Mykolay, c'est-à-dire Nicolas, Nicolas Charnetsky naquit
le 14 décembre 1884, dans le hameau de Semakivtsia, du
district de Horodenka, situé à l'ouest de l'Ukraine. Il
était l'aîné d'une famille paysanne et pauvre de neuf
enfants.
Ses parents, Alexander et
Parasceva Charnetsky étaient des fidèles pieux de
l'Église Grecque Ukrainienne catholique. Encore très
jeune, Nicolas exprima son désir de devenir prêtre.
Quand il eut 18 ans, l'évêque catholique ukrainien
Hryhory Khomyshyn l'envoya étudier au Collège ukrainien
de Rome. Après son ordination en 1909, le père Nicolas
acheva son doctorat en théologie et revint dans sa
patrie, l'Ukraine, pour enseigner la philosophie et la
théologie dogmatique au séminaire catholique Stanislaviv
dont il devint le directeur et le directeur spirituel
des étudiants qui le souhaitaient.
Mais
le Père Nicolas Charnetsky désirait vivre une vie plus
austère que celle d'un professeur de séminaire.
Aussi, en 1919, entra-t-il au
noviciat des Rédemptoristes de Lviv, que la province
belge des Rédemptoristes avait ouvert en Ukraine en
1913. Comme Nicolas était déjà ordonné prêtre, dès
première profession, en 1920, il fut envoyé travailler
dans une paroisse voisine, puis il dut enseigner au
petit séminaire tenu par les Rédemptoristes. En
1926, les Rédemptoristes ouvrirent une mission en
Volhynie qui était alors situé en Pologne et aujourd'hui
au nord de l'Ukraine. Cette mission avait pour but
d'établir de nouvelles relations entre les ukrainiens
catholiques et orthodoxes. Aussi, le pape Pie XI
nomma-t-il le Père Nicolas Visiteur apostolique auprès
des grecs-catholiques de Volyn et de Polissia, au sud de
la Pologne, là où, au XIX siècle, les structures
catholiques avaient été détruites pendant le régime
tsariste. Le 8 février 1931, le pape Pie XII lui donna
l'ordination épiscopale et le nomma évêque de Lebed et
Ordinaire des catholiques de rite byzantin-slave en
Pologne.
En
1932, Nicolas, Monseigneur Charnetsky, fut invité, par
les Rédemptoristes irlandais à participer au Congrès
Eucharistique. Après le
Congrès eucharistique, il demeura plusieurs semaines en
Irlande, pour visiter des églises et des écoles
rédemptoristes. Puis il
retourna en Pologne où son activité fut restreinte en
raison de la guerre et de la persécution soviétique. En
effet, les forces armées soviétiques qui avaient, en
1939, envahi l'ouest de l'Ukraine, avaient fait fuir les
Rédemptoristes à Lviv.
En 1944, les Soviétiques envahirent une deuxième fois
l'Ukraine, et, en 1945, tous les évêques catholiques
grecs ukrainiens furent placés en état d'arrestation, et
les biens de l'Église catholique furent donnés à
l'Église orthodoxe.
Pendant son séjour en prison, Mgr Nicolas subit de
fréquents interrogatoires et de dures tortures, car on
l'accusait de collaborer avec des agents d'une puissance
étrangère: le Vatican. Il fut condamné aux travaux
forcés, et envoyé à Mariinsk, dans le sud de la Sibérie.
On dit qu'il fut transféré dans plus de 30 prisons…
Enfin, après onze ans d'emprisonnement et de tortures,
et plus de 600 heures d'interrogatoires accompagnés de
tortures, Mgr Nicolas Charnetsky fut libéré, car les
autorités, craignant sa mort, préféraient le voir mourir
ailleurs… Nous sommes en 1956. Quoique très faible après
sa libération, et sous une surveillance permanente de la
part des autorités, il réussit à préparer et à ordonner
prêtres, mais clandestinement, plusieurs jeunes
de la communauté catholique
ukrainienne.
Le
2 avril 1959, Mgr Nicolas Charnetsky décéda. Il fut
inhumé à Lviv deux jours plus tard.
Considéré comme un saint, de
nombreuses personnes vinrent prier sur sa tombe.
Aujourd'hui, on continue à croire que des miracles se
produisent grâce à son intercession. Le 23 avril 2001,
l'assemblée des cardinaux déclara véritable le martyre
de Mgr Charnetsky qui fut béatifié, avec 27 autres
chrétiens ukrainiens, le 27 juin 2001 par le pape
Jean-Paul II.
Voici quelques petites précisions: durant la première
occupation bolchevique, le Métropolite Andriy désigna
Mgr Charnetsky comme Exarque Apostolique de Volyn et
Pidlassia. Le 11 avril 1945, Mgr Charnetsky fut arrêté à
Lviv par les agents du KGB, avec tous les Évêques
grecs-catholiques. D'abord condamné à cinq ans de
travaux forcés en Sibérie, il passa, en réalité, 11 ans
dans les prisons. Il subit des tortures et des
humiliations permanentes, qu'il acceptait et supportait
avec une patience et une sainteté héroïques; il priait
pour ses compagnons de camp, pour lesquels il fut un
véritable bon pasteur. En 1956, il fut enfin libéré et
retourna à Lviv. Malgré son déplorable état de santé, il
reprit son ministère épiscopal à Lviv, et, de son lit,
il dirigeait l'Église des catacombes. Il mourut à Lviv
le 2 avril 1959. Très vite, les fidèles de Lviv le
considérèrent comme un saint Évêque et un martyr de la
foi catholique, et, chaque jour, de nombreux fidèles
venaient prier sur sa tombe. Le pape Jean-Paul II
parlant des martyrs ukrainiens, déclara: "De
tels héros de la foi, qui ont témoigné de leur loyauté
aux idéaux de l'Évangile par leur vie même, sont chéris
par toutes les nations et toutes les Églises. Ils ne
sont pas seulement notre fierté et la preuve de la
vitalité de notre Église, mais aussi nos saints
intercesseurs devant Dieu. Grâce à eux, nous recevons
les grâces abondantes de Dieu et, parfois, les guérisons
miraculeuses et le sursis des situations désespérées."
Le
4 juillet 2002, les reliques du martyr Nicholas
Charnetsky ont été solennellement transférées du
cimetière de Lychakiv à l'église de Saint Josaphat,
église qui est sous la direction pastorale des Pères
rédemptoristes de la province de Lviv. Une procession de
plusieurs milliers de fidèles traversa les rues de
l'ancienne cité royale.
Paulette Leblanc |