Mes
chers amis, les informations dont nous disposons
concernant saint Romain de Rouen sont très floues, et
beaucoup relèvent de la légende devenue parfois
tradition. Par contre, ce qui est certain, c'est que cet
évêque de Rouen a accompli tous les devoirs d'un bon
pasteur. Des textes anciens toujours conservés nous
donnent quelques indications. Par contre, la chronologie
n'a rien de sûr…
Selon la tradition, Romain serait né à Wy-dit-Joli-Village,
dans l'actuel département du Val-d'Oise. Sa date de
naissance n'est pas connue, peut-être aux alentours de
585. On sait mieux que sa famille, aristocratique, était
d'origine gallo-romaine. Romain fut donc éduqué à la
cour du roi mérovingien, Clotaire II. Selon la légende,
sa naissance aurait été miraculeuse. En effet, sa mère,
Félicité, se lamentait de sa stérilité. Une vision
rassura son père Benoît à qui un ange serait apparu, lui
annonçant qu'il allait avoir un fils, et qu'il
l'appellerait Romain.
Romain, notre saint Romain, fut le conseiller du roi
mérovingien Clotaire II. Quand le siège épiscopal de
Rouen devint vacant, le collège des chanoines choisit
Romain comme nouvel évêque. Compte tenu des compétences
de Romain, le roi Clotaire II consentit à se séparer de
Romain qui devint l'évêque de Rouen en 626. Romain
aurait donc connu le roi Dagobert I qui régna de 629 à
639. Il aurait également rencontré saint Ouen et saint
Éloi. Pourtant, la tâche de saint Romain s'avéra très
difficile car il cherchait à faire disparaître le
paganisme qui était toujours vivant dans cette région.
Aussi, Romain s'efforça-t-il de détruire les sanctuaires
païens qui étaient encore très fréquentés à son époque.
Mais n'oublions pas que l'une de ses premières tâches
aurait été de faire construire un hôpital dans sa ville
épiscopale.
L'évêque Romain menait une profonde vie de prière pour
fortifier ses actions d'évangélisation. Bénéficiant d'un
privilège ancien de pouvoir gracier un condamné à mort
tous les ans, une légende, datant probablement du XIVe
siècle, donc récente, celle de la gargouille, s'attacha
fortement à la mémoire de Romain. Un énorme serpent, ou
dragon, appelé la "Gargouille", sévissait dans des
marécages situés sur la rive gauche de la Seine. La
Gargouille "dévorait et détruisait les gens et les
bêtes du pays". Saint Romain décida de la chasser de
ses terres, mais ne trouva pour l'aider qu'un condamné à
mort… Romain et le condamné à mort arrivèrent là où le
serpent sévissait. Le condamné à mort alla le chercher
et le rapporta à l'évêque Romain qui traça un signe de
croix sur la bête, laquelle se coucha à ses pieds. Et le
condamné à mort ramena la Gargouille, tenue en laisse
jusqu'à la ville de Rouen où elle fut brûlée sur le
parvis de la cathédrale. Ce privilège de l'évêque de
Rouen de gracier tous les ans, un condamné à mort, après
qu'il ait porté la châsse de saint Romain, au cours
d'une procession, dura jusqu'en 1790.
La
tradition mentionne aussi que Saint Romain aurait, au
cours de son épiscopat, accomplit de nombreux miracles.
Les récits de ces miracles se transmettant d'une
génération à une autre, je ne peux m'empêcher d'en
raconter quelques-uns. Mais attention, ces miracles
pourraient n'être, eux aussi, que des légendes.
Tout
d'abord, le premier miracle de saint Romain aurait été,
à la demande des fidèles chrétiens, de détruire le
temple de Vénus qui se trouvait dans l'ancien
amphithéâtre gallo-romain, situé au Nord de la ville.
Dans ce temple, un autel portait la dédicace à la
déesse. Saint Romain arracha la dédicace et le temple
s'écroula.
Voici le miracle du saint chrême: un jour, saint Romain
devant consacrer des fonts baptismaux, s'aperçut qu'il
avait oublié le saint chrême. Un diacre alla le
chercher, mais, dans sa précipitation, le diacre fit
tomber le vase, et le saint chrême se répandit par
terre. Saint Romain, tout en priant, ramassa les
morceaux et, bientôt, le vase se reconstitua, et le
saint chrême réintégra le récipient.
Nous
savons que saint Romain détruisit beaucoup de temples
païens. Nous avons vu comment il avait détruit le temple
de Vénus. Un autre jour, étant parti évangéliser les
campagnes environnantes, saint Romain se trouva un jour
face à un temple païen, véritable forteresse sur
laquelle des démons dansaient. L'évêque invectiva les
démons, et le temple s'effondra.
Par
ailleurs, les inondations, fréquentes à cette époque,
ravageaient les cultures. Lorsqu'une inondation
s'avérait catastrophique, Saint Romain intervenait et
les eaux de la Seine se retiraient.
Enfin, peu de temps avant de mourir, saint Romain, qui
célébrait sa messe, entra en extase; son corps s'éleva
au-dessus du sol, tandis que Dieu lui annonçait la date
de sa mort.
Saint Romain évêque de Rouen, qui devint plus tard le
saint Patron de la ville de Rouen, mourut vers 639 et
fut inhumé probablement dans une basilique funéraire
construite à cette occasion.
Paulette Leblanc |