Salomon Leclerq
Lasallien, Martyr, Bienheureux
1745-1792

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SEPTEMBRE

Guillaume-Nicolas-Louis Leclercq, naquit à Boulogne-sur-mer le 14 novembre 1745. Ses parents, des négociants très chrétiens, élevèrent convenablement leurs enfants. Nicolas fit ses études dans l'école ouverte en 1710 par Saint Jean-Baptiste de la Salle, école devenue très réputée. Cette école ayant ouvert, en 1744, une section spécialisée dans le commerce, Nicolas y fit toutes ses études, et, en 1761, devint employé de commerce.  

Le port de Boulogne connaissait alors des difficultés commerciales importantes; aussi Nicolas fut-il obligé de quitter son travail et partit à Paris. En effet, la France menait alors la Guerre de Sept Ans, qui dura de 1756 à 1763, contre l'Angleterre et la Prusse. Il faut savoir que la Guerre de Sept Ans opposait la Grande-Bretagne et la Prusse à la France, l'Autriche, la Suède, la Saxe, la Russie et finalement l'Espagne. Ce conflit majeur est le premier à avoir été qualifié de guerre mondiale, car il se déroulait non seulement en Europe mais également en Amérique du Nord et en Inde.  

Après un séjour de trois mois à Paris, Nicolas rejoignit le noviciat des Frères des Écoles Chrétiennes situé à Saint-Yon, près de Rouen, le 25 mars 1767, et prit le nom de Frère Salomon. Après sa prise d'habit, le jour de l'Ascension suivant, Frère Salomon enseigna à l'école Saint Godard, confiée aux Frères de Rouen. Frère Salomon gravit rapidement  les échelons: il commença son scolasticat, c'est à dire la période durant laquelle les jeunes religieux achevaient leur formation spirituelle après leur noviciat, à Maréville, en Meurthe et Moselle, le 10 septembre 1770; puis Frère Salomon fit sa profession religieuse le 28 mai 1772. Il devint sous-directeur de l'école de Maréville en mai 1772, puis directeur en novembre 1773 et procureur, on dirait aujourd'hui économe, jusqu'en juin 1781. Il fit ensuite son scolasticat supérieur à Saint-Yon jusqu'en mars 1782 et devint professeur des jeunes frères à la Maison-Mère de Melun. En 1787, Frère Salomon devint le secrétaire du Frère Agathon, le supérieur général. Malgré toutes ces promotions, notre Frère Salomon manifestait toujours beaucoup d'humilité et un grand amour pour les âmes. Il était également très attentif à remplir parfaitement toutes ses tâches et ses obligations.   

Malheureusement, la Révolution française arriva et, en 1790, la Constitution Civile du Clergé obligea les prêtres et les religieux à prêter le serment d'obéissance à cette Constitution sous peine d'exil, d'emprisonnement, voire de mort. Nous savons tous, en effet, qu'après le renversement de la monarchie au début de la Révolution Française, la cible la plus importante pour les révolutionnaires, fut l’Église. Ainsi, en 1790, la Constitution civile du Clergé imposée donnait à l’État le contrôle de l’Église de France. Comme les prêtres, les religieux devaient prêter le serment de fidélité à la Constitution Civile du Clergé, mais la plupart des Frères refusèrent. Ils durent donc abandonner leurs écoles et leurs communautés et se cacher, l’Institut n’ayant plus de statut légal. 

Ayant, lui aussi, refusé de prêter le serment, Frère Salomon vécut seul à Paris dans la clandestinité, poursuivant ses activités. Mais, le 15 août 1792, il fut arrêté et emprisonné au COUVENT DES CARMES devenu prison. Dans ce couvent se trouvaient déjà de nombreux évêques, des prêtres et des religieux. Le 2 septembre 1792, le Couvent des Carmes fut investi par des révolutionnaires exaltés, et ce fut le carnage: 191 prêtres et religieux furent massacrés et moururent à cause de leur foi.  

Frère Salomon Leclercq fut béatifié le 17 octobre 1926 par le pape Pie XI, avec 188 de ses compagnons de martyre. Il fut le premier martyr et aussi le premier béatifié chez les Frères des Écoles chrétiennes. Sa fête est célébrée le 2 septembre. Notez que l'on fête aussi, le 2 septembre, les martyrs des Pontons de Rochefort, qui moururent deux ou trois ans plus tard. Frère Salomon Leclercq fut canonisé le 16 octobre 2016 par le pape François.  

Parlons maintenant de la spiritualité de Frère Salomon Leclercq. Un archiviste de l'institut des Frères des Écoles Chrétiennes, Frère Alain Houry écrivit que le Frère Salomon "s’était engagé auprès des jeunes parce qu’il était préoccupé par leur salut, c’est-à-dire pour faire en sorte que leur vie prenne un sens nouveau et plénier."  Lorsqu'en 1770 il fut envoyé à Maréville près de Nancy, il se consacra, pendant plus de 10 ans, aux pensionnaires et aux novices, avec beaucoup d'humilité. En effet, il écrivit à sa sœur Rosalie, le 19 juin 1777, qu'il rencontrait "beaucoup de sécheresse dans la prière, des dégoûts et peu de progrès dans le bien." Ceci montre bien que son âme cherchait toujours à s'améliorer. Et, le 17 juillet 1788, nommé secrétaire du supérieur général, il écrivait, toujours à sa sœur Rosalie: "Priez Dieu seulement qu’Il m’accorde de faire mon emploi, quel qu’il soit, pour son amour, qu’Il détruise mon orgueil et qu’Il me donne l’humilité, en un mot que je devienne un saint. Oh! Que j’en suis éloigné!"  

Enfin, le 15 août 1792, quelques heures seulement avant d'être massacré, et comme prévoyant déjà le pire, il écrivait à Madame Ricart, sa sœur Marie-Barbe: "Se tenir en l’état où l’on voudrait être pour aller paraître devant le Souverain Juge: telle doit être la vie d’un chrétien qui a de la foi. Il doit regarder toutes les choses d’ici-bas, richesses, plaisirs, bonne chère comme de pures vanités, propres à amuser des hommes de chair et de sang et incapables de contenter une âme qui sait qu’elle est faite pour jouir de Dieu et pour en jouir éternellement. Tâchez d’entretenir ces sentiments et ces dispositions dans vos enfants que j’embrasse avec bien de la tendresse. Si Dieu le permet, j’irai vous joindre et mêler mes larmes avec les vôtres. Mais non! Que dis-je, pourquoi pleurer puisque l’Évangile nous engage à nous réjouir quand nous aurons quelque chose à souffrir pour son nom? Souffrons  donc gaiement et avec action de grâce les croix et les afflictions qu’Il nous enverra."  

La fête de Frère Salomon est célébrée le 2 septembre; on y a joint celle des Frères martyrs des Pontons de Rochefort, morts 2 ou 3 ans plus tard. Notons que parmi les prisonniers des Pontons de Rochefort, il y avait sept Frères des Écoles Chrétiennes dont quatre moururent dans ces ignobles vieux bateaux: les pontons. Les trois autres furent libérés en 1795.  

Paulette Leblanc

 

 

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