de ferveur qu'il fut vite considéré comme un modèle. Sa prière était si recueillie, et  son visage si rayonnant, que même les novices les moins dévots devenaient très fervents. Malgré son humilité et le soin qu'il prenait à se cacher, on le voyait souvent en extase lorsqu'il priait. On le surprit plusieurs fois, au cours de ses ravissements, élevé de terre. Que se passait-il en lui? Stanislas était si rempli de l'Esprit de Dieu qu'il illuminait ceux qui conversaient avec lui. Quel bonheur pour ses amis de vivre avec un jeune si heureux avec Dieu! Quel bonheur d'être appelé par son ami à vivre en conformité avec Jésus-Christ, même avec Jésus crucifié!

Stanislas était au noviciat depuis dix mois lorsqu’il se sentit intérieurement averti que la fin de sa vie approchait. Il en eut les premiers  pressentiments au commencement du mois d’août 1658, après avoir entendu un sermon où l’on avait parlé de la fragilité de la vie humaine, et de l'importance qu'il y avait à se tenir prêt à mourir. Il en parla le même jour à ceux à qui il put parler, disant:

– C’est à moi que l’exhortation d’aujourd’hui s’adresse; la préparation à la mort, dont on nous a parlé, est pour vous une précaution utile, parce que l’on peut mourir en tout temps; mais elle est de nécessité pour moi qui mourrai ce mois-ci.

Stanislas exprima la même chose, quatre jours plus tard, à un père du séminaire, dans un entretien qu’il eut avec lui concernant l’Assomption de la sainte Vierge. Puis, il ajouta ces paroles:

– Ah! Mon Père, que ce fut un heureux jour pour les Saints, que celui auquel la sainte Vierge entra dans le paradis! Je suis persuadé qu’ils en renouvellent tous les ans la mémoire, aussi bien que nous, par quelque réjouissance; aussi bien qu’eux, j’espère que je verrai la prochaine fête qu’ils en feront.

Ces propos ne firent aucune impression sur personne, car on ne pouvait croire que Stanislas, si jeune et en parfaite santé parlât sérieusement lorsqu’il disait qu’il n’avait plus que quelques jours à vivre. Cependant Stanislas se prépara à mourir. Comme il aimait Dieu de tout son cœur, il ne pouvait s’empêcher de désirer la mort qui devait l'unir à Lui. Aussi la demandait-il continuellement à Dieu, et il sollicita l’intercession du bienheureux martyr saint Laurent, le saint qu’on lui avait donné pour patron ce mois-là. Et Stanislas se prépara à la fête de saint Laurent, par de rudes pénitences.  

Le 10 août, jour de la fête de saint Laurent, Stanislas écrivit une lettre à la sainte Vierge, dans laquelle il la conjurait de lui obtenir la grâce de mourir avant la fête de son Assomption, afin qu’il pût assister à la solennité qui se ferait dans le ciel. Après quoi il descendit aider le cuisinier à apprêter le dîner. Le soir de ce jour, il se sentit mal et eut un peu de fièvre. Ce malaise paraissait anodin; cependant, son supérieur le fit aliter. Le 13 août, on porta Stanislas à l’infirmerie, en raison de son affaiblissement brutal, de ses fortes fièvres, des sueurs froides et de ses  brusques frissons. Stanislas reçut le saint Viatique et l’extrême-onction avec des sentiments de joie extrême qui parurent alors dans ses yeux et sur son visage. Comme on lui demandait s’il était bien résigné à la volonté de Dieu, il répondit tranquillement: "Mon cœur est prêt, Seigneur, mon cœur est prêt."

Stanislas fit ensuite quelques actes de contrition et d’amour de Dieu, qui furent entendus de tous ceux qui étaient présents; puis il demeura assez longtemps dans un profond silence pendant lequel la Mère de Dieu se présenta à lui, suivie d’une nombreuse troupe de Vierges, comme on l’apprit par sa propre bouche. Puis il rendit l’esprit un peu après trois heures du matin, le 15 d’août 1568. Il avait 18 ans. Il fut béatifié par le pape Paul V, le 14 août 1605, et canonisé par Benoît XIII, le 31 décembre 1726. Sa fête est le 15 août.

Parlons maintenant de la spiritualité de Saint Stanislas Kotska. Il était si doux que tout le monde l'aimait, et l'on s’estimait heureux quand on pouvait avoir une heure de conversation avec lui. Il ne méprisait personne et il s’accommodait à l’humeur de chacun. Il aimait sincèrement tous ses frères, et tous lui ouvraient leur cœur et lui confiaient leurs plus secrètes pensées. On pense souvent à un jeune Italien, natif de Rhége, nommé Etienne Augusti, que les Supérieurs lui avaient donné pour lui apprendre la langue italienne. Aussitôt qu’ils se connurent ils s'aimèrent et ne se cachaient rien. Et c'est à cet ami fidèle que Stanislas confia le secret de ses révélations; et c’est de lui qu’on connut, après sa mort de nombreux détails de sa vie spirituelle. C'est ainsi que l'on découvrit que Stanislas n’avait pas seulement pour Dieu un amour de préférence, mais qu'il avait aussi pour Dieu un amour de tendresse dont les transports étaient si violents, qu’il croyait souvent mourir. Parfois même, il fallait appliquer des serviettes mouillées sur sa poitrine, pour tempérer l’extrême ardeur qui s’y était allumée. Toute la vie de Stanislas était une oraison continuelle; et il pensait constamment à Dieu.

Inutile d'ajouter que les miracles se multiplièrent sur la tombe de Saint Stanislas Kotska.

Paulette Leblanc

 

 

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