Noël Pinot
Prêtre, Martyr et Bienheureux
1747-1794

21

FÉVRIER

Noël Pinot naquit à Angers le 19 décembre 1747. Il était le 16ème enfant d'une famille très chrétienne, mais qui connut de très lourdes épreuves. En effet, le jour même de la naissance de Noël, mourait le petit frère qui l'avait précédé, et, deux mois plus tard, en février 1748, c'est une de ses sœurs qui décédait, âgée de 12 ans. Ce décès fut bientôt suivi de la mort d'une autre sœur de cinq ans et demi. Enfin ce fut le papa, René Pinot, tisserand, qui disparut à l'âge de cinquante ans, en 1756. Noël n'avait que neuf ans. D'autres enfants étant également décédés, il ne restait plus, pour travailler et gagner le pain de la famille, que Pierre, âgé de quatorze ans. Cependant, il y avait eu une grande joie dans la famille, en 1753, lorsque le fils aîné, René, fut ordonné prêtre. Notons ici que c'est lui qui enseigna les premiers rudiments de latin à notre Noël, son petit frère, dès que ce dernier lui eût exprimé son désir de devenir prêtre.

Noël entra au collège d'Angers, qui est devenu l'Hôtel de ville d'Angers. Il entra ensuite au séminaire pour étudier la philosophie. Notons que ce séminaire est devenu l'École des Beaux-Arts, tandis que la chapelle deviendra un temple protestant. Noël dut affronter toutes sortes de péripéties et ne pourra aller au Grand Séminaire que plus tard. Remarquons encore que ce Grand Séminaire abrite maintenant un musée et la Bibliothèque municipale. Noël Pinot fut enfin ordonné le 22 décembre  1770: il avait trente-trois ans. Lors de sa première messe, il fut assisté par son frère aîné, prêtre, en présence de leur maman.

Noël fut d'abord nommé vicaire à Bousse, dépendant de l'archiprêtré de La Flèche. Il devint ensuite devient instituteur à l'école du village de Montsabert à Coutures, petite ville du Maine et Loire. Puis, il fut nommé vicaire à Corzé. En 1781, Noël Pinot revient à Angers comme aumônier de l'Hôpital des Incurables. Il était à peine de retour à Angers, auprès de son frère aîné, chapelain à la cathédrale, que moururent sa sœur et sa chère maman. Très actif auprès des incurables, Noël fut particulièrement aimé d'eux, ces malades "qui le chérissaient comme un père." En 1788, il fut nommé curé du Louroux-Béconnais. Cette paroisse étant extrêmement pauvre, Noël Pinot voulut imiter saint Martin de Tours; il se dépouilla de tous ses biens pour les donner aux pauvres et devenir ainsi "le premier pauvre de la paroisse." Cette paroisse était alors la plus vaste de l'Anjou, mais aussi la plus pauvre, les paysans ne pouvant cultiver qu'un peu de seigle.

Nous arrivons à la Révolution Française. Noël refusa de prêter le serment exigé par la Constitution civile du clergé, loi votée le 12 août 1790 et qu'il estimait schismatique. Le 27 février 1791, il expliqua, en chaire, à ses paroissiens du Louroux-Béconnais, pourquoi il refusait ce serment. Commença alors pour ce pauvre curé, comme pour des centaines d'autres en France, un atroce chemin de Croix qui durera trois ans. Très vite, un groupe de 50 gendarmes vint l'arrêter de nuit. Ils le ligotèrent et l'emmenèrent à Angers, où il fut enfermé dans la prison royale. Les tribunaux d'Angers et de Beaupreau le condamnèrent à résider pendant deux ans à huit lieues de sa paroisse, à Saint Macaire en Mauges, dans le département du Maine et Loire. Cependant, clandestinement, il poursuivait son ministère malgré les risques encourus, allant de village en village. Il retournait même parfois au Louroux où un prêtre jureur l'avait remplacé. Cela dura de 1791 à 1793.

Ici une petite remarque s'impose: à partir de la fin de 1789, on commença à redessiner la carte administrative de  la France. Il fallait, en effet, modifier les noms des lieux rappelant les périodes féodales ou chrétiennes. Mais la paroisse du Louroux ne changea pas de nom, car les "législateurs" ignoraient que ce nom de localité venait du latin oratorium!

Nous sommes en 1793 à l'époque où les Vendéens se soulevèrent. Ils délivrèrent Angers et Le Louroux. Noël Pinot revint dans sa paroisse. Mais cette joie cela dura peu car les Vendéens furent rapidement chassés par les révolutionnaires. Pour échapper à ses ennemis, Noël s'habilla en paysan et laissa pousser sa barbe. Il se cachait le jour, et ne rencontrait ses paroissiens que la nuit, dans des conditions souvent très difficiles, surtout pendant l'hiver 1793-1794. Cela aurait pu durer longtemps car les paysans le protégeaient; mais nous ne devons pas oublier que sa tête était mise à prix et que la chasse à l'homme avait commencé. Des militaires sillonnaient le pays mais heureusement les paysans avertissaient à temps leur prêtre et le cachaient. Noël Pinot put ainsi assumer ses charges de prêtre et de curé pendant 8 mois.

Cependant les forces physiques de Noël diminuaient, ajoutant une nouvelle épreuve aux menaces continuelles dressées par ""les Bleus". Mais un jour, Noël fut dénoncé par un de ses anciens protégés, un certain ouvrier-charpentier nommé Niquet. Ce traître le dénonça aux autorités militaires contre quelques pièces d'argent… Et Noël fut arrêté dans la nuit du 8 février 1794 pendant qu'il célébrait une messe clandestine au Louroux-Béconnais peu avant minuit. La maîtresse de maison, une veuve, chez qui la messe était célébrée, cacha le prêtre dans un grand coffre mais les soldats le découvrirent et profanèrent les hosties consacrées. Ligoté, le prêtre dit "adieu" à ses fidèle et, apercevant une petite fille il lui donna son chapelet en disant: "Prends, ma petite Marie, prends ce chapelet, et garde-le en souvenir de moi."

L'Abbé Noël Pinot fut conduit à Angers où il comparut devant la Commission militaire révolutionnaire et fut condamné à mort après une parodie de procès. Il fut guillotiné le 3 ventôse an II, en fait le 21 février 1794, dans ses vêtements liturgiques. Il monta sur l'échafaud en récitant les prières de la messe: "Introibo ad altare Dei", je monterai jusqu'à l'autel de Dieu.

Noël Pinot fut béatifié par le pape Pie XI en 1926, au cours de la première célébration de la fête du Christ-Roi. Il fut canonisé le 19 février 1984 par le pape Jean-Paul II.

Voici maintenant quelques petits détails intéressants. La guillotine était installée à l'endroit même du maître autel de l'église Saint-Pierre, qui avait été complètement démolie. Guillotiné le vendredi 21 février 1794, Noël Pinot fut ensuite jeté dans la fosse commune. Puis les autorités recherchèrent et conduisirent à la mort tous les "suspects" qui auraient aidé Noël Pinot durant sa "cabale". Eux aussi furent jetés dans cette même fosse commune. Puis tous les restes furent mélangés et transportés ailleurs, de sorte qu'on ne put retrouver le corps du prêtre martyr.

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Mes amis, si je vous ai parlé aujourd'hui d'un saint prêtre terriblement martyrisé avant d'être mis à mort pendant la révolution, c'est que les événements qui ont conduits Noël Pinot au martyre et à la mort, sont très comparables à ce que nous vivons actuellement. Devant le spectacle de tant de chrétiens et même de prêtres incapables de résister à l'esprit du monde, acceptant même les lois ignobles qui sont constamment votées, dont le mariage pour tous, l'avortement, l'euthanasie, etc… choses totalement contraires à l'esprit de l'Évangile et à la Loi de Dieu, comment réagissons-nous? Nous, qui nous prétendons être de vrais chrétiens, serions-nous capables d'accepter les persécutions que tant de chrétiens héroïques de la Révolution française ont vécues? N'oublions jamais que "L’ouverture au monde" expression si souvent entendue, ne signifie pas accepter ce que vit le monde athée, mais aller vers les hommes du monde afin de les évangéliser. Nous avons là, beaucoup à méditer…

Paulette Leblanc

 

 

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