RAYMOND NONNAT
Religieux mercédaire, Cardinal, Saint
1204-1240

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AOÛT

Raymond Nonnat naquit en 1200 (ou 1204), dans une petite ville de Catalogne en Espagne, à Portell (aujourd'hui Sant Ramon). Son père appartenait à une noble famille des Sarrois, famille alliée aux maisons de Foix et de Cardone. Raymond fut immédiatement après sa naissance surnommé Nonnat, c'est-à-dire "non-né". En effet, sa mère mourut avant la naissance de Raymond.

Voici ce qu'un document raconte: sa mère aurait attrapé, vers le septième mois de sa grossesse une grave maladie. Elle mourut peu de temps avant d'accoucher. Les médecins d'alors étaient certains que l'enfant qu'elle portait était également mort, et que c'était la mort de l'enfant qui avait provoqué celle de sa mère. Cependant, le père de Raymond, ne pouvant accepter de perdre à la fois son épouse et son enfant, demanda à l'un de ses parents, d'ouvrir, avec son poignard, le ventre de sa femme morte. Ce parent fendit le côté gauche de la défunte, et tout le monde vit apparaître un bel enfant plein de vie, contre toute espérance humaine. Ce fut probablement la première césarienne…

Le petit Raymond fut confié à une nourrice, et grandit normalement. Dès qu'il eut atteint l'âge de raison, triste de n'avoir pas de maman, il se choisit Marie pour Mère. Dès lors, la Sainte Vierge et son petit serviteur vécurent ensemble. Partout où il se trouvait, l'enfant saluait l'image de sa Mère céleste; de plus, il trouvait chaque jour mille moyens de l'honorer. Évidemment, cela ne pouvait pas plaire au démon qui lui apparut un jour sous la forme d'un berger, pour le tenter. Mais Raymond le reconnut, appela Marie à son aide, et le tentateur disparut avec un cri horrible.

Quelques années passèrent, et voici notre Raymond, encore très jeune, devenu berger. Curieusement, un jour, quelqu'un vint dire au père de Raymond que son fils ne faisait pas correctement son travail. Son goût pour la prière lui faisait négliger la garde de son troupeau. Surpris, le père de Raymond vint un jour le surprendre, pour voir si ce qu'on lui avait dit était vrai. Et il vit… Très surpris, il aperçut, au milieu du troupeau, un magnifique jeune homme éclatant de lumière, qui gardait les bêtes, comme un bon pasteur. Mais où était Raymond? Tout simplement dans une chapelle voisine, priant au pied d'une statue de la Sainte Vierge…

Maintenant Raymond devait réfléchir afin de préparer son avenir. Que devait-il faire? Bientôt, sa maman, Marie, vint calmer ses inquiétudes: elle lui fit comprendre qu'il devait aller à Barcelone et se faire recevoir dans l'Ordre de Notre-Dame-de-la-Merci, ou ordre des Mercédaires. C'est ce qu'il fit, et il entra au noviciat. Notons ici que les mercédaires se consacraient à la libération des prisonniers réduits en esclavage par les pirates musulmans qui infestaient alors la mer Méditerranée.

Son noviciat achevé, Raymond, toujours plein de ferveur, fut ordonné prêtre en 1222, puis envoyé en Afrique pour racheter des prisonniers retenus aux mains des Ottomans et des pirates musulmans. Cela se passa d'abord très bien, mais bientôt, il n'eut plus d'argent. Conformément au vœu spécifique des religieux de Notre-Dame de la Merci, il se livra lui-même comme otage, afin que tous les prisonniers fussent libérés. Quant à lui, Raymond Nonnat, il dut attendre que la rançon correspondant aux sommes attachées à la libération des prisonniers, fût intégralement payée.

Raymond Nonnat fit, du temps de son emprisonnement un temps fructueux d'évangélisation. Il souffrit courageusement tous les outrages de sa captivité, en union avec le Rédempteur, offrant toutes ses douleurs pour le salut des âmes, et pour la conversion de ses persécuteurs. Un jour, il faillit même être empalé pour avoir instruit, encouragé, évangélisé et converti plusieurs de ses compagnons d'infortune; il baptisa aussi quelques musulmans. Devant ces actes, ses geôliers le fouettèrent au sang, lui percèrent les lèvres au fer rouge et y mirent un cadenas qui n'était ôté de ses lèvres que quand on voulait bien lui donner à manger. Pourtant, malgré sa bouche cadenassée, Raymond chantait encore les louanges divines: ce miracle, qui fut attribué à de la sorcellerie, donna lieu à de nouvelles persécutions.

Enfin vint la délivrance! En effet, Saint Pierre Nolasque, fondateur de l'Ordre des Mercédaires avait réussi à réunir la rançon exigée, et Raymond put alors rentrer en Espagne. Mais ce retour devint vite une épreuve, car  le pape Grégoire IX le créa cardinal et l'appela auprès de lui. Mais Raymond, épuisé par tant de peines et d'épreuves, mourut avant d'avoir pu arriver à Rome. Cela se passa à Barcelone, en 1240. Raymond Nonnat avait 36 ans. Mais que se passa-t-il exactement à Barcelone?

Voici un résumé de ce que nous savons de la mort de Raymond Nonnat. Parmi les étapes du voyage qui devaient le conduire à Rome, Raymond Nonnat s'arrêta chez le comte de Cardone, non loin de Barcelone. Dès que Raymond fut entré dans la maison du comte, il fut saisi d'une très grosse fièvre accompagnée de convulsions et de tous les symptômes qui pouvaient laisser craindre une mort prochaine. Raymond voulut s'y préparer par les moyens ordinaires que l'Église présente à tous les fidèles; mais comme les religieux de la Merci dépendaient du curé de la paroisse où ils se trouvaient, et comme le curé du lieu était absent, Raymond dut attendre avant de recevoir les derniers Sacrements. Alors Raymond éleva les yeux au ciel et un phénomène étrange se passa. Soudain, dans la chambre où Raymond était couché, et en présence du comte, des religieux et de plusieurs autres personnes qui l'assistaient, une procession entra: c'étaient des hommes inconnus, revêtus d'habits blancs, comme les religieux de la Merci; chaque personne tenait à la main, un flambeau allumé. Notre-Seigneur les suivait ayant un cierge entre ses mains; mais la lumière qu'il répandait était si grande, que tous ceux de l'assemblée en furent éblouis. Puis un phénomène étrange se produisit qui dura environ une demi-heure; mais seul Raymond put le voir.

Après la demi-heure, la procession s'en alla, suivie par le comte et les assistants qui étaient présents. À leur retour ils trouvèrent le saint cardinal agenouillé, les yeux baignés de larmes, le visage et les mains levés vers le ciel, comme sortant d'un profond ravissement. On lui demanda ce qui s'était passé, mais il répondit par ce mot de David: "Que le Dieu d'Israël est bon pour ceux qui ont le cœur droit et innocent."  Enfin, il avoua qu'il avait reçu le très-auguste Sacrement. Ainsi, tous ses désirs étaient accomplis; peu de temps après il rendit l'esprit, en disant: "Mon Dieu, je remets mon âme entre vos mains." C'était le 31 août, dernier Dimanche d'août de  l'année  1240.

Après sa mort il y eut de nombreux miracles, mais aussi des contestations sur le lieu de sa sépulture. Finalement Raymond Nonnat fut enseveli dans la chapelle Saint-Nicolas, là où la Vierge lui était apparu pour lui indiquer sa vocation.

Saint Raymond Nonnat a été canonisé par le pape Alexandre VII en 1657. Sa fête a été fixée au 31 août. Il est le saint patron des femmes enceintes et des sages-femmes.  

Paulette Lebanc

 

 

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