Raphaël Kalinowski
Carme, Saint
1835-1907

19

NOVEMBRE

Mes amis, la vie de saint Raphaël de Saint Joseph Kalinowski vous surprendra tous. Le 1er septembre 1835, un polonais, Joseph Kalinowski, qui deviendra, en religion, Raphaël de Saint Joseph, naissait à Wilno, en Lituanie, petit pays Balte alors intégré dans l'Empire russe. Joseph était le second fils d'Andrzej Kalinowski, professeur de mathématiques et de Józéfina Polonska; tous les deux étaient des nobles catholiques polonais. Józef Kalinowski n'avait encore que quelques semaines lorsque sa maman décéda; son père se remaria avec la sœur de sa femme dont il eut trois enfants. Mais, neuf ans plus tard, Andrzej perdit sa seconde épouse et se remaria pour la troisième fois avec Zofia Puttkamer de laquelle il aura quatre autres enfants. 

Józef fit de brillantes études, d'abord à l'Institut où exerçait son père Andrzej Kalinowski. Cet institut, qui avait été fondé par le gouvernement russe, sera plus tard fermé par le Tsar. Le père de Jozef, devenu recteur de l'institut, démissionnera pour des raisons de conscience. Puis le Tsar se mit à persécuter les Polonais, les Lituaniens et l'Église catholique. Beaucoup de Polonais furent déportés en Sibérie ou exécutés sur les places publiques. Józef Kalinowski partit étudier à l'Institut supérieur d'agronomie à Hory-Horki, mais insatisfait de la qualité des cours, avec son cousin, Lucian Polonski, il s'inscrivit à l'École de Génie militaire de Saint-Pétersbourg pour y étudier les sciences exactes. En 1857, il obtint le grade d'ingénieur-lieutenant. Il fut d'abord nommé maître de conférences en mathématiques dans son Académie, puis, en 1860, surintendant Ingénieur à la forteresse de Brest-Litowsk, située sur la frontière polonaise. Bientôt, il fut promu au grade de capitaine d'état-major. 

Mais une nouvelle insurrection polonaise contre la Russie éclata en janvier 1863. Józef, qui était très conscient des désastres que cette insurrection allait provoquer, dut accepter des responsabilités et devenir ministre de la guerre contre la Russie pour la région de Vilna.  Son amour pour son pays ne lui permettait pas de refuser. Il démissionna donc de son poste dans l'armée russe, quitta Brest-Litowsk pour se rendre à Varsovie, et devint ministre de la guerre contre la Russie pour la région de Vilna. 

Comme il l'avait prévu, les leaders de la révolte furent arrêtés par les russes, jugés et pendus. De nombreux Lituaniens et Polonais furent déportés en Sibérie. Dans la nuit du 24 mars 1864, Joseph fut arrêté. Le 2 juin 1864 il était condamné à mort, mais sa peine fut commuée à 10 années de travaux forcés en Sibérie. Le 22 juin 1864, à Perm, Jozef découvrit son frère Gabriel lui aussi condamné à la déportation. Le voyage se fit à pied. Après dix mois de souffrances atroces, les déportés survivants arrivèrent enfin à Ussole, près du Lac Baïkal, le 15 avril 1865. Joseph montrait beaucoup de charité envers ses compagnons de misère. Il puisait ses forces dans la prière. Il écrira plus tard: "Le monde peut me priver de tout, mais il me restera toujours un lieu caché qui lui est inaccessible: la prière! En elle, on peut recueillir le passé, le présent et l'avenir et les placer sous le signe de l'espérance. Oh! Dieu, quel grand trésor tu accordes à ceux qui espèrent en toi." Après 10 ans d'exil, Jozef fut libéré, le 2 février 1874, mais ne fut pas autorisé à retourner en Lituanie sa terre natale. Il se rendit donc en Pologne. 

À son retour d'exil, Józef Kalinowski fut sollicité pour devenir le précepteur du jeune prince Auguste Czartoryski, qui avait 16 ans. Józef s'occupa des études du jeune Auguste durant deux années et eut ainsi l'occasion de l'accompagner à Paris. Durant ces deux années, Jozef participa également à des activités politiques et sociales en faveur des réfugiés polonais. À l'automne 1876, Józef Kalinowski décida de se consacrer totalement au Seigneur dans l'Ordre du Carmel. Il quitta donc son élève Auguste en 1877 pour se rendre en Autriche, au carmel de Linz afin de rencontrer le provincial des Carmes Déchaux. Le 15 juillet 1877, Józef entrait comme novice au couvent de Graz en Autriche, où il prit le nom de Raphaël de Saint-Joseph. Il avait 42 ans. Il prononça ses premiers vœux le 26 novembre 1878 et partit faire des études de philosophie et de théologie en Hongrie au couvent de Raab. Le 27 novembre 1881, il prononça ses vœux solennels et fut envoyé en Pologne au couvent de Czerna. Il fut ordonné prêtre en 1882 par l'archevêque de Cracovie et devint prieur de ce couvent l'année suivante.

Voyons maintenant l'œuvre de saint Raphaël de saint Jozef que l'on a considéré comme le restaurateur du carmel polonais. Son travail en Pologne fut très fécond. Il fonda un carmel au Premislia en 1884 et à Lviv en Ukraine, en 1888. Encouragé par le père Gotti, père général de l'Ordre du Carmel, il fonda aussi un couvent à Wadowice en Pologne et un petit séminaire pour accueillir les hommes qui voulaient entrer au Carmel. En 1899, le Père Raphaël fut nommé Visiteur et Vicaire provincial de l'ensemble de ces monastères. En 1906, il prit la direction du collège de théologie de Wadowice. De plus, il organisa le Tiers-Ordre séculier de la Confraternité du Carmel. Enfin, notons qu'il était partout apprécié comme directeur spirituel et comme confesseur.

Le Père Raphaël de Saint-Joseph mourut le 15 novembre 1907 au couvent de Wadowice. Il fut enterré dans le cimetière du monastère de Czerna, près de Cracovie. Béatifié le 22 juin 1983 par Jean-Paul II à Kracovie, il a été  canonisé le 17 novembre 1991 par Jean-Paul II. Sa fête a été fixée au 19 novembre. 

Voyons maintenant l'œuvre de saint Raphaël de saint Jozef. 

Malgré sa vie particulièrement mouvementée, Joseph laissa une œuvre littéraire substantielle. Ainsi, ayant pu rassembler toutes les archives conventuelles dispersées lors des suppressions d'anciens monastères, il publia "Les Chroniques Carmélitaines" des monastères et des couvents de Vilna, Varsovie, Cracovie et Lviv. 

Il publia également plusieurs fascicules de biographies dont celle Thérèse de Jésus Marchoka qui vécut de 1603 à 1652, et était surnommée la Thérèse polonaise. Il rédigea un livre sur Thérèse d'Avila lors du troisième centenaire de sa mort, un opuscule sur le culte marial dans le Carmel polonais, et un autre opuscule sur les martyrs polonais du XVIIe siècle. Puis vinrent la première traduction en polonais de l'Histoire d'une âme, de sainte Thérèse de Lisieux, et la biographie de son ami Hermann Cohen.
 

Paulette Leblanc

 

 

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