
Nicolas Roland naquit le 8 décembre 1642, à Baslieux-les-Reims,
petite ville située à 9 km de Reims. Son Père,
Jean-Baptiste Roland fut d'abord commerçant d'étoffes,
puis devint commissaire aux guerres. C'était, en France,
la terrible époque de la Fronde. En 1650, Nicolas entra
au Collège des Jésuites de Reims. Il fut vite attiré
vers le sacerdoce et, en 1653, il reçut la tonsure de
l'évêque Mgr du Pouy.
Quand il eut achevé ses études secondaires, Nicolas
Roland voyagea à travers la France et mena une vie
mondaine. Mais, en 1660, il se rendit à Paris pour
continuer ses études de philosophie et de théologie. Là,
il fréquenta une communauté de jeunes passionnés de
Jésus-Christ, autour du Père Bagot, jésuite; il
fréquenta aussi la société de Saint Vincent de Paul. Il
devint diacre en 1664, et fut ordonné prêtre le 3 mars
1665. Le jour de l’Assomption 1665, Nicolas Roland fut
nommé chanoine théologal, en la cathédrale de Reims, en
raison de ses talents d’orateur. Il avait 22 ans.
En
1666, pour mener une vie de pauvreté et de charité,
Nicolas prit contact avec le séminaire de
Saint-Nicolas-du-Chardonnet où officiait son oncle, et
s'y forma à la spiritualité d'Adrien Bourdoise,
fondateur de la Communauté de
Saint-Nicolas-du-Chardonnet, et à celle de Jean-Jacques
Olier. C'est là qu'il connut le Mouvement de rénovation
du clergé français, qui voulait mettre en œuvre la
réforme demandée par le Concile de Trente. Nicolas
sentait l’urgence de fonder une communauté d’apôtres
consacrés, qu’il enverrait deux par deux à travers les
villes et les campagnes à la rencontre des jeunes et des
familles: ce travail pastoral et paroissial se
poursuivra après sa mort. En 1672, Nicolas Roland
rencontra le jeune rémois, Jean-Baptiste de La salle.
Ils s'encourageaient mutuellement et se rencontraient
régulièrement, au séminaire de Saint-Sulpice, à Paris où
résidait Jean-Baptiste.
Nous
savons que la France était alors ruinée par la Fronde et
par les guerres. Très vite, Nicolas Roland fut
bouleversé par la misère des plus pauvres. Le sort des
enfants le préoccupait particulièrement. Il prit d'abord
en charge un groupe d’orphelins, aidé par deux
religieuses que le Père Barré de Rouen lui avait
envoyées. Cette maison des orphelins deviendra la maison
du Saint Enfant-Jésus en décembre 1670. Une nouvelle
congrégation naissait: la Congrégation du Saint Enfant
Jésus de Reims, communauté de religieuses vouées à
l’éducation des orphelins et enfants pauvres. Nicolas
Roland peut être considéré comme le précurseur de Saint
Jean-Baptiste De La Salle, dont il fut d'ailleurs, le
directeur de conscience. Malgré les problèmes matériels
et administratifs, Nicolas Roland ouvrit plusieurs
écoles gratuites dans différents quartiers. Ainsi, le 13
juillet 1673 il ouvrit la première école dirigée par les
sœurs. L'année suivante, il fit don de tous ses biens à
la jeune congrégation et multiplia les activités en
faveur des nécessiteux; il se rendit à Paris pour faire
reconnaître, mais en vain, la communauté.
Cependant, ouvrir des écoles ne lui suffisait pas. À
Paris, il se replongea dans le climat des communautés de
Saint Nicolas du Chardonnet et de Saint Sulpice. De là,
il se rendit à Rouen auprès du Père Barré et de Monsieur
de la Haye, curé de Saint Amand; ces deux prêtres
marqueront d’une façon décisive sa vocation apostolique.
Il resta six mois à Rouen, vivant dans la pénitence et
la pauvreté.
Une
nouvelle étape allait s'ouvrir pour Nicolas Roland: nous
avons vu plus haut que, tout en continuant la formation
des prêtres, il voulait aussi soulager les enfants
pauvres, les éduquer et leur annoncer Jésus-Christ. De
retour à Reims, il partagea son toit avec un groupe de
jeunes clercs afin de les former au sacerdoce. Il
remplissait ainsi ses fonctions de théologal:
prédication et enseignement. Mais il voulait élargir son
champ d’action: aller vers les gens et toucher leurs
cœurs. Il se fit donc prédicateur du peuple et,
répondant aux demandes de ses confrères, il parcourut
une bonne partie du diocèse. Qu'était son éloquence
apostolique? Parler simple pour parler à tous.
Encouragé par son ami, Monsieur de Renty, Nicolas partit
en pèlerinage au Carmel de Beaune pour se vouer d’une
façon toute particulière au mystère de l’Incarnation du
Fils de Dieu, spécialement en son Enfance. Puis, pour
obtenir enfin, les lettres patentes qui reconnaîtraient
la Congrégation de L'Enfant-Jésus, Nicolas Roland passa
tout l’hiver 1678 à Paris. Il rentra à Reims en avril
pour assister à l’ordination de son jeune cousin, ami et
disciple Jean-Baptiste de la Salle à qui il avait
communiqué sa flamme. Mais le 19 avril, Nicolas Roland
tomba gravement malade. Il confia alors à St
Jean-Baptiste de la Salle, la mission de mener à bien la
reconnaissance de la communauté de l’Enfant-Jésus Il lui
demanda également de soutenir moralement les sœurs qui
étaient de plus en plus nombreuses. Le 23 avril, il
rédigea son testament, dans lequel il exprimait son
souhait: que Jean-Baptiste de La Salle et Nicolas Rogier
prennent en charge l'Institut.
Nicolas Roland mourut le 27 avril 1678. Il fut béatifié
à Rome par le pape Jean-Paul II, le 16 octobre 1994.
Paulette Leblanc |