Saint Sébastien… tout le monde connaît saint Sébastien,
et tout le monde a en tête un tableau représentant ce
saint criblé de flèches. Mais qui est saint Sébastien?
Nous allons essayer de vous le dire. Mais surtout soyez
prudents. Il est presque impossible de faire la
distinction entre ce qui, dans la vie de saint Sébastien
est authentique et ce qui relève de la légende. Ce qui
est certain c'est qu'il fut martyrisé par l'empereur
romain Dioclétien qui le fit transpercer de flèches,
vers 288. Ce qui est sûr aussi, c'est qu'il est fêté en
Occident le 20 janvier, et le 18 décembre en Orient.
Nota:
Les
détails de la vie légendaire de Saint Sébastien reposent
essentiellement sur un rapport hagiographique rédigé en
826 par le moine Odilon. Ce document aurait été écrit au
moment du transfert de la relique du Saint à l’abbaye
Saint Médard de Soissons. (d'après l'Abbé L. Jaud dans
sa Vie des Saints pour tous les jours de l'année,
Tours, Mame, 1950)
Certains documents prétendent que Sébastien, né en 250
(ou 260), serait ori-ginaire de Milan. D'autres le
voient naître à Narbonne; il paraît même qu'une église
qui lui est dédiée, à Narbonne, aurait été construite
sur le lieu même de sa maison natale… Mais, c'est à
Milan qu'il aurait été élevé, dans la foi chré-tienne.
Pour mettre tout le monde d'accord, certains disent que
son père était narbonnais et sa mère milanaise. Pourquoi
pas?
Sébastien commença une carrière militaire. Il y réussit
parfaitement, et devint
Chef d'une cohorte prétorienne affectée à la garde de
l'empereur Dioclétien qui l'appréciait beaucoup.
Malheureusement quelqu'un le dénonça comme chré-tien, et
il fut percé de flèches, et laissé pour mort. C'est la
raison pour laquelle Sébastien est devenu la patron des
archers. Mais, miracle! rappelé à la vie, Sébastien alla
se placer sur le chemin de l'Empereur, auquel il
reprocha sa cruauté. Arrêté de nouveau, il fut battu à
coups de bâton, de fouet, etc... jus-qu'à ce qu'il
expirât sous les coups. Ceci se passait à Rome, en 288.
Voyons un peu comment la légende a brodé. On a raconté
que Sébastien, beau et jeune capitaine de la garde de
Dioclétien, aurait été livré aux archers impé-riaux à
cause de sa conversion au Christ, et criblé de flèches.
Mais une jeune veuve, Irène, le recueillit et le sauva.
Guéri, Sébastien aurait eu l'audace de se manifester à
l'empereur. Bouleversé de voir son capitaine
"ressuscité", Dioclé-tien, furieux d'une telle
provocation, ordonna qu'on l'abatte comme un chien, et
qu'on le jeta dans les égouts de Rome. Une autre dame
chrétienne recueillit le corps du martyr pour le faire
inhumer dans la catacombe qui porte encore son nom, sur
la voie Appia à Rome.
Après sa mort Sébastien fut honoré un peu partout, ce
qui est conforme avec son nom: Sébastien, du grec,
sébastos qui signifie "honoré, glorieux".
Voulez-vous que nous poursuivions la légende de
Sébastien? Sébastien avait été nommé capitaine de la
garde prétorienne par les co-empereurs Dioclétien et
Maximien qui ignoraient qu'il était chrétien. Et l'on
raconte que Sébastien encourageait dans leur foi et au
glorieux martyre deux prisonniers chrétiens, les frères
Marc et Marcellin, alors que leur famille les suppliait
de renoncer au Christ. Mais, rendant miraculeusement la
parole à une femme, Zoé, Sébastien convertit aussitôt 77
personnes présentes. Dioclétien reprocha à Sébastien sa
traîtrise et donna à ses soldats l'ordre de l'exécuter
en le transperçant de flèches. "Et les archers le
frappèrent jusqu'à ce qu'il soit recouvert de flèches
comme un hérisson est couvert d'épines." Mais comme les
archers avaient beau-coup d'estime pour leur chef, ils
auraient évité de viser le cœur, si bien que Sébastien
ne succomba pas à ses blessures. D'autres documents
indiquent que les archers chargés de tuer Sébastien
étaient des archers mercenaires: des Nu-mides
(Kabyles).
Et
nous retrouvons la jeune veuve Irène, qui le soigna. Une
fois rétabli, Sébas-tien se rendit auprès de l'empereur
pour lui reprocher sa cruauté à l'égard des chrétiens.
Dioclétien le fit alors rouer de coups jusqu'à la mort
et ordonna que son corps soit jeté dans les égouts de
Rome. Cependant, guidés par une vision de sainte Lucine,
les chrétiens purent retrouver son corps et
l'ensevelirent au-près des ossements des apôtres Pierre
et Paul. Toutes ces légendes se rejoi-gnent, ce qui
prouve, encore une fois, que toutes les légendes sont
nées d'un événement réel. Ensuite, on brode…
Mais
ce n'est pas fini. Selon certaines sources, le corps de
saint Sébastien aurait été transporté de Rome jusqu'à
Soissons, dans l’abbaye de Saint-Médard. Ses ossements
furent ensuite disséminés à la cathédrale
Saint-Protais-et-Gervais, puis à Hartennes, à Serches,
et à Cœuvres en 1793; des ossements de saint Sé-bastien
se trouveraient à Saponay, à Montigny-Lengrain et à
Margival. D'autres documents indiquent que le corps de
Sébastien serait toujours au Vatican… Où est la vérité?
Nous ne savons pas, mais ce qui est sûr, c'est que
Sébastien est honoré dans des églises catholiques de
tous les continents.
Saint Sébastien, troisième saint patron de Rome avec
Pierre et Paul, est le pa-tron des archers. Il est aussi
invoqué depuis plusieurs siècles pour lutter contre la
peste. Il est même devenu le protecteur contre les
épidémies en général. Comment cela peut-il se faire?
Faisons un petit tour dans la mythologie gréco-romaine
où Apollon, le dieu-archer, était considéré comme le
protecteur contre la peste; la mort de Sébastien permit
la christianisation de cette tradition. D'au-tres
personnes disent que cette croyance serait née d'un
miracle qui se serait produit à Pavie au Vème
siècle. La ville était alors ravagée par une violente
épidé-mie de peste, qui cessa dès qu'on eut érigé un
autel à la gloire de saint Sébas-tien dans l’église
Saint-Pierre-aux-Liens.
La
gloire de saint Sébastien ne s'arrête pas là. Il est le
patron de nombreuses villes dans le monde. On peut
citer, entre autres: Palma de Majorque et saint
Sébastien en Espagne, Rio de Janeiro au Brésil,
Bratislava capitale de la Slova-quie, et Caserta,
Avella, ou Assolo, en Italie.
Saint Sébastien est aussi considéré, dans certains pays,
comme le saint patron des soldats en général et des
fantassins (en particulier, des garde-suisses), mais
aussi des athlètes et des athlètes-archers en
particulier, ainsi que des officiers de police.
Paulette Leblanc |