Patient de Lyon
Évêque, Saint
+ ca 491

11

SEPTEMBRE

La plupart de nos contemporains sont des gens impatients. Et nous-mêmes, nous tombons souvent dans les manifestations de ce défaut. Il nous faut tout, tout de suite, et attendre est vraiment une épreuve douloureuse. Moi qui vous parle en ce moment, je connais bien ce défaut; aussi, lorsque j'ai aperçu, au cours de mes recherches, qu'un saint s'appelait Patient, ai-je voulu en savoir plus. Et voici ce que j'ai trouvé. 

Tout d'abord j'appris, extrait d'un texte du XIVème siècle, de Saint Grégoire de Tours, que "l'histoire ne nous apprenait rien de certain touchant la naissance, l'éducation et les premiers emplois de saint Patient, évêque de Lyon. Il fut choisi, pour gouverner l'Église de cette ville, après la mort de saint Eucher." On croit cependant savoir qu'il assista, avec saint Euphrone, évêque d'Autun, à l'ordination de Jean, évêque de Châlon-sur-Saône. Quant au reste de l'histoire de saint Patient, nous ne le connaissons que par ce que Sidoine Apollinaire, un ami et contemporain de saint Patient, nous en a raconté

Ainsi, Patient fut évêque de Lyon au Ve siècle, peut-être vers 470. Il était réputé pour sa grande charité et son dévouement aux pauvres. Il semble que Dieu ait suscité saint Patient pour être le soutien et la consolation de la Gaule, au milieu des calamités dont ce pays fut affligé pendant une grande partie du cinquième siècle. Les Bourguignons, ou Burgondes, alors maîtres de la ville de Lyon, étaient presque entièrement barbares, et de plus infectés par les hérésies de l'arianisme et du photinianisme. Le photinianisme, c'est le nom donné à l'arianisme dont les idées avaient été reprises et poussées jusqu'aux derniers excès par Photin, évêque de Sirmium, en Serbie, et l'une des capitale de l'empire romain. Le saint évêque Patient trouva d'abord le moyen de gagner le cœur des bourguignons; il éclaira ensuite leurs esprits, il les convainquit de la vérité, et les retira de leurs erreurs.  

Évêque de Lyon, Patient consacrait ses veilles à la prière et employait les sommes d'argent qu'il possédait pour soulager les pauvres et la misère de son peuple. Lors d'une famine, (vers 480) il fit arriver du blé par le Rhône et la Saône pour nourrir la population. Saint Sidoine Apollinaire raconte: "À Lyon, vers 480, saint Patient, évêque, poussé par la charité, fit distribuer une grande quantité de blé aux cités le long du Rhône et de la Saône, pour venir en aide aux populations affamées et consacra largement son apostolat à convertir les hérétiques et à prendre soin des indigents." 

Mais son zèle ne se concentrait pas à la seule province dont il était chargé; il embrassa d'autres parties de la Gaule. En effet, les Burgondes avaient ravagé le pays non seulement le long du Rhône et de la Saône jusqu'à la Loire, mais aussi les provinces voisines occupées par les Burgondes.

Saint Sidoine Apollinaire, qui était l'ami de saint Patient et qui le regardait comme son évêque avant qu'il fût lui-même élevé à l'épiscopat, ne parlait de lui qu'avec de grands éloges. Il affirmait qu'il ne lui manquait aucune des vertus qui forment un saint prélat. Il relève principalement sa charité pastorale qui s'étendit jusqu'aux extrémités des Gaules… Patient considérait toujours la nature des besoins sans s'occuper de la qualité des indigents. Sidoine admirait en saint Patient, à la fois  son zèle pour la gloire de Dieu, et sa charité pour les pauvres. Patient savait, comme saint Ambroise, tempérer la sévérité par la douceur, et l'activité par la prudence. Ses soins et ses discours convertirent un grand nombre d'hérétiques, et attiraient chaque jour à l'église de nouveaux enfants. 

Voici plus étrange: les revenus dont saint Patient avait besoin, se multipliaient en quelque sorte dans ses mains. Il les employait à nourrir ceux qui étaient dans l'indigence et à bâtir de nouvelles églises, à réparer ou à embellir les anciennes. L'Auvergne et l'Aquitaine ressentirent aussi les effets de ses libéralités et lui en furent très reconnaissants. Tout croissait sous sa main dans la maison du Seigneur dont Patient avait l'intendance; seul le nombre des hérétiques diminuait de jour en jour, grâce à l'application qu'il apportait pour les convertir. 

La grandeur et la solidité de la vertu de notre saint prélat se manifestaient dans toutes ses autres actions. Notre Saint construisit de nouvelles églises; d'autres furent restaurées et embellies par ses soins: on peut citer ici la construction de l'église primitive de Saint-Irénée, et la transformation, en un riche sanctuaire, de la grotte où saint Zacharie avait déposé les corps des glorieux Martyrs. 

Saint Patient fit construire 2 autres églises, celles de Saint-Romain et de Saint-Pierre le Vieux. La première occupait la place où, suivant la tradition, les eaux qui tombaient de la colline, teintes du sang des confesseurs de la Foi, après le massacre ordonné par Sévère, avaient formé comme un lac avant de s'écouler dans la Saône. La seconde était destinée à perpétuer la date du jour où avait eu lieu ce massacre. On croit savoir que saint Patient bâtit encore l'église de Saint-Pierre et saint-Saturnin, dont les historiens rapportent la fondation à l'an 490.

Nous ne connaissons aucun écrit de saint Patient; cependant on lui attribue communément la 48ème des homélies qui furent attribuées à Eusèbe d'Émèse. C'est une réfutation des erreurs des Photiniens et des Ariens. Par contre, ce dont on est sûr, c'est que l'Église lui est redevable de la Vie de saint Germain d'Auxerre, qu'il  fit écrire par Constance, prêtre de son clergé. 

Saint patient mourut vers l'an 491, et peut-être le 14 septembre, jour où l'on célèbre sa fête à Lyon. Son corps fut enterré, ou du moins transporté dans l'église Saint-Just. Ses reliques y furent trouvées longtemps après; on les y conserva religieusement jusqu'au XVIème  siècle, où elles furent dissipées avec beaucoup d'autres, lors des troubles commis par des Huguenots à l'occasion des guerres dites "de religion" qui ruinèrent l'église de Saint-Just. 

Mes chers amis auditeurs, vous avez pu remarquer toutes les incertitudes qui entourent la vie de notre saint Patient. C'est pourquoi je vous fais une  suggestion: pourquoi, parmi vous, quelqu'un ne prendrait-il pas son courage à deux mains, et n'irait-il pas consulter des archives, à Lyon notamment. Les résultats de cette étude nous intéresseraient tous.  

Voici une autre suggestion: nous pourrions aussi demander à notre Église de faire de saint Patient le grand Patron de tous nos contemporains qui s'agitent trop ou qui s'impatientent…

Paulette Leblanc

 

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