Nicola da Gesturi

(Jean Madda)
Frère Capucin, Bienheureux
(1882-1958)

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JUIN

Giovanni Angelo Salvatore Medda, en religion "Frère Nicola", naquit à Gesturi, petite commune de la province italienne de Cagliari, dans le sud de la Sardaigne, le 5 août 1882, dans une famille modeste et très religieuse. Il était le quatrième enfant d'une famille qui en comptera 5. Le 8 décembre 1886, à peine âgé de quatre ans, Giovanni reçut le sacrement de confirmation, et, moins d'un an plus tard, le 10 juin 1887, son père, décédait. Ses parents, Giovanni Medda et Priama Cogoni, possédaient un terrain et du bétail, ce qui permettait à la famille de mener une existence modeste mais digne, et cela d'autant plus que le père travaillait durement. Pour ce chef de famille, l'amour de Dieu se traduisait souvent par de bonnes actions envers les autres, en particulier les plus pauvres. Quant à la maman, elle était considérée comme une "sainte femme". Rien d'étonnant alors que la famille Medda ait été considérée comme un modèle en raison de l'unité et de l'amour qui régnait chez elle. Et c'est dans cet environnement que le petit Jean passa ses premières années, ouvrant son petit cœur au souffle de la grâce divine.

Malheureusement, le 13 juin 1895, alors qu'il n'avait que 13 ans, sa mère mourut aussi. Giovanni travaillait alors comme domestique chez un riche propriétaire terrien du pays. En effet, il n'avait pu aller que peu de temps à l'école avant de devenir agriculteur. Après la mort de ce riche propriétaire terrien, Giovanni fut logé par sa sœur Rita, tout en travaillant dans les champs de son frère Giuseppe. Âgé de quatorze ans, en 1896, il fit sa première communion, et dès lors, il vécut toujours dans l'humilité et la prière. Chaque fois que son travail le lui permettait, il passait des heures entières devant le Saint Sacrement. Giovanni aspirait au sacerdoce, mais sa pauvreté était un obstacle insurmontable.

En 1911, âgé de 28 ans, Giovanni fut atteint par une fièvre rhumatismale qui le força à rester alité pendant au moins 45 jours. Et ce fut au cours de cette maladie qu'il fit un vœu à la Vierge Immaculée: désormais, il jeûnerait tous les samedis, pour le reste de sa vie. Enfin guéri, il put entrer comme tertiaire oblat dans le couvent capucin Saint-Antoine à Cagliari. Le 30 octobre 1913, il prenait l'habit sous le nom de Frère Nicola. Le 16 février 1919, il prononça ses vœux définitifs.

Les débuts de la vie religieuse de Giovanni Medda furent difficiles. En effet, sa décision avait dû être longuement méditée. Sa vie comme agriculteur, son esprit de prière qui le conduisait souvent à l'église pour passer des heures entières devant le Saint Sacrement, son amour pour les pauvres, étaient certes, déjà la manifestation de l'appel de Dieu; mais le supérieur provincial qui l'accueillit dans le couvent de Cagliari voulait être sûr de la vocation de cet homme de 29 ans. Le curé de Gesturi, don Vincenzo Albano, le rassura totalement, car, écrivit-il au provincial, "Il voyait partir Giovanni avec beaucoup de regrets; en effet, la virginité et l'austérité de sa vie étaient déjà un apostolat." Mais ajoutait don Vincenzo Albano,  "Dans les jardins fertiles de saint François, il donnerait des fruits encore plus abondants." Le Père provincial comprit que la vocation de Giovanni était une vocation sûre, hors de l'ordinaire, et il l'admit au noviciat après seulement sept mois de "probation". Le 30 Octobre 1913 Giovanni Medda, avec six autres postulants, reçut l'habit des capucins dans le couvent de Cagliari, et prit le nom de frère Nicola de Gesturi.

Frère Nicola de Gesturi dut d'abord passer dans plusieurs couvents des capucins, puis le 25 Janvier 1924 il fut envoyé au monastère Buoncammino à Cagliari où il resta trente-quatre ans, remplissant la fonction de quêteur. Dès lors, de très nombreuses personnes allèrent le trouver pour se confier à lui et lui demander des conseils et des prières. C'est ainsi que l'on prit l'habitude de l'appeler auprès des malades. Des guérisons extraordinaires eurent lieu, montrant la main de Dieu à travers cet humble frère.

La réputation de sainteté et du pouvoir thaumaturgique de Frère Nicola se répandit rapidement. Son comportement reflétait toujours la présence de Dieu et son union constante avec le Seigneur; sa vie constituait pour tout le monde un appel à la conversion, à l'amour et au service du Seigneur et de tous les hommes. Frère Nicola da Gesturi mourut le 8 juin 1958, à l'âge de 76 ans. Il fut béatifié par le pape Jean-Paul II le 3 octobre 1999.

Maintenant, nous allons contempler Frère Nicola dans les rues de Cagliari. Frère capucin quêteur, il devait marcher pendant des heures, dans le froid de l'hiver ou dans la chaleur torride de l'été pour demander l'aumône, malgré les insultes que certains lui adressaient. Cependant, Cagliari devint vite le champ de l'apostolat silencieux de Frère Nicola. Tous les habitants de la ville s'habituèrent à voir dans leurs rues, l'humble figure du moine monter et descendre lentement les ruelles tortueuses, avec son sac sur ses épaules, et récitant son chapelet. Bientôt les gens commencèrent à voir en lui quelqu'un de différent des autres frères. Dégageant un charme extraordinaire et irrésistible, le petit moine, courbé sous le poids de son sac, attirait tout le monde. Son éternel sourire était l'expression de sa sérénité intérieure.

Au fil des années, Fra Nicola devint de plus en plus familier à Cagliari et dans les villages d'alentour. Tout le monde voulait le connaître et le voir. Tous l'arrêtaient quand il passait, afin de lui confier une difficulté familiale ou lui demander conseil. Il était devenu l'ami et le confident de tout le monde, les petits et les grands, les riches et les pauvres, les savants et les ignorants. Pour lui, il n'y avait aucune différence de classe sociale: il n'y avait que des personnes qui avaient besoin d'un mot d'encouragement. Et lui, dans son humilité et sa patience, il les écoutait et priait. De nombreuses personnes attestèrent avoir retrouvé la paix de l'âme, et la solution à leurs problèmes, grâce à la parole de Nicola. Toute la ville de Cagliari était devenue le champ de son apostolat et de sa charité spirituelle.

Pendant la guerre de 1914-1918, la ville de Cagliari fut dévastée à cause des bombardements fréquents. Tous les habitants qui le pouvaient, à l'exception des très pauvres, quittaient la ville pour se réfugier dans les villages, moins exposés aux horreurs de la guerre. Même les autorités civiles et religieuses avaient déménagé ailleurs. Les frères du couvent de Cagliari, eux aussi, furent envoyés dans d'autres couvents. Il ne resta plus à Cagliari que quatre frères, dont Nicola. Le couvent devint un refuge pour ceux qui étaient devenus des sans-abri, et Frère Nicola était toujours proche d'eux, comme un "ange consolateur" et un "mendiant donateur"… Sans relâche, Nicola soulageait la population des horreurs et des décès causés par la guerre.

Nous ne devons pas non plus oublier une autre caractéristique de Nicola de Gesturi: l'amour du silence. Frère Nicola ne parlait que lorsque c'était nécessaire. Son silence extérieur reflétait son silence intérieur. Son silence était devenu comme un moyen de s'exprimer, une façon de s'occuper des choses essentielles sans distraction, et surtout de cacher ses vertus, notamment son obéissance, son humilité profonde, et surtout sa pauvreté absolue. Et cela dura jusqu'au 1er juin 1958, jour où il demanda à être déchargé de sa fonction de quêteur en raison de son épuisement. Le lendemain 2 juin, son état de santé empira tellement que le médecin appelé d'urgence détecta une hernie fémorale étranglée qu'il fallut opérer, mais en vain. Malgré ses douleurs atroces, Frère Nicola disait: "Prions, prions", en se soumettant à la volonté de Dieu et en acceptant sa croix.

Il mourut le 8 juin 1958; la nouvelle de sa mort se répandit comme une traînée de poudre et le lendemain matin, tous les journaux locaux donnèrent la nouvelles en première page en grosses lettres. "Un saint est mort." Une foule immense vint le saluer pour la dernière fois. On estime que 60 000 personnes assistèrent à ses funérailles. Sa fête est le 8 juin.

Pour conclure je vous transmets le texte suivant qui concerne notre bienheureux:

"Dans un monde trop souvent saturé avec des mots et manque de valeurs, nous avons besoin d'hommes et de femmes qui, comme le  bienheureux Nicolas de Gesturi, mettent l'accent sur le besoin urgent de récupérer la capacité du silence et de l'écoute, de sorte que l'ensemble de la vie devienne un chant de louange à Dieu, et un service pour les frères."

Paulette Leblanc

 

 

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