Giovanni Angelo Salvatore Medda, en religion "Frère
Nicola", naquit à Gesturi, petite commune de la province
italienne de Cagliari, dans le sud de la Sardaigne, le 5
août 1882, dans une famille modeste et très religieuse.
Il était le quatrième enfant d'une famille qui en
comptera 5. Le 8 décembre 1886, à peine âgé de quatre
ans, Giovanni reçut le sacrement de confirmation, et,
moins d'un an plus tard, le 10 juin 1887, son père,
décédait.
Ses
parents, Giovanni Medda et Priama Cogoni, possédaient
un terrain et du bétail, ce
qui permettait à la famille de mener une existence
modeste mais digne, et cela d'autant plus que le père
travaillait durement. Pour ce chef de famille, l'amour
de Dieu se traduisait souvent par de bonnes actions
envers les autres, en particulier les plus pauvres.
Quant à la maman, elle était considérée comme une
"sainte femme". Rien d'étonnant alors que la famille
Medda ait été considérée comme un modèle en raison de
l'unité et de l'amour qui régnait chez elle.
Et c'est dans cet
environnement que le petit Jean passa ses premières
années, ouvrant son petit cœur au souffle de la grâce
divine.
Malheureusement, le 13 juin 1895, alors qu'il n'avait
que 13 ans, sa mère mourut aussi. Giovanni travaillait
alors comme domestique chez un riche propriétaire
terrien du pays. En effet, il n'avait pu aller que peu
de temps à l'école avant de devenir agriculteur.
Après la mort de ce riche
propriétaire terrien, Giovanni fut logé par sa sœur
Rita, tout en travaillant dans les champs de son frère
Giuseppe. Âgé de quatorze ans, en 1896, il fit sa
première communion, et dès lors, il vécut toujours dans
l'humilité et la prière. Chaque fois que son travail le
lui permettait, il passait des heures entières devant le
Saint Sacrement. Giovanni aspirait au sacerdoce,
mais sa pauvreté était un obstacle insurmontable.
En
1911, âgé de 28 ans, Giovanni fut atteint par une fièvre
rhumatismale qui le força à rester alité pendant au
moins 45 jours.
Et ce fut au cours de cette
maladie qu'il fit un vœu à la Vierge Immaculée:
désormais, il jeûnerait tous les samedis, pour le reste
de sa vie. Enfin guéri, il put entrer comme
tertiaire oblat dans le couvent capucin Saint-Antoine à
Cagliari. Le 30 octobre 1913, il prenait l'habit sous le
nom de Frère Nicola. Le 16 février 1919, il prononça ses
vœux définitifs.
Les
débuts de la vie religieuse de Giovanni Medda furent
difficiles. En effet, sa
décision avait dû être longuement méditée.
Sa vie comme agriculteur, son
esprit de prière qui le conduisait souvent à l'église
pour passer des heures entières devant le Saint
Sacrement, son amour pour les pauvres, étaient certes,
déjà la manifestation de l'appel de Dieu; mais le
supérieur provincial qui l'accueillit dans le couvent de
Cagliari voulait être sûr de la vocation de cet homme de
29 ans. Le curé de Gesturi, don Vincenzo Albano, le
rassura totalement, car, écrivit-il au provincial,
"Il voyait partir Giovanni avec beaucoup de regrets; en
effet, la virginité et l'austérité de sa vie étaient
déjà un apostolat." Mais ajoutait don Vincenzo
Albano, "Dans les jardins fertiles de saint
François, il donnerait des fruits encore plus
abondants." Le Père provincial comprit que la
vocation de Giovanni était une vocation sûre, hors de
l'ordinaire, et il l'admit au noviciat après seulement
sept mois de "probation".
Le 30 Octobre 1913 Giovanni
Medda, avec six autres postulants, reçut l'habit des
capucins dans le couvent de Cagliari, et prit le nom de
frère Nicola de Gesturi.
Frère Nicola de Gesturi dut d'abord passer dans
plusieurs couvents des capucins, puis
le 25 Janvier 1924 il fut
envoyé au monastère Buoncammino à Cagliari où il
resta trente-quatre ans, remplissant la fonction de
quêteur. Dès lors, de très nombreuses personnes allèrent
le trouver pour se confier à lui et lui demander des
conseils et des prières. C'est ainsi que l'on prit
l'habitude de l'appeler auprès des malades. Des
guérisons extraordinaires eurent lieu, montrant la main
de Dieu à travers cet humble frère.
La
réputation de sainteté et du pouvoir thaumaturgique de
Frère Nicola se répandit rapidement. Son comportement
reflétait toujours la présence de Dieu et son union
constante avec le Seigneur; sa vie constituait pour tout
le monde un appel à la conversion, à l'amour et au
service du Seigneur et de tous les hommes. Frère Nicola
da Gesturi mourut le 8 juin 1958, à l'âge de 76 ans. Il
fut béatifié par le pape Jean-Paul II le 3 octobre 1999.
Maintenant, nous allons contempler Frère Nicola dans les
rues de Cagliari. Frère capucin quêteur, il devait
marcher pendant des heures,
dans le froid de l'hiver ou dans la chaleur torride de
l'été pour demander l'aumône, malgré les insultes que
certains lui adressaient. Cependant, Cagliari devint
vite le champ de l'apostolat silencieux de Frère Nicola.
Tous les habitants de la ville s'habituèrent à voir dans
leurs rues, l'humble figure du moine monter et descendre
lentement les ruelles tortueuses, avec son sac sur ses
épaules, et récitant son chapelet. Bientôt les gens
commencèrent à voir en lui quelqu'un de différent des
autres frères. Dégageant un charme extraordinaire
et irrésistible, le petit
moine, courbé sous le poids de son sac, attirait tout le
monde. Son éternel sourire était l'expression de sa
sérénité intérieure.
Au
fil des années, Fra Nicola devint de plus en plus
familier à Cagliari et dans les villages d'alentour.
Tout le monde voulait le connaître et le voir.
Tous l'arrêtaient quand il
passait, afin de lui confier une difficulté familiale ou
lui demander conseil. Il était devenu l'ami et le
confident de tout le monde, les petits et les grands,
les riches et les pauvres, les savants et les ignorants.
Pour lui, il n'y avait aucune
différence de classe sociale: il n'y avait que des
personnes qui avaient besoin d'un mot d'encouragement.
Et lui, dans son humilité et
sa patience, il les écoutait et priait. De nombreuses
personnes attestèrent avoir retrouvé la paix de l'âme,
et la solution à leurs problèmes, grâce à la parole de
Nicola. Toute la ville
de Cagliari était devenue le champ de son apostolat et
de sa charité spirituelle.
Pendant la guerre de 1914-1918, la ville de Cagliari fut
dévastée à cause des bombardements fréquents. Tous les
habitants qui le pouvaient, à l'exception des très
pauvres, quittaient la ville pour se réfugier dans les
villages, moins exposés aux horreurs de la guerre.
Même les autorités civiles et
religieuses avaient déménagé ailleurs.
Les frères du couvent de
Cagliari, eux aussi, furent envoyés dans d'autres
couvents. Il ne resta
plus à Cagliari que quatre frères, dont Nicola. Le
couvent devint un refuge pour ceux qui étaient devenus
des sans-abri, et Frère
Nicola était toujours proche d'eux, comme un "ange
consolateur" et un "mendiant donateur"… Sans
relâche, Nicola soulageait la population des horreurs et
des décès causés par la guerre.
Nous
ne devons pas non plus oublier une autre caractéristique
de Nicola de Gesturi: l'amour du silence. Frère Nicola
ne parlait que lorsque c'était nécessaire. Son silence
extérieur reflétait son silence intérieur. Son silence
était devenu comme un moyen de s'exprimer, une façon de
s'occuper des choses essentielles sans distraction, et
surtout de cacher ses vertus, notamment son obéissance,
son humilité profonde, et surtout sa pauvreté absolue.
Et cela dura jusqu'au 1er juin 1958, jour où
il demanda à être déchargé de sa fonction de quêteur en
raison de son épuisement. Le lendemain 2 juin, son état
de santé empira tellement que le médecin appelé
d'urgence détecta une hernie fémorale étranglée qu'il
fallut opérer, mais en vain. Malgré ses douleurs
atroces, Frère Nicola disait: "Prions, prions",
en se soumettant à la volonté de Dieu et en acceptant sa
croix.
Il
mourut le 8 juin 1958; la
nouvelle de sa mort se répandit comme une traînée de
poudre et le lendemain matin, tous les journaux locaux
donnèrent la nouvelles en première page en grosses
lettres. "Un saint
est mort." Une foule immense vint le saluer pour la
dernière fois. On estime que 60 000 personnes
assistèrent à ses funérailles. Sa fête est le 8 juin.
Pour
conclure je vous transmets le texte suivant qui concerne
notre bienheureux:
"Dans un monde trop souvent saturé avec
des mots et
manque de valeurs, nous avons besoin d'hommes et de
femmes qui, comme le bienheureux Nicolas de Gesturi,
mettent l'accent sur le besoin urgent de récupérer la
capacité du silence et de l'écoute, de sorte que
l'ensemble de la vie devienne un chant de louange à
Dieu, et un service pour les frères."
Paulette Leblanc |